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taña excluyda y assi desheredada la hija de su hermano, par esciole seria bien remediarla por via do casamiento y assi la quiso casar con sobrino del Rey con tal experancia y consejo, que si alguno dellos tentasse algo le pudiesen resistir, como a la verdad avino.

Diego Gracian traduisit les quatre livres', reproduisant les autres subdivisions qui se trouvent dans les deux premiers de l'abrégé de Sleidan: De Jean, fils de Philippe de Valois, roy de France (Sleidan, fol. 270 vo), ou en castillan: De Juan, rey de Francia, hijó de Philippe Valdesio (Gracian, fol. 25 vo), dans le premier; De Charles sixième, roy de France (Sleidan, fol. 281 vo), ou De Carlos Sexto de Francia (Gracian, fol. 93 vo), dans le deuxième volume. Les années qui répondent aux événements sont en marge ou intercalées dans la version française de Sleidan (éd. Crespin, 1566). Gracian ne les place pas au même endroit, il devait certainement avoir eu une édition précédente. Il a corrigé une erreur de nom dans le passage sui

vant :

(Sleidan, fol. 298 vo.) Henry, roy de Hongrie, frere germain de l'Empereur Charles, estant defié du trespuissant prince des Turcs Basan, demanda secours de France.

(Gracian, Cod. hisp. 10, fol. 206.) Sigismondo, rey de Hungria, marquos de Brandenburque y Duque do Luxemburque, hermano del Emperador Venceslas, el padre de los quales fuo El Emperador Carlo quarto Rey de Bohemia, como le fuese movida guerra por el gran Turco Uamado Basam pidio soccorro y ayuda al Rey de Francia.

Cette liberté que le traducteur s'est permise en étalant ses connaissances généalogiques est exceptionnelle. Les titres des empereurs, rois, princes et princesses, leur succession, est l'unique chose qui lui tient au cœur dans le développement historique. Il a trahi sa conception, lorsqu'il se fit historien, ajoutant des notices chronologiques (Annotacion, fol. 233 et 234) à sa traduction. Dans cet épilogue, il complète la succession des règnes, après l'âge de Froissart, à partir de la mort de l'empereur Albert II (1439), jusqu'au mariage des filles de Ferdinand Ier (1503-1564). L'empereur avait douze enfants dont neuf filles. Gracian mentionne le mariage d'Élisabeth avec

1. Munich, Bibl. de la Cour et de l'État, Cod. hisp. 10, fol. 1, Primer volumen; fol. 68, Segundo libro; fol. 153, Tercero libro; fol. 202, Quarto libro.

Sigismond II-Auguste, roi de Pologne (1520-1572), celui d'Anne avec Albert II, duc de Bavière (1528-1579), l'union de Marie avec Guillaume, duc de Clèves-Juliers-Bery (1516-1592), celle de Catherine avec François III de Gonzague, duc de Mantoue (1533-1550), qui fut conclue le 22 octobre 1549, et il s'arrête après cette remarque : « Y quedan a un para casar cotras quatro co cinco. » Éléonore épousa Guillaume Ier de Gonzague (le 26 avril 1561), et Gracian ne savait rien lorsqu'il a terminé son manuscrit. Ces noms historiques permettent d'en préciser la date : c'est après le mariage de Catherine (le 22 octobre 1549) et avant la mort de son mari, François III de Gonzague (le 22 février 1550), qu'il devait terminer l'épilogue de la traduction. Il ne mentionne ni la mort de François III, ni le second mariage de Catherine avec Sigismond II-Auguste, roi de Pologne, veuf de sa sœur Élisabeth. La même année où ce mariage fut conclu Just Walther était en Espagne'; c'est après la rencontre avec Diego Gracian à Valladolid que le secrétaire de l'empereur a dédié la copie de sa traduction à l'agent de Fugger en lui cédant le manuscrit.

Sous Charles V fut imprimée (1541) la Cronique d'Alphonse X2 par Florián de Ocampo (1499-1555), chanoine de Zamora, qui n'est pas arrivé au delà de l'époque romaine dans sa propre Cronique (1543), continuée jusqu'au XIe siècle (1037) par Ambrosio de Morales (1513-1591), professeur d'Alcalá. Pedro de Mejia (1502-1552), gentilhomme sevillan, publia alors une Histoire des empereurs de César jusqu'à Maximilien Ier (1545)3, et Luis de Avila y Zuñiga un Commentaire de la guerre d'Allemagne (1548). L'historiographie commençait à naître, le dernier ouvrage fut composé d'après les renseignements et les conseils donnés par l'empereur. C'est alors qu'un de ses secrétaires, un humaniste, n'a trouvé rien de mieux que de translater en castillan le chroniqueur de la guerre de Cent ans, le reporter du monde des chevaliers et des tournois. C'est que l'esprit

1. Munich, Cod. icon. 290, fol. 151 ▲, sa lettre datée de Barcelone, le 12 mars 1549.

2. Las quatro partes enteras de la Crónica de España (1541).

3. Historia Imperial y Cesárea desde Cesar hasta l'Emperador Maximiliano (1545).

...

