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>> semblait avoir changés en une espèce de culte; >> sans doute plus digne de ces respects extrêmes et de » l'admiration des sages qu'à l'époque où, frappant les >> peuples de l'éclat de ses triomphes, il corrompait les >> mœurs publiques par le scandale de ses faiblesses; >> revenu enfin de toutes ces séduisantes erreurs; >> sachant être Roi dans les moindres détails de sa vie » privée, comme il avait toujours su l'ètre dans les >> grandes circonstances de la vie publique ; - habi»tuellement frappé des vérités de la Religion, mais en» core plus effrayé de ses menaces que touché de ses >> promesses; de là ce fond de mélancolie qu'il por» tait partout, et qui tenait bien plus à l'inquiétude de » sa conscience qu'aux impressions de l'âge; - du >> reste, plus que jamais jaloux de faire sentir son auto» rité, et exigeant avec hauteur que tout dans sa cour » participât à sa pénitence, comme tout y avait parti»cipé à ses désordres; — de là encore le changement » qui s'était fait autour de lui. De vieux courtisans, >> revenus aussi à de meilleures mœurs ou feignant » de l'être, mais conservant encore, ceux-mêmes pour qui la piété n'était pas de l'hypocrisie, la plupart des >>vices qui semblent s'attacher au sol que foulent les » pieds des Rois, comme ces maladies endémiques que » l'on ne saurait détruire qu'en changeant la nature du >> climat. Une génération nouvelle, d'une trempe » moins ferme que celle qui allait disparaître ; - jeu» nesse frivole et licencieuse, tout occupée de plaisirs, >> aussi exacte à copier ce que la tradition avait conservé » des déréglements de ses pères qu'éloignée d'en » pratiquer les nouvelles maximes; - d'autant plus » corrompue qu'il fallait cacher des dissolutions qui

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>> offensaient le maître depuis qu'il y avait renoncé ; — » s'accoutumant au mépris de la Religion par les hom»mages même qu'on la contraignait de lui rendre ;impie à force de sacriléges, et incrédule, non de prin»cipes, mais de cette incrédulité que des mœurs cortelle était » rompues rendent comme nécessaire,

> cette Cour où le Père Massillon allait annoncer l'E» vangile. Telle est l'idée qu'en donnent encore ses dis» cours; car les sermons d'un habile prédicateur, si » l'on peut comparer des choses si contraires, ne » sont pas moins que les bonnes pièces de théâtre la » peinture la plus vraie des mœurs d'un siècle. »

Après ce beau morceau d'éloquence, Messieurs, j'ai hâte de me taire; mais avant que je termine, je vous prie de me permettre de faire une réserve. Je viens de vous lire, non pas un panégyrique ni une biographie complète de Mgr Raillon, mais une simple et très-imparfaite notice biographique. En étudiant la vie de ce prélat, j'ai acquis la conviction que j'étais en présence d'une existence sainte et d'un esprit d'une distinction très-haute, et j'aurais eu scrupule à déflorer de ma plume inexpérimentée un sujet digne du talent d'un homme de lettres. L'histoire de Mgr Raillon reste donc à écrire, mais elle ne pourra l'être avec exactitude qu'après la publication de la Vie de saint Ambroise. Les notes que j'ai l'honneur de vous apporter pourront y servir, je le désire et je l'espère, car je les ai recueillies et groupées avec sincérité, en ayant sous les yeux ces mots tracés de la main de l'archevêque d'Aix: Veritas pateat, veritas placeat!

J'ai encore, Messieurs, l'agréable devoir de compli– menter mon prédécesseur, M. Couraud, ancien doyen de la Faculté de droit de Grenoble, aujourd'hui doyen de la Faculté de droit de Bordeaux. Pendant les douze années de son séjour à Grenoble, M. Couraud a fait beaucoup apprécier les mérites de son enseignement. Il faisait partie de la pléiade brillante des professeurs que nous sommes très-fiers de posséder, dont la réputation a depuis longtemps franchi la ceinture des Alpes, qui se renouvelle à souhait et qui entretient dans notre ré– gion fertile une instruction à la fois morale et solide. Nul n'a oublié ses discours de rentrée ni son cours facultatif d'économie politique. En s'éloignant du Dauphiné, M. Couraud a perdu le titre de membre résidant de votre Académie; mais il a voulu garder celui de membre correspondant, prouvant ainsi la peine que l'on a, Messieurs, de se séparer de vous quand on a eu l'honneur de vous appartenir.

RÉPONSE

A LA LECTURE DE RÉCEPTION

De M. Maxime VILLARS

PAR M. GAUTIER, Président de l'Académie.

Séance du 18 janvier 1878.

Vous l'avez très-bien dit, Monsieur, aux premières lignes de votre lecture: c'est fomenter l'amour du pays natal que de ramener au jour les cœurs généreux qu'il a produits. Par une inspiration heureuse qui honore votre esprit, vous avez mis sous les auspices de cette morale. et patriotique pensée votre réception dans une Compagnie qui s'applique, par sa vocation même, à la recherche des Dauphinois dignes de mémoire et qui est justement ambitieuse de rassembler leurs souvenirs pour en montrer l'exemple. Parmi les hommes recommandables que la province a vu naître pour son bien ou pour sa gloire, les uns, attachés par leur affection ou les bienfaits du sort au sol même qui fut leur berceau et qui sera leur tombe, donnent autour d'eux le spectacle et l'enseignement de leurs services et de leurs œuvres; les autres, entraînés par leur instinct ou leur destinée, portent sur divers points de la grande patrie le théâtre de leurs efforts et de leurs succès. Les premiers laissent leurs

impressions vivantes dans l'âme de leurs voisins et de leurs proches, qui les fixent et les transmettent aux générations nouvelles. Pour les seconds, il faut demander ailleurs les témoignages de leur vie et chercher sur une terre moins accessible et moins connue les vestiges de leurs pas dans la route qu'ils ont parcourue. Vous avez successivement puisé à ces deux sources de la biographie locale, en donnant naguères à la Société de Statistique, à laquelle vous avez appartenu, l'éloge de M. Emile Gueymard; en prononçant aujourd'hui, à votre entrée à l'Académie Delphinale, celui de Mgr Raillon.

Emile Gueymard, notre habile ingénieur, notre savant chimiste, était l'enfant de nos montagnes; il avait passé parmi nous la très-grande part de sa vie; il avait fouillé notre sol, exploré nos mines si nombreuses et si variées, analysé nos terres végétales, découvert les secrets de nos richesses agricoles, facilité l'exploitation de nos thermes, professé chez nous avec de merveilleux progrès les sciences géologiques; il nous avait appartenu tout entier par sa vie militante comme par sa naissance et sa mort. Jacques Raillon, au contraire, l'enfant de nos plaines, plus ouvertes aux tentations et aux courants de la vie extérieure et cosmopolite, se rattache bien à la patrie Dauphinoise par sa naissance, sa famille et ses affections, mais son existence expansive, son existence intellectuelle et morale, s'est écoulée, s'est développée hors du milieu natal, s'est partagée entre des contrées diverses, depuis les jours où sa jeunesse s'est formée aux luttes et à la pratique de la vie, jusqu'à l'heure où la mort le surprend dans le couronnement de sa carrière. Voué au sacerdoce, il accomplit le cercle de ses études religieuses au séminaire de Saint-Sulpice,

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