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tout entière du fait de M. le ministre de | a | général, prendront à leur charge un crédit

la guerre, et je prie la chambre de le considérer car il m'est impossible de croire qu'un officier ait agi sans ordre de ses chefs ou sans réquisition d'un agent diplomatique. L'embarquement d'un seul passager a exigé une réquisition constatée par des pièces officielles actuellement dans l'ombre. De qui émanait donc cette initiative? tout le monde la désavoue! Je prie la chambre de remarquer à quelles épreuves est mis le sentiment de l'obéissance dans l'armée. Comment! des officiers chargés de missions comme celle que nous avons rappelée, en seraient détournés pour promener sur les côtes de l'Algérie tel ou tel littérateur qui devrait plus tard exploiter son excursion! Et quand dans cette chambre on demande compte de pareils désordres, les ministres, agents responsables aux termes de la charte, se retranchent derrière l'ignorance des faits! L'incident n'est pas soulevé par esprit de parti; on n'accusera pas notre honorable collègue M. de Castellane de s'y être laissé entrainer. Quand on demandera compte d'un acte qui, je dois le dire, fera déverser le ridicule sur les véritables auteurs d'une pareille infraction à tous les règlements, on viendra dire que la responsabilité échappe, qu'elle s'évanouit; elle me parait énorme, et je crois qu'il y aura unanimité pour considérer comme déplorable un acte ministériel dont le retour livrerait à la risée de l'Europe le Gouvernement qui a ordonné et la marine qui ne fait qu'obéir. (Très-bien !)

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supplémentaires donnent une grande at- f tention aux aveux qui ont été faits par MM. les ministres. Il est probable qu'ils viendront faire à cet égard une proposition de rejet; la chambre adoptera l'avis de sa commission, qui sans doute se refusera à allouer un crédit pour une pareille dépense; il faudra alors que la dépense retombe à la charge de ceux qui ont commis la faute; alors les ministres de la guerre et de la marine, et le gouverneur

qui ne doit pas tomber à celle de l'Etat. M. Crémieux: Qui a donné l'ordre? voilà ce qu'il faut savoir; les ordres ont été donnés par quelqu'un.

M. Lacrosse Il est de toute justice que la responsabilité reste à celui qui l'a encourue; je dois donc répéter une observation que j'ai déjà soumise : l'officier commandant un des bâtiments de la marine de l'Etat qui prendrait à son bord des passagers qui ne présenteraient pas l'autorisation exigée par les ordonnances royales, encourrait une responsabilité réelle.

Je demande à M. le ministre de la guerre, qui dispose de la marine d'Alger, quel est l'auteur de la réquisition à laquelle je ne doute pas que le commandant n'ait obtempéré; qui a donné l'ordre d'embarquer les passagers pris à bord du Veloce dans le port de Cadix?

M. le ministre de la guerre L'ordre a été donné par M. le maréchal Bugeaud, mais il a été mal interprété.

M. Lacrosse La chambre comprendra combien il est difficile de concilier ce que vient de dire M. le ministre de la guerre avec les paroles que j'ai entendues tout à l'heure.

J'ai cru entendre M. le ministre de la guerre affirmant, il y a quelques minutes, que M. le maréchal Bugeaud, éloigné d'Alger par ses devoirs de général en chef, n'avait pris aucune espèce de participation à l'emploi du bateau à vapeur.

M. le ministre nous avait appris que la Veloce a été mis par le gouverneur intérimaire à la disposition de l'homme de lettres déjà investi d'une mission de M. le ministre de l'instruction publique. Cette mesure aurait été le résultat d'une erreur commise par le gouverneur provisoire.

Mais M. le ministre de la guerre à présent reporte au maréchal Bugeaud la responsabilité... (Dénégation de la part de M. le ministre de la guerre.)

M. Lacrosse Comment! mais je viens d'entendre ces mots-ci : « L'ordre a été donné par M. le maréchal Bugeaud. » Estce que la responsabilité morale n'en est pas la conséquence? Au surplus, il y a eu déjà trop de malentendus dans cette déplorable affaire. Faites-les cesser, et dites nettement qui donc a envoyé le Veloce à Cadix pour y recevoir M. Alexandre Dumas et ses compagnons de voyage.

M. le ministre de la guerre : Je demande bien pardon à la chambre si je me fais mal comprendre. Voici ce que j'ai dit, ou du moins ce que j'ai voulu dire: Le Veloce fait le trajet entre Tanger et Oran

pour affaires de service; mais il le fait a aussi entre Alger et Cadix.

Ce bâtiment, devant toucher à Cadix, a reçu l'ordre, par M. le maréchal Bugeaud, de prendre à bord la personne dont on parle; mais c'est par erreur que ce bâtiment a été ensuite la porter à Alger et a continué sa route jusque sur les côtes de Constantine.

