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I. NOMS DE L'ESPÈCE. - Pinus sylvestris LINNE (1). On l'appelle aussi PIN SAUVAGE, PIN D'ÉCOSSE, PIN DU NORD, PIN DE RIGA, PIN DE HAGUENAU, Pin de GENÈVE et DAILLE (2).

Je donne la préférence au nom de pin sylvestre, parce qu'il est le plus répandu et qu'il est en même temps scientifique et vulgaire. On voit que, selon moi, le pin sauvage, le pin d'Écosse, le pin du Nord, le pin de Riga, le pin de Haguenau, le pin de Genève, la daille ne sont qu'un seul et même pin qui peut subir des changemens, excepté en ce qui concerne la forme des feuilles, des fleurs et des cônes, en raison du climat, dans les différens pays où on lui donné ces noms. Malesherbes, dans un mémoire intitulé Observations sur les pins en général et en particulier sur le pin maritime (3), émet la même opinion; il dit que Duhamel a semé du pin de Haguenau et qu'il n'a remarqué aucune différence spécifique entre ce pin et les vilains pins de Tarare et de Genève; qu'il a semé lui-même de la graine de pin d'Écosse, achetée à Londres, et de la graine des pins de Tarare, que lui avait procurée Bernard de Jussieu, et que les deux pins provenus de ces semis lui paraissent être entièrement semblables. Fougeroux de Blaveau, neveu de Duhamel, dans son Mémoire sur les espèces de pins qui sont à préférer pour réparer les parties de nos forêts dégarnies de chênes, mémoire inséré dans les Mémoires de la Société d'agriculture de Paris, année 1785, trimestre d'automne, page 55, dit que Duhamel a semé des graines de pin de Riga, apportées par Barbé, maître mâteur à Brest,

(1) Species plantarum, 3′ édit., t. II, p. 1418.

(2) Le nom de Pin d'Ecosse qu'on donne à cet arbre en Angleterre, parce qu'il est commun en Ecosse, est le plus répandu en France; le nom de Pin de Riga résulte probablement de ce que l'on fait à Riga un grand commerce de bois de pin sylvestre, arbre le plus commun dans les provinces voisines de Riga et dans celle que traverse la Dwina, qui passe par cette ville. Le nom de Daille est le nom vulgaire en Suisse. Les autres noms sont ceux de lieux où le pin sylvestre est commun.

(3) Le mémoire de Lamoignon de Malesherbes se trouve t. II, p. 301-357 de l'ouvrage de Varenne de Fenille, intitulé Mémoire sur l'administration forestière, etc., etc. Il est digne de remarque que ces deux savans, qui s'occupaient si activement de perfectionner la sylviculture en France, périrent sur l'échafaud révolutionnaire dans l'année qui suivit la publication de leur ouvrage.

et qu'il est difficile de distinguer les plants qui en sont nés de ceux du pin d'Écosse ; il fit la même remarque sur des semis faits, dans les environs de Brest, avec la même graine, et il conclut que le pin connu sous le nom de pin de Riga lui paraît entièrement semblable au pin d'Écosse; il ajoute que Miller, dans une lettre à Duhamel, émettait la même opinion.

11. BOUTONS ET SÈVE. Le pin sylvestre n'a que des boutons à bois qui contiennent en même temps le rudiment des feuilles et des fleurs; du moins, bois, feuilles, fleurs, tout part des mêmes boutons.

Cet arbre n'a qu'une seule sève qui commence ordinairement, sous le climat de Paris, dans les dix derniers jours du mois de mars, par le bouton qui se trouve dans le prolongement de la flèche de l'année précédente, contrairement à ce qui se remarque dans les sapins, et qui s'arrête, en ce qui concerne la longueur des pousses, au bout de deux à trois mois environ; ainsi en 1842, année chaude, la sève ne dura que deux mois; en 1843, année humide et froide, elle dura trois mois; en 1844, elle dura deux mois et demi.

