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• Enfanta ton génie et tes premiers essais; Notre gloire fut ton baptême.

D

Pourtant l'art n'avait pas seul captivé ton cœur ;
De sa sphère céleste il se plut à descendre.
Oh! qui dira jamais ce qu'exhalait de tendre,
Ce qu'enfermait d'exquise et de sainte douceur,
De respect filial, d'amitié fraternelle,

De vœux s'élançant purs à la voûte éternelle,
La femme qu'au tombeau suivit tant de douleur !
Mais ces dons qu'on aimait avec idolâtrie,
Cette active pitié, qui, semant les bienfaits,
En dérobait la source aux heureux qu'elle a faits.
Ces vertus qui formaient ta couronne, ô Marie !
Et versaient sur ton front d'invincibles attraits,
Le monde était-il leur patrie?

Puis arriva le jour où ton cœur se donna ;
L'hymen chanta son hymne en des heures fatales;
Sous la main qui bénit chastement s'inclina
Ce front encor paré des couleurs virginales.
L'artiste aimé du ciel, quittant ses rêves d'or,
De l'amour le plus saint prodigua le trésor.
Prémices de bonheur ! ineffable délire!
Tu fus mère... silence! il n'est pas temps encor;
La douleur briserait ma lyre.

O princesse, ton front ne fut point couronné
Du fier bandeau des rois, mais il l'aurait orné:
Le génie inspiré prête un éclat suprême
Au plus brillant fleuron du plus beau diadême.
Tu n'aurais pu voiler, dans le rang souverain,
Les pudiques trésors échappés de ta main ;
Que dis-je? déjà même était anéantie
Cette ombre que sur eux jetait ta modestie.

Et tu devais tomber par un trépas fatal,

Dans ton timide essor vers la sphère immortelle,
Comme du haut des cieux tombe l'oiseau royal,
Dont un plomb vil a brisé l'aile !

Fleur délicate, éclose au soleil du midi,
Que le vent de l'exil rendit à nos rivages,
Tu te fanes aux lieux où ta tige a grandi!

a

Neuilly n'a-t-il donc plus assez de doux ombrages? «Nos vallons appauvris n'ont-ils plus de ruisseaux ? Le pampre est-il séché sur les flancs des côteaux? • Voudrais-tu respirer l'ardeur orientale

.De ce soleil fécond qui vit tes premiers pas,
.Et demander aux feux de la rive natale

. Un abri contre nos frimas? »

Oui, des climats plus doux vont rendre à ta corolle De ses vives couleurs la brillante auréole.

O joie ! elle renaît! Italie au ciel pur,

Soleil chaud, diamant d'un immobile azur,

D'un foyer qui s'éteint rallumez-vous la flamme?
Au corps déjà glacé redonnez-vous une ame?
Cruelle illusion! faux espoir ! vain secours!

Le ciel de l'Italie usait en quelques jours
D'un temps déjà compté le déplorable reste.
C'était l'élan dernier, l'éclat sombre et funeste

D'un flambeau qui meurt pour toujours.
Vole, chargé des vœux d'une famille en larmes,
Vole, o jeune Nemours, sur l'aile des alarmes !
Hate-toi de presser dans tes bras fraternels
De tes jeux enfantins la compagne expirante!
Accours, viens présenter à sa lèvre mourante
Ton visage encor chaud des baisers maternels! >>
Viens lui porter l'adieu de ses deux sœurs chéries;
Dis-lui qu'en la voyant si jeune se flétrir

La France unit son deuil au deuil des Tuileries:
Que ce baume l'aide à mourir!

α

« Ah! tu l'avais prévu, princesse infortunée; Ta voix avait déjà pleuré ta destinée,

• Comme un cygne mourant au chant mélodieux. Lorsque ton pied quitta le sol de tes aïeux,

« Dans le fond de ton cœur l'espérance était morte. Sur la reine ta sœur longtemps fixant les yeux,

a Tu lui dis, mais en vain ta voix crut être forte :

Chère Louise, adieu! tu ne m'oublieras pas ! »

« Ce cri que la douleur arrachait à ton ame,

« C'était l'instinct secret qui te parlait tout bas;
« C'était dire : « La mort m'exile et me réclame,
» Jamais tu ne me reverras » !

Et l'heure a donc sonné! c'en est fait! ô Marie,
L'orgueil de ta famille et sa perle chérie,

Lys à peine entr'ouvert et soudain refermé,
Loin de la France, hélas! et d'un sol bien aimé,

Tu vois s'évanouir, au matin de la vie,

Les rêves fortunés de ton naissant génie!

En vain, mêlant leurs pleurs, Wurtemberg et Nemours,
Dans l'ardente douleur qui déchire et console,
Rappellent à grands cris ton ame qui s'envole :
L'art vaincu n'a plus de secours.

Marie, à son destin saintement résignée,
Leur reproche les pleurs dont sa couche est baignée;
Pour la dernière fois embrasse avec transport
Ce fils, cher rejeton, dont la vie est sa mort;
Lève son front, où semble errer l'ame plaintive,
Son front, sublime encor de sa beauté native,

Et regardant son frère avec un doux souris :

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Avez-vous, lui dit-elle, encor quelque espérance?

« Non ! j'ai lu la réponse en ton morne silence. « O mon Dieu, veillez sur mon fils!»

Alors les yeux levés vers la céleste voûte,

• Couvrant le crucifix de ses baisers fervens,

« Cet ange au ciel rendu sembla chercher sa route,

Et quitta pour jamais la terre des vivans.

«Partez donc, noble esprit, cœur pur, blanche colombe;

« Suivez les séraphins dans leur vol glorieux;

« Sur leurs ailes d'azur qu'il vous portent aux cieux

« Quand nous pleurons sur votre tombe! »

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MESSIEURS,

LES choses qui sont bonnes en elles-mêmes passent bientôt en usage, sans qu'il soit nécessaire de les prescrire. Telle est la tâche de rendre compte de vos travaux pendant l'année écoulée, par celui que vous avez appelé à l'honneur de les présider. A la fin de la première année de cette Société, celui de nos collègues qui l'a si bien servie de son esprit éclairé, de sa main ferme dans l'organisation et de son intelligente persévérance, vous montra le chemin déjà parcouru, et quelle était la route nouvelle qu'il fallait suivre. Ceux qui lui ont succédé à la présidence n'ont pas négligé de suivre cet exemple, et pour ma part, je n'aurai garde de ne pas l'imiter aussi; car c'est un de ces bons usages dont on peut dire avec confiance: s'il n'cût été établi, il aurait fallu le créer. En effet, Messieurs, tout individu, comme toute réunion d'hommes, toute société, quel que soit son but, doit se rendre compte du passé, non seulement pour ne pas l'oublier, mais encore pour mieux assu

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