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de nombreux documents et présente un intérêt soutenu à tous ceux qui ont quelque curiosité et quelque souci de notre histoire locale.

L'édit de pacification de Beaulieu, du 6 mai 1576, avait créé dans divers parlements, et notamment dans celui de Grenoble. une Chambre composée de deux présidents et dix conseillers pour connaître des causes tant civiles que criminelles, où les protestants seraient intéressés. Cet édit, bien qu'enregistré au Parlement de Grenoble, ne reçut aucune exécution. L'édit de Poitiers, de septembre 1577, décréta dans le même but l'établissement de Chambres triparties, c'est-àdire, comprenant un tiers de protestants et deux tiers de catholiques. L'édit de Poitiers resta, comme celui de Beaulieu, à l'état de projet. Ce ne fut que quelques années après et à la suite d'interminables discussions toujours reprises et jamais épuisées, que la Chambre tri-partie, plus ou moins incorporée au Parlement, put fonctionner à Grenoble dans une certaine mesure, jusqu'au jour où l'édit de Nantes vint y substituer les Chambres mi-parties, connues sous le nom de Chambres de l'édit. La Chambre de Grenoble se trouva ainsi toute formée avec des magistrats mi-partie catholiques et protestants, tous Dauphinois. tous Dauphinois. Cependant cette Chambre avait une juridiction plus étendue que celle du Parlement lui-même et comprenait la Provence et une partie de la Bourgogne. De là, des plaintes et des récriminations de la part des protestants de ces provinces, plaintes repoussées à plusieurs reprises, mais persistantes. D'un autre côté, les protestants dauphinois réclamaient incessamment contre l'insuffisance de leur représentation dans ce tribunal spécial. Enfin, à la dif

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férence de celles de Bordeaux et de Castres, la Chambre de l'édit à Grenoble était incorporée au Parlement, dont les tendances restrictives soulevaient de continuelles hostilités. De ces causes et d'autres encore provenaient (je cite M. Brun-Durand) « des contestations, » des conflits, des disputes, dont la fréquence est attestée à chaque page des actes des synodes, des cahiers > des assemblées politiques, des procès-verbaux des › Etats du Dauphiné et des registres du Parlement de » cette province; disputes, contestations et conflits qui, > naissant à chaque instant de toutes choses, n'étaient > en définitive qu'une réminiscence des anciennes >> luttes et la continuation des vieilles querelles papistes et huguenotes sous une forme adoucie. »

Nous ne pouvons que laisser M. Brun-Durand suivre cette histoire agitée, qui ne cessa qu'à la révocation de l'édit de Nantes, et renvoyer à l'essai même où il l'explique très-bien.

Parmi les présidents et les conseillers qui appartinrent successivement à la chambre de l'Edit du Parlement de Grenoble, et auxquels M. Brun-Durand consacre une suite intéressante de courtes biographies, se trouve en première ligne Soffrey Calignon, le chancelier de Navarre, qui y fut successivement conseiller et président, qui néanmoins s'occupa peu des obscurs travaux de ce corps judiciaire, absorbé qu'il était, loin de Grenoble, par les faveurs royales et les hautes missions politiques. Citons aussi Charles Ducros, l'obscur avocat de Die, devenu le président de la Chambre de l'Edit et le représentant du Roi dans les synodes et les assemblées religionnaires, et qui fut un jour à ce point suspect à son propre parti, qu'il

fut massacré à Montpellier par une bande furieuse, à l'issue d'une conférence ouverte pour négocier la fin de la guerre civile; - Marc Vulson, le député des Eglises du Dauphiné aux assemblées de Saumur et de Loudun, fameux par l'acte effroyable de justice domestiqué qu'il fit un jour dans sa maison, ce qui n'empêcha pas Henri IV de récompenser sa bravoure et ses anciens services en le nommant parmi les premiers conseillers de la Chambre de l'Edit; - Pierre Ducros, tils du président Charles, assassiné à Valence dans une émeute de femmes, en présence de Fouquet, alors intendant du Dauphiné, qui a laissé le récit de cette tragique aventure.

3o L'enseignement primaire dans le département de la Drôme avant 1789, par M. Dupré de Loire.

