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AVERTISSEMENT.

Nous terminons notre second Volume par des Mémoires du Comte de Vergennes, Turgot et autres Ministres, sur les époques les plus importantes du dernier règne. Quand on aura pris connoissance de ces divers matériaux, on verra que ce n'est pas sans fondement qu'en les réunissant on a intitulé le tout Politique des Cabinets de l'Europe, sous les Règnes de Louis XV et de Louis XVI. Et qu'on n'imagine pas que c'est purement un recueil de vieille diplomatie. Il sera facile de se convaincre qu'y compris même la Révolution en grande partie, on trouve dans ces Mémoires et ces Conjectures le germe de tout ce qui arrive aujourd'hui, et qu'on ne peut, sans les avoir lus, être bien au fait des intérêts et même des vues actuelles des diverses Puissances de l'Europe.

POLITIQUE

POLITIQUE

DE TOUS LES CABINETS

DE L'EUROPE,

Pendant les Règnes de Louis XV et de Louis XVI.

PIECES ORIGINALES AUTHENTIQUES,

Concernant la Correspondance secrette du Comte de Broglie avec Louis XV.

NOTE

HISTORIQUE

Envoyée par le Comte de Broglie à Louis XVI, quelques jours après son avénement. (Mai 1774.)

LE comte de Broglie a été nommé ambassadeur de

France, (en Pologne) le 14 Mars 1752.

Le surlendemain de sa nomination, M. le prince de Conti lui remit un billet de sa majesté, par lequel elle lui enjoignoit de se conformer à tout ce qui lui seroit prescrit par ce prince, et de lui en garder

le secret.

Le comte de Broglie, novice encore dans les affaires politiques, fit quelque difficulté de recevoir par Tome I.

A

une autre voie que celle du ministre ces ordres du roi, dont l'exécution d'ailleurs lui paroissoit très-difficile.

M. le Prince de Conti en rendit compte au roi, qui écrivit un second billet au comte de Broglie, pour lui ordonner de se conformer au premier.

De ce moment, le comte de Broglie obéit, et reçut par M. le prince de Conti les ordres secrets de sa majesté, et des instructions relatives à des projets qu'elle avoit sur la Pologne, et qu'elle jugeoit devoir cacher à ses ministres.

-H avoit eu le bonheur de les suivre à la satisfac tion de sa majesté, et d'en amener les négociations presqu'au point desiré, lorsqu'en 1756, M. le prince de Conti demanda à sa majesté la permission de ne plus s'occuper des affaires politiques sur lesquelles il avoit l'honneur de travailler avec elle en secret depuis 1740 ou 1741.

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Ce prince remit en conséquence tous les papiers et chiffres qui y étoient relatifs, au sieur Tercier, alors premier commis des affaires étrangères, qui étoit admis à ce secret, et à qui le roi ordonna de les garder jusqu'à nouvel ordre.

Le comte de Broglie vint par congé en France à la fin de cette même année 1756, et le sieur Tercier eut ordre du roi de tout lui communiquer. Il fut instruit par-là d'une correspondance secrette, entretenue ci-devant par le canal de M. le prince de Conti, et alors par celui du sieur Tercier, entre le roi et plusieurs de ses ministres en différentes cours.

Cette correspondance, dont la direction principale fut confiée dès-lors au comte de Broglie, a été continuée dans cette forme jusqu'à ce jour.

Quoique plusieurs personnes y aient été employées nécessairement, le fond en étoit toujours demeuré secrét, et le comte de Broglie n'a pas connoissance qu'aucun des ambassadeurs, ministres ou secrétaires qui y ont été admis ou le sont encore, aient manqué à la fidélité qu'ils doivent à leur maîtré: mais quelques incidens particuliers ayant donné lieu de soupçonner qu'il existoit quelque relation secrette entre le roi et le comte de Broglie, il en est résulté des haines

et dés jalousies dont celui-ci a eu beaucoup à souffrir. Quelques années avant la retraite de M. le duc de Choiseul, le comte de Broglie croyant que son concours étoit absolument nécessaire au succès de quelques vues que sa majesté paroissoit avoir alors, il eut l'honneur de proposer au roi de lui découvrir le secret de la correspondance. Sa majesté ne le jugea pas propos; et le comte de Broglie crut appercevoir qu'elle regardoit comme nécessaire de se conserver un moyen d'être instruite, par plus d'un canal, des affaires politiques, comme elle disoit que Louis XIV l'avoit toujours pratiqué.