Les pousses sont d'abord couvertes d'une pellicule de couleur rousse et sont serrées les unes contre les autres; sous cette pellicule, et autour du bas des pousses, sont les fleurs mâles, quand il y en a, et au dessus les feuilles naissantes collées contre les pousses; cette disposition des fleurs mâles au bas des pousses est un caractère général dans les pins. Au bout d'un mois, environ vers le 20 avril, la forme des fleurs mâles, malgré la pellicule qui les couvre, se distingue parfaitement et l'on voit naître les boutons à bois, et à côté, au bout des pousses qui doivent porter des fleurs femelles, de petits boutons qui en contiennent le rudiment, et qui se trouvent quelquefois sur les mêmes pousses que les fleurs mâles. Quinze jours après environ paraissent les fleurs; et quelques jours plus tard les pousses, qui étaient restées jusqu'alors serrées les unes contre les autres, et qui ont déjà atteint une partie de leur longueur, s'écartent; la pellicule qui les couvre tombe, en commençant par le bas des pousses, et l'on aperçoit alors les bourgeons des feuilles, lesquelles paraissent environ quinze jours plus tard. Enfin, ainsi que je l'ai dit plus haut, au bout de deux à trois mois environ les pousses ont atteint toute leur longueur, et elles sont terminées par les boutons destinés à produire les pousses de l'année suivante qui sont alors complètement formés; mais ensuite elles augmentent encore un peu en grosseur, ainsi que les boutons, et elles deviennent ligneuses d'herbacées qu'elles étaient. La végétation des boutons ne s'arrête d'ailleurs jamais entièrement; ils prennent de l'accroissement en longueur, mais avec une extrême lenteur, jusqu'au moment où partira la sève au printemps suivant.

III. Feuilles, fleurs et cÔNES. Les bourgeons des feuilles du pin sylvestre commencent à paraître, ainsi que je viens de le dire, dans la première quinzaine du mois de mai, lorsque les pousses, qui ont paru depuis environ sept semaines, ont déjà acquis une partie de leur longueur et que la pellicule qui les

couvrait est tombée. Environ quinze jours après on commence à voir les feuilles sortant deux à deux (elles sont géminées) de gaînes cylindriques fixées autour des pousses. Quand ces feuilles ont atteint toutes leurs dimensions (Pl. 1, fig. 7 et 8), elles sont dures, linéaires, pointues, d'un vert bleuâtre, longues de 0,027 à 0,068, selon l'âge des arbres, le terrain et l'exposition. Chaque feuille a sensiblement la forme d'une moitié de cylindre qu'on aurait coupé en deux suivant son axe; les faces aplaties de deux feuilles contenues dans une même gaîne se regardent, et ces feuilles ont, si on les reunit, la forme d'un cylindre. Les feuilles ne persistent ordinairement que pendant deux ans et tombent pendant la troisième année; ainsi elles tombent après la troisième sève, y compris celle qui leur a donné naissance, et plus particulièrement à l'automne.

Les fleurs du pin sylvestre (Voy. page 10) commencent à paraître en même temps dans la première quinzaine de mai environ, ainsi qu'on l'a vu au commencement de ce chapitre.

Les chatons mâles (Pl. I, fig. 7) sont serrés autour de la partie inférieure des pousses de manière à former une sorte de grappe. Les fleurs qui les composent ont atteint leur maturité quinze jours environ après qu'elles ont paru, ordinairement dans la deuxième quinzaine de mai, environ huit jours après celles du pin maritime; elles sont alors d'un jaune citron et répandent en très-grande quantité une poussière jaune soufre (le pollen). Le pin sylvestre porte des fleurs mâles en plus ou moins grande quantité, et il peut arriver qu'il en porte sur toutes les branches, comme aussi qu'il n'en ait pas du tout, ce qui me paraît d'ailleurs être l'exception sur des arbres ayant dépassé 25 ans et convenablement espacés.

