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tains ballets de cour', on retrouve les mêmes accessoires sylvestres que dans le premier acte d'Antigone. Quant à la scène satyrique, feuilletez les traductions de Serlio et de Vitruve par Jean Martin (1545-1547), un dessin la représente elle contient des arbres et des chaumières; lisez surtout la légende qui accompagne ce dessin en y ajoutant une porte de ville, elle conviendrait exactement à Antigone:

...

Mais la satyrique est ornée d'Arbres, Cavernes, Montagnes, Rochers, et pareilles choses rurales formées d'Ozier entrelassé en manière de panier ou de clayes, et couvert dessus ainsi qu'il est requis.

Nous nous garderons bien d'appliquer aux autres tragé dies de Garnier nos conclusions; il nous suffit d'avoir pu constater dans une des ses pièces quelques faits certains; c'est une bonne fortune qui arrive rarement, quand l'on examine la mise en scène des tragédies de son temps.

R. LEBÈGUE.

1. Cf. Marsan, La pastorale dramatique en France, p. 206, 215 et la planche II (la scène satyrique d'après le Vitruve de 1547).

MÉLANGES.

HENRI III ET LE PAGE DE RONSARD.

Amadis Jamyn, qui écrivit ses premiers vers en 1564', fut un des poètes préférés de Charles IX, très amateur de rimes et qui se mêla, parfois heureusement, de sacrifier aux Muses?. Ce fut sous le règne de ce roi et grâce à la protection de Ronsard, dont il fut le page et l'élève favori3, que ce jeune Champenois' parut à la cour. Outre ses mérites littéraires, il avait su profiter de la grande culture qui lui avait été donnée par des maîtres éminents et avait acquis de hautes connaissances philosophiques et scientifiques. Le jeune souverain le nomma son secrétaire et lecteur ordinaire 6. Il remplit des fonctions analogues auprès de Catherine de Médicis.

1. E. Berthelin, Étude sur Amadis Jamyn. Troyes, 1859, in-8°,

P. 11.

2. Charles IX se faisait lire la nuit des vers de Ronsard par Amadis. Voir Ed. Frémy, L'Académie des derniers Valois, 1887, gr. in-8°, p. 43.

3. Il servait de secrétaire à son maître et lui copiait ses œuvres; c'est ce que prouve M. P. Champion dans son étude sur l'écriture de Ronsard et ses autographes.

4. Il était né en 1538 à Chaource, l'antique Cadusia, actuellement Aube, arrondissement de Bar-sur-Seine, chef-lieu de canton.

5. Dorat et Turnèbe. Sur les connaissances scientifiques d'Amadis, voir Frémy, op. cit., p. 57 et 210. Le poète écrivait des vers enthousiastes sur la science :

Il n'y a rien si beau que d'ouïr et d'apprendre.

Le sçavoir est un bien, qui faict nos ans plus doux! (Euvres poétiques, éd. de 1577, t. I, p. 219.) 6. Berthelin, op. cit., p. 10. Amadis fut secrétaire de la Chambre et non secrétaire-notaire du roi, aussi ne figure-t-il pas dans les listes de Tessereau, Histoire de la chancellerie, t. I, 1728, in-fol. Il était aux gages du roi, avec Philippe Desportes et se montra reconnaissant: il célébra la chasse, sport favori du jeune souverain, et lui dédia la traduction, qu'il a faite des treize derniers livres de l'Iliade. Il chanta aussi la maîtresse de Charles IX, Marie Touchet, sous le nom de Callyrée.

7. Lettres de Catherine de Médicis, éd. Baguenault de Puchesse, t. X, 1909, in-4°, p. 532.

Lorsque Henri III parvint au trône, le rôle du jeune poète aurait diminué d'importance, a-t-on prétendu, et son œuvre aurait été moins goûtée par son nouveau maître, qui avait une intelligence vive, mais un esprit assez pratique et préférait, dans le domaine intellectuel, les spéculations philosophiques aux exercices purement littéraires. A ce propos a été citée une lettre d'une spirituelle dame de la cour, Louise de Halluyn, dame de Sipierre et de Piennes', qui parlait au roi des « rimes ennuyeuses, qu'Amadis lui lisoit le soir en Avignon 2. » Ce jugement paraît certainement catégorique et d'autant plus significatif que celui, dont Mme de Sipierre estimait si peu le talent, avait chanté, et souvent de façon fort heureuse, les charmes des beautés de la cour des Valois3.