4. Comentario de la guerra de Alemaña hecha de Carlo. V. Maximo Emperador Romano Rey de España. En el año de M DXLVII (1548).

et l'idée représentés par Jean Froissart n'étaient pas encore éteints dans le pays d'Amadis, de Palmerin et du chevalier Cifar. Vers le temps où Gracian travaillait à sa traduction est né Miguel de Cervantes-Saavedra (1547), qui devait donner le coup de grâce à cette conception du monde, et le secrétaire était déjà mort lorsque Don Quixote de la Mancha commençait sa chevauchée à travers le monde (après 1593). Que l'humaniste espagnol ait choisi une version française, qu'il a prise peut-être pour l'orignal, ou dont il a caché le véritable auteur, au lieu de l'abrégé latin, pour base de sa traduction, c'est un signe du rapprochement des deux langues nationales et une preuve de la faveur dont jouissait la littérature française du moyen âge au pays ibérique à l'époque où la renaissance italienne se répandait à travers l'Europe.

Louis KARL.

COMPTES-RENDUS.

Abbé F. CHARBONNIER. La poésie française et les guerres de religion (1560-1574). Étude historique et littéraire sur la poésie militante depuis la Conjuration d'Amboise jusqu'à la mort de Charles IX. Paris, Revue des Euvres nouvelles, 1919. In-8°, xv-538 pages.

Les troubles provoqués par la Réforme, qui font de la seconde moitié du xvre siècle une des périodes les plus tristes de notre histoire, n'ont pas été l'un des moindres sujets d'inspiration des poètes contemporains. On pourrait citer par centaines les œuvres, satires, épîtres, élégies, discours, etc., à l'aide desquelles les auteurs catholiques et protestants ont mené une lutte moins dangereuse, mais non moins acharnée, que celle qui se poursuivait sur les champs de bataille.

C'est cette littérature militante dont M. l'abbé Charbonnier a entrepris l'étude. L'ouvrage qui en résulte, en indiquant les courants principaux issus de cette lutte et en dégageant les tendances des poètes qui y ont participé, prendra place utilement entre les travaux de MM. Lenient et Perdrizet sur la Satire en France au XVIe siècle et sur Ronsard et la Réforme. L'année 1574, date de la mort de Charles IX, à laquelle l'auteur a cru devoir s'arrêter, marque la fin de la querelle religieuse proprement dite. La présence d'hommes aux visées ambitieuses et aux fortes personnalités, tels que Henri de Navarre et le duc de Guise, fait perdre de plus en plus aux guerres civiles postérieures leur caractère religieux; la poésie contemporaine devait s'en ressentir et prendra une allure politique de plus en plus marquée. D'autre part, les deux hommes les plus dignes de prendre la parole dans ces circonstances, Ronsard et d'Aubigné, gardant le silence sur ce sujet, ce n'était pas les poètes élégiaques, en faveur sous Henri III, qui allaient pouvoir les remplacer. La polémique se maintint dès lors dans un domaine plus général et perdit beaucoup de la vigueur et du caractère d'actualité qu'elle avait précédemment,

La première partie de l'ouvrage, plus spécialement historique, nous fait assister à la querelle verbale entre catholiques et huguenots, et ce n'est pas le moindre mérite de l'auteur d'avoir su nous guider d'une main sûre à travers cette multitude de pamphlets et de nous en avoir donné un classement.

Ce fut Nicolas Denisot, Jodelle et Belleau qui engagèrent les premières escarmouches. Ronsard entra ensuite dans la bataille et, de 1560 à 1564, consacra une bonne partie de son génie et de son temps à combattre la religion adverse, avec modération d'abord, puis en termes de plus en plus violents. Il s'attira de cruelles ripostes de ses antagonistes, parmi lesquels se distinguent Florent Chrestien, Jacques Grévin et surtout Antoine de La Roche-Chandieu, le plus acharné, et non le moindre par la force et par l'éloquence.

Après 1564, Ronsard, désavoué par la Cour, se retira de la lutte. Dès lors, l'histoire de cette querelle est plus simple et l'auteur se contente de nous énumérer, au fur et à mesure des événements, les œuvres auxquelles ils ont servi de prétexte. Des extraits abondants contribuent à l'intérêt de ces chapitres. Les dernières années de cette période témoignent d'ailleurs d'une lassitude très marquée.

La dernière partie est consacrée à une étude critique de cette poésie militante et essaie de lui attribuer sa place dans la production littéraire du siècle. Elle paraît avoir été quelque peu sacrifiée à la précédente et certains chapitres manquent peut-être de développement. Quelques négligences seraient à reprocher à l'auteur: il mentionne, par exemple, dans la première partie de son livre, la Déploration de l'estat de la France de P. du Rosier, et annonce qu'il l'étudiera en détail plus loin: cette étude se borne à la citation d'une dizaine de vers du poème. On eût souhaité qu'il mît davantage en lumière une des plus remarquables productions auxquelles ont donné naissance les guerres de religion.

La Réforme, après avoir paru un moment favoriser l'humanisme, qui se réclamait du principe du libre examen, devait se retourner contre lui par haine du paganisme et de tout ce que celui-ci comportait d'amour de la joie et des plaisirs sensuels.

Du moins, si cette littérature n'a qu'une valeur poétique assez médiocre, a-t-elle apporté des accents plus virils dans une production qui menaçait de tomber dans le mièvre et le con

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