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gendarmes. Tantôt chevau-légers traduit πрóòрoμot, tantôt il explique simplement un mot qui, en grec, n'était accompagné d'aucune explication :

« De Thraciens et Hongres chevaux legers pour descouvrir, environ mille neuf cents. » DIODORE, XVII, 5. Opaxes δὲ πρόδρομοι καὶ Παίονες ἐνακόσιοι.

« Ce que voyant Cleomenes, envoya ses Tarentins, qui estoyent chevaux legers..., contre luy. » Cléomène, 6. Le grec dit seulement : τοὺς Ταραντίνους.

«Les Nomadiens, qui sont chevaux legers et hommes. fort dispos, et en grand nombre, survenoyent en un moment partout. » César, 52. Οἱ γὰρ Νομάδες ἐπιφαινόμενοι πολλοὶ καὶ ταχεῖς ἑκάστοτε κατεῖχον τὴν χώραν.

Quant à la gendarmerie, il est tout naturel que nous la trouvions dans les armées que nous montre Amyot, puisque le mot cavalerie et le mot cavalier n'étaient pas encore devenus français :

Contraignant les gens de pied de marcher aussi tost comme la gendarmerie. » Crassus, 23. Пposбialóμevos áxoλουθεῖν τὴν φάλαγγα τοῖς ἱππεῦσι.

Les vieux soldats qui tiennent garnison dans les places fortes sont des mortes-payes: « Il l'envoyoit par tout pour haster toutes sortes de gens de guerre, et les faire habilement marcher vers la ville de Syené, encore que ce fussent mortes-payes qui eussent esté laissez en garnison es autres places. » Hist. Æthiop., VIII, 15'. En grec: aùtòs d'àñooταλείη πάντα στρατιώτην ἔνοπλον, καὶ εἰ πρὸς φρουρὰν εἴη καταλελειμμένος, ἐπισπεῦσαι πρὸς τὴν Συήνην καταπείξων.

Un traducteur moderne, rencontrant le mot μópa, qui désigne un corps d'infanterie à Lacédémone, le transcrirait simplement une more, et l'expliquerait dans une note. Amyot s'efforce de le traduire. Il hésite entre régiment, compagnie, enseigne :

«

Iphicrates tailloit en pieces tout un regiment de Lace

1. La traduction de l'Histoire Ethiopique d'Héliodore est citée d'après l'édition de 1547. L'indication des chapitres est donnée d'après les éditions modernes du texte grec.

demoniens (τὴν Λακεδαιμονίων μόραν). » Si les Atheniens ont esté plus excellens en armes qu'en lettres, 8.

[Agesilaus] envoya querir deux compagnies [dúo pópac] de ceulx qui estoyent au camp pres de Corinthe. » Agésilas, 17.

<< [La ville d'Orchomène] avoit pris le party des Lacedemoniens, et avoit receu deux enseignes de gens de pied pour la garder (δύο δεδεγμένη μόρας αὐτῶν ὕπερ ἀσφαλείας). Pélopidas, 16.

Plutarque désigne la cohorte romaine par le mot onɛipa, qu'Amyot traduit par enseigne : « Lucullus se meit à les suivre à la trace, avec dix enseignes de gens de pied seulement, et toute sa chevalerie (ἀναλαβὼν σπείρας δέκα καὶ τὴν TROV). » Lucullus, 11. Cf. Brutus, 26.

Alexandre a pour escorte une petite troupe de cavalerie, qu'Amyot désigne sous le nom de cornette; le même mot désigne l'escorte imposante du roi d'Arménie Artabaze : « Alexandre... luy mesme avec sa cornette et une trouppe des meilleurs chevaliers de son ost (μετὰ τῆς βασιλικῆς ἴλης καὶ τῶν ἄλλων τῶν ἐπιφανεστάτων ἱππέων), picqua droit vers le roy Darius. » DIODORE, XVII, 12. « Ce qui plus l'asseura et l'encouragea, fut Artabazes le Roy de l'Armenie, lequel vint devers luy en son camp avec six mille chevaux, qui n'estoyent seulement que la cornette et la garde du Roy (φύλακες καὶ προπομποί βασιλέως). » Crassus, 19.