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Il y a lieu de croire que madame du Barry, pea après son arrivée à la cour, avoit découvert cette correspondance dont elle chercha à avoir l'aveu du comte de Broglie. Sa majesté, à qui il rendit compte que cette dame l'avoit assuré avoir vu de ses lettres, lui manda qu'en effet elle en avoit vu une, mais de ne pas s'en ouvrir davantage pour cela avec elle.

Le comte de Broglie a lieu de croire que c'est de ce moment que madame du Barry et M. le duc d'Aiguillon lui ont voué une mauvaise volonté qui s'est d'abord exercée en secret, mais qui a fini par lui être funeste.

Le comte de Broglie avoit prévu que l'un et l'autre ne lui pardonneroient pas ses relations secrettes avec le roi; et il avoit eu l'honneur de proposer à sa majesté, au moment de la nomination de M. le duc d'Aiguillon aux affaires étrangères, de lui laisser connoître la correspondance secrette: mais sa majesté s'y refusa, comme elle l'avoit fait pour M. le duc de Choiseul.

Il a donc fallu se livrer au danger évident qui étoit attaché au rôle assigné au comte de Broglie, de directeur de cette correspondance, et il n'a pas tardé à en éprouver les effets. Il a d'abord été averti, par un billet de la propre main de sa majesté, du ar août 1775, des mauvais services qu'on lui rendoit auprès d'elle.

Il ignore tous les moyens qui ont été employés depuis pour tâcher de le rendre suspect, ainsi que M. le marquis de Monteynard, avec lequel il n'a eu aucunes liaisons mais par tout ce que le comte de Bro

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une autre voie que celle du ministre ces ordres du roi, dont l'exécution d'ailleurs lui paroissoit très-difficile.

M. le Prince de Conti en rendit compte au roi, qui écrivit un second billet au comte de Broglie, pour lui ordonner de se conformer au premier.

De ce moment, le comte de Broglie obéit, et reçut par M. le prince de Conti les ordres secrets de sa majesté, et des instructions relatives à des projets qu'elle avoit sur la Pologne, et qu'elle jugeoit devoir cacher à ses ministres.

Il avoit eu le bonheur de les suivre à la satisfac tion de sa majesté, et d'en amener les négociations presqu'au point desiré, lorsqu'en 1756, M. le prince de Conti demanda à sa majesté la permission de ne plus s'occuper des affaires politiques sur lesquelles il avoit l'honneur de travailler avec elle en secret depuis 1740 ou 1741.

Ce prince remit en conséquence tous les papiers et chiffres qui y étoient relatifs, au sieur Tercier, alors premier commis des affaires étrangères, qui étoit admis à ce secret, et à qui le roi ordonna de les garder jusqu'à nouvel ordre.

Le comte de Broglie vint par congé en France à la fin de cette même année 1756, et le sieur Tercier eut ordre du roi de tout lui communiquer. Il fut instruit par-là d'une correspondance secrette, entretenue ci-devant par le canal de M. le prince de Conti, et alors par celui du sieur Tercier, entre le roi et plusieurs de ses ministres en différentes cours.

Cette correspondance, dont la direction principale fut confiée dès-lors au comte de Broglie, a été continuée dans cette forme jusqu'à ce jour.

Quoique plusieurs personnes y aient été employées nécessairement, le fond en étoit toujours demeuré secret, et le comte de Broglie n'a pas connoissance qu'aucun des ambassadeurs, ministres ou secrétaires qui y ont été admis ou le sont encore, aient manqué à la fidélité qu'ils doivent à leur maître : mais quelques incidens particuliers ayant donné lieu de soupçonner qu'il existoit quelque relation secrette entre le roi et le comte de Broglie, il en est résulté des haines

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