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ordinairement brûlans, le plant a besoin d'ombrage la première année; c'est par la même raison que l'on échoue si souvent en semant au printemps, dans les sables de la Marche de Brandebourg. On se contente, dans les environs du Puy, pour créer par la plantation une pinière destinée à être exploitée en taillis, de prendre du plant de 0,08 à 0,10 de haut dans les anciennes pinières exploitées en taillis, où il s'en trouve ordinairement beaucoup, parce que plusieurs parties des terrains brûlans qui sont consacrés à ces pinières se trouvent à mi-ombre, et on le plante ainsi qu'il suit :

« L'ouvrier qui est chargé de cette plantation, dit M. Bertrand de Doue, » page 14, ouvre, en trois ou quatre coups de pioche, une petite fosse plus pro» fonde que large. Il ramène vers ses pieds la terre qu'il a remuée et la dispose » en dos d'âne sur le bord même du trou. Il prend ensuite un pin dans le petit >> paquet ou dans le panier qu'il a déposé près de lui et le place le plus d'aplomb » qu'il est possible, de manière que les racines atteignent le fond du trou, et » que sa tige s'appuie contre le petit tas de terre qu'il a retiré. Alors, s'avan»çant d'un demi-pas, il donne en avant du trou quelques autres coups de pio» che, ramène la terre contre le jeune pin, en ayant soin que la plus meuble soit » immédiatement placée sur les racines, et après l'avoir ainsi couvert, il con» solide le tout en pressant avec le pied et plaçant dessus une pierre ou deux, » s'il y en a à sa portée. Lorsque la terre n'est pas trop endurcie, un ouvrier peut » planter jusqu'à 3 et 400 pins par jour. Il en forme des lignes ou rangées qu'il » dirige en allant de bas en haut, dans les terrains en pente. S'ils sont plu» sieurs ouvriers, chacun fait sa rangée et dispose ses pins en échiquier, par » rapport à ceux de son voisin. On laisse ordinairement un intervalle de 5, 6 ou » 7 pieds (1,62, 1,95 ou 2,27) entre les rangées et autant d'un pin à l'autre. » Cette distance pourrait, sans inconvénient, être portée jusqu'à 8 ou 9 pieds » (2,60 ou 2,92) dans les terrains un peu profonds où l'on prévoit que les pins » acquerront une certaine grosseur. »

Ces plantations s'exécutent depuis le mois de novembre jusqu'au mois d'avril, quand le temps le permet; ainsi, malgré ce que prescrivent tant d'auteurs, de simples paysans, qui ont adopté ce mode de culture, plantent le pin sylvestre l'automne aussi bien que le printemps. L'usage de placer une pierre au pied du jeune pin me paraît fort bon, surtout pour de tels terrains; car la terre se maintient fraîche sous les pierres, ce dont on pourra s'assurer en regardant sous de grosses pierres, pendant les sécheresses. Il en coûte 6 à 7 fr. pour faire planter un millier de plants par un ouvrier qui se charge de fournir le plant.

Ce qui est relatif à l'exploitation et à l'aménagement des pinières, dans les environs du Puy, devrait être classé dans l'article qui va suivre; mais je crois qu'il sera plus commode, pour mes lecteurs, que je complète ici ce que j'ai à dire sur la culture exceptionnelle des pinières en taillis, pour en obtenir du bois de chauffage et de la litière.

Si l'on abandonnait à la nature les pinières que l'on a créées, ainsi que je viens de le dire, sur de mauvais terrains, dont le sous-sol, placé près de la superficie,

est souvent une roche impénétrable aux racines du pin, ces arbres cesseraient de s'élever lorsqu'ils auraient atteint une hauteur de 2,60 à 3,25. « Com» bien de fois, dit M. Bertrand de Doue, ai-je épargné les pieds les plus re>> marquables par leur belle venue, pour les voir, peu de temps après, diminuer » de vigueur et perdre entièrement leur jet avant qu'ils eussent atteint 15 pieds » (4,87) de hauteur? » Non loin de ces chétives pinières, on remarque de magnifiques futaies de pins sylvestres, mais sur des terrains plus substantiels et plus profonds. Il faudrait couper les pins cultivés sur ces mauvaises terres, lorsqu'ils cesseraient de croître, si l'on suivait les méthodes généralement adoptées, et l'on ne se procurerait ainsi qu'un bien mince revenu : la méthode que l'on suit est fort différente et procure un revenu plus élevé.