On sait combien était large, au XVIe siècle, le sens du mot squadron. On ne peut s'étonner de le voir souvent désigner une troupe de gens de pied (v. Paul Emile, 18; Pelopidas, 17; Lucullus, 26, etc.).

Si nous examinons l'armement de l'homme de guerre, bien des détails nous montreront l'incertitude qu'éprouve souvent Amyot pour traduire tel ou tel mot grec, et son souci d'employer toujours des mots bien vivants et connus de tous. Faute d'avoir à sa disposition le mot casque, il hésite entre plusieurs autres pour traduire le mot xpávos, et l'on ne pourrait probablement indiquer aucune raison qui ait déterminé son choix. L'armet est indifféremment

un casque grec, romain, ou barbare. Les statues de Périclès ont l'armet en tête (Périclès, 3). Les Saliens << vont sautelans par toute la ville..., ayans sur leurs testes des armets de cuyvre » (Numa, 13). Les Cimbres ont «< en leurs testes des armets faits en forme de gueules de bestes sauvages, et de meufles estranges » (Marius, 25). Le cabasset est un casque grec, puisqu'il en est question dans Daphnis et Chloé (I, 20). Mais c'est aussi un casque romain, car c'est dans un cabasset qu'un des soldats de Brutus va puiser de l'eau pour apaiser la soif de son chef (Brutus, 51). Et comme le mot morion commence à être à la mode', Amyot le joint au mot cabasset pour traduire le seul mot grec pavos: les soldats d'Antoine emplissent d'eau « leurs cabassets et morrions » (Antoine, 47). — Les soldats de Camille portent le morion et la salade (Camille, 40), et pour coiffer ses soldats qui vont faire la guerre aux Carthaginois le tyran Denys fait forger par milliers les salades et les armets (DIODORE, XIV, 12). Amyot n'oublie pas même l'expression habillement de teste, qui, depuis longtemps usitée, est particulièrement en faveur dans la seconde moitié du siècle (Dicts des Lacedaemon., Demaratus, 2).

Nous trouvons tout naturel qu'un traducteur rende Oópa par cuirasse, et nous serions tentés de juger moins satisfaisant le mot halecret. Il convient pourtant beaucoup mieux que cuirasse pour traduire σιδηροῦν θώρακα, que nous

1. Plusieurs textes nous montrent comment les mots se succèdent au xvi siècle pour désigner le casque. H. Estienne parle dans ses Dialogues du langage françois italianisé de la vogue nouvelle du mot morion: « Qui a esté mis en la place de Heaume? Ils sont trois ou quatre qui s'entrebattent touchant cette place. Car il-y-a Armet, qui pretend luy estre donnee : à quoy s'opposent deux maistres gallans dont Morion est l'un, que les autres appellent Morrion, pour le rendre plus espouventable. » Édition Ristelhuber, I, 348-349. Cf. Du Fail, Contes d'Eutrapel, 33.

2. Habillement de teste se trouve déjà chez le Loyal Serviteur (ch. XL) et chez Saliat (I, 215; VII, 79). H. Estienne (Dial. I du langage françois italian., I, 252) et Pasquier (Recherches de la France, 1. VIII, ch. 1) blâment l'emploi de cette expression.

trouvons dans un passage de Diodore : « Le tyran Dionysius... vivoit en perpetuelle crainte, et estoit contraint de porter par dessoubz sa robe un halecret. » XIV, Proeme (ἠναγκάζετο φέρειν ὑπὸ τὸν χιτῶνα σιδηροῦν θώρακα). C'est aussi le mot juste pour désigner l'armure de l'hoplite, et Amyot l'emploie dans une périphrase qui lui sert à traduire le mot inλítas: « Demosthenes... prit avec luy dix mille hommes bien armez de bons halecrets, et autant d'autres armez à la legere. DIODORE, XIII, 5. Αναλαβὼν μυρίους μὲν ὁπλίτας, ἄλλους δὲ τοσούτους ψιλούς. Ailleurs Paul Emile, 20; César, 37, etc.), halecret est simplement la traduction de θώραξ.

