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Mais les motifs qui dirigeoient la conduite de ces deux princes allemands n'existent plus pour George III. Purement Anglois, il a été élevé dans l'indifférence et peut-être dans l'aversion nationale pour ce qu'on appelle en anglois continental connections, ou les intérêts du continent. L'intérêt d'Hanovre avoit toujours été le vrai principe de ces connexions, de ces liaisons (si coûteuses pour l'Angleterre) avec les puissances du continent.

On ne peut point aimer ce qu'on ne connoît pas. L'orgueil des Anglois et leurs préventions contre tout ce qui n'est point l'Angleterre, avoient encore exagéré à ce jeune prince la stérilité, la misère apparente des bruyères d Hanovre, mises en opposition avec les riches plaines de l'Angleterre. Il faut bien qu'on lui ait donné de ce pays les idées les plus rebutantes, puisqu'il n'a jamais eu la curiosité si naturelle d'aller une fois voir son heritage, Peut-être aussi ses ministres même ont craint qu'il ne s'accoutumât à être le maître; et ce n'étoit qu'à HerrenHausen qu'il auroit pu en prendre l'habitude,

Ces préjugés d'enfance peuvent bien le laisser dans l'indifférence sur le sort d'un peuple qu'il n'a jamais vu; mais l'esprit de propriété, réveillé sans doute par le ministère hanovrien, l'auroit alarmé sur la possession, s'il n'avoit été rassuré par quelques motifs apparens,

Ils ne pouvoient avoir d'autres fondemens que l'union intime des trois puissances co-partageantes. Le ministère an lois aura donc représenté de son côté à George III, que la Russie étoit trop intéressée à conserver son amitié, pour souffrir qu'aucun de ses alliés osât toucher à ses possessions électorales. Ce même ministère en aura obtenu les assurances les plus formelles de la cour de Pétersbourg; et celle-ci se sera chargée de lui en procurer de pareilles de la part des deux autres co-partageans. Il est même

voyoit alors fe états menacés par le roi de Pruffe & par notre armée d'obfervation en Weftphalie. Quelque répugnance qu'il eût à fe prêter aux vues de la France pour l'élection de Charles VII, il fut force de confentir à la fufpenfion du fuffrage de Bohême, & de donner le fien à l'électeur de Bavière.

très-apparent que toutes ces déclarations auront déjà été délivrées en forme à la cour de Londres.

Il n'y auroit peut-être pas dans ces actes publics ou secrets, de quoi rassurer un ministère moins fier ou moins indifférent sur cet objet. Le roi de Prusse forme encore aujourd'hui des prétentions d'argent à la charge de l'Angleterre; et, quoiqu'il puisse avoir promis ou déclaré, il auroit toujours son recours sur son débiteur en Allemagne, dès qu'il trouveroit l'occasion de pouvoir l'exercer. Cette occasion pourroit naître d'un changement dans le systême de la Russie à l'égard de l'Angleterre, et ce changement peut arriver par des événemens fort naturels (1).

Alors il faudroit bien par honneur que l'Angleterre soutînt son roi dépouillé pour elle de ses états d'Allemagne et malgré toute sa répugnance à s'engager dans le continent, elle seroit forcée d'y faire la guerre avec désavantage.

Mais ce ne seroit pas pour la France l'effet le plus à craindre de la ligue co-partageante; au contraire, il en résulteroit de nouvelles combinaisons, et ce résultat pourroit amener aussi un nouvel ordre de choses dans lequel la France trouveroit alors plus d'un moven de reprendre sa place. Ce sera le sujet de quelques conjectures dans la suite de cet ouvrage. (Troisième section.)

Concluons à présent que la maison de Brunswick, et le roi d'Angleterre en sa qualité d'électeur d'Hanovre, sont également détachés, isolés de la France;

Que le dernier n'a plus, à l'égard de cette couronne, les mêmes motifs propres et personnels qui en avoient rapproché ses deux prédécesseurs, et que les motifs politiques ne peuvent nous le ramener que par des circonstances forcées ;

Que, pour en profiter si le cas arrivoit, il faudroit du moins y être préparé; et qu'enfin cette préparation ne peut résulter que d'un nouveau systême militaire et politique.

(1) Comme, par exemple, l'avènement du grand-duc au trône. Ce prince, bientôt marié avec une belle-foeur du prince-royal de Pruffe, pourroit être un jour entraîné plus avant encore que fa mère dans les intérêts de la cour de Berlin.

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DE LA

HESSE.

ON ne remontera point ici jusqu'à l'origine des liaisons de la maison de Hesse avec la France. Elles avoient commencé sous François Ier. et continué sous

son successeur.

Les guerres de religion les avoient formées; elles les rompirent, et les renouèrent. Dans celle de trente ans, la fameuse landgravine de Cassel, Amélie de Hanau, se trouva réunie avec la France. Elle obtint par sa protection dans les traités de Westphalie le rétablissement en entier de sa maison, des agrandissemens de territoire (1), et des sommes considérales à titre d'indemnités.

Le même zèle de religion, après la révolution de l'édit de Nantes, les mêmes intrigues de Léopold et les mêmes motifs d'ambition particulière qui avoient détaché de la France la maison de Brunswick, produisirent le même effet sur celle de Hesse.

