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Or que ce terme de juftifier fe doive prendre ici pour tranfporter les hommes de l'état de nature &. de damnation à celui de falut & de grace, cela eft clair ce mesemble, 1. parce que l'état de la controverse le demande abfolument. Il s'agiffoit entre Saint Paul & les Pharifiens contre lefquels il difpute, de fçavoir par quelle Alliance les hommes étoient tranfportez de l'état de la nature corrompue à celui de la nature rétablie. L'un & l'autre parti tomboit d'accord que les Payens étoient dans l'état de damnation, mais les zelateurs de la Loy foûtenoient que de cet état de panagifme pour paffer dans l'état de grace, il faloit fubir le joug de la Loi & entrer dans l'Alliance Mofaïque. Saint Paul au contraire foûtenoit que les Payens pour être mis en état de falut, devoient entrer dans l'alliance de grace. Selon cela il eft clair que le mot de juftifier & celui d'entrer en état de falut & de grace font des termes d'une même fignification. Or être mis en état de falut ou en état de grace, comprend ces deux chofes, c'eft à dire, la remiffion des péchez & l'infufion des qualitez inherentes, puis qu'un homme ne peut être en état de grace s'il n'a l'un & l'autre.

2. Il eft à remarquer que le terme de juftification dans la difpute de Saint Paul com→ prend & fignifie toute la juftice evangelique, c'eft à dire, toute cette juftice qui eft communiquée par la vertu de l'Alliance de

grace. Cela eft clair parce que dans le ftile de l'Apôtre Saint Paul, le mot de justice & celui de juftification font deux termes Synonimes. Par exemple il dit au Chap. 1. v. 16. & 17. Je ne prens pas à honte l'Evangile de Chrift, parce que c'est la puiffance de Dieu falutaire à tout croyant, car en lui ferévele tout à plein la justice de Dieu de foi en foi. Ici la juftice de Dieu ne fignifie pas fa juftice vangereffe, c'eft la juftice evangelique, ou le moyen par lequel Dieu communique aux hommes fa justice falutaire, & le fens eft que dans l'Evangile Dieu revele & fait connoître le moyen par lequel il veut justifier & fauver les hommes. Ainfi dans le 3. Chap. de la même Epître v. 21. & 22. Maintenant la justice de Dieu eft manifeftée fans Loi, étant à elle rendu témoignage par la Loi par les Prophetes, voire la justice de Dieu qui eft par la foi en Jesus-Chrift envers tous & fur tous les croyans. Il eft clair que dans ces paroles la justice de Dieu fignifie encore la juftice evangelique & la juftification. Si donc la juftice de Dieu ou la juftice evangelique fignifie la même chofe que la juftification, puifque cette justice evangelique comprend & la remiffion des péchez, & l'infufion des qualitez inherentes, il eft evident que le mot de juftification qui eft fynonyme, doit auffi comprendre ces deux chofes.

3. Il faut remarquer auffi que l'Apôtre

ce

Saint Paul dans cette difpute fe fert de plufieurs termes fynonymes à celui de juftifier par lefquels nous pourrons découvrir quel eft le vrai fens de celui de juftifier. Par exemple celui de vivre de foi, dans ces paroles que PApôtre cite plufieurs fois du Prophete Habacuc, le jufte vivra de foi ; il eft certain que vivre de foi & étre juftifié par foi c'eft abfolu-. ment la même chofe; cela eft évident par que dit Saint Paul Gal. 3. 11. Orque par la Loi nul ne foit juftifié il appert, d'autant que lejufte vivra de foi, car c'eft comme s'il difoit, or que par la Loi nul ne foit justifié il eft évident, parce que l'homme doit être juftifié par la foi. Car la preuve de S. Paul ne vaudroit rien, fi vivre de foi ne fignifioit pas être juftifié par foi, exclufivement à la Loi. Cela n'eft pas moins évident par le premier chapitre de l'Epître aux Romains v. 17. où l'Apôtre dit, Dans l'Evangile ferévele tout à plein la justice de Dieu de foi en foi, felon qu'il eft écrit, or le jufte vivra de foi. Nous avons déja vû que le mot de juftice dans ce verfet fignifie precifement la juftification.) L'Apôtre veut prouver que dans l'Evangile lajuftification fe revele, ille prouve par le texte d'Habacuc, or le juste vivra de foi; à moins que vivre de foi ne foit la même chofe, qu'être juftifié par foi, la preuve eft abfolument nulle. Voions prefentement ce que fignifie la vie de la foi, où vivre de foi. Il eft certain que cela fignifie cette vie de la

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grace qui nous eft communiquée par I'Evangile. Or cette vie de la grace comprend ces deux chofes, la remiffion des pechez & l'infufion de la fainteté, car l'homme vit avec Dieu, parce qu'il eft forti de la mort, c'est à dire du pêché par la remiffion, & parce qu'il eft uni avec Dieu par la conformité de fa juftice. Ainfi le mot de juftification & de juftifier qui eft fynonyme à celui de vivre par foi doit comprendre les deux parties qui compofent la vie de la grace:

Voici encore un autre terme de même fignification que celui de juftifier, c'est celui de fauver, par exemple l'Apôtre Saint Paul au 2. chapitre de l'Epître aux Ephefiens: vous étes fauvez par grace, par la foi, &cela non point de vous, c'eft le don de Dieu, non point par œuvres, &c. & dans la 2. à Timothée chap. 1. v. 9. qui nous a fauvez && appellez par une fainte vocation, non point felon nos œuvres, mais felon fon propos arrêté, &c. Pareillement dans le 3. chap. de l'Epître à Tite v. 4. & 5. Quand la benignité & l'amour de Dieu nôtre Sauveur eft clairement apparue il nous a fauvez nonpoint par œuvres de justice que nous euffions faites, mais felon fa mifericorde par le lavement de la regeneration & le renouvellement du Saint Esprit Il eft clair que dans tous ces paffages l'Apôtre prend le mot de fauver pour celui de juftifier; car il attribue le falut comme la juftification à la grace & à la foi, & en exclud

expreffement les œuvres, comme il fait dans la matiere de la juftification. Et en effet dans le paffage de l'Epître à Tite il explique le mot de fauver dont il s'eft fervi par celui de juftifier, car il ajoûte immediatement aprés les paroles que nous avons citées; afin qu'étant juftifiez par la grace d'icelui, nous fovens beretiers felon l'efperance de la vie eternelle. Cela étant pofé que le terme de juftifier & celui de fauver font fynonymes dans la difpute de Saint Paul, au moins dans la plufpart des endroits, il eft clair que le mot de juftifier doit comprendre les deux parties qui font neceffaires pour être fauvé. Etre sauvé comprend deux chofes, la premiere, recevoir la remiffion des péchez & par là être delivré de la colere de Dieu, la feconde, recevoir l'efprit de fanctification & par là être delivré de l'esclavage du peché: & par confequent le terme de juftifier comprend auffi ces deux chofes-là.

Remarquons encore, que le mot de benir dans cette difpute de Saint Paul, fignifie la même chofe que celui de juftifier. Dans l'Epître aux Galates chap. 3. v. 8. l'Ecriture prevoyant que Dieu justifie les Gentils par la foi, a cy-devant evangelifé à Abraham, difant; toutes nations feront benites en toy. Ileft clair que l'Apôtre prend le terme de benir pour celui de juftifier, puis qu'il prouve que la promeffe faite à Abraham que toutes les Nations feroient benites en lui, ˆa été ac

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