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trouvé dévastant le château, « ledit Dumonceau et autres dont il ne se rappelle pas le saisirent en disant hautement : « Il est « venu au secours du sieur Bruys; il le soutient; eh bien! il «< faut qu'il périsse de nos mains! »; qu'effrayé de cette menace il se dégagea de leurs mains, prit la fuite, fut se cacher dans la cave du cabaretier Delorme, d'où il ne sortit qu'à la nuit pour gagner Pierreclos, précaution dont il a été félicité par plusieurs personnes, d'autant que, « l'instant d'après sa retraite, la bande fit perquisition du déposant jusque dans les paillasses des lits de la cure, [et] que tandis qu'il étoit dans la cave dudit Delorme il entendit plusieurs de la bande de Saint-Point qui le demandoient à la femme Delorme, en lui disant que s'ils le rencontroient ils lui feroient un mauvais parti, propos dont peut déposer Pierre Durousset fils aîné, de Pierreclos, qui étoit fermé avec [lui] dans ladite cave ».

Les choses restèrent longtemps en l'état au château. Il « est fort dévasté, » lit-on dans le Manuscrit de ma Mère, à la date du 16 juin 1801, c'est-à-dire peu de temps après l'acquisition faite par Pierre de Lamartine, « tous les murs sont nus, les écussons et les cheminées sont brisés à coups de barres de fer par les paysans venus de loin, dans les journées des brigands en 1789; rien ne peut y flatter l'amour-propre 2».

En examinant les planches qui accompagnent la présente notice, on se rendra compte sans difficulté de l'aspect extérieur du château jusqu'en 1850 et des additions qu'y fit Lamartine peu après cette date 3.

<< On peut trouver, dit M. G. Larroumet, qu'il a trop cédé

I. ???

2. Éd. de 1873, in-12, p. 80.

3. De 1853 à 1855.

4. Cet article de l'ancien directeur des Beaux-Arts, intitulé Une Visite à SaintPoint, a été reproduit par le Journal de Saône-et-Loire du 14 janvier 1895.

à ses goûts personnels, en arrivant au petit porche gothique à
colonnettes et à clochetons, qui fait comme un vestibule extérieur
à la porte du château. Pendant un voyage en Angleterre, il avait
admiré l'architecture, médiocrement pure de style et de goût,
que
l'aristocratie anglaise aime tant pour ses châteaux. Il lui avait
fallu, à lui aussi, un peu de gothique flamboyant pour Saint-
Point, et au retour, sur ce château massif, mais de fier et robuste
aspect, il avait plaqué ce gothique trop léger pour lui et plus
troubadour que féodal.

<< Non seulement un porche, mais un long balcon à trèfles de même style, court sur la façade. Passe encore pour celui-ci; style à part, il forme une sorte de promenoir qui prolonge la demeure à l'air libre et double l'agrément de la campagne, en permettant de vivre en même temps au dehors et au dedans. Et puis la glycine et la vigne vierge ont tapissé la façade, et le faux goût des additions anglaises disparaît sous leur manteau.

« Aussitôt entré dans le vestibule, à droite, s'ouvre une sorte de caveau voûté en ogive. Il a été aménagé en salle à manger et, entre des boiseries Louis XV, se déroulent des bergerades peintes en camaïeu dans le goût de Boucher.

<«< Un escalier tournant conduit au premier étage et, par une salle de billard, on arrive au salon. »

A gauche du salon est la bibliothèque; à droite « viennent la chambre à coucher et le cabinet de Lamartine; celui-ci, dans une tourelle, dominant l'église et le cimetière, réduit sombre, où il a tant écrit, au milieu de ses souvenirs intimes, des livres de sa mère, de ses poètes préférés.

1. Il a tout l'air d'un ancien oratoire.

2. M. de Montherot vient (1897) de faire élever et coiffer la tour carrée dans laquelle il se trouve.

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<< Tout a été exactement laissé dans l'état où Lamartine, à son dernier séjour, avait quitté le château. Voici, dans la chambre, une rame de papier, dans son enveloppe bleue à moitié déchirée par sa main et, sur une table, une poignée de petits objets qu'il avait retirés de sa poche. Dans le cabinet, ses dernières plumes sont à leur place et les derniers livres qu'il ait feuilletés se trouvent à l'endroit où il les avait posés.

<«< Sur la tenture en cuir gaufré de la chambre à coucher pend à une cordelière de soie un sabre que le poète portait durant son voyage en Orient. Quelques miniatures surtout retiennent l'attention. Ce sont des portraits de famille, et leurs rapports de ressemblance ou de contraste avec la physionomie du poète leur prêtent un vif intérêt. »

I

M. de Montherot a eu la pieuse pensée de placer dans cette chambre le lit de mort du poète qui était avant 1870 dans la maison de Passy.

