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DANS L'HOTEL DE LA BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLE DE VERSAILLES,

Le Samedi 23 Mars 1839.

A sept heures et demie du soir, la séance a été ouverte au milieu d'une assemblée aussi considérable que la salle le permettait, par M. le Préfet, assisté des présidens des deux Sociétés, de M. Remilly, député de l'arrondissement et maire de la ville, de MM. les président et procureur du roi du tribunal civil, des secrétaires et trésoriers des deux Sociétés, des président et secrétaire de la Société d'agriculture, et de quelques-uns des fonctionnaires publics du département et de la ville, qui avaient été invités à cette réunion.

M Aubernon, président honoraire des deux Sociétés, a, dans un discours d'ouverture, fait ressortir quelques-uns des principaux avantages qui résultent de l'étude des sciences et des lettres.

« De tous les temps, a-t-il dit dans un passage de son dis>> cours, c'est par la généralité de leurs connaissances comme par » la haute capacité de leur esprit, que les hommes de génie se » sont acquis une juste célébrité. A l'époque actuelle, cette pre>> mière condition est presque indispensable pour former même » les hommes d'une portée ordinaire, et pour leur permettre de » prendre place parmi la foule d'hommes distingués que le goût » des sciences et des arts élève de toutes parts.

>> Le naturaliste et le littérateur sont appelés à traiter les af>>faires politiques; l'homme politique ne peut administrer judi>> cieusement l'Etat sans connaître les ressources des sciences na»turelles et des arts; l'artiste se réduit à l'état de manoeuvre, » s'il ne s'initie pas dans les mystères de la nature, et s'il n'é

>>tudie pas les secrets du cœur humain; le philosophe ne sait >> rien, s'il ne sait pas tout, si son observation n'a pas pénétré >> l'esprit de toutes choses; et l'administrateur, comment pour>> ra-t-il prévenir le mal, opérer le bien, dans toutes les parties » de la société qui lui est confiée, s'il n'est pas instruit des res>> sources morales comme des besoins physiques que cette Société >> renferme? Comment procurera-t-il l'action et la vie aux inté» rêts publics et privés, s'il ignore les lois selon lesquelles ces » intérêts demandent à vivre et à se mouvoir ?

» Vos Sociétés, messieurs, poursuit-il plus loin, savent aussi, » devant l'attrait qu'elles inspirent et les pures clartés qu'elles » répandent, dissiper les préventions, les préjugés et les mau>> vaises passions qui aveuglent souvent et divisent les hommes; » elles abaissent les barrières qu'élèvent quelquefois entre nous >> les différences de classes, d'habitudes, d'opinions; et elles rap>> prochent tous les hommes par ce qu'ils ont dans l'esprit et dans >> l'ame, de goûts et de sentimens généreux, nobles et désinté>>ressés; elles font enfin dans le monde moral d'aussi heureuses » découvertes, d'aussi douces améliorations et d'aussi louables » conquêtes que dans le monde scientifique ou littéraire. >>

M. Leroi, président de la Société des Sciences naturelles, rappelle en termes concis l'histoire de l'origine de la Société des des Sciences naturelles il fait voir comment, créée par un petit nombre d'amis des sciences, réunie d'abord au foyer domestique de l'un d'eux, elle s'est accrue à un tel point, qu'elle est devenue, aussi bien que la Société des Sciences morales, dont la création est postérieure, une institution qui a dû attirer l'attention et la bienveillance de l'administration. Il prend de là occasion de remercier le conseil municipal d'avoir mis à la disposition de ces deux Sociétés le local dont elles viennent de prendre possession, et faisant allusion à l'élection récente de M. Remilly',' comme député de la ville, il lui témoigne qu'aux yeux des deux Sociétés, le mérite d'avoir proposé et poursuivi l'exécution de cette mesure est un fleuron de plus à ajouter à la couronne civique que ses concitoyens viennent de lui décerner.

M. Vors, président de la Société des Sciences morales, adresse aussi les remercimens de cette Société au conseil et à l'administration municipale, représentés par M. le maire. Il s'attache à faire ressortir les liens qui unissent les deux Sociétés, les montre marchant à pas égaux dans la voie d'un progrès intellectuel, sage et mesuré, unies comme deux sœurs, parce qu'elles ont été créées à-peu-près par les mêmes hommes, parce qu'elles ont un même président honoraire dans le premier magistrat du département, parce qu'elles ont le même secrétaire perpétuel, et que leur union se trouve consolidée encore par la communauté du logement que leur a concédé la bienveillance éclairée du conseil et de l'administration municipale.

M. Vors montre comment aux modestes travaux littéraires de la Société est venue se joindre, grace aux dons de quelques généreux anonymes, une œuvre de philantropie qui, par des concours sur des questions d'un intérêt général, et par des prix accordés aux

domestiques plus méritans; a permis de donner non-seulement des directions morales, mais aussi des encouragemens. Rappelant en particulier le but du dernier concours, il fait voir que la Société, en faisant un appel à la poésie pour une Ode sur la mort de la princesse Marie de Wurtemberg, a voulu se rendre l'interprète de la douleur de notre cité, en jetant quelques fleurs sur la tombe de celle qui nous a laissé un impérissable souvenir de ses talens et de son amour pour les gloires de la patrie. Puisse, ajoute-t-il, ce faible témoignage de sympathie, porter une consolation de plus à cette mère qui gémira longtemps encore, celui que les préoccupations et les soins de la couronne arrachèrent malgré lui à sa douleur de père.

et à

M. Remilly, maire de Versailles, et membre associé des deux Sociétés, prend à son tour la parole. Il puise dans de profondes considérations philosophiques, l'appréciation de l'utilité de la science en général, et fait voir que le conseil et l'administration de la ville n'ont pu remarquer, sans un vif intérêt, les travaux persévérans des deux Sociétés; qu'ils ont saisi avec empressement l'occasion de contribuer à consolider deux institutions si utiles à la ville, et que quant à lui personnellement, il ne laissera échapper aucun moyen de leur témoigner sa vive et véritable sympathie.

