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SOMMAIRE.

I. Simonne RATEL. La cour de la reine Marguerite
(3e article).

II. Edmond HUGUET. Les procédés d'adaptation chez
Amyot.

III. Dr DELAUNAY. L'aventureuse existence de Pierre
Belon, du Mans (6e article).

IV. Marcel RAYMOND. Jean Tagaut, poète français et
bourgeois de Genève.

V. Jean PLATTARD. Un novateur dans l'enseignement du droit romain: François de Nesmond professeur à l'Université de Poitiers (1555) .

MÉLANGES.

G.-L. MICHAUD. L'influence de Vivès sur Rabelais.
C.-A. FUSIL. Rabelais et Lucrèce

Abel LEFRANC. Les deux éditions des Amours de
Ronsard publiées en 1553

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A. CHEREL. Un fragment inédit de Jean de La
Taille

Georges PREVÔT. Le mot Fée chez Ronsard
COMPTES-REndus.

H. P. BIGGAR. The voyages of Jacques Cartier,
published from the originals with translations,
notes and appendices (Jean PLATTARD).
Jacques GREVIN. Théâtre complet et poésies choi-
sies de Jacques Grévin, avec notices et notes
par Lucien Pinvert (J. LAVAUD).

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Jean FESTUGIERE. La philosophie de l'amour de
Marsile Ficin et son influence sur la littérature
française au XVIe siècle (ID.)

Robert GARNIER. Euvres complètes (théâtre et
poésies) de Robert Garnier, avec notice et notes
par Lucien Pinvert (ID.).

173

173

175

Jacques PANNIER. Recherches sur l'évolution reli-
gieuse de Calvin jusqu'à sa conversion (J. PLAT-
TARD)

Félix ROCQUAIN. La France et Rome pendant les
guerres de religion (ID.).

Pierre CHAMPION. Pierre de Ronsard et Amadis
Jamyn. Leurs autographes (ID.)

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Paul LAUMONIER. Ronsard et sa province. Antho-
logie régionale avec introduction, notes et illus-
trations (ID.).

177

178

180

181

Ph. Aug. BECKER. Mellin de Saint-Gelais. Eine
Kritische Studie (Iv.).

182

187

CHRONIQUE.

Prière d'adresser toutes les communications et la correspondance à M. Jean PLATTARD, 49 bis, boulevard du Pont Achard, Poitiers (Vienne).

PUBLICATIONS

DE

LA SOCIÉTE DES ÉTUDES RABELAISIENNES

DIRECTEUR :

Abel LEFRANC, PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE.

REVUE DU SEIZIÈME SIÈCLE :

Abonnement

Prix du fascicule de l'année en cours

15 fr.

5 fr.

LA

COUR DE LA REINE MARGUERITE

(3 article1).

TROISIÈME PARTIE.

II.

LES TRADITIONS POÉTIQUES DU XVI SIÈCLE :

Influence de Ronsard et de Desportes; Ronsard et Claude Garnier; Desportes et les Amours de La Roque. Influence de quelques contemporains de Ronsard; Robert Garnier et les Tragedies françoises de Claude Billard; Du Bartas et les Euvres chrestiennes de La Pujade. La lutte contre l'école de Malherbe.

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« Lecteur... je te declare que je veux rymer, et raisonner de tout mon pouvoir, à la mode de Ronsard, Du Bellay, Desportes, et leurs associez et contemporains2... »

Cette déclaration de la fougueuse Mlle de Gournay aurait pu servir de mot d'ordre à la cour de la reine Marguerite. On les admirait tous, ces poètes de la Pléiade, et leurs << associez et contemporains », comme une théorie de dieux3.

1. Voir Revue du XVI siècle, t. XI, p. 1 et 193.

2. Les adviz et les presens de la damoiselle de Gournay. Paris, 1634, in-4°, p. 628.

3. Jacques de Fonteny, dans ses Esbats poetiques, en 1587, parlait de sa vénération pour « le Pindare Vendosmois, Baïf le Sophocle François, Bellay, Iodelle, Belleau, Tahureau, Des Portes, l'idole de la Cour... ». Pierre de Deimier écrit en 1610 : « Les livres d'Homère, de Virgile, d'Ovide, de Pétrarque, de l'Arioste, de Ronsard, REV. DU SEIZIÈME SIÈCLE. XII.

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C'étaient surtout Ronsard et Desportes qu'on admirait, qu'on adorait, qu'on suivait aveuglément jusque dans leurs erreurs. Tout a été dit sur l'influenee qu'ils exercèrent au commencement du XVIIe siècle sur quelques poètes fameux de l'époque; on sait jusqu'à quel point Du Perron et Bertaut relèvent de Ronsard dans leurs poésies héroïques ou élégiaques, ce que Régnier a pu glaner, comme il le disait lui-même, du

Reste de ces moissons que Ronsard et Desportes
Ont rapporté du champ sur leurs épaules fortes,

comment Maynard passa de la cour de la reine Marguerite à l'école de Malherbe, et comment Théophile, qui voulut rester indépendant, appartient encore à l'ancienne école par cet amour même de l'indépendance. Tous ces illustres fréquentèrent le cercle de la rue de Seine; mais ils y coudoyaient d'autres poètes, dont les noms sont oubliés aujourd'hui, des poètes qui demandaient aussi à Ronsard et à Desportes de leur enseigner le chemin de la gloire, et chez qui l'imitation était d'autant plus servile qu'ils manquaient davantage de personnalité.

