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NOTES SUR TROIS TOMBEAUX

DE L'ANCIENNE CATHÉDRALE DE MACON'

La cathédrale de Saint-Vincent de Mâcon possédait encore, en 1789, trois tombeaux d'évêques qui figuraient honorablement au nombre de ses décorations artistiques. C'étaient d'abord le tombeau des évêques Dinet, érigé en 1652, entre les chapelles de Saint-Georges et de Saint-Paul, à l'entrée de la nef, à gauche; puis celui de Mgr de Lingendes, érigé en 1663, dans la chapelle de Saint-Claude, qui faisait suite à celle de Saint-Paul; et enfin celui de Mgr de Tilladet, érigé par les Administrateurs des Hospices, après une délibération du Conseil de ville du 6 septembre 1731.

De ces trois tombeaux vendus à vil prix, à la Révolution, il ne nous reste que deux gravures, dont l'une représente le monument de Mgr de Tilladet, et l'autre, le tombeau plus simple, mais assez élégant, de Mgr de Lingendes. De celui des évêques Dinet, le plus remarquable des trois, nous ne savions rien jusqu'à présent, lorsqu'une heureuse chance m'a fait découvrir, dans une minute notariée originale, la description de ce monument funéraire et le prix fait pour sa construction.

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Aussi me fais-je un devoir d'en donner communication à l'Académie; et le sujet m'amènera naturellement à dire un mot des deux autres tombeaux qui faisaient cortège au premier.

I

TOMBEAU DES ÉVÊQUES DINET

Ce fut le 13 août 1652 qu'au nom de Louis de Génestoux, seigneur de Puyréel, héritier de Mgr Louis Dinet, son oncle, il y eut prix fait pour la construction de ce tombeau, conclu avec deux maîtres sculpteurs de Lyon, Antoine Perrier et Martin Hendricy.

Les deux sculpteurs s'engagent, moyennant la somme de 3.200 livres, somme importante pour l'époque, à construire << ung thumbeau et épitaphes, représentantz en premier lieu les << deux figures de l'illustrissime Gaspar Dinet vivant évesque « dudict Mascon, l'une en habit d'évesque debout et l'autre aussy <«<en habit d'évesque célébrant couché sur le thumbeau; une <«< autre figure à main droicte, dudict feu Illustme Mre Louis << Dinet à genoulx en habit d'évesque en priant; une autre à la «< gauche, de l'Illustme Mre Pierre Dinet, vivant évesque de Yéropolis, coadjuteur et futur successeur au dict Evesché, aussy en priant et revestu en habit d'évesque; icelles figures en rond « de bosse faictes de pierre blanche de Savoye représentantz le « naturel selon lez pour traictz qui leur seront à cest effect « baillez, les dictes figures « d'une seule pièce.

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« Et aura ledict épitaphe et thumbeau vingt-deux piedz <«< d'haulteur, non compris la croix au dessus, et unze piedz de large, et plus grande largeur si la place le permet.

« La plaincte et ruban sera faicte de la pierre blanche de

« Clessé, qui aura deux piedz dix poulces d'haulteur et de largeur << suyvant la place, et de profondeur trois piedz et demy. »

Après ces indications viennent de nombreux détails techniques, dont voici le résumé.

La base, les deux corniches, le stylobate et l'architrave devaient être en pierre de Savoie, au lieu que les deux piédestaux portant les deux évêques en prière, les deux pilastres, les deux consoles avec cul-de-lampe, les pilastres de la niche avec leur arcade, devaient être « en pierre noyre de gros banc; » en pierre noire également la table « où sera escript le grand épitaphe. »

<< Tous les ornementz du dict ouvrage, dit encore le texte, « mesme les armes, seront faictz de cuyvre en sculture, le tout « doré d'or mat, et aussy la proffondeur des lectres qui seront

gravées aux épithaphes seront dorées d'or mat, ensemble ce qui « se gravera à la forge, le tout selon les lectres qui leur seront << marquées qu'ilz graveront, comme aussy ils poseront sur le <«<bas au devant dudict ouvrage ung thumbeau de cinq piedz et << demy de long et de deux piedz et demy de large, de pierre de <<banc du Vanoyre pollye au gray, en laquelle ilz graveront les <«<lectres qui leur seront baillées.

