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fois, rarement cependant, visible sur la tranche d'un ouvrage. On pourrait croire que ce trou est la porte par laquelle le ver est entré le ventre creux, ou sorti repu. Il n'en est rien. Presque tous les trous de vers sont perforés dans le cadre de la page et se continuent en ligne droite ou incurvée à travers plusieurs feuillets. Mais ils n'ont pas d'issues; ce sont des prisons hermétiquement fermées. Il faut donc que leurs hôtes, les vers, soient nés sur place. Leur origine n'est, dès lors, plus douteuse : ce sont les larves écloses d'œufs microscopiques déposés sur le papier par des mites. Mais pondre entre les feuillets serrés d'un livre n'est pas chose aisée, même pour une mite. Les œufs ont donc été pondus sur le papier avant que celui-ci fût livré à l'impression. Le livre a fait l'office de couveuse et les larves, en mangeant leur nid, ont creusé leur tombeau. On peut donc tenir pour certain que les livres piqués des vers ont été mis à mal très peu de temps après leur publication.

On se demandera pourquoi les mites ont cessé après le xvIe siècle de pondre sur le papier. C'est peut-être à cause de la composition du papier et du choix des réactifs employés pour blanchir la pâte; peut-être à cause de l'emballage, devenu plus soigné. Peut-être pour les deux causes réunies.

Joseph NÈVE.

CORRESPONDANCE DE REINES

(MARIE DE HONGRIE ET ISABELLE de DanemarK).

La première moitié du xvie siècle nous offre plus d'un cas où les membres féminins des familles souveraines dirigeaient le sort des peuples. La paix des Dames fut conglue à Cambrai (en 1529) entre Marguerite d'Autriche (1488-1530), gouvernante des Pays-Bas, représentant son neveu l'empereur CharlesQuint, et Louise de Savoie (1476-1531), mère de François Ier.

L'habileté diplomatique de Marguerite de Navarre (1492-1549), sœur de François Ier, contribua mieux à sa popularité que ses écrits (cf. Brantôme). Marie, reine de Hongrie (1505-1558), après avoir été mariée à Louis II, roi de Hongrie, devenue veuve, fut nommée gouvernante des Pays-Bas après la mort de sa tante Marguerite d'Autriche.

Son activité se reflète dans les mémoires, dans les correspondances diplomatiques et familières des Habsbourgs. Les documents qui s'y rapportent sont inédits, il reste beaucoup de lacunes à remplir même dans les monographies qu'on lui

a consacrées.

Marie de Hongrie était la petite-fille de l'empereur Maximilien Ier (1459-1519), l'homme le plus inconstant et le plus étrange de son époque. Sa fille, Jeanne d'Aragon, a épousé Philippe le Beau et elle est devenue folle par jalousie. Philippe est mort (1506) après la naissance de leur fille, l'empereur devait faire garder Jeanne dans un cloître d'où elle ne sortit plus qu'à sa mort. Son visage pâle, son regard incertain reparaît cinq ou six fois dans le livre de piété que lui dédia l'alcalde de Calatorau, Pedro Marcuello (en 1482).

Marie de Hongrie fut élevée à Louvain avec son frère CharlesQuint et l'empereur Maximilien de même que Marguerite surveillèrent leur éducation. La politique de la maison des Habsbourgs exigeait une alliance avec la Hongrie qu'un double mariage devait consacrer. L'archiduc Ferdinand s'est fiancé avec Marie, sœur de Louis II, roi de Hongrie (1506-1526), tandis que la sœur de Ferdinand, Marie, se trouva promise à celui-ci, malgré qu'elle fût plus âgée d'une année que son futur mari. Les doubles fiançailles furent fêtées à Vienne (juillet

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1515), mais le mariage devait être retardé à cause de la jeunesse des époux futurs. A l'âge de seize ans Marie fut couronnée reine de Hongrie à Albe-Royale (le 4 décembre 1521) et mariée à Bude une année plus tard (le 13 décembre 1522).

La vie à la cour royale n'était pas sans nuages et la reine n'y pouvait pas retrouver tout ce qu'elle rêvait comme princesse. Le roi, faible, était le jouet des grands, divisés en factions par les intrigues et par la jalousie. Le trésor du roi était vide et la maison royale couvrait par l'emprunt les dépenses nécessaires. A ces vicissitudes internes s'ajoutait le danger de plus en plus croissant de l'invasion des Turcs qui avançaient depuis cinquante ans, avec un progrès que Jean et Mathias Corvin n'ont pu retarder. La fatalité semblait s'accomplir et toute l'Europe ne pouvait la détourner. Cependant à la cour de Bude et de Visegrad, c'est la jeune reine qui représenta la force d'âme et de volonté. Elle a réconforté son mari prêt à succomber, elle a dirigé l'attention de ses frères sur les affaires de Hongrie. Lorsque Soliman II avec des forces supérieures a traversé le Drave, la noblesse de Hongrie réunit enfin une armée qui était insuffisante au point de vue du nombre et de l'équipement. Le secours que lui devait porter Jean de Zapolya était en retard à cause de la rivalité des chefs. Le roi en tête de son armée avança jusqu'à Mohacs; la reine était restée à Bude. Après une attaque désespérée la plaine était couverte des débris de l'armée hongroise; le roi lui-même trouva la mort dans une rivière où il tomba chargé d'armure. Le chemin vers Bude devenu libre, l'ennemi ne trouva plus de résistance. La reine n'avait le temps que d'enterrer son mari à Albe-Royale et elle s'enfuit à Presbourg, prête à quitter le pays, se retirant à Vienne.

Une mission importante, à laquelle elle était destinée par son mariage, l'a retenue pour une année en Hongrie (1526-1527). L'archiduc Ferdinand, après la mort de son beau-frère, proclama sa prétention à la couronne. Ses droits étaient conservés par un parti puissant et la reine veuve devait tenir tête à l'opposition. Elle personnifiait l'alliance entre deux familles souveraines et sa présence contribuait au succès de la cause de Ferdinand. Elle remplit d'ailleurs le rôle de régente du royaume. Son influence sur les affaires, agissant suivant l'intérêt de ses frères, est assez connue et l'avènement des Habsbourgs en Hongrie est l'un des événements où elle remplit un rôle historique. Pendant les dernières années de son mariage,

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