Les chatons femelles sont annoncés, ainsi que je l'ai dit, environ quinze jours d'avance, par de très-petits boutons qui sont au bout des pousses, au nombre d'un à quatre et quelquefois plus, par exception, et se trouvent en plus grand nombre vers le haut de l'arbre. Ils sont ovoïdes, ne sont d'abord pas plus gros qu'une trèspetite graine de vesce, sont d'un rouge-violet et ont la pointe tournée vers le ciel (sont érigés). Au bout de quelques semaines les feuilles florales (les bractées) se transformant en écailles, les chatons deviennent des cônes, et à la couleur rougeviolet des fleurs succède la couleur rouge-brun, qui est bientôt remplacée par la couleur gris-vert. Cette transformation est déjà très-apparente vers le milieu du mois de juin, et c'est pendant qu'elle s'opère que les cônes s'inclinent et prennent la position qu'ils conserveront; ils ne sont pas plus gros alors qu'un pois.

Les cônes sont toujours placés au bout de la pousse sur laquelle ils se trouvent (ils sont terminaux), à côté des boutons, au nombre d'un à quatre et quelquefois plus, par exception; ils sont fixés sur le bois par une queue très-courte (ils sont pédonculés). A la fin de septembre les cônes ont acquis tout le développement qu'ils prendront cette première année; ils sont alors oblongs, gros comme une petite noisette et d'un gris vert. L'année suivante, immédiatement avant la sève, ils sont d'un gris clair (Pl. V, fig. 2), et ils commencent à grossir dès que part la sève; à la fin de mai ils deviennent d'un vert prairie et conservent cette

couleur jusqu'à la fin de septembre, époque à laquelle ils ont atteint tout leur accroissement; puis ils passent peu à peu à la couleur gris-cendré, lorsque les premiers froids commencent, et dans le courant de mars de l'année suivante, peu avant qu'ils ne laissent échapper les graines qu'ils contiennent, leur couleur varie du gris brun au brun fauve.

Les cônes du pin sylvestre (Pl. 1, fig. 8, et Pl. V, fig. 2) ont de 0,027 à 0,054 de long; ils sont coniques et se composent d'écailles serrées les unes contre les autres, adhérentes à un axe commun, plus minces à la base fixée à l'axe qu'à la partie qui en est le plus éloignée; à la base interne de ces écailles se trouvent deux graines munies chacune d'une aile. La graine que contiennent les cônes n'a atteint une complète maturité qu'à la fin de novembre, et ce n'est que dans le mois d'avril de l'année suivante, c'est-à-dire 22 mois environ après qu'ils ont paru, que le soleil fait soulever leurs écailles et que la graine qu'ils contiennent commence à tomber; cette graine étant munie d'une aile, comme celle des sapins, peut aussi être transportée au loin par les vents; cette dispersion de la graine s'opère en un petit nombre de jours. Les cônes commencent à tomber successivement, par suite des secousses des vents, dès l'année même pendant laquelle sont tombées les graines qu'ils contenaient; mais ce n'est qu'au bout de plusieurs années que les pins sylvestres en sont entièrement débarrassés.

Le pin sylvestre le plus jeune auquel j'aie vu porter des cônes, était un arbre tiré d'une pépinière et âgé de 10 ans, ce que je considère comme une exception; mais dans une allée de pins sylvestres de mon parc, plantée en 1837, ils commencèrent, pour la plupart, à en porter en 1842, c'est-à-dire lorsqu'ils avaient à peu près 12 ans; je présume que les arbres provenant de semis naturel en portent un peu plus tard. Une partie des graines de ces jeunes arbres sont fécondes, s'ils ont porté des fleurs mâles en même temps que des cônes; mais ce n'est que lorsque les pins sont plus âgés que leur graine a acquis toute la force germinative dont elle est susceptible; je pense donc que, lorsqu'on le peut, l'on ne doit récolter les cònes, pour en extraire la graine, que sur des arbres âgés de 40 ans au moins.

On ne commence à voir des fleurs mâles pour la première fois, sur les jeunes pins sylvestres, que deux ou trois ans environ après que l'on a commencé à y voir des cônes. Cet arbre porte plus souvent des fleurs mâles et des cônes que les sapins; néanmoins, on remarque, par exception, des années sans fleurs mâles, d'autres sans cônes; on remarque aussi des années d'abondance de cônes, qui sont ordinairement aussi des années d'abondance de fleurs mâles, et même, mais plus rarement, des années de stérilité.