Après ces discours en quelque sorte officiels, M. le préfet prend de nouveau la parole et donne lecture d'une lettre par laquelle M. le Ministre de l'instruction publique, déjà instruit de l'importance et de l'utilité des Sociétés, et informé par M. le préfet des motifs qui peuvent attirer sur elles les encouragemens du gouvernement, lui annonce qu'il vient d'assigner pour elles conformément à sa demande, une allocation de 1,500 fr., imputable sur l'exercice de 1840. Cette nouvelle, que M. le préfet avait réservée depuis quelques jours avec l'intention pleine de délicatesse d'en informer lui-même les deux Sociétés, est accueillie avec d'autant plus de faveur que les Sociétés viennent de dépenser, dit-on, plus de 5000 fr. pour approprier à leur usage le local qui leur a été donné.

La parole est à M. Colin, membre de la Société des sciences naturelles. Il donne lecture du morceau suivant:

De l'influence des Sciences naturelles sur la Puissance des Nations et le Bien-Être de l'Humanité.

Les sciences que l'on cultive dans cette enceinte, n'ont pas toujours eu l'importance qu'elles possèdent aujourd'hui, et cependant, ce n'est pas de nos jours seulement qu'elles ont puissamment influé sur les destinées du monde.

Leur influence, rare d'abord, se fait pourtant sentir parfois d'une manière profonde. L'invention de la boussole, en ouvrant un nouveau champ à la navigation, entraîne la découverte du NouveauMonde et change les relations internationales.

Plus tard, la force élastique de la vapeur devient entre les mains de l'apin, un agent pour épuiser l'eau des mines, et de nos jours

sur les ailes de feu de cette puissance irrésistible l'espace disparaît. Cette révolution dans les arts en amène nécessairement dans les rapports de peuple à peuple.

La chimie vient à son tour changer ces relations : elle apprend à retirer de la betterave un sucre identique à celui de la canne. La matière sucrée est maintenant produite par des mains libres, et ce qui n'était dans le principe qu'une simple investigation scientifique, un essai de laboratoire, porte la plus rude atteinte au système d'esclavage. Le sucre de betterave en fait plus par le simple fait de sa production, que tous les livres écrits pour l'émancipation des Nègres. Certes, lorsque Margraff, il y a près d'un siècle, annonçait l'existence du sucre dans les racines, il était loin d'imaginer qu'il prononçait l'arrêt de mort des colonics à sucre, et c'est pourtant la réalité. Au cri de détresse des colons, à leurs incessantes clameurs il est difficile de s'y méprendre.

La dextrine, plus connue sous le nom de gomme d'amidon, a remplacé les gommes exotiques dans la fabrication des toiles peintes, dans l'apprêt des indiennes de belle qualité dont, au rapport de M. Payen, elle ne change point les fonds et n'altère pas les nuances; dans la préparation d'une matière imputrescible, mucilagineuse et collante, que l'on obtient aisément de la dextrine en la délayant à froid dans l'eau où elle se dissout instantanément. Cette dissolution convenable à une multitude d'usages, a été recommandée aux peintres comme un bon vernis à mettre sur leurs tableaux.

Ainsi, avec la dextrine nous remplaçons les gommes exotiques et nous avons mieux encore; en effet, quelle substance pourrait lui être substituée dans la composition de ces bandages agglutinatifs, si faciles à poser ou à défaire totalement ou partiellement, dont on se sert aujourd'hui pour maintenir les fractures réduites, en formant de ces bandes un appareil qui ne laisse rien à désirer sous le rapport de la légèreté.

L'indigo même peut se fabriquer en France avec la plante nommée pastel, et surtout avec la renouée tinctoriale apportée de Chine depuis 1816. De toutes parts on essaie à l'envi la culture de cette renouée, signalée, cultivée et exploitée par M. Jaume-Saint-Hilaire. Les essais faits à Montpellier, par M. Bérard, semblent ne rien laisser à désirer. Nous avons nous-même, en commun avec M. Labbé, extrait de l'indigo de cette renouée, élevée par M, Philippar dans les jardins de la ville et de l'école normale; et nous avons entre les mains un échantillon d'indigo, obtenu par M. Antoine Rabourdin de la renouée tinctoriale, qu'il avait cultivée dans la ferme de Villacoublay. Si l'on parvient à faire entrer cette plante avec bénéfice dans les assolemens des agriculteurs français, les colonies d'Amérique et des Indes ne tarderont pas à perdre le monopole de l'indigo, comme elles ont déjà perdu celui de la gomme et du sucre.

Je ne quitterai point ce sujet sans parler de l'animal qui donne la soie; sans rappeler l'introduction de cet insecte en France, par les encouragemens d'Henri IV et les travaux d'Olivier de Serres, en 1599; sans redire ce que la France et l'Europe doivent aux récentes recherches de M. d'Arcet et de M. Camille Beauvais, pour les innovations heureuses qu'ils ont apportées dans la manière d'élever ces vers si précieux à l'industrie, l'un, en assainissant leur demeure; l'autre, en appliquant aux mûriers de nouveaux modes de

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