Le même desir de la dignité électorale, qui avoit animé autrefois la première et qui l'avoit assujettie à la cour de Vienne, domina depuis la seconde, et la retint long-temps dans la même dépendance.

La couronne de Suède mise sur la tête du landgrave Fréderic, n'avoit point passé aux princes collatéraux. Il leur paroissoit dur de rester dans un ordre subalterne, et de voir au-dessus d'eux tant de nouveaux rois (2) qui s'étoient élevés dans le sein de l'Empire. Au défaut d'une couronne le bonnet électoral auroit dédommagé l'ambition des landgraves ils avoient amassé pour cela des trésors immenses; et si Charles VII eût vécu plus long-temps, ou régné plus tranquille, la maison de Hesse alloit obtenir de la maison de Bavière ce que lui avoit fait attendre si long-temps celle d'Autriche.

L'élection de François Ier. ramena aussi-tôt le landgrave Guillaume à son premier attachement; et sans

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(1) La fécularifation à fon profit de l'abbaye de Hirsfeld, & de plufeurs autres grands bénéfices en fouveraineté.

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(2) Angleterre, de Pologne, de Pruffe, de Suède, & le duc

de Holftein appellé à la fucceffion du trône de Ruffie.

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la guerre qui survint en 1756, il auroit enfin recueilli le fruit d'une si longue attente. Entraîné alors par le torrent des affaires dans la ligue opposée aux vues de la cour de Vienne, il s'en attira le ressentiment. La France exerça sur lui les vengeances de l'Autriche il mourut fugitif et dépouillé de ses états.

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Son fils, le landgrave régnant, n'a point perdu de vue l'objet favori d'une ambition héréditaire. Il a paru long-temps rester attaché malgré lui au roi de Prusse, et ménager toujours en même temps la cour de Vienne mais l'union de ces deux puissances sembleroit lui promettre enfin par leur concours le succès desiré.

Il est cependant fort à craindre pour le landgrave, que ces deux cours ne se pressent pas de le satisfaire.

Devenu catholique, il en est resté en froideur avec toute sa famille, ainsi qu'avec les cours de Londres et de Copenhague, auxquelles il tient de plus près par les liens du sang. Il en est résulté un manque d'harmonie dans les démarches de sa famille et de ses proches, qui doit au moins servir de prétexte pour en retarder l'effet.

D'ailleurs en différant toujours de lui accorder la faveur desirée, on est d'autant plus sûr de le tenir désormais dans une dépendance égale des puissances dominantes.

Enfin la création d'un dixième électorat seroit susceptible de quelques inconvéniens, et l'on aura toujours l'excuse d'attendre que ceux de Bavière et Palatin n'en fassent plus qu'un. " Alors on pourroit con" tenter la maison de Hesse: on n'augmenteroit point " le nombre des électeurs. Il resteroit impair, et » l'Empire ne seroit point exposé tôt ou tard à une

n scission. “

Tel est vraisemblablement le systême des deux puissances réunies. La France n'a point assez de raisons de compter sur le landgrave régnant ni sur sa famille, pour avancer par des intrigues ou des sollicitations le moment desiré Elle auroit bien mal pris le sien, si, par l'envoi d'un ministre auprès de ce prince, elle s'étoit flattée de lui faire valoir son appui et son influence, soit à la cour de Vienne, soit

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dans le corps germanique. Si même à cet égard elle avoit pu lui faire illusion, on ne conçoit pas quel parti elle prétendroit en tirer.

Ce prince, on le répète, est presque abandonné, isolé de l'Empire et de sa famille. Il n'a ni crédit ni considération; son goût seroit d'avoir sur pied un grand nombre de troupes, et son calcul de les faire soudoyer par quelque grande puissance. Si la France étoit d'humeur à en faire les fraix, il recevroit l'argent, il promettroit les troupes, et au besoin il les fourniroit s'il pouvoit ou s'il vouloit; car en supposant de sa part un peu de mauvaise foi, il lui seroit facile de s'en dispenser. Au moment de l'exécution, mêmes troupes pourroient bien devenir tout d'un coup prisonnières du roi de Prusse, comme à la rupture de la convention de Closterseven, et servir contre nous dans les armées co-partageantes.

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Quelle est donc l'utilité dont la Hesse aujourd'hui pourroit être à la France ?·

Quel avantage pourroit-elle recueillir de son alliance, à moins que ce ne fût pour la tromper? Aucun.

Si la France étoit en mesure avec tous les états et princes du Rhin et des cercles antérieurs; si elle bordoit ce fleuve avec une armée, et qu'elle en eût une autre assez avancée entre le Rhin et la Moselle l'accession de la Hesse à son parti ne seroit point à mépriser, et pourroit donner du poids à ses opérations politiques ou militaires. Mais dans l'état présent, que lui fait un landgrave de plus ou de moins? Elle ne pourroit ni le secourir à temps s'il se sacrifioit pour elle, ni le punir s'il lui manquoit.

Résumons donc, et disons que la Hesse est pour la France dans le même cas que les autres états de l'Empire au-delà du Rhin, c'est-à-dire, contenue et subjuguée par les deux puissances prépondérantes, et hors d'état de la servir quand elle auroit la volonté. Ajoutons qu'aussi dans l'état présent elle est encore moins dans le cas de la craindre.

LE WIR TE MEER G.

CETTE puissance subalterne n'a joué qu'un rôle court et peu brillant dans les affaires de l'Empire.

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