A cette époque, ce qu'on admirait en Ronsard, c'était précisément ce que nous n'admirons plus : c'était le poète érudit, qui avait pillé les Anciens et avait voulu ressusciter leurs genres, l'imitateur de Pindare et le présomptueux rival d'Homère et de Virgile. C'était en cela surtout qu'on prétendait le suivre.

L'érudition classique sévissait comme un fléau, dans

de Garnier, de Du Bartas et de Des Portes, ce sont les neuf Muzes qui m'accompagnent partout... » (Académie de l'Art poétique, introduction). Claude Garnier parle avec dévotion de la «<< saincte Pléiade ». Le fils de Claude Billard de Courgenay, escolier de quinze ans », écrit, dans un sonnet, en tête des Tragedies françoises de son père :

L'Aonie est françoise, et n'est plus estrangère

Ayant ce grand Ronsard, la merveille des Dieux
Bellay, Belleau, Bertrand, Des Portes, que les Cieux
Ont rendu si divin, que plus rien on n'espère..., etc...

l'entourage de la reine Marguerite; elle-même donnait l'exemple, émaillant ses écrits de souvenirs classiques et citant à tout propos les Romains et les Grecs. Aussi, c'était à qui ferait, dans ses vers ou dans sa prose, le plus bel étalage de divinités païennes, de héros grecs, de nymphes, de Narcisse et d'Écho, d'Ixion et de Sisyphe, de métamorphoses, de toutes les fables de la mythologie, de tous les souvenirs de l'histoire antique. Jean Alary remonte à Phidias et à l'histoire d'une statue de Minerve pour dédier ses vers à la reine; Maillet la compare au soleil et ses courtisans à l'audacieux Eudoxe; Pierre de Deimier, dans la préface de son Académie, évoque, dans l'espace de quelques lignes, Platon, Antisthène et Lycurgue, et la réponse de « Mandricidas, ambassadeur lacedemonien, à Pyrrhe l'Epirote ».

La mythologie, elle, envahit tout. Mlle de Beaulieu, dans des stances à la reine, fait le plus effarant mélange de Cupidon, de Pallas, de Jupiter, des Muses, du Parnasse, de l'Athos, d'Ixion et de sa nue; La Roque met ces mots dans la bouche de Mlle de Montigny expirante:

Adieu, belle Uranie!

Comme un autre Clitye en la voûte celeste

Je suivray de vos yeux l'object et le soleil...

Alary compare successivement la reine à Lucine, à Pandore, à Vénus, à toutes les divinités de l'Olympe. Et combien de Daphnés et d'Apollons, de Mars et de Vénus, de Vénus et d'Adonis patronnèrent ses amours avec SaintJulien ou Bajaumont!

Il est facile d'être pédant, et sur ce point l'imitation de Ronsard avait pris l'apparence d'une contagion. Il était moins aisé de le suivre dans la haute conception qu'il s'était formée de la nature de la poésie et du rôle du poète, et qui l'avait amené d'ailleurs à fausser son propre génie.

Pour Ronsard, la poésie était une sorte de fureur sacrée, le poète un prêtre inspiré d'Apollon, dont la voix émeut

et transporte les foules. Il avait rêvé d'être ce chantre divin, et comme l'épopée lui offrait un vaste champ pour la réalisation d'un tel rêve, il se lança dans l'épopée, les yeux fixés sur Homère et Virgile, et comme Pindare lui semblait l'incarnation même de cet enthousiasme poétique, puissant et capricieux, il crut retrouver l'esprit en reproduisant la forme, et se guinda, comme dit Sainte-Beuve, jusqu'à l'ode pindarique.

Ces deux essais, dans l'ensemble, furent malheureux. Ils excitèrent pourtant l'admiration des contemporains ' et suscitèrent d'enthousiastes imitations, un peu partout, et bien entendu dans le cercle de disciples dévots qui entouraient la reine Marguerite.

Il ne semble pas qu'il faille compter au nombre des protégés de la reine ce Pierre Delaudun d'Aigaliers, qui fait paraître, en 1604, une interminable et pédante Franciade; mais on dut avoir connaissance de son essai et l'admirer autour de Marguerite; en tête de la Franciade figurent des pièces élogieuses de François de Rosset et de Claude Garnier, tous deux poètes de la reine.

Ce n'était pas, d'ailleurs, le premier essai de ce genre. Déjà, en 1601, Pierre de Deimier avait aventuré sa jeunesse dans un poème épique, l'Austriade; il eut le tort de persévérer. Ayant pris une devise qu'eût aimée Ronsard : « Nihil nisi ad supremum », et « jugé avec la connoissance de tous les plus doctes que l'œuvre héroïque est l'excellence et la majesté de tous Poèmes », il donne en 1605 les cinq premiers livres de sa Néréide, ou Victoire navale, qui devait comprendre vingt-quatre livres en tout. Dans cette œuvre, il s'avoue disciple de Ronsard, mais disciple un peu indépendant : « D'autant, dit l'argument,

2

1. On trouve dans les Perroniana un curieux jugement sur Ronsard. Du Perron estimait que « Ronsard, en ses Amours, estoit quasi-ridicule » tandis qu'il le trouvait admirable dans le genre épique et héroïque.

2. Argument, en tête de la Néréide ou Victoire navale, ensemble les destins héroïques de Cléophille et Néréide, par le sieur de Deimier. Paris, P. Mettayer, 1605, in-18.

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