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Devant que de quitter l'Epître aux Romains nous pouvons examiner le chapitre dixiéme où nous trouverons que le mot de foi fe prend encore dans le même fens. Dans le v. 8. Saint Paul en citant un texte de Moïfe quidit, la parole eft prés de toi, enta bouche enton cœur, il ajoûte, c'est là la parole de la foi laquelle nous préchons. Il eft clair que la parole de la foi qui fe prêche, c'eft la parole de l'Evangile & de l'alliance de grace. Il est encore plus évident que Saint Paul prend ce terme dans le même fens au fixiéme verfet de ce même chap. où il dit, Moife décrit ainfi la justice qui eft par la Loi, que l'homme qui fera ces chofes vivra par elles, mais la justice qui eft de la foi dit ainfi. Icile mot de juftice, comme nous l'avons déja remarqué ci-devant, fe prend pour la juftification. L'Apôtre oppofe la juftification par la Loi, à la juftification qui eft par la foi. Par la juftification qui eft par la Loi, ilett certain qu'il entend la juftification qui eft prefentée par l'alliance legale. Il ne doit donc pas être moins certain que par la juftification qui eft par la foi, il entend la juftification de l'alliance de grace; ainsi il est clair que par la foi il entend l'alliance Evangelique.

Paffors prefentement à l'Epître aux Galates. C'eft un abregé de l'Epître aux Romains. L'Apôtre y traite depuis la fin du 2. chapitre jufqu'à la fin du 4. abfolument la

mes gens.

même matiere, & difpute contre les mêDans le verf. 16. du chap. 2. il établit fa Thefe par les mêmes paroles, dont il fe fert dans le texte que nous expliquons: Seachant que l'homme n'est point juftifié par les œuvres de la Loi, mais feulement par la foi de Jefus Chrift. Déja dans ces paroles il -paroît que l'Apôtre prend le mot de foi pour l'alliance de grace, car il auroit dû direla foi en Jefus Chrift plûtôt que la foi de Jefus Chrift, fi par la foi il avoit voulu défigner l'acte & l'habitude de la vertu ainfi -nommée. Ainfi la foi de Jefus Chrift fignifie l'alliance de Jefus Chrift, & cela nous paroîtra d'une tres-grande evidence, fi nous examinons le troifiéme chapitre, dans le quel l'Apôtre pourfuit cette difpute. Dés le deuxiéme veríet il dit, avez vous reçû l'efprit par les œuvres de la Loi, ou par la Predi cation de la foi? & dans le v. 5. Celui qui produit les vertus en vous, le fait-il par les œuvres de la Loi ou par la Predication de la foi? Il faudroit avoir un efprit de contradiction fort fingulier, pour nier qu'ici la predication de la foi fignifie la predication de l'alliance de grace. Dans le v. 9. l'Apôtre continuë en difant: Ceux qui font de la foi, font benis avec le fidele Abraham, car tous ceux -qui font des œuvres de la Loi, font fous la malediction. Etre des œuvres de la Loi, fignifie certainement être fous l'alliance legale. I eft clair auffi qu'être de la foi, fignifie être

