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fecture. L'auteur y développe surtout cette thèse, que la Société n'a pas, à proprement dire, le droit de punir, mais uniquement le droit de légitime défense et de préservation, d'où il fait exclusivement dériver le droit de restreindre la liberté de l'agresseur vaincu.— Il appuie ces données sur des justifications qui peuvent paraître très-contestables et il en fait découler des modes de pénalité qui pourraient bien ne pas atteindre le but qu'il se propose. Nous ne pouvons nous livrer ici à la discussion de ses théories et à la critique de leurs applications; cette tâche exigerait des détails et une étude approfondie pour l'improviser dans un compterendu nécessairement sommaire. Nous ne pouvons qu'imiter, en faisant à ce sujet des protestations et des réserves, la Société de Pau elle-même, qui a pris soin, dans une note de son Bulletin, de réserver à M. Piche la responsabilité comme le mérite de son œuvre particulière, en rappelant qu'elle laissait à chacun de ses membres la liberté de ses opinions individuelles.

XV. Les travaux de la Société académique de Nantes sont variés et s'appliquent aux matières diverses des sciences et des arts. Le volume, ou plutôt le demivolume dont nous nous occupons et qui est relatif au 1er semestre de 1873, comprend :

Un essai sur la race bovine dite parthenaise, choletaise ou nantaise, par M. Abadie, vétérinaire du département de la Loire-Inférieure, qui a traité son sujet avec savoir et talent au point de vue des opinions favorables à la régénération des races par la sélection;

Un rapport sur l'exposition de Nantes, en 1872, par M. Robinot-Bertrand (peinture, dessins et lavis, sculpture, collections archéologiques);

Une histoire des hôpitaux de Nantes, par M. Léon Maître, archiviste du département;

Une étude sur l'alphabet, sur les sons et sur les caractères de la langue française, par M. Demongeat.

Cette dernière étude est une œuvre de profonde et patiente érudition. L'auteur est convaincu que la cause de toutes les difficultés grammaticales provient de ce qu'aucun grammairien, même parmi les réformateurs de notre orthographe, depuis Meygret, en 1560, jusqu'à Marle, en 1807, n'a cherché, ou du moins n'a réussi à résoudre les deux questions fondamentales suivantes: Combien y a-t-il de sons dans la langue française et quelle est la manière régulière de les représenter? Ce sont ces questions qu'il cherche à résoudre par des classements analytiques curieux et par un ensemble de théories qui, malgré l'étendue de l'exposition qu'il en donne, ont besoin de recevoir des développements plus complets et mieux ordonnés et de s'éclairer par des connaissances plus générales de linguistique. C'est, du moins, l'opinion que s'en est formée la Commission que la Société académique de Nantes avait chargée d'apprécier cet ouvrage.

Parmi les travaux que nous venons de citer, celui qui a plus particulièrement captivé notre attention et qui nous a le plus intéressé, est certainement l'histoire des hôpitaux de Nantes. L'auteur y constate que le diocèse de Nantes, aujourd'hui si riche en institutions de bienfaisance, n'était pas moins bien doté avant la Révolution. Il rappelle que du temps des croisades la charité avait pourvu à l'isolement des lépreux, en fondant des refuges dans toutes les paroisses de quelque importance. Stimulés par les exemples du clergé qui, chaque jour,

distribuait d'abondantes aumônes à la porte des églises et des monastères, les grands seigneurs entretenaient près de leurs donjons des aumôneries pour les passants comme pour les plus misérables de leurs vassaux, et laissaient aux chapelains de leurs châteaux le soin de distribuer leurs largesses. C'était à Nantes que se trouvaient toutefois les fondations charitables les plus nombreuses et les plus anciennes. Chacun de ces asiles appelait une notice détaillée, car chacun avait une destination spéciale, une organisation particulière, une vie propre. M. Léon Maître a justement pensé qu'un livre renfermant tous les faits qui se rapportent à leur existence offrirait beaucoup d'intérêt, en retraçant la physionomie pittoresque et variée de ces anciennes institutions. Il se proposait de rajeunir son sujet et il y a réussi, en effet, en insistant principalement sur le mécanisme administratif de chaque hôpital et sur les détails qui peuvent peindre à vif les mœurs d'autrefois. Mais en ravivant ainsi les souvenirs du passé et en rendant justice à ce qu'a fait la charité dans les siècles antérieurs, il ne dédaigne pas le présent et ne méconnaît pas les progrès réalisés de notre temps pour améliorer notablement l'hospitalité donnée aux classes souffrantes.