En réalité, le frère de Charles IX, s'il ne fut pas ou guère poète lui-même, eut de vifs goûts littéraires : il fut toujours et naturellement porté aux choses de l'esprit. Il faut reconnaître ce mérite à ce peu sympathique personnage, sans se laisser influencer par les regrettables erreurs et fautes de sa vie.

Amadis Jamyn continua donc à profiter des faveurs royales : il fit partie, ainsi que nous l'apprend sûrement Colletet, de l'Académie du Palais, réorganisée par Henri III, sous la direction du savant et pondéré Guy du Faur de Pibrac". Pour

1. Louise de Halluyn ou Hallwin, dame de Piennes, fille d'Antoine de Halluyn, sieur de Piennes et de Maignelay, grand louvetier de France, et de Louise de Crèvecœur, épousa Philibert de Marcilly, sieur de Sipierre ou Cypierre, gouverneur de Charles IX; elle fut dame de Catherine de Médicis. Voir le P. Anselme, Histoire chronologique des grands officiers de la couronne, t. III, 1728, in-fol., p. 913.

2. L. Dorez, Amadis Jamyn jugé par une dame de la cour d'Henri III, 1895, in-8°, p. 2 (extrait de la Revue d'histoire littéraire de la France).

3. Il avait célébré, entre autres, les plus brillantes demoiselles de l'escadron volant de la reine mère, Ml de Fontaines, de Belleville, de Châteauneuf et de Surgères, l'héroïne des Sonnets à Hélène. Cf. Frémy, op. cit., p. 188.

:

4. Voir à ce propos ses rapports avec l'historiographe Bernard de Girard, sieur du Haillan article de P. Bonnefon et note de P.-M. Bondois (Revue d'histoire littéraire de la France, années 1908, p. 642 et suiv., 1923, p. 507).

5. Voir la vie de Jamyn par Colletet, éditée par Ch. Brunet dans la réédition des œuvres du poète en 1879, in-8°, p. 13 et 27. Cf. Frémy, op. cit., p. 143.

6. Voir le ch. x1 de A. Cabos, Guy du Faur de Pibrac, un magistrat poète au XVI siècle, 1923, in-8°.

plaire au souverain, il fut de ceux qui donnèrent à cette réunion de grands seigneurs, de dames et de lettrés des conférences sur des questions philosophiques et des problèmes métaphysiques'.

Ce fut aussi sous le règne de Henri III qu'il publia le recueil de ses poésies 2.

La permission d'imprimer lui fut accordée par lettres patentes du 16 avril 1575. Cet acte ne figure pas dans les trois premières éditions des œuvres, qui ne donnent3 qu'une courte analyse que voici :

Par lettres patentes du Roy, données à Paris le seiziesme iour d'avril mil cinq cens soixante et quinze, signées par le Roy, en son Conseil, Nicolas, et scellées du grand scel sur simple queue de cire iaune, il est permis à Amadis Jamyn, secrétaire et lecteur ordinaire de la Chambre dudit seigneur, de faire imprimer et publier, par tel imprimeur que bon luy semblera, les œuvres poétiques, qu'il a faictes et composées, avec défenses à tous libraires et imprimeurs, autres que celuy qu'il aura choisi et esleu, de les imprimer ou faire imprimer durant le temps et terme de six ans, sur peine de confiscation desdicts livres, despens, dommages et intérests de l'imprimeur, choisi et esleu par ledict Jamyn et d'amende arbitraire.

Mais le texte même a été conservé dans un des nombreux

1. Frémy, op. cit., p. 210 et suiv. Il parla sur la joie et la tristesse, l'ire, l'honneur et l'ambition, les vertus intellectuelles et morales. Voir les textes publiés par E. Frémy, p. 239, 268, 287, 306. Voir encore d'autres discours de lui dans le t. II de l'édition de ses œuvres de 1584.