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<< Toutes les figures et ornementz en pierre blanche seront

blanchyes de blanc de plomb à l'huille, et autour de tout « l'ouvrage sera peinte une grisaille à fresque pourfillant entière<< ment icelluy.

« Laquelle besoigne ilz poseront en l'église de Mascon, entre « les chapelles Sainct Georges et Sainct Paul, au dessus du vaulx « où sont inhumez les dictz feuz sgrs Evesques. »

L'acte passé à Mâcon, en la maison canoniale de vénérable Claude Tixier, archidiacre, fondé de procuration de M. de Genestoux, fut reçu par Bouchard, notaire royal1.

1. Étude de Me Gautheron, minute 3386.

Le 30 septembre suivant, il y eut de nouveau prix fait avec deux maçons de la ville, pour paver « de carreaulx de losanges de << bonne pierre rouge et blanche des perrières de Chevagny et « Clessé au devant le thumbeau de feu mondict seig Evesque, <«<dez l'une des pilles à l'autre... moyennant vingt sols chascun << pied'.

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Quant à la double inscription latine qui décorait ce mausolée, ce n'est point ici le lieu de la transcrire. Elle a été heureusement reproduite par la Gallia christiana, à l'article des Évêques de

Mâcon.

Moins heureux que son inscription, le mausolée ne paraît pas avoir été conservé par un dessin ou une gravure quelconque. Condamné à être démoli avec la cathédrale, il fut estimé à la somme de 134 livres, et les 4 statues, avec pilastres et corniches, allèrent probablement enrichir quelque brocanteur.

II

TOMBEAU DE MGR DE LINGENDES

On possède une assez bonne gravure du mausolée de l'évêque de Lingendes. Mais ce que nous ignorions, c'est que ce fut luimême qui en donna le plan à un maître sculpteur de Lyon, nommé Nicolas Bidaud, et qui conclut avec lui le prix fait, le 9 juin 1663, deux ans avant la mort du prélat. Le prix convenu fut de 2.600 liv.

« La base du mausolée, dit l'acte notarié, l'urne et les pieds «< d'estaux qui accompagneront la dicte urne, seront du banc le plus noir dans la meilleure pierre de Sainct Sire en Lyonnois, bien

1. Étude de Me Gautheron, minute 4835.

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<< pollie et noircie, réputant marbre noir. Sera également la table « où sera inscripte l'épitaphe toute d'une pièce et du mesme <<banc de St Sire bien pollie et noircie; contiendra la dicte épitaphe douze cens lettres romaines, un peu plus un peu moing, << gravées et dorées... seront les pillastres, corniches, consolles « et le cadre, de la meilleure pierre de Sessel en Savoye, et les «< statues, armes et tous autres ornementz de pierre de Perne au «< comtat d'Avignon, bien et deuement travaillée; posera ledict <«< mausolée dans la chapelle de Sainct Claude, dans le mur du «< costé de bize... a esté convenu que l'élévation du susdit mau« solée se terminera au bas de la vitre de ladite chapelle sans « l'outrepasser. »

L'acte, fait à Mâcon, en l'hôtel épiscopal, a été reçu par Chappuis, notaire royal 1.

La longue inscription qui était gravée sur ce tombeau, et qui est reproduite dans la Gallia christiana, comporte bien les six cents lettres stipulées dans l'acte ci-dessus. Le monument a disparu avec les autres, à la Révolution, mais l'acte de vente ne m'est pas connu.

III

TOMBEAU DE MGR TILLADET

Les gravures que l'on possède donnent exactement l'aspect général de ce mausolée, d'un style sobre mais ne manquant pas d'ampleur. C'était le noble témoignage de la reconnaissance des Hospices de Mâcon auxquels le généreux prélat avait égué la plus grosse part de sa belle fortune.

1. Étude de Me Gautheron, minute 1077.

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