Le monument que M. Léon Maître élève aux institutions de charité et de bienfaisance de son pays n'est pas au surplus achevé, et la publication de son livre doit se continuer dans les livraisons subséquentes des Annales de l'Académie nantaise.

XVI. Il y a beaucoup d'œuvres intéressantes dans les publications de l'Académie d'Angers, publications peu étendues mais bien remplies. On distingue dans les to

mes 15 et 16 (1872 et 1873), des travaux inspirés par l'esprit de charité et de philanthropie dans un but d'utilité publique, tels qu'une réponse au questionnaire de la commission d'assistance dans les campagnes et des observations sur le dépôt de mendicité d'Angers, en 1873, adressées aux membres du conseil général de Maine-etLoire. Les recherches d'archéologie et surtout d'archéologie locale ont aussi leur place bien occupée dans ces Mémoires. Dans son article intitulé les Bains romains à Angers, M. L. Rondeau essaie timidement, dit-il, de soulever un coin du voile obscur qui recouvre l'antique Juliomagus, en attendant que d'autres, plus heureux, ressuscitent la cité gauloise, et, à l'aspect des ruines découvertes à Angers, souvent si pauvre en monuments écrits, il ne peut s'empêcher de s'écrier: «Si son histoire est muette, ses pierres sont éloquentes. » Je puis citer encore sur d'autres sujets et en des genres divers:

Une page de l'histoire de nos dernières et malheureuses guerres, sous ce titre : Le 29 régiment de mobiles (Maine-et-Loire), pendant les campagnes de la Loire et de l'Est, 1870-1871;

Une très-intéressante conférence de M. Henry Jouin, sur la vie et l'œuvre d'Hippolyte Flandrin, le disciple d'Ingres, le peintre devenu célèbre des belles fresques de Saint-Vincent-de-Paul, de Saint-Germain-des-Prés, de Saint-Paul de Nîmes.

Une très-curieuse et très-scientifique discussion soulevée au sein de l'Académie d'Angers, au sujet des opinions développées par M. l'abbé Choyer dans son livre intitulé la Théorie géogénique et la science des anciens sur l'interprétation à donner aux textes de la Bible,

sur la création et la justification par la science moderne du système cosmologique qui ressort de ces textes.

XVII. A la suite des Mémoires de la Société nationale ou Académie d'Angers, qui s'occupe à la fois de l'agriculture, des sciences et des arts à un point de vue plus élevé et plus théorique, nous mentionnerons le Bulletin de la Société industrielle et agricole de la même ville (43 année, 1872-1873), qui est vouée aux mêmes études, mais qui les traite plus particulièrement sous le rapport des applications scientifiques et de la pratique usuelle. Nous ne pouvons pas résumer ici les nombreux détails des matières que ce Bulletin renferme. Nous appellerons seulement l'attention sur le travail intitulé: Rapport sur le voyage agricole en Russie, de M. L. de Fontenay, par M. Bielauwski-Yelita. Le rapporteur, qui avait exploré les mêmes régions, a pu juger de tout le mérite de cet ouvrage, et, ce qui l'étonne le plus, c'est comment, ignorant la langue du pays, M. de Fontenay a pu, dans un court espace de temps, parcourir un territoire aussi étendu et acquérir des notions vraiment exactes sur l'agriculture, l'industrie, les finances, le commerce, la géologie, la flore, la géographie, les mœurs, les usages et le rite de la Russie.

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XVIII. Dans le 52e volume (1er semestre de 1873, des Annales de la Société d'agriculture, sciences, arts et belleslettres du département d'Indre-et-Loire), à côté d'observations sur le droit du fermier en Angleterre, sur les moyens de préserver la vigne des gelées tardives, sur les digues opposées aux inondations de la Loire, sur les plantes parasites nuisibles, sur les faits météorologi

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