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de Villefosse, Ch. Robert et Mowat insistent sur l'opportunité de la loi en préparation pour préserver de destruction les monuments antiques d'Algérie et de Tunisie.

MM. Corroyer et Courajod font collectivement la communication suivante :

<< Dans l'art comme dans la nature, les individus n'apparaissent pas isolés, mais se présentent à nous par groupes, tous unis les uns aux autres par d'étroites et mystérieuses relations que la science a pour mission de démontrer et d'expliquer. Pour les plantes aussi bien que pour les objets d'art, les caractères communs à tous les individus d'une même famille sont facilement et rapidement saisis d'une manière générale, par des yeux exercés. Mais, malheureusement, cette expérience et cette clairvoyance, résultat de longues observations et fruit d'une prédisposition naturelle, ne sont pas à la portée de toutes les personnes qui s'appliquent à l'archéologie ou à l'histoire de l'art. Certains témoignages immatériels, résultant du style d'une œuvre, très éloquents pour quelques adeptes, demeurent muets pour la masse des amateurs et, d'ailleurs, n'offriront jamais, pour les uns comme pour les autres, qu'un degré insuffisant de précision et d'exactitude. Les classifications scientifiques ne sont universellement et définitivement admises que quand elles s'appuient sur des preuves positives. On sait le succès que, de très bonne heure et depuis longtemps, ont obtenu les collections de céramique. Ce succès, auprès des amateurs, provient incontestablement de la facilité que ceux-ci, en matière de terre cuite, ont eue de former des groupements certains par ateliers et par fabriques, grâce à l'habitude contractée le plus souvent par les potiers de marquer leurs pièces par des signes matériels commodes à contrôler. Quand M. le baron Pichon aura publié le résultat de ses recherches sur l'orfèvrerie française, la science possédera un moyen de classer avec une grande sûreté, à l'aide des poinçons, toutes les pièces dont la chronologie et l'histoire sont encore flottantes. Nous devons donc nous efforcer, dans toutes les branches de l'art, de fournir au collectionneur comme au savant quelques procédés maté

riels de diagnostic, quelques points de repère capables de diriger les recherches du premier et de confirmer les observations du second. Certains ouvrages de sculpture ne sont pas sortis des ateliers qui les ont produits, sans recevoir, eux aussi, une marque de fabrique, et nous désirons attirer l'attention des érudits sur ces signes visibles et tangibles destinés à établir, un jour, d'utiles et précises classifications.

Tous ceux qui ont visité avec quelque attention les provinces de Bourgogne et des Flandres connaissent ces nombreux ouvrages de sculpture en bois conservés autrefois dans les églises, demeurés quelquefois en place aujourd'hui, mais, le plus souvent, morcelés et disséminés dans les musées, dans les collections particulières ou dans les boutiques de marchands. Ces objets, qui datent la plupart du temps de la seconde moitié du xve siècle et du commencement du xvi, présentent entre eux de nombreux points de ressemblance et ont des airs de famille perceptibles et reconnaissables pour les yeux les moins prévenus. Ils n'offrent quelquefois qu'un degré de finesse assez relatif et, sans vouloir les déprécier, paraissent avoir été le produit d'une fabrication courante, régulière, d'une industrie organisée et pourvue de modèles et de poncis quotidiennement répétés. En tous cas, bons ou médiocres, ces morceaux de sculpture proviennent presque toujours de retables d'églises et portent tous l'empreinte d'un art spécial fortement caractérisé. Ce caractère spécial est tellement évident qu'on ne peut pas hésiter à le reconnaître, même quand on le rencontre sur des ouvrages placés de temps immémorial dans des églises des autres provinces de la France et de la Belgique et aussi de l'étranger. Nouvelle démonstration de l'extension d'une industrie d'art qui travailla nécessairement pour l'exportation et dont le siège principal est à déterminer par des preuves admissibles pour tout le monde.

De tous les objets sortis de ce milieu industriel, celui qu'on remarque le plus fréquemment est la figure en bois de la Vierge et de l'enfant Jésus, taillée presque toujours sur le même patron. Tête poupine, vêtement à plis longs et cassés, moins amples que dans l'école purement bourguignonne des

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LA VIERGE ET L'ENFANT JÉSUS.

Bois sculpté de l'École flamande ou bourguignonne et de l'atelier

de Bruxelles.

Fin du xv siècle ou commencement du xvi.

(Collection de M. Ed. Corroyer.)

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Bois sculpté de l'Ecole flamande ou bourguignonne, marqué au fer

de la main coupée.

Fin du xve siècle ou commencement du xvi.

(Collection de M. Ed. Corroyer.)

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