fous l'alliance evangelique; & par confequent que la foi fe prend ici pour l'alliance. L'Apôtre dit dans le v. 12. Que la Loi n'eft point de la foi. Prenez le mot de foi pour l'acte & l'habitude de la foi, je ne fçai pas bien quel fens on pourra donner à ces paroles. Mais prenez le mot de foi pour l'alliance de grace, le fens fera tres-naturel & tresbeau, la Loi n'eft point de la foi. C'est à dire, l'alliance legale n'apartient point à l'alliance de grace, & ces deux alliances font incompatibles. Dans le v. 14. L'Apôtre ajoûte que nous recevons la promeffe de l'efprit, ou l'efprit promis, par la foi. Prenez le terme de foi pour l'acte & l'habitude de la foi, ce que dit l'Apôtre ne fera point vrai, car ce n'eft pas par la foi que nous recevons l'efprit promis, au contraire c'eft par l'efprit promis que nous recevons la foi. Mais il eft tres-vrai que c'eft par la foi, à prendre la foi pour l'al liance de grace que nous recevons l'efprit promis. Dans le v. 22. L'Apôtre dit, L'Ecriture a tout enclos fous peché, afin que la promeffe par la foi de Jefus Chrift fût donnée aux croyans, & il ajoûte dans le verf. fuivant, Devant que la foi vint nous étions gar dez fous la Loi, étant enclos fous l'attente de la foi qui devoit être revelée. Il ajoûte dans le v. 25. Que la foi étant venuë nous ne fommes plus fous Pedagogue. Il ne faut point avoir de penetration pour voir que la foi fignifie Palliance de grace; devant que la foi vint,

c'eft à dire, devant que l'Evangile vint nous étions dans l'attente de la foi, c'est à dire, nous attendions l'alliance de grace. La foi, dit-il, eft venue, cela fignifie clairement que l'alliance de grace a été manifeftée; & fans le fecours de nôtre commentaire, l'Apôtre dit expreffement, la foi qui devoit être revelée; ce n'eft ni l'acte, ni P'habitude de la foi, qui devoit être revelée, c'eft l'objet de la foi, c'est à dire, l'alliance de grace & l'Evangile. Enfin fi l'on veut lire avec quelque attention ce troifiéme chap. on reconnoîtra clairement que les termes de promeffe, d'alliance, & de foi, font des termes fynonymes dans le fens de Saint Paul, & que par confequent la foi fignifie l'alliance.

Au refte il ne faut point s'étonner que l'Apôtre fe foit fervi du terme de foi pour fignifier toute l'alliance. 1. Parce que c'eft une maniere de s'exprimer naturelle que de défigner l'objet d'une fcience par la faculté, ou par la fcience qui confidere cet objet. Par exemple, nous difons qu'un homme a appris la Phyfique pour fignifier qu'il a étudié la nature des corps; nous difons qu'il a appris la Medecine pour fignifier qu'il a étudié la nature des maladies & des remedes ; en un mot, la fcience fignifie tous les objets qu'elle confidere. Or la foi eft proprement le nom de la fcience fainte, & par confequent il ne faut pas s'étonner qu'elle fignifie & de

figne tous les objets qu'elle embraffe. 2. II étoit convenable de défigner l'alliance par la principale condition de cette alliance, c'eft une maniere de parler familiere au Saint Efprit; l'Ecriture appelle la Circoncifion une Alliance: C'est ici mon Alliance, difoit Dieu à Abraham. C'est parce que la Circoncifion étoit une condition de l'Alliance. ainfi nous appellons l'Evangile l'Alliance de la foi, parce que la foi eft une condition de cette alliance. 3. Il étoit encore raisonnable d'appeller ainfi l'Alliance de Grace, parce qu'effectivement la foi a tres-grande part dans cette alliance, & que fouvent le tout prend fon nom de l'une de fes principales parties. 3. Enfin le terme étoit extrémement propre pour l'intention de Saint Paul, car il vouloit défigner une alliance gratuite, dans laquelle Dieu n'exige rien d'onereux, & il ne pouvoit la mieux exprimer que par le terme de foi qui emporte avec foi une idée de facilité, car il n'eft rien de moins penible que de croire,& auffi n'y a t-il rien de moins meritoire; ainfi ce terme eft propre à nous exprimer une alliance & facile & gratuite.

Il ne nous refte plus que le troifiéme mot confiderable en ce texte, c'eft celui des œuvres de la Loi; fur lequel nous ne nousarrêterons pas long-tems, parce qu'il eft clair que fi le mot de foi défigne toute l'alliance Evangelique, les œuvres de la Loi doivent défigner toute l'alliance Mofaïque. L'Apô

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