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pour la sûreté publique il [sollicitait] la vigilance du ministère public'... >>

Et il complétait sa dénonciation le 4 et le 9 dans les lettres suivantes adressées de Château-Thiers à son ami, M. Rivet, commissaire en droits seigneuriaux à Mâcon :

« Mardy dernier ne m'ettant pas resouvenu de tous les noms de ses célérats de Saint-Point qui étoient le plus acharnés à faire les dégâts au château dudit Saint-Point. En voicy encore des plus coupables de la bande, que vous aurés la bonté de déclarer à ses Messieurs qui composent le comité Perrain, laboureur au hameau de La Chanal; Jean Dailly, laboureur En Rogne, proche La Chanal; Antoine Faillant, laboureur et fermier de Messieurs Ducloux; Jacques Delorme; son fils aîné, le premier qui a monté sur les couverts; Debionne, collecteur, avec ses trois domestiques; Point, maréchal au hameau de La Roche; Delaye, avec son fils, au hameau de Bourgogne, maréchal, qui ont apporté les outils pour forcer les portes de fer; Blaise Déchizeau; Bon, habitant de Joux, avec ses deux fils. Les trois qui sont dans les prisons sont aussy des plus coupables. Enfin tous les habitants de Saint-Point y étoient, sans aucun étranger, après avoir sonné l'espasse de quatre heures le tocsin. Et ce qu'il y a de plus affreux, en même tems que les habitants dévoroient le château, le marguillié, qui étoit au cloché, carillonnoit; après avoir bu et mangé, ainsy que leurs femmes, ils se mirent à danser. Je suis à même d'établir tous ses faits en justice. Priés ces Messieurs d'agir; si l'on n'en punit pas une partie, l'on est en grand danger d'aller en cette paroisse. A présent ils disent que cela n'est rien; ce qu'on en a fait étoit pour les épouventer 3...

1. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 54.

2. Jean Raffin.

3. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 56.

>>

« J'ai reçu l'honneur de la vôtre en datte du 9 hier, laquelle me fait présumer que ses Messieurs de comité ne viendront pas dans ce pays, puisque M. Cortambert' veut bien avoir la bonté de faire punir ces brigands de Saint-Point. L'on peut établir leurs délits par plusieurs témoins, tant étrangers que du lieu, mais puisqu'il n'en veut faire entendre que deux, il peut faire entendre M. Étienne Bruys, fermier de Saint-Point, et Antoine Rollet, dimeur de M. Bruys, natif de Bourgvilain, qui réside à présent au château de Saint-Point. Ils déposeront des délits commis et le nom des brigands... [Je] suis à même d'établir que Claude Chassagne avec d'autres ont fait des démarches pour solliciter les paroisses voisines pour se transporter à Saint-Point le jour destiné pour le délit. Il y a toujours beaucoup de rumeurs sourdes dans le pays... »

Ensuite de ces dénonciations on dressa une liste d'habitants à arrêter et qui comprenait les noms du fils aîné de Georges Chantin, du hameau de Joux, des deux fils aînés de Jacques Delorme, du hameau de La Roche, de Philibert Dumonceau, du hameau de Joux, de Jean Martin, du hameau de La Roche, d'André Paisseaud, du compagnon de Jean Paisseaud, de Benoît Perrier et de Jean Fouilloux, du hameau du Prost, des deux frères Dussauge, de Jean Lapalus, de Vincent Passot, de Benoît Gachot, de Jean Toutemps, de Pierre et Joseph Fouilloux, de Daval dit Boidat, de Benoît Luquet, d'Antoine Paisseaud, de Mathieu Delaye, des nommés Point et Corsin3.

C'était ceux que le capitaine de la maréchaussée « voulait bien avoir la bonté de faire punir ». ». Mais, au mois de décembre 1789,

1. Capitaine-lieutenant de la maréchaussée du Mâconnais.

2. Archives de Saône-et-Loire, B. 1717, 55.

3. Id., ibid., 61.

Louis XVI accorda une amnistie générale pour tous les faits qui se rapportaient aux troubles du Mâconnais '.