2. 1o édition (1575): LES ŒUVRES || POÉTIQUES || D'AMADIS || JAMYN. || A Paris, de l'imprimerie de Robert Estienne, || Par Mamert Patisson. || M D LXXV. || Avec privilège du Roy.

2o édition (1577): LES ŒUVRES || POÉTIQUES || d'Amadis || JamYN. || Reveuës, corrigées et augmentées, pour || la seconde impression. || Au Roy de France || et de Pologne. || A Paris, || Par Mamert Patisson, au logis de || Robert Estienne. || M D LXXVII. || Avec privilège du Roy.

3• édition (1579): LES ŒUVRES || POÉTIQUES || D'AMADIS || JAMYN. || Reveuës, corrigées et augmentées, pour || ceste dernière impression. || Au Roy de France || et de Pologne. || A Paris, || par Mamert Patisson, imprimeur du Roy, || au logis de Robert Estienne. || M D LXXIX. || Avec privilège du Roy.

3. Ed. de 1575 et 1577, au dernier feuillet recto; éd. de 1579, au dernier feuillet verso.

4. Simon Nicolas, secrétaire du roi le 26 novembre 1564, résigna son office à son neveu Gui le 11 octobre 1596 (A. Tessereau, Histoire de la chancellerie, t. I, p. 142 et 252).

formulaires de l'époque, que possède le département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale. Ces recueils de modèles, composés arbitrairement par les secrétaires du roi, pour se faciliter leur travail, leur permettaient d'expédier aisément les actes qui leur étaient commandés; ils ont, au point de vue de l'histoire, l'inappréciable avantage d'avoir conservé jusqu'à nous une foule de documents dont les originaux ont disparu. Malheureusement, les copies sont souvent incomplètes et ne donnent pas les dates.

C'est dans un volume de ce genre, le manuscrit français 5286, au folio 231, qu'a été transcrit le mandement qui nous intéresse, sous le titre de « permission à ung poète de fè[re] imprimer ses œuvres. » Nous en reproduisons le texte complet :

HENRY, etc. A tous noz prévostz, baillifz, sén[esch]aulx et le[u]rs lieuten[an]s, et à chascun d'eulx, en droict soy, si comme à luy appartiendra, salut. N[ost]re bien-amé Amadis Jamyn, secretè[re] et lecteur ord[inai]re de nostre Chambre, nous a faict remonstrer que, continuant le désir et affection, q[u'i]l a à nostre service dès longtemps, il s'est travaillé de fè[re] et composer plusieurs œuvres poéticques, lesquelles il feroit très volontiers imprimer et publier, s'il nous plaisoit luy octroyer noz l[ect]res de p[er]mission, à ce nécessaires, humblement requérant icelles; Nous, à ces causes, après avoir fet veoir en n[ost]re Conseil lesd[ictes] œuvres, de l'advis d'icelluy, avons p[er]mis et permectons aud[ict] Jamain (sic) de les fè[re] imprimer et publier par tel imprimeur, que bon luy semblera, avec inhibitions et déffences à tous au[tres] libraires, imprimeurs et au[tres] que celuy, qui sera choisy et esleu par led[ict] Jamyn, de non imprimer et fè[re] imprimer et vendre durant le temps et terme de six ans, prochains venans, lesdictes œuvres, sur peine de confiscation desd[icts] livres, de tous dommaiges et intérestz de l'imprimeur, ainsy choisy et esleu par led[ict] exposant, et d'amande arbit[r]aire. Si voullons et vous mandons et à chascun de vous, en droict soy, enjoignons que de noz p[ré]sen[te]s permission et contenu cy-dessus, vous faciés led[ict] exposant et l'imprimeur, qui sera, par luy, esleu po[ur] l'impression desd[ictes] œuvres, joyr et user plainement et paisiblement, selon les forme et teneur, cessans et faisant cesser tous troubles et empeschemens à ce contraire[s.] Car tel est, etc. Donné, etc.

Certes, cet acte est tout de forme habituelle, et son dispositif régulier suit les strictes lois de rédaction de la chancellerie royale; il est donc banal. Cependant, le nom d'Amadis l'empêche d'être tout à fait indifférent. Une phrase, de plus, paraît indiquer au sein du Conseil une sorte de censure; enfin, ce

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