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<«< primé un essor nouveau, ouvert un horizon plus vaste <«< au génie et à la langue de notre pays. Convenons qu'au milieu d'innovations hardies, prodiges de dé<< règlements qui causent, à qui se hasarde à les af<< fronter, de l'impatience et du dégoût, il a su jeter des << pensées exquises, des couleurs fraîches, des beautés <«<soudaines qui donnent des frémissements de plaisir <«<et d'admiration. Ronsard n'est pas, comme Malherbe,

l'homme du labor improbus; l'inspiration, chez lui, est <«<émue, spontanée, la mise en œuvre osée, irrégulière : << qu'y manque-t-il ? les proportions, les convenances; «< c'est un corps qui se forme, où la vie circule et quel<< quefois déborde. Ainsi il arrive aux hommes de << création et de génie, quand ils méconnaissent les rap« ports préétablis entre la forme et le fond dans le do«maine de la pensée ou de l'art. »

3° Etude sur le poète hollandais Vondel, par M. Charles Dumonceau, membre résident. L'auteur de cette étude, Hollandais lui-même, après avoir fait remarquer que le xvu siècle fut, pour la Hollande comme pour la France, le siècle d'or de sa littérature proprement dite, esquisse la vie et le mérite littéraire des œuvres d'un des plus grands poètes de ce siècle merveilleux, du poète que ses contemporains ont surnommé le père et le prince de la poésie hollandaise, le vieux et sublime Vondel.

Joost Vondel ou Van den Vondel, né en 1587 à Coiogne, de parents originaires d'Anvers, passa la plus grande partie de sa vie presque séculaire à Amsterdam, où il mourut en 1679.

Adonné avec passion aux études classiques, il publia de bonnes traductions d'Horace, d'Ovide, de Sénèque, et une excellente traduction de Virgile. Il fit aussi pas

ser dans la langue hollandaise quelques tragédies d'Euripide et de Sophocle et quelques poëmes de Du Bartas.

« Vondel, dit son historien, s'exerça dans tous les << genres de poésie, et, dans la plupart d'entre eux, il << fit paraître des œuvres extrêmement remarquables,

dont quelques-unes touchent à la perfection. C'est << ainsi qu'il écrivit des satyres pleines de verve, d'es<< prit et d'énergie ; — des poèmes héroïques conçus et « exécutés d'une manière large et hardie; des poè« mes didactiques qui, malgré quelque sécheresse inhé<< rente au genre, sont le plus souvent resplendissants « de couleur et de clarté ; - des poésies légères char<<mantes et émues; des poésies lyriques, enfin, qui << sont d'admirables chefs-d'œuvre de sentiment et d'é« lévation. Mais où Vondel est le plus complet, le << plus sublime, le plus entièrement lui-même, c'est « dans la tragédie, et c'est comme poète tragique que « M. Dumonceau tâche de le faire apprécier. >>

Pour le montrer par un exemple, il analyse le poème dramatique de Lucifer, dont le sujet est la révolte et la chute des anges. Vondel marche ici sur le même terrain que Milton, dont la première idée avait été de faire une tragédie du Paradis perdu. Aussi les deux œuvres ontelles plus d'un point de contact, d'analogie, de ressemblance. << Vondel, dit particulièrement à ce sujet « M. Dumonceau, nous retrace la beauté et la grandeur << des Anges, leur révolte contre Dieu et leur chute;

Milton, dans son divin poème, nous chante la joie et « les délices de l'Eden, la béatitude et la chute de nos << premiers parents catastrophe immense des deux << côtés; plus grande et plus terrible dans la tragédie « de Vondel, parce que ce sont des anges qui tombent

<«<en luttant contre Dieu; plus attachante et plus apte <«< à nous arracher des larmes dans l'épopée anglaise, << parce que ce sont nos premiers parents qui sont les << victimes. »

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A cette question qu'on s'est faite dans le monde des lettres, lequel des deux poètes a imité l'autre, M. Dumonceau répond en faisant observer que la tragédie de Vondel parut en 1654, c'est-à-dire dix ans avant le poème anglais, et que Vondel, en conséquence, guère pu emprunter ses idées à Milton; -qu'on pourrait plus volontiers supposer que Milton a eu connaissance du poème hollandais; que d'ailleurs deux hommes de génie peuvent fort bien, à l'insu l'un de l'autre, se rencontrer dans leurs idées, lorsqu'ils vivent à la même époque, quoique dans des pays différents. Il en conclut qu'on doit écarter comme absurde l'accusation de plagiat mal imaginée en pareille occurrence.

4° Extrait de l'ouvrage intitulé GRENADE, par M. Alphonse Dousseau, membre résident.-Deuxième partie. La grande guerre, de l'an 1450 à l'expulsion totale des Maures. Ces pages intéressantes nous exposent l'histoire des Maures de Grenade en commençant à l'année 1450, où Ismaïl II devint émir de Grenade, où naquit Isabelle de Castille et où Christophe Colomb s'embarqua pour la première fois, jusqu'à cette année 1492 qui vit ensemble la découverte de l'Amérique et la chute de Grenade succombant avec la puissance des Maures sous la persistance des desseins d'Isabelle et la fortune de Ferdinand. Il y a là une série d'événements étudiés avec soin et curieux à connaître, un tableau animé et quelquefois brillant où apparaissent les singulières figures de Muley-Hassan, de Boabdil el Zagal et de Boabdil

el Chico, frères, oncles ou neveux, avançant par leurs luttes intestines les derniers jours de la puissance mauresque, et qui se termine par l'entrée triomphante des deux rois (comme on appelait Ferdinand et Isabelle) dans l'Alhambra si vanté, devenu désormais l'éblouissant palais de leur empire agrandi. Ce tableau varié échappe à l'analyse et veut être vu tout entier.

5o Conférences sur la marine, par M. Lahure, membre résident. Ces conférences forment un travail considérable d'une haute portée scientifique, tout hérissé de termes techniques, de formules algébriques, de données savantes dont l'utilité et les applications sont tout naturellement appréciées dans une ville maritime importante et éclairée comme le Havre.

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