Lorsque la pinière a 10 à 12 ans de plantation, les pins ont 1,95 à 2,60 de haut et sont dans leur plus grande vigueur; on rabat alors leur tige à une hauteur de 0,50 à 0,65 du sol, c'est-à-dire au dessus des deux premières couronnes de branches; on appelle cette opération le dépointage. Au bout de 4 à 5 ans, on commence la première coupe et l'on répète ces coupes tous les 4 ou 5 ans. On supprime, à chaque coupe, les branches les plus fortes, celles surtout qui ont pris une direction verticale; on ménage au contraire les branches qui sont faibles et basses, particulièrement lorsqu'elles ont de la tendance à prendre la direction verticale. On ne coupe les branches du bas de l'arbre que successivement et à mesure qu'elles acquièrent une certaine grosseur. On augmente le nombre des branches bifurquées à mesure que les souches prennent de l'accroissement, afin d'élargir la tête de l'arbre. On maintient ainsi, et c'est le but qu'on doit se proposer d'atteindre, l'équilibre nécessaire entre les branches feuillues ou nourrices et les parties ligneuses qu'elles ont à alimenter.

L'exploitation de la pinière étant conduite, ainsi que je viens de l'indiquer, les pins n'emploieront pas moins de 50 à 60 ans pour atteindre leur maximum de hauteur, qui ne dépasse guère 1,95 ou 2,27. Ils donnent de bons produits jusqu'à 70, 80 et même 100 ans. On déracine les souches lorsque, par suite de l'âge ou de quelques fautes graves dans la taille, elles cessent de donner de bons produits, et l'on choisit pour les remplacer les plants les meilleurs et le mieux placés, parmi le recrû qui les entoure; on obtient par hectare et par chaque coupe quinquennale, dans les meilleures de ces pinières, où les terres ont un peu de fond, 13 à 1,500 fagots, liés avec deux liens de seigle; sur les plus mauvaises, 350 à 400, sur celles qui sont entre deux, 750 à 850; ces fagots se vendent 12 à 16 fr. le cent, pris sur place. Telle est la méthode d'exploitation et d'aménagement que l'instinct ou le hasard a suggérée aux cultivateurs des environs du Puy, pour tirer parti, par la culture du pin sylvestre, de ces terrains qui avaient été jusqu'alors, pour ainsi dire, improductifs.

J'ai parlé, page 157, des différences que présente la végétation du pin sylvestre dans les diverses parties de l'arrondissement de Tournon, département de l'Ardèche. On y cultive le pin sylvestre en taillis, sur les plus mauvais terrains, dans la partie de cet arrondissement qui se trouve entre les montagnes et la vallée du

Rhône; l'on se procure ainsi, en même temps, des fagots et de menu branchage pour servir de litière; ce dernier produit y est si important, que les terres consacrées à cette culture donnent un revenu plus élevé que celles qui portent toute autre espèce de bois et un revenu aussi élevé qu'une terre à froment. Je n'ai point obtenu autant de renseignemens sur cette culture que j'en ai donné sur celle des pinières des environs du Puy, avec laquelle elle a tant de ressemblance; mais je sais que, dans l'arrondissement de Tournon, on rabat aussi la tige des pins, qu'on en coupe aussi les branches tous les quatre ou cinq ans, et la taille doit être la même, sans quoi ces pinières périraient bientôt. Je ne sache pas que ce mode d'exploitation se pratique ailleurs que dans ces deux endroits, et pourtant il pourrait certainement être adopté avec avantage dans beaucoup d'autres lieux, tels, par exemple, je crois, que la Champagne Pouilleuse, où l'on a, depuis plus d'un siècle, commencé la culture du pin sylvestre, sur des terrains excessivement mauvais.