Cette revue des temps anciens, faite à la demande de la Société archéologique, est une réponse aux prétentions de ceux qui soutiennent que l'organisation de l'enseignement primaire date d'hier, que nous avons été devancés par les nations étrangères, et que la foi catholique a dominé pendant de longs siècles sans songer à fonder l'enseignement populaire. L'auteur montre avec autorité, et à l'aide, soit de citations historiques, soit de divers documents tirés des archives de la Drôme, que de tout temps, dans la Gaule romaine. dans la France du moyen âge et dans la France moderne, l'instruction primaire a été donnée aux enfants des diverses classes de la société, même aux fils des serfs comme aux fils des hommes libres, et gratuitement aux indigents, dans les écoles de toutes les époques, dans les écoles diocésaines et paroissiales, dans les monastères, dans les écoles des Frères de la Doc

trine chrétienne, par les soins constants des évêques et des clercs, sous l'influence de la religion chrétienne et du clergé catholique. Cette démonsration est suivie par la reproduction des documents qu'il invoque et d'une note de l'archiviste de la Drôme sur ces documents.

4° Deuxième promenade d'un épigraphiste dans les départements de la Drôme, de l'Ardèche, du Gard, de Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, par M. Allmer.

Dans cet article, le savant archéologue, après la relation et l'explication de plusieurs inscriptions ou documents analogues, donne, d'après Borghesi, une histoire complète des légions II Augusta, VII Gemina (Félix) et VIII Augusta, depuis Auguste jusqu'à l'époque de la Notitia dignitatum. Ce sont de doctes et curieuses monographies qu'il faut se borner à recommander aux lecteurs, sans essayer de les analyser.

II. La Société savoisienne d'histoire et d'archéologie parait infatigable dans ses patientes et minutieuses recherches. Elle se rassemble régulièrement deux fois par mois, et le compte-rendu de ses séances renferme de nombreux documents inédits, indépendamment des documents et des travaux plus considérables compris dans ses mémoires sous le nom de Mélanges. Les Mélanges publiés en 1872 se composent des quatre articles suivants: Cinquième notice sur quelques Monnaies de la Savoie inédites; le Monnayage en Savoie sous les princes de celle Maison; les Naturalisés de la Savoie en Bourgogne (1508-1769); le Mystère de Mgr Saint Sébastien (première journée).

M. André Perrin, auteur du travail considérable in

titulé le Monnayage en Savoie, s'est donné pour but principal de faire connaître les ateliers monétaires ouverts par les princes de Savoie, deçà les monts, et de relier l'histoire de la numismatique de ce pays aux savantes études publiées sur les monnaies des anciennes provinces de la France. Si l'on en juge par les nombreuses indications que cet ouvrage renferme et par les documents inédits et très-importants où ces indications ont été puisées et qui les accompagnent, le but proposé a été pleinement atteint. Une partie très-curieuse de cette œuvre archéologique est celle où M. Perrin signale l'affiliation des monnayeurs et des ouvriers travaillant dans les ateliers de la Savoie, à une Société importante ayant ses règlements, ses assemblées législatives ou parlements généraux, sous la dénomination d'Ouvriers monnayeurs du Saint-Empire Romain. Notre province de Dauphiné a été l'un des principaux théâtres de cette association, dont firent partie à l'origine les Etats ou villes ayant droit de battre monnaie; le comtat Venaissin, l'Anjou, la Savoie, le Lyonnais, l'évêché de Valence, le Valentinois, l'archevêché d'Arles, la principauté d'Orange, le Dauphiné et le Viennois, tous compris dans l'ancien royaume de Provence; plus tard, les évêchés de Lausanne et de Genève, etc. Les monnayeurs de cette association se distinguaient des ouvriers et monnayeurs des autres ser ments, serments de France, de Toulouse, d'Espagne, etc. Le 3 mai 1343, fut tenu à Romans le premier parlement général des ouvriers et monnayeurs du serment de l'Empire, où fut discutée la charte des constitutions et ordonnances de cette importante corporation. Le règlement définitif fut arrêté au Parlement de Valence, en 1392. Presque

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