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parce qu'il se développe d'après son premier principe, s'aidant, s'enrichissant ou quelquefois se passant de tels ou tels éléments que lui offre chaque époque; et surtout il se développe par ses recherches à la fois instinctives et savantes et la pratique laborieuse qui ne lui laissent point de repos qu'il n'ait réalisé son idée dans la forme à laquelle il aspire. S'il n'y a donc de certains principes absolus qu'on peut dégager de l'histoire, et dont l'application a produit ces changements surprenants et ces progrès merveilleux, nous ne devons plus alors y trouver que des modes variées qui ont plu en leur temps. qui auraient pu déplaire, et nous aurions le droit aujourd'hui (ce qu'on fait du reste très-librement), de décerner au hasard le prix du vrai et du beau dans l'art, suivant le caprice de notre bonne ou mauvaise humeur, et selon notre goût personnel, qui se réserverait toujours de changer quand il lui plaira.

Qui n'a remarqué, pour peu qu'on se soit occupé de questions littéraires, qu'aujourd'hui, si l'on demande à un homme instruit ce qu'il pense de quelques grandes œuvres et de quelques grands noms, on est incertain de la réponse qu'on obtiendra. Lamartine ne comprend rien, absolument rien à Lafontaine ; je connais des professeurs qui ne comprennent rien à Racine; vous n'êtes pas plus sûr de la réponse si vous parlez à des peintres ou à des critiques, de Raphaël et de Michel-Ange, des vénitiens et des flamands, des coloristes et des dessinateurs..., nous dirons une autre fois pourquoi; et, pour finir, nous voici loin des théories et de M. SainteBeuve et de son marguillier, qui ne veulent d'autre méthode que de juger immédiatement par son impression; et nous ne pouvons même pas en user pour nous,

car ils ont tort et nous aurions tort à notre tour. Nous avons donc à chercher les principes d'un goût qui soit au-dessus de tous les goûts, par conséquent au-dessus du nôtre, mais aussi, et c'est ce qui me rassure, de celui de M. Sainte-Beuve et du jovial marguillier qu'il avait découvert en un jour de critique légère et de bonne humeur.

ALLOCUTION

DE M. LE PRÉSIDENT PETIT

Le jour où l'Académie prend possession de son nouveau local, rue de la Halle, dans le bâtiment des Facultés.

Séance du 27 novembre 1874.

Messieurs,

Avant de reprendre nos travaux et de passer à l'ordre du jour, permettez-moi d'appeler un moment votre attention sur notre nouvelle installation,

Ce n'est qu'après une longue attente, et après avoir été obligés de tenir pendant deux années nos séances successivement chez deux de nos présidents, comme de l'an IV à l'an VI déjà l'Académie, sous le nom de Lycée, s'était réunie chez son président Villars le grand botaniste, que par suite de nombreuses et actives démarches de votre Bureau, nous avons enfin obtenu pour les séances de l'Académie Delphinale un local dans les bâtiments de la Ville.

M. le Maire de Grenoble, comprenant l'utilité de nos travaux et la nécessité d'affecter à nos réunions et à la conservation de nos archives des salles sinon vastes et luxueuses, du moins convenables, d'un accès facile et indépendantes de tous autres services municipaux ou

universitaires, a bien voulu, d'accord avec la Commission municipale, mettre à notre disposition ce local occupé naguères par une Ecole communale et destiné désormais au seul service de notre Académie.

Cette concession nous est faite, il est vrai, « à titre précaire; » mais rassurons-nous, Messieurs. Nous pouvons compter sur la continuation des favorables dispositions de l'Autorité municipale à nous maintenir dans cette libéralité.

Que si nous devions encore une fois transporter ailleurs nos pénates, ce serait, sans doute, pour les fixer dans l'édifice projeté qui doit réunir toutes les facultés et servir au haut enseignement. Nous serions heureux qu'une place y fût réservée à cette Académie, à côté de notre sœur la Société de Statistique.

En attendant que cette éventualité se produise, et prenant aujourd'hui possession de ces salles nouvelles où nos archives, provisoirement déposées à la Faculté des lettres, viennent d'être transportées par les soins de M. Pagès, votre trésorier, nous devons des remercîments empressés à Monsieur le Maire de Grenoble, et je crois être l'interprète de vos sentiments en vous proposant de consigner au procès-verbal de cette séance l'expression de notre gratitude envers cet administrateur ainsi qu'à l'égard de Monsieur le Recteur de l'Académie de Grenoble pour sa haute et efficace intervention dans cette difficile négociation.

Cette installation, vous le comprenez, Messieurs, a nécessité des frais indispensables.

L'acquisition d'un corps de bibliothèque pour recevoir et classer, dans un ordre qui puisse faciliter les recherches, nos archives et les envois faits par les di

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verses Sociétés correspondantes, en échange de notre Bulletin et des publications extraordinaires que nous avons fait paraître ; - celle d'un mobilier nécessaire à nos réunions, mobilier que nous trouvions dans l'ancienne Bibliothèque de la Ville, mais sur l'usage duquel nous ne pouvions plus compter, nous ont entraînés dans des dépenses que votre Bureau a dû restreindre pour le moment au strict nécessaire, suivant les sages indications et les ressources limitées de votre trésorier, maître de la situation en semblable occurrence. Soyons modestes et prudents comme lui. Plus tard, nous pourrons, conformément aux décisions de votre conseil d'administration, accroître et compléter notre mobilier et ajouter au confort de notre nouvel Etablissement.

Messieurs, depuis notre derniere réunion, l'Académie a reçu, dans la personne de l'un de ses membres, une distinction dont elle doit être fière. M. Valson, notre collègue dont les travaux scientifiques sont depuis longtemps appréciés et dont nous avons éprouvé le charme des relations et la courtoisie dans nos discussions littéraires, vient d'être décoré de la croix de la Légion d'honneur. Cette récompense méritée par les services de M. Valson dans l'Université a déjà reçu hier sa consécration dans une autre enceinte (1), et de la bouche autorisée de M. le Doyen de la faculté des sciences. Pour venir après celles des collègues de M. Valson dans l'enseignement supérieur, les fécilitations de l'Académie Delphi

(1) Dans la séance solennelle et publique de la rentrée des facultés' présidée par M. le Recteur.

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