Tous les terrains de peu de profondeur ne sont d'ailleurs pas propres à la culture du pin sylvestre en taillis, quelle que soit la nature du sous-sol. Je vis, chez M. Descolombiers, en 1842, dans sa terre de Pontlung (Allier), près de son château, des pins sylvestres âgés de 18 ans; ils avaient été plantés sur un sable substantiel et avaient eu une très-belle végétation pendant les premières années, mais leurs têtes, entièrement mortes alors, avaient commencé à se dessécher dès leur dixième année. Cet accident tenait sans doute à ce que l'on trouvait à 0o,20 du sol un sous-sol impénétrable aux racines, qui était une sorte de tuf composé de sable mêlé d'oxide de fer; je présume que les racines pourrissaient lorsqu'elles étaient parvenues à ce tuf, sans quoi la tête des pius n'aurait pas péri: il serait seulement arrivé, comme dans les terrains dont je viens de parler, où l'on exploite le pin sylvestre en taillis, que la croissance en hauteur se serait arrêtée et que les pins seraient devenus rabougris. Il me paraîtrait d'ailleurs intéressant d'essayer la culture en taillis sur ce terrain; elle pourrait peut-être y réussir, du moins pendant un certain nombre d'années, car en rabattant le tronc on empêche les racines et surtout le pivot de s'enfoncer aussi profondément. Des pins laricio, des pins Weymouth et des sapins picéas, qui se trouvaient mêlés avec les pins sylvestres, avaient éprouvé le même accident; les pins laricio avaient été atteints les premiers, ce qui devait être puisqu'ils ont un pivot encore plus prononcé que le pin sylvestre.

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Les généralités qui se

VIII. AMÉNAGEMENT, EXPLOItation et reproduction. trouvent au commencement de l'article VIII du chapitre II sur les chemins d'exploitation dans les futaies de sapins argentés, sur les allées devant les habitations, sur l'assainissement du terrain, sur le nettoiement des sapinières, sur l'estimation et sur le mesurage des sapins sur pied, sur le temps le plus favorable pour l'abattage des sapins, et sur le mode de vente dans les sapinières; ces généralités s'appliquent en très-grande partie aux futaies des arbres dont je m'occupe spécialement dans ce Traité. La description que je fais, dans ce même

article, des cinq modes d'exploitation que l'on peut employer pour les futaies de sapins argentés, et des soins relatifs à l'aménagement et à la reproduction qui doivent les accompagner, s'applique au pin sylvestre, sauf d'importantes modifications que je vais indiquer : je supposerai qu'on a lu cet article.

Le pin sylvestre peut rester plusieurs mois dans son écorce, après qu'il a été abattu, sans en éprouver de dommage, et il est utile qu'il y reste quelques semaines; j'en ai laissé pendant quatre mois, du 10 décembre au 10 avril, qui ne s'était point échauffé et qui commençait seulement alors à être légèrement piqué des vers, ce qui n'a aucun inconvénient; néanmoins on doit l'équarrir plus tôt, dans la crainte des bostriches qui s'établissent de préférence entre l'écorce et le bois des pins abattus depuis quelque temps.

On peut exploiter les futaies de pins sylvestres en jardinant comme celles de sapins, et c'est encore le mode qui est le plus usité en Allemagne et en Écosse dans les forêts naturelles. Ce mode d'exploitation ne présente pas autant d'avantage pour le pin sylvestre que pour les sapins, parce que ce pin ne supporte pas de croître aussi serré. Une futaie de pins sylvestres que l'on exploite en jardinant ne peut donc contenir autant d'arbres qu'une futaie de sapins et ne peut donner le même revenu. Si l'on fait des élagages, qui sont d'ailleurs moins nuisibles aux pins sylvestres qu'aux sapins, ils doivent être exécutés rez du tronc (Voy. p. 74).

L'exploitation par la méthode mixte ne me paraît pas convenir pour les futaies de pin sylvestre, parce que cet arbre ne pouvant croître aussi serré que les sapins, le repeuplement ne serait pas successif, comme dans l'exploitation en jardinant; il ne se ferait qu'après l'abattage de tous les arbres ayant plus de 0,54 de circonférence à 1,30 au dessus du sol; il y aurait perte de temps dans le repeuplement et par suite dans le revenu.

L'exploitation par coupes rases peut être employée avec d'autant plus de succès et d'économie, pour les futaies de pin sylvestre, que les semis de cet arbre réussissent très-facilement. Ainsi, on peut déraciner tous les arbres, mettre la terre en culture par des labours, lui demander même quelques récoltes de céréales et y semer ensuite de la graine de pin sylvestre; on peut se contenter d'abattre les arbres à la hache et semer dans des potets; on peut enfin employer la plantation : j'ai indiqué, dans l'article précédent, ce qu'il y a à faire dans ces trois cas. Dans le Maine et dans l'Orléanais, on fait des coupes rases des futaies de pins sylvestres et de pins maritimes et l'on repeuple par le semis sur labour.