Si les poursuites criminelles étaient suspendues, les victimes. des désordres n'en avaient pas moins le droit dont elles usèrent de demander aux auteurs des dégâts des dommages et intérêts. Étienne Bruys intenta au mois de février 1790 une action à Étienne Debionne, collecteur de Saint-Point, Jacques Delorme, aussi collecteur, et ses deux fils, Joseph Deschizeaux, Jean Fouilloux, Jean Treillefort, Philibert Daval, Claude Bleton, Claude Paisseaud, Jean-Baptiste Dussauge, Louis Larochette, Georges et Jean Chantin, Antoine Faillant, Joseph Tarlet, Antoine Chantin, Claude Chassagne, Benoît Desperriers (sic), Benoît et Jean Bleton. Quarante-cinq témoins comparurent au cours de l'enquête ouverte dans cette affaire par Mre Joachim de Namps, lieutenant général au bailliage et présidial de Mâcon, les 21, 22, 24, 26, 27, 28 avril, 10, 11 mai 1790 2.

Nous nous contenterons d'extraire de leurs dépositions ce qu'elles peuvent nous apprendre que nous ignorons sur le sac du 30 juillet.

Joseph Tarlet, âgé de 21 ans, domestique du sieur Bruys, demeurant au château, déclara entre autres choses qu'il y avait 60 à 80 personnes, tant hommes que femmes, que Jean Chantin, armé d'une cognée le menaça et lui dit qu'il n'avoit qu'à aller dixmer actuellement.

Jean Martin, âgé de 36 ans, demeurant à Saint-Point, dit que, saisi de peur, il alla se cacher dans le clocher, d'où il vit Benoît Rey, domestique de Benoît Bleton, qui travaillait à la démolition du colombier avec Jean Fouilloux.

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Félicité Martin, âgée de 63 ans, bourgeoise de Saint-Point, déposa que lorsque la bande entra au château elle avait à sa tête Philibert Dumonceau, « qui saisit avec fureur et brutalité le sieur Bruys au collet et lui dit : « Hier, vous étiez le maître, mais <«< vous ne le serez pas aujourd'hui. Vous faites semblant d'être <«< du tiers-état et vous tenez pour la noblesse. Pour vous

apprendre à nous tromper, nous allons entrer au château, << saccager votre ménage et ensuite tout brûler »; qu'à cette menace effrayante ledit sieur Bruys répondit seulement : « Si << votre intention est telle, je me retire; je ne veux pas être «< brûlé »; que se retirant en effet et gagnant, de la cour où il étoit, le chemin, il fut arrêté et entraîné dans le château à l'effet de faire un écrit à la bande qui l'exigeoit relativement à la remise des terriers, et que tandis qu'il le rédigeoit, un de ceux qui composoient la bande ou plusieurs brisèrent l'écritoire dudit sieur Bruys en disant qu'ils ne vouloient plus d'écrit ». Elle ajouta avoir entendu dans l'après-midi André Paisseaud jurer et menacer de mettre le feu au château, disant : « Bougre de château, tu m'as ruiné; il faut que je te brûle! »

Marie Deschizeaux, âgée de 35 ans, femme d'Amédée Crozet, laboureur de Saint-Point, déposa qu'elle vit Joseph Dumonceau, <«< sur le refus de le suivre que lui fit Claude Tarlet, son domestique, lorsque [avec la bande] il vint le chercher, frapper ledit Tarlet et le renverser d'un coup de poing violent qu'il lui appuya sur l'estomac, après quoi il se disposoit à le frapper d'un bâton dont il étoit armé, lorsque Jean Chantin l'en empêcha en disant que Tarlet le suivroit bien, ce que fit à la vérité ce dernier dans la crainte d'être maltraitté ».

Jean Raffin, âgé de 37 ans, marguillier de Saint-Point, déclara que « sur les neuf heures du matin environ, 500 personnes arrivèrent en son domicile et le forcèrent à aller sonner le tocsin, en

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