Il est d'ailleurs digne de remarque que les fleurs ne commencent pas à paraître dans le même ordre que les feuilles, dans les quatre espèces de pins à chacune desquelles j'ai consacré un chapitre. Les fleurs du pin maritime paraissent et mûrissent les premières, puis celles du pin sylvestre, et enfin celles du pin laricio et du pin du lord Weymouth à peu près en même temps. Les feuilles du pin sylvestre paraissent les premières, celles du pin laricio quelques jours après, celles

du pin du lord Weymouth suivent, et enfin celles du pin maritime très-peu de jours après celles du pin Weymouth.

IV. GRAINES ET SEMIS NATUREL.-Les graines du pin sylvestre (Pl. 1, fig .9) sont ovales, d'un brun noir, et sont munies d'une aile; elles ont environ 0,004 de longueur moyenne. J'ai indiqué, dans l'article précédent, à quel âge les jeunes pins commencent à porter des cônes; les graines qu'on en tire peuvent être fécondes, mais ce n'est guère que lorsque l'arbre a dépassé 20 ans qu'il'donne du semis naturel, et il n'en donne d'abord qu'en petite quantité; il faut que le pin sylvestre ait dépassé 40 ans pour donner abondamment du semis naturel efficace. Ce sont les pins sylvestres qui approchent le plus de leur maturité, ou qui l'ont atteinte, qui, pour la même quantité de graine, donnent le plus de semis naturel, et c'est par conséquent la graine de ces arbres que l'on doit préférer pour faire des semis.

On peut, pour se procurer de la graine, faire cueillir des cônes depuis le commencement de novembre jusqu'à l'époque où cette graine doit s'échapper des cônes, dans le courant d'avril de l'année suivante; mais, quoique la plus grande partie des graines soient bonnes au commencement de novembre, les cônes étant encore gris-vert, je pense qu'il est préférable de ne les récolter qu'après le 1er décembre, et même plus tard encore si on le peut; la graine est alors meilleure, donne moins de déchet et on l'extrait plus facilement des cônes; il y a d'ailleurs de l'avantage à la laisser le plus longtemps possible dans les cônes, parce qu'elle s'y conserve mieux.

Lorsqu'on n'a besoin que d'une petite quantité de graine que l'on récolte chez soi, il ne faut faire cueillir les cônes qu'en mars, peu avant l'époque à laquelle elle serait tombée; on les expose au soleil, sur des vans ou sur des draps; les cônes s'ouvrent, et en les secouant la graine tombe; si l'on peut les mettre dans une serre ou sous une bâche, on récoltera la graine encore plus promptement. Par ce moyen, on n'obtient guère, en moyenne, qu'une vingtaine de graines par cône, mais ordinairement elles sont toutes bonnes. Si l'on veut se procurer une plus grande quantité de graine, il y a nécessité de cueillir plus tôt les cônes et d'employer d'autres procédés d'extraction, afin de l'obtenir assez tôt pour pouvoir la semer au moment le plus favorable. On peut atteindre ce but en employant la chaleur du soleil, ce qui est préférable, mais n'est pas toujours suffisant, ou une chaleur artificielle. Il arrive d'ailleurs presque toujours, lorsque l'on emploie le premier moyen, que l'on obtient les graines trop tard pour semer au moment qui serait le plus avantageux, et cela arrive toujours dans le Nord, puisque Burgsdorf dit, dans son Nouveau Manuel forestier, t. II, p. 238, que « l'opération qui consiste à faire ouvrir les cônes au soleil serait sans » contredit la meilleure, si elle n'était pas si longue et si elle n'obligeait pas à » garder les semences pendant une année entière. »

Pour extraire la graine des cônes en employant la chaleur du soleil, on établit contre un mur exposé au midi des échafaudages, de manière à pouvoir pla

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