M. Léon de Maleville Messieurs, je ne veux pas entretenir la chambre des voyages du Veloce. Il m'est démontré que nous ne saurons pas aujourd'hui la vérité; nous ne saurons pas qui est-ce qui a donné l'ordre à Cadix, nous ne saurons pas qui est-ce qui a donné l'ordre à Alger. Mais il y a encore quelque chose de plus grave qu'on veut faire oublier à la chambre, c'est la mission en Algérie; c'est sur ce point que les explications du ministère sont nécessaires, indispensables, pour son honneur et pour notre dignité. (C'est cela!)

On a dit publiquement qu'un ministre avait appelé un homme de lettres, et lui avait dit « Vous assisterez à une grande cérémonie, vous en serez le marquis de Dangeau...» (Rires.) C'est une fantaisie de cour!... « Et après la cérémonie vous irez plus loin; je vous confie une mission du Gouvernement; vous irez en Algérie pour la faire connaître à MM. les députés qui n'y entendent rien. » (Hilarité).

Ces paroles, elles ont été affirmées deux fois.

(En ce moment M. de Salvandy, ministre de l'instruction publique, entre dans la salle. Sa présence provoque des exclamations à gauche).

Elles ont été confirmées par une nouvelle déclaration, par ces mots : « On n'attribue pas à un ministre ces paroles quand il ne les a pas prononcées. »

Eh bien! messieurs, c'est sur l'importance et la convenance d'une pareille mission que je demande les explications du ministère.

M. le président : La parole est à M. le ministre de l'instruction publique.

M. de Salvandy, ministre de l'instruction publique (entrant dans la salle): Messieurs, je caractériserai dans des termes très-brefs et très-précis la mission littéraire à laquelle j'entends qu'il est fait allusion en

ce moment.

J'ai donné uniquement une mission pour l'Algérie, point pour Tunis ni pour l'Espagne, pour l'Algérie seulement. Je ne crois pas qu'il soit de la dignité de la chambre, j'ai la profonde conviction qu'il n'est pas de la mienne, de discuter en quels termes, dans mon cabinet, en tête-à-tête

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avec un homme de lettres, cette mission a été donnée. Je dirai seulement que j'ose penser que tous mes collègues, et celui qui me faisait l'honneur de m'interpeller en mon absence autant et peut-être plus qu'aucun autre, savent qu'il n'est pas dans mes habitudes de m'exprimer jamais, même dans le tête-à-tête, d'une façon qui ne serait pas convenable pour les personnes, et à plus forte raison pour les pouvoirs publics, qui ne serait pas convenable pour moi-même. (Approbation.)

Quant à la mission, renfermée dans ces termes et dans ces limites, les dernières paroles de l'honorable membre, les seules que j'aie entendues, me font me demander si j'ai des explications à donner à la chambre sur la personne ou sur la mission

même.

Sur la personne, je ne dirai qu'une chose le même écrivain, sous des administrations antérieures à la mienne, avait reçu des missions de même nature... (Mouvement.)

M. Luneau: C'est bon à savoir.

M. le ministre, continuant: Sans qu'aucune des commissions de la chambre, devant qui il m'est arrivé de m'expliquer sur ces missions que je n'avais pas données, m'ait fait des observations qui m'eussent appris que les faits de ce genre ne devaient pas se reproduire.

Quant à ce fait actuel, qui a eu un retentissement et un éclat inattendus pour moi, il est vrai, messieurs, que j'ai pensé qu'il était bon que cette terre d'Afrique, si nouvellement française, fût mise, par les communications les plus multipliées et les plus diverses, en rapport avec la France. (Bruit à gauche.)

Peut-être j'ai eu tort dans cette pensée; mais je dois dire qu'elle est très-ancienne chez moi. Je ne crois pas qu'il soit arrivé qu'un homme de lettres ait désiré visiter notre vaste territoire d'Afrique et l'armée qui l'a si laborieusement conquis sans que j'aie essayé de lui en faciliter les moyens. J'ai cru entrer par là dans cette pensée qui, depuis dix-sept ans, préoccupe et domine tous les pouvoirs de mon pays, cette pensée de créer le plus de liens possibles entre la terre d'Afrique et la France, de faire le plus possible connaître l'Afrique à la France. Le ministre de l'instruction publique n'y peut rien que par l'entremise des lettres. Il croit devoir toujours les appeler à son aide (1).

(1) Peu de jours après la séance de la Chambre que nous rappelons, un journal qui s'est fait cabinet de lecture, le Siècle, défenseur officieux et fidèle de M. Du

Cette discussion blessa l'amour-propre | a | homme de lettres pour se mesurer avec

de notre habile arrangeur, et un nouveau
cartel fut envoyé à M. Léon de Malleville,
qui répondit qu'il n'était point assez

mas, imprimait dans sa Revue de Paris, du 13 février,
cette note assez étrange, quoique d'un homme d'inlini-
ment d'esprit :

Il est des gens qui semblent vouloir se donner une
valeur relative en se mêlant aux choses retentissantes

M. le marquis Davy de la Pailleterie.

Voici sur la dernière péripétie de ce
procès une note très-piquante, insérée
dans les journaux, et qui prouve qu'il
existe encore des hommes qui honorent la
littérature, et s'honorent eux-mêmes de
lui appartenir.

