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de Thouars', se sont terminés devant le Parlement de Paris, en 1385.

Dans l'élégie où il célèbre ses ancêtres illustres, Ronsard a oublié de citer les Parthenay. Du moins a-t-il rappelé les Chaudrier :

Du costé maternel j'ay tiré mon lignage

De ceux de la Trimouille et de ceux du Bouchage,
Et de ceux des Rouaux et de ceux des Chaudriers,
Qui furent en leurs temps si glorieux guerriers
Que leur noble vertu, que Mars rend éternelle,
Reprint sur les Anglois les murs de la Rochelle,
Où l'un fut si vaillant qu'encores aujourd'huy
Une rue à son los porte le nom de luy2.

Est-ce un Chaudrier qui « reprint sur les Anglois les murs de la Rochelle »? Il y a quelque incertitude à cet égard. Quoi qu'il en soit, le maire de la Rochelle, qui délivra la ville de la garnison anglaise, y réussit par son astuce et non par sa vaillance. Il mérite le renom d'un habile homme, plutôt que celui d'un glorieux guerrier3.

1. Perrenelle de Thouars, comtesse de Dreux (comme héritière de sa mère Jeanne de Dreux), vicomtesse de Thouars après son père, épousa 1o Amauri, sire de Craon; 2° Clément Rouault, dit Tristan. 2. P. de Ronsard, Œuvres, édit. P. Laumonnier, t. IV (1914-1919),

p. 96.

3. La délivrance de la Rochelle est contée par Froissart (Chroniques, édit. Luce, t. VIII, p. 76), qui en attribue l'honneur à Jean Chaudrier, agissant comme maire de la ville. Or, le fait s'est passé en 1372. Chaudrier, qui avait été maire en 1359, 1362, 1366 et 1370, ne l'était plus à cette date. C'est Pierre Boudré qui se trouvait, en 1372, à la tête de la commune. Pour concilier les noms et les dates, on a supposé que le maire Boudré avait agi sur les conseils de son prédécesseur, Chaudrier (Arcère, Histoire de la ville de la Rochelle, t. I, p. 253, 254; t. II, p. 529; Delayant, Histoire des Rochelais, t. I, p. 90). Quoi qu'il en soit, la tradition qui fait de Chaudrier le libérateur de la Rochelle est acceptée par preque tous les historiens; elle a servi de thème à des œuvres littéraires : romans et comédies (Delayant, Bibliographie rochelaise, p. 111, 112). Si le nom des Chaudrier a été donné à une rue de la Rochelle, ce n'est pas, comme le croyait Ronsard, en mémoire de la délivrance de la ville. « Il remonte au moins à un siècle plus haut. Les Chaudrier ou Chauderer (le nom revêt bien d'autres formes) étaient une des plus anciennes

Je croirais volontiers que les trois écus, dessinés dans notre recueil, ont été copiés, au xvie siècle, sur des peintures de la Poissonnière. L'héraldiste qui les a relevés a inscrit le nom de « Paissonnière » au-dessus du dernier d'entre eux, comme s'il croyait que les Ronsard avaient hérité la Poissonnière de seigneurs qui en portaient le

nom.

Max PRINET.

et des plus riches familles rochelaises, et leur maison avait, suivant un usage alors fort commun, servi à désigner la rue où elle était située » (Delayant, Histoire des Rochelais, t. I, p. 92). Cf. J.-B.-E. Jourdan, La Rochelle historique et monumentale, p. 135, note 2.

REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. XII.

19

LES DIX ANNÉES D'AMITIE

DE

DOLET ET BOYSSONÉ

(TOULOUSE 1532-LYON 1542)

Je ne prétends pas apporter ici grand'chose de neuf sur les rapports de Dolet et Boyssoné — suffisamment connus, en somme, par l'ouvrage de Copley-Christie - mais simplement montrer que les lettres échangées au cours de ces dix ans de quasi-intimité, et en particulier celles que contient le manuscrit de Toulouse, donnent d'intéressantes précisions sur les dates si contestées de cette période de la vie du « Martyr de la Renaissance. »>

Le manuscrit des Epistula mutua' ne nous renseigne guère sur la période toulousaine de la vie de Dolet - à part un vague écho qui le suit dans sa fuite vers Lyon — et par malheur c'est sur cette époque si intéressante d'un point de vue non seulement local, mais général, que nous sommes le plus courts de renseignements. Ni La Faille ni les auteurs de l'Histoire de Languedoc ne nous disent à quel moment Étienne Dolet arriva à Toulouse, à quel moment et avec quel succès il concourut aux Jeux floraux,

1. Ce manuscrit, un grand in-4° de 292 pages, n'a été que très partiellement édité. Il est connu des historiens de Dolet, mais, comme on verra, d'une connaissance parfois superficielle. La revue les Annales du Midi vient de publier une étude de l'auteur du présent article sur la composition du manuscrit. Beaucoup de lettres sont datées, et l'on parvient à dater la plupart des autres par recoupement. Il y a là une mine d'indications précieuses pour tous les amis de Boyssoné, Alciat, Jean de Pins, Minut, Mopha Gribaldi, etc., etc.

