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plus dans les rues et les églises. Mais la pensée du saint fondateur, en établissant ce qu'il appelait si bien l'œuvre de la Charité chrestienne, ne se bornait point à ce but humanitaire. En même temps que les Directeurs avaient leurs réunions hebdomadaires pour les besoins ordinaires, les dames de la charité visitaient deux fois par semaine les pauvres malades; aux enfants pauvres, l'œuvre assurait autant que possible un apprentissage; aux pauvres défunts, elle assurait à ses frais un enterrement chrétien; et quant aux pauvres honteux, ils devaient être assistés sans éclat. Enfin, pour moraliser tous les mendiants et nécessiteux secourus, on les réunissait, le dimanche, à Saint-Nizier, comme il a été dit plus haut, pour «< ouyr la saincte messe, exhortations et catéchismes », après quoi chacun recevait du pain et de l'argent pour la semaine. De leur côté, les dames de charité venaient chaque mois entendre la messe en cette même église de Saint-Nizier, pour y raviver leur piété et leur dévouement envers les malheureux.

Tous ces Règlements remplissent deux pages d'une écriture fine et un peu fatiguée, qui se conservent aux Archives de la ville, et dans lesquelles on peut très probablement reconnaître l'écriture de saint Vincent de Paul lui-même. L'en-tête porte ces mots : «<< Instruction comme la charité se pratique à Mascon pour << la nourriture des pauvres tant valides qu'invalides, despuis le vingt-six septembre 1621. » - L'œuvre, approuvée les 16 et 17 septembre, par le Conseil de ville, commença donc à fonctionner dix jours plus tard, le 26 du même mois.

A la suite des Règlements, une main différente a ajouté ces mots : «< A laquelle aulmosne toutes personnes de quelque qua«lité qu'elles soient, exemptz et non exemptz, privilégiés et « non privilégiés, contribuent '. »

1. Archiv. commun. GG. 253, no 19.

Il y a un an, en prenant possession, au nom de l'Académie, du magnifique Hôtel Senecé, M. Duréault, alors Président, signalait de la manière la plus heureuse son voisinage de l'emplacement de notre vieille et vénérable église de Saint-Nizier, et rappelait quelques-uns des souvenirs qui s'y rattachent. Celui de saint Vincent de Paul, qui vint y établir ses pauvres et ses dames de charité, est un de ces souvenirs que la mémoire des Mâconnais doit conserver avec reconnaissance et respect.

Le zèle des hommes de Dieu est communicatif; celui du bon M. Vincent, comme on aimait à l'appeler, s'était communiqué d'une manière admirable aux habitants. Des quêtes se faisaient régulièrement; tous contribuaient à l'aumône de charité, clergé et laïcs, riches et artisans. Dès le premier fonctionnement de l'œuvre, les recettes des cotisations et quêtes s'étaient élevées à près de 3.000 livres en argent, et à près de 200 ânées de blé1. De leur côté, les magistrats de la ville, préoccupés à juste titre de cette importante fondation, prirent deux décisions curieuses, qui méritent d'être signalées.

« Le lundy, 13 janv. 1622, lisons-nous aux Archives de la « Prévôté Royale de Mâcon, le procureur du Roy a remis aux « mains du greffier soubsigné une boitte pour les pauvres de «<l'aumosne de la Charité, affin de demander et recepvoir de <«< ceulx qui auront obstenu sentence provisoire et desfinitive ce « qu'ilz vouldront pour les dicts pauvres. » Signé BUCHET 2.

Un tronc dans la salle d'audience pour solliciter l'aumône des plaideurs heureux en faveur des pauvres, voilà qui est très bien, et qui laisse chacun à sa libre générosité. Mais que vont dire de

1. Archiv. départ. GG. 254. —Le Chapitre de Saint-Vincent contribuait pour sa part à la bonne œuvre pour deux ânées de blé froment et deux ânées de seigle, fournies annuellement (Archiv. départ. G. 207).

2. Archiv. départ. B. 1640.

l'ordonnance suivante ceux qui, de nos jours, sont armés de pied en cape contre ce qu'on qualifie si facilement de captations en faveur d'œuvres religieuses et charitables?

Peu de jours après cette première ordonnance, sur une requête du procureur du Roy adressée au Lieutenant général, prévost et juge royal de Mâcon, il fut « enjoint à tous les notaires de la «ville, ès réceptions qu'ilz feront des testamentz et codicilles, « d'exhorter les testateurs d'avoir souvenance des pauvres de la

Charité, de leur donner quelques choses, affin de participer aux << promesses que Dieu faict à ceulx qui ont soin des pauvres, et << faire mention ès dicts contractz de ce qu'ilz auront admonesté << les dicts testateurs, à peyne de cent solz applicable à la dicte << Charité. » Signé H. FOILLARD.

Faict à Mascon, en nostre hostel, le huitiesme jour du mois d'apvril 1622'.

N'ayant point à faire l'histoire complète de cette belle œuvre de la Charité dont la ville de Mâcon peut s'enorgueillir à bon droit, je m'en tiens aux quelques notes qui précèdent, sur son origine, heureux de faire revivre un moment les circonstances et les détails relatifs à cette fondation. Ils nous font connaître combien était sagement conçu ce coup d'essai du Père des pauvres, qui, dans la suite, servit de modèle à tant d'œuvres de charité dont s'enrichit la France. Mais aussi nous y saisissons sur le vif l'esprit éminemment charitable et chrétien de nos pères et de nos anciens magistrats.

Une parabole de l'Évangile nous dit que le grain de senevé est une bien petite semence, mais que, tombée dans une bonne terre, cette semence produit un grand arbre sur lequel viennent s'abriter les oiseaux du ciel. Or, la ville de Mâcon possède, non

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pas un arbre, mais un bel hospice, l'Hospice de la Charité, où s'abritent aussi beaucoup de misères, comptant, comme les oiseaux du ciel, sur la bonne Providence. N'oublions pas que le germe de cette institution, la semence de ce bel arbre, tombée dans la bonne terre Mâconnaise, a été l'œuvre modeste de notre illustre saint Vincent de Paul.

B. RAMEAU,

Membre résidant.

LA

MAISON OU EST NÉ LAMARTINE'

Il n'y a que les gens du commun, profanum vulgus, pour connaître exactement la date de leur naissance et pour en faire l'aveu avec une sincérité absolue. Les poètes affectent de l'ignorer, quand ils ne la cachent pas à dessein, sans que l'on puisse trouver à cette faiblesse d'autre explication que celle de Michelet, qui prétend que, sous ce rapport, ce sont des hommes-femmes. Tel est le cas particulier de Lamartine.

Ni les Confidences parues en 1849, ni les Nouvelles Confidences qui les ont suivies en 1851 ne renferment l'indication de ces trois éléments constitutifs de tout acte de naissance : le jour, le mois et l'année. Le motif en est sans doute que notre illustre compatriote, qui touchait alors au seuil de la vieillesse, voulait paraître plus jeune que son âge, comme une coquette sur le retour qui n'a pas encore renoncé à l'espoir de plaire. Ajoutons que le ton et le caractère romanesque des récits lamartiniens s'accordaient malaisément avec cette précision dans les dates qui semble plutôt convenir à la composition d'une biographie.

C'est quelque chose de semblable que dans les dernières années. de sa vie, faisant flèche de tout bois pour remédier au désordre de ses finances, Lamartine avait entrepris d'écrire, et que la

1. Lu à la séance du 6 octobre 1898.

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