Le mode d'exploitation par coupes rases par bandes étroites, peut être employé avec succès pour les futaies de pin sylvestre. Lorsqu'une futaie a atteint l'âge d'être exploitée, on attend qu'une année d'abondance de cônes se présente et elle est annoncée par l'apparition des jeunes cônes 21 mois avant que ces cônes ne laissent échapper leurs graines. On exécute alors la coupe d'ensemencement, et si le plant de semis naturel ne garnit pas suffisamment le terrain, on y supplée par le semis dans des potets ou par la plantation. Au bout de trois ans on abat les bandes qui avaient été réservées; si l'on attendait plus longtemps, on cause

rait un grand dommage au recru qui devient cassant quand il a plus de 3 ans. Il me reste à parler de l'exploitation par éclaircies. Les forestiers allemands, qui ont été les premiers à employer ce mode d'exploitation, tombent d'accord que dans les futaies de pins sylvestres on ne doit faire que deux coupes : la coupe d'ensemencement et la coupe définitive; mais ils diffèrent d'opinion relativement au nombre d'arbres que l'on doit abattre dans la première de ces coupes. J'emprunterai ce que je vais dire à Cotta, qui me paraît avoir bien résumé, page 75 de son Traité de culture forestière, ce qui concerne l'application de ce mode d'exploitation au pin sylvestre.

On a plus de chances de réussir en appliquant l'exploitation par éclaircies aux futaies de pins sylvestres qu'en l'appliquant aux futaies de sapins, parce que les années d'abondance du pin sylvestre sont plus fréquentes que celles des sapins, qu'elles s'annoncent clairement 21 mois d'avance, que les graines de ce pin lèvent plus facilement et que cet arbre résiste mieux aux vents que les sapins; les vents lui cassent plus souvent des branches, mais ils ne le renversent pour ainsi dire jamais.

La coupe d'ensemencement sera exécutée pendant le temps qui s'écoulera depuis le moment où l'on aura pu distinguer les cônes qui annoncent une année d'abondance, jusqu'au moment où tomberont les graines qu'ils contiennent; et comme le semis et le plant de pin sylvestre n'ont pas besoin d'ombrage, et qu'un trop fort ombrage leur serait très-nuisible, on réservera seulement 30 à 60 pins par hectare selon les circonstances. Avant de commencer l'exploitation on préparera la coupe, s'il est nécessaire, ainsi qu'il a été dit page 90. Il sera toujours avantageux de déraciner les pins, parce que les emplacemens où ils se trouvaient sont alors parfaitement préparés pour qu'il y lève du semis naturel; et cela présentera aussi de l'avantage sous le rapport pécuniaire, à moins que le bois ne soit à très-bas prix. On abattra les arbres qu'on avait réservés et on les enlèvera pendant les trois années qui suivront la coupe d'ensemencement, parce que si l'on attendait plus longtemps, on causerait en enlevant ces arbres un grand dommage au jeune recru, car il devient cassant quant il a dépassé 3 ans, loin d'être flexible comme le plant de sapins. Cotta s'exprime d'ailleurs ainsi qu'il suit, dans le passage auquel j'ai emprunté ce qui précède : « La certitude d'avoir de bonne semence et l'économie dans les » frais, sont à mes yeux les seuls motifs en faveur des coupes d'ensemencement; » et j'avoue que je préférerais en général pour cette essence les coupes à blanc»étoc, si chaque année j'étais sûr de pouvoir me procurer de bonne semence. »> Relativement à ce que j'ai dit, d'après Hartig, pages 92 et 95, qu'il était avantageux d'exploiter les futaies de sapins argentés pendant que la neige couvre la terre, ce qui serait applicable à celles de pins sylvestres, mais que cela arrive rarement et pour peu de temps seulement sous le climat de Paris, je dois ajouter ce qui suit, qui a été oublié. Dans le Nord une neige abondante couvre la terre pendant plusieurs mois, elle a toujours une certaine épaisseur, et elle est toujours durcie par un froid rigoureux; sous le climat de Paris, il tombe rarement

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