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cussion. Afin d'en prévenir de semblables à l'avenir, il existe un moyen dont la simplicité seule a empêché jusqu'ici l'application et la réalisation, un moyen qui consiste à enjoindre aux officiers de l'état civil d'inscrire dans leurs procès-verbaux le nom de la rue et le numéro de la maison natale.

Voilà plus de deux siècles que Molière est mort, et l'on discute encore pour savoir quel est l'immeuble de la rue de Richelieu où il a vu le jour. Avec la réforme facile que je propose, une controverse de ce genre ne serait plus possible. Que si elle eût été opérée avant la naissance de notre illustre compatriote, vous n'auriez pas eu à subir cette longue et fastidieuse communication au terme de laquelle il est de mon devoir de vous exprimer mes remerciements pour l'avoir si attentivement écoutée, et mes regrets de sa trop réelle insuffisance.

5 octobre 1898.

PAUL MARITAIN,

Membre résidant.

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Au printemps. Dans le parc. A l'ombre d'un bosquet
Où l'abbé tourne un fin madrigal à Lisette

Sur sa gorge de neige et ses yeux de bluet,
Cydalise et Daphnis glissent un menuet
Et minaudent aux sons discrets de la musette.

Le duc est exquis en berger,

La marquise, en bergère, exquise :
Quand la pastorale est requise
Il est permis de déroger.

Sur les étoffes mi-fanées
Seyant aux danseurs nonchalants,
Les gestes ouatés et lents

Sont pleins de grâces surannées.

Pastour en veste de brocart,
Pastourelle en frêles dentelles
Échangent quelques bagatelles
En virevoltant avec art...

1. Lu à la séance du 3 mars 1898.

Et si légère est Cydalise

Qu'à peine on voit son pied mutin,
Un pied fin, ganté de satin,

Que sa sveltesse idéalise.

Quand le duc lui tend le drageoir
Elle saisit une praline,

Et pince sa jupe et s'incline
Avec un savant nonchaloir...

Lissant du doigt sa collerette
Ce pendant l'abbé pastoral
A Lisette, en contant fleurette,
Chiffonne un peu la gorgerette
Pour mieux mimer son madrigal.

SUR L'ALBUM DE Mme L...

En ce monde où tout est mensonge
Hors le mal et la vanité,

Où nous tenons pour vrais des songes,

Pour fausse la réalité,

Où tout berceau cache une tombe

Et toute joie un désespoir,

Où tout, fruit du néant, retombe

Au néant, peut-on concevoir
Aux heures sombres de détresse
Où le sort frappe sans pitié,
Rien de plus doux qu'une caresse,
Rien de meilleur que l'amitié?

LA CHAPELLE

Je connais quelque part, tapie au fond d'un bois,
A l'ombre des sapins, une vieille chapelle.

Quand mon cœur souffre trop du lourd secret qu'il cèle,

J'y vais rêver un peu... J'y pleure aussi, parfois.

Muette en son linceul de mousse et de lierre,
Elle est là, désormais vouée à l'abandon,
Ne donnant même plus l'oubli ni le pardon
Au seul fidèle dont elle entend la prière.

Nul murmure, nul bruit... le silence est complet.
Des vitraux effacés tombe une lueur pâle...
Et, pour s'y plaire, il faut une âme sépulcrale...
Et mon cœur où tout est solitude s'y plaît;

Mon cœur où l'espérance est, comme en elle, éteinte,
Où l'araignée en paix peut tisser ses réseaux,
Où l'autel est désert, et dont seuls les oiseaux
De nuit troublent l'écho de leur lugubre plainte.

C'est qu'à jamais couvert par la ronce et le houx
Il est pareil, hélas! à cette église antique...
Aucun visage ami n'en franchit le portique
Et nul que moi ne vient y fléchir les genoux!..

BERCEUSE

Petit enfant, laisse éclater

A Marie-Louise.

Ta chanson joyeuse et sonore :
Dans tous les nids chante l'aurore!

Et Jésus qui sait écouter,

Malgré les choeurs divins des anges,
Le gazouillement des mésanges

Est heureux s'il t'entend chanter.

Petit enfant, laisse ton rire
Sonner clair en toute saison :
Il illumine la maison !

Et là-haut, dans son grand empire,
Lorsqu'il songe à nous, au milieu
De ses étoiles, le bon Dieu
Nous sourit s'il te voit sourire.

Petit enfant, laisse ignorer
Longtemps à ton âme les larmes :
Assez tôt viendront les alarmes !
Et la Vierge qu'il faut aimer
Puisqu'elle exauce tes prières,
Aimant le sourire des mères,
Pleurerait de te voir pleurer.

GEORGES DROUX,

Membre associé.

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Annales de l'Acad. de Mácon. 1898.

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