quelle est la date de ses Oraisons contre Toulouse, la date et l'occasion de son exil ou de son départ furtif, qui semble n'avoir anticipé que de quelques jours une prise de corps dont les effets eussent été au moins ennuyeux. Je n'ose pas dire que sur la plupart de ces points historici certant, tellement les armes dont se sont servis les champions des diverses thèses se sont trouvées peu solides à l'épreuve. Je me garderai d'ailleurs de nier qu'un certain travail n'ait été fait, encore qu'un peu trop générateur de conclusions aventurées, et je me propose, je l'avoue, d'en tirer tout le parti possible, en m'efforçant de le compléter.

«

C'est à Dolet lui-même que je m'adresserai pour fixer l'époque de sa venue à Toulouse. A ce point de vue les deux livres de lettres publiés dans l'édition des Orationes duæ in Tholosam achèvent de préciser les détails contenus dans les oraisons mêmes. Une question se pose, il est vrai, c'est de savoir dans quelle mesure on peut se fier à ces dernières. Ce n'est pas seulement le bon La Faille qui << doute qu'elles ayent été prononcées comme elles se lisent dans ce livre », c'est l'auteur lui-même qui avoue dans une lettre à Boyssoné: « J'amplifie et raffine l'un et l'autre de mes discours, afin de livrer le plus vite possible au public mes élucubrations2. » Mais n'allons pas pour cela nier l'exactitude des faits ou des dates. Sans doute Dolet, bien tranquille à ce moment dans les environs de Lyon, du moins du côté des hommes, car une fièvre le travaillait, Dolet, dis-je, a pu en toute sécurité corser ses invectives contre les abominations et la barbarie de Toulouse3. Sans doute aussi l'excellent cicéronien qu'il était a-t-il dû retoucher l'expression que sa parole ardente

2.

1. La Faille, Annales de la ville de Toulouse, t. II, p. 71. Utramque meam orationem augeo et perpolio ut quam celerrime lucubrationes meas in apertum proferam. » Epist., lib. II, La lettre est datée de la campagne, ruri sex Idus Junii, 8 juin (1534].

P. 121.

3. Voir la tirade célèbre de la page 62.

ne soutenait plus et faire disparaître ce que Dumas fils appelait les «< incorrections nécessaires au théâtre. » Reste cependant que c'est devant un nombreux « théâtre », en effet, qu'il a réellement éjaculé son discours', et que, si ses premières flèches avaient été émoussées, elles ne lui auraient certainement pas attiré de si cuisantes ripostes. Je consens donc bien volontiers qu'il n'y ait que des amplifications oratoires du plus pur « genre démonstratif » quand il évoque plaisamment des enfers un nouveau Fabius, qui veut « rétablir les affaires de Toulouse » non en «< temporisant prudemment, mais en combattant hardiment de la langue » (non prudenter cunctando sed proterva lingua maledictisque pugnando, Tholosa restituet rem)2; quand il raille le nouveau Cicéron qui se pose si grotesquement en défenseur du prestige du Sénat; quand il renouvelle, à propos de la France, la prosopopée classique des Lois3, ou célèbre Boyssoné dans un éloge qui, certes, n'eût compromis ni l'intéressé ni l'orateur, mais qui, tel quel, semble bien interpolé sur la prière de son ami et tout au moins poli sur commande'. Mais je ne vois pas ce qui l'eût empêché de faire entendre, sous la forme qu'il lui a laissée dans l'œuvre imprimée, son apologie de Caturce, si mesurée en somme et si prudente, protestations de foi catholique, sa répudiation formelle du lutheranisme, si réduite en somme à la réhabilitation posthume d'un égaré qui avait cherché le chemin de la pénitence et du pardon. Surtout, je le répète, il n'y a pas lieu

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avec ses

1. Cf. la préface de Finet: Orationes duas, quas in tanta audientium frequentia, quanta nullus nostra memoria orator, non quæsito aut ficto, sed vero oblatoque argumento Tholosæ habuit (X, 2). 2. P. 34, 35.

3. Galliæ prosopopeia, p. 41 et suiv.

4. Cf. ce passage, p. 58: Non prætermittam illud tamen quod prætermitti non debet nec potest, quanta asperitate Tholosa Joannem Boyssoneum agitavit..., etc. Cf. aussi le passage de sa lettre à Boyssoné dont il sera question plus bas, où il lui dit qu' « en illustrant son nom dans ses écrits il n'a fait que son devoir d'ami » (gratiarum actio adversum me, nomen quod tuum scriptis meis illustravi, nihil plane opus erat; præstiti quod amici fuit..., p. 122). 5. Cf. le passage qui commence Videor meum ab illis nomen inter Lutheranos relatum spectare..., p. 54 et suiv.

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