:

Le mot brigandine se trouve uni à halecret et à cuirasse pour traduire un seul mot grec, paxes: « Et y forgea lon aussi des halecrets, cuirasses et brigandines de toutes sortes, fort bien trempez et ingenieusement entaillez et labourez. » DIODORE, XIV, 12. Le texte grec dit opásθησαν δὲ καὶ θώρακες, παντοῖοι μὲν ταῖς κατασκευαῖς, περιττῶς δὲ κατὰ τὴν τέχνην εἰργασμένοι. — Dans la Comparaison de Lycurgue et de Numa, 1, brigandines et cuiraces traduit Oúpaxaç. Mais ailleurs, brigandines a un sens bien précis et convient très bien à l'objet qu'il désigne : « Les coursaires avoient... leurs brigandines faictes à escailles sur leur dos. » Daphnis et Chloé, I, 30'. En grec: τà μwρánia λɛmidwτá. C'est aussi le mot juste dans cette phrase : « Il avoit pris le reste de son harnois avant que partir de sa tente, qui estoit un sayon de ceulx qui se font en la Sicile, ceinct, et par dessus une brigandine faitte de plusieurs doubles de toile picquee. » Alexandre, 32. En grec: Oúpana διπλοῦν λινοῦν.

Le mot rondelle, qui désigne un petit bouclier, traduit très bien éλT (Alexandre, 67; Demetrius, 49). Je ne m'arrêterai pas à relever tous les emplois du mot dague pour traduire différents mots: Egídtov (Tiberius Gracchus, 10),

1. Les citations de la traduction de Daphnis et Chloé sont faites d'après l'édition de 1559. La division en chapitres n'existe pas dans cette édition.

éryεipídiov (Numa, 13), ¿iços (Sertorius, 26). Il est inutile aussi de chercher à quels mots grecs correspondent les mots hallebarde (Paul Emile, 18; Antoine, 66); partisane (DIODORE, XVII, 19; Artaxerxès, 11); vouge (Pompée, 71). Probablement les objets habituellement désignés par les mots français ne sont pas exactement semblables à ceux que désignent les mots grecs. Mais il y a forcément dans toute traduction quelque chose de conventionnel. Il ne faut pas espérer trouver une exactitude complète, et si nos expressions modernes nous paraissent justes, c'est que nous y sommes habitués. Puisqu'il faut souvent se contenter d'une approximation, reconnaissons qu'Amyot a réussi d'ordinaire assez bien à ne pas s'éloigner du texte grec.

C'est peut-être pour traduire les mots relatifs à la religion qu'il rencontrait le plus de difficultés. Pour les édifices même, il était difficile de traduire à lɛpá, comme nous le faisons aujourd'hui. Le mot temple ne pouvait pas représenter aux lecteurs de ce temps l'édifice le plus habituellement consacré à l'exercice du culte. Il fallait se résoudre à dire les églises, et c'est ce qu'Amyot a fait souvent, quoiqu'il emploie aussi le mot temple: « Les femmes et les petis enfans s'en coururent aux eglises (eig tà iɛpá) prier les Dieux. » DIODORE, XVII, 4. [Lycurgus] gaigna le devant et se jetta en franchise dedans une eglise (e? ispév), avant que les autres le peussent attaindre. » Lycurgue, 11. << Il defendit aussi par la mesme loy d'injurier de paroles oultrageuses les vivans aux eglises pendant le service divin. » Solon, 21. En grec: Covta de xaxшç λéyetv ἐκώλυσε πρὸς ἱεροῖς.

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Le mot chapelle est employé comme équivalent de différents mots désignant des édifices sacrés': « Il est tout certain qu'il tenoit quelque chose à la maison des Lycome

1. Chapelle avait été déjà employé par Seyssel dans sa traduction de Thucydide: « Les Amphipolitains luy feirent apres edifier [à Brasidas] ung sepulchre fort magnificque et une chappelle comme a un sainct. » V, 2.

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