«Quelques journaux répètent l'extrait
suivant d'une correspondance de Paris,

et en s'attaquant aux célébrités. Le procès d'Alexandre adressée aux journaux des départements,

Dumas fait grand bruit: l'occasion est belle pour faire
parler de soi en prenant part au débat. Dans une grave
enceinte, un orateur peu connu s'est emparé de l'affaire
par son côté politique. Il en avait le droit; mais il a
péché par la forme. Pourquoi, s'il vous plait, prendre un
ton superbe et dédaigneux en parlant d'un homme qui
est incontestablement une des illustrations littéraires les
plus éclatantes de notre époque? L'orateur en question,
qui s'appelle M. de Castellane, parlant d'Alexandre Du-
inas, l'a intitulé un entrepreneur de feuilletons
(M. Dumas lui-même devant les tribunaux n'a-t-il pas
qualifié de marchandise ses productions littéraires?).-
Est-ce bien là de l'atticisme parlementaire? Puis affec-
tant de ne pas prononcer son nom, il le désignait en
disant : « Ce Monsieur. » Cela peut etre très-méchant,
mais il nous semble que pour se permettre un si beau
dédain il faudrait parler du haut d'une grande valeur
personnelle, d'un beau talent ou d'une renommée quel-
conque. Du haut de quoi parlait M. de Castellane ? - Du
haut de rien.»-Mais si, monsieur Eugène Guinot, du
haut de sa valeur personnelle, de son haut de député,
hauteur à laquelle M. Alex. Dumas aspire depuis long-
temps, et à laquelle il ne parviendra jamais, de ce haut
qui ne s'irrite pas assez souvent de la dilapidation de
notre fortune publique, pour qu'on ne lui sache pas beau-
coup de gré des rares censures qu'il adresse aux minis-
tres. D'ailleurs, M. de Castellane est lui-même, et
M. Dumas n'a voulu rien être sans des collaborateurs,
et on ne peut contester qu'ils y ont passablement con-
tribué.

Nous connaissons M. le comte Jules de Castellane,

continue M. Eug. Guinot, qui est un homme de beau-

coup d'esprit et de bon goût, célèbre par les fêtes dra-

matiques qu'il donnait dans son hótel du faubourg

Saint-Honoré. M. de Castellane l'orateur en est encore

à se faire connaître, et nous lui souhaitons, sans l'es-

pérer, qu'il arrive un jour par l'éloquence à la hauteur

où est parvenu par son talent d'écrivain dramatique et

de romancier ce monsieur qui s'appelle Alexandre

Dumas.

« Il faudrait laisser aux prédicateurs de la chaire évan-

gélique ces emportements jaloux contre le feuilleton.

Voltaire et Rousseau étaient usés; le père Lacordaire,

le père Ravignan et autres émules du père Bridaine ful-

minent contre les romanciers modernes pourquoi tou-

cher à leur bien et piller leur spécialité? La politique

n'est-elle donc pas assez riche pour se passer de faire

ces emprunts à l'Eglise, et ne peut-on combattre le mi-

nistère sans frapper à tour de bras sur la littérature? >>

On ne peut disconvenir que cet article ne soit écrit

avec esprit, mais il est d'une plume amie, et par con-

séquent il pourrait être plus juste, Quoi! 10,000 fr.

sont pris sur les fonds destinés à encourager les lettres

indigentes et le commandement du Véloce, 30,000 fr.

de dépenses connues pour l'Etat! sont adjugés à M. Du-

mas pour son a divertissement. » Et l'on ne peut pas y

trouver à redire

au sujet des bruits qui ont couru, depuis
quelques jours, sur une démarche de
M. Alexandre Dumas.

<< Le lendemain de la séance où plusieurs
députés ont traité M. Alexandre Dumas
d'une façon fort leste, M. Dumas eut l'in-
tention de demander des explications à
l'un d'eux, M. Léon de Maleville. Dans ce
but, il envoya un de ses collaborateurs
ordinaires, M. Maquet, prier M. Viennet
de l'assister, en sa qualité de président de
la Société des gens de lettres. M. Viennet,
sans dire la réponse qu'il avait à faire à
cette invitation, demanda que M. Dumas
lui écrivit lui-même : ce qu'il fit. Alors
M. Viennet lui adressa une lettre où il
refusait ce service en déduisant ses motifs.
La principale raison était que M. Dumas,
devant le tribunal civil de la Seine, avait,
den quelque sorte, décliné son titre
d'homme de lettres pour prendre celui de
marquis. Or, on sait que M. Viennet a
toujours ouvertement mis son titre d'écri-
vain en tête de tous les autres, et qu'il
renoncerait plutôt à la pairie qu'à l'hon-
neur de s'appeler homme de lettres. Ce
refus a paru à M. Dumas un obstacle suf-

fisant à son projet. »

(Commerce, 20 février 1847).

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