La cheminée a été peinte par Mme de Lamartine. On y voit les figures des poètes préférés de son mari. En haut, Shakespeare, Homère et Dante. A gauche, Arioste, Sapho et Racine. A droite, Pétrarque, Colonna et Corneille 3.

« Le cabinet à la voûte cintrée, au clair obscur, nu, austère, un caveau de Rembrandt, une grotte des Pères, » est dans la tour du sud. « Un portrait de Byron. Devant [Lamartine], aux côtés de la cheminée, le médaillon de sa mère, le portrait de sa fille, lui souriaient. Une étroite porte vitrée s'ouvrait sur un balcon de bois 4. C'était une cellule de poésie et de prière 5.»

1. Voir la planche.

2. Id.

3. M. E. Montégut a dit inexactement dans ses Impressions de voyage et d'art : Homère, Shakespeare et Dante; Pétrarque, Arioste et Tasse; Corneille, Racine et Molière (Revue des Deux-Mondes, 1873, II, p. 137).

4. Cela se rapporte à l'année 1851. — Voir la planche.

5. Ch. Alexandre, Madame de Lamartine, 1887, in-8, p. 175.

Au-dessus de la porte d'entrée du château on a encastré un écu sculpté parti de Lamartine et de Dronier. Cette pierre doit provenir de l'un des domaines que, par son mariage, Louis-François de Lamartine acquit en Franche-Comté.

La plaque de cheminée de la salle de billard est rapportée. On y voit les armes suivantes : d'azur au chef d'argent, qui est des La Garde en Languedoc; d'azur au chevron d'argent accompagné de trois croissants de même, qui est des Sueur en Normandie.

VII

L'ÉGLISE

L'église, qui remonte à l'époque romane, est construite en moellons.

Elle est bien orientée, et se compose d'une nef plafonnée, flanquée de collatéraux plafonnés également; d'un transept terminé par des chapelles à ses extrémités et couvert au centre par une coupole sur trompes au-dessus de laquelle s'élève le clocher; d'une abside et de deux absidioles voûtées eu cul-de-four à plein cintre.

La chapelle de gauche est voûtée en berceau à cintre surbaissé; la chapelle de droite l'est en berceau à cintre brisé.

L'église a, dans œuvre, 24 mètres de long sur 10 de large; la chapelle de gauche a 2 mètres de long sur 2 de large, celle de droite 4 mètres de long sur 2 de large.

1. De gueules à deux fasces d'or accompagnées en coeur d'un trèfle de même.

2. A la bande accompagnée de deux étoiles en chef et d'un oeillet feuillé et tigé en pointe.

3. Voir le plan, p. 281.

Les bas côtés sont aussi hauts que la nef centrale, que, par conséquent, ils éclairent. Une seule toiture à deux rampants, chargée de laves, couvre les trois nefs.

A l'intérieur, les piliers sont bâtis sur plan rectangulaire. Ceux de la croisée du transept ont les faces qui regardent la nef arrondies.

L'abside a été décorée de moulures en plâtre, vers 1765; la grille en fer forgé qui la ferme, porte le même millésime', la nef et les collatéraux sont dallés, les chapelles carrelées.

On remarque encore, à l'intérieur, deux statues anciennes en bois peint ou doré, l'une de saint Donat, patron de l'église2, l'autre de saint Amable, patron d'une chapelle, un prie-Dieu du XVIIe siècle en bois sculpté, orné d'un écusson dont la figure d'azur, aujourd'hui méconnaissable, était sur champ de gueules, une excellente toile, la Vierge et quatre Saints, d'après Il Pinturicchio, par Armand Leleux, datée de « Sainte-Marie du Peuple, à Rome, 1837 », et deux tableaux peints par Mme de Lamartine, représentant, l'un sainte Élisabeth, l'autre sainte Geneviève, que M. Émile Montégut dit n'avoir « pas vus sans attendrissement, car [il n'a pu s'empêcher] de remarquer que [l'artiste] a donné une expression bien douloureuse à la sainte grande dame, tandis que la santé et la lumière de la joie brillent au contraire sur le visage de la fileuse aux pieds nus ».

1. Voir plus loin.

ecclesia sancti Poncii

2. Le patron primitif était certainement saint Point, lit-on dans une charte d'environ 1116 du Cartulaire de Saint-Vincent de Macon publié p. Ragut (1864, in-4, p. 359) et dans le Pouille de 1513 imprimé en tête de ce cartulaire. Au xviie siècle on ne trouve que le nom de saint Donat. 3. Il y avait autrefois au-dessus du baptistère une statuette en bois doré qui a été remplacée récemment par une croix.

4. Donné par l'État en 1870.

5. Impressions de voyage et d'art, dans la Revue des Deux-Mondes, t. CIV (1873, II), p. 137.

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