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neux coniferes. Je vais donner cette description et je reproduis les dessins du fourneau réduits à l'échelle de 3 lignes pour pied ; je conserverai les mesures anciennes que j'employai alors pour faire ces dessins.

L'élévation et les trois coupes ci-jointes, avec les explications qui vont suivre, font connaître la forme et les dimensions du fourneau assez exactement pour que l'on puisse en faire construire un semblable. Ce fourneau est construit en briques jointes avec du mortier de terre argileuse; les bases des foyers A et B, ainsi que celle du four C, sont formées par des briques mises à plat. Les cloisons qui séparent les foyers du four sont faites avec des briques, posées de champ, qui ont 3 pouces d'épaisseur. La base du four a une pente de 8 pouces du devant au derrière et est formée par deux plans inclinés qui aboutissent à une rigole de 2 pouces de large et 2 pouces et 1/2 de profondeur, dans laquelle le goudron coule et est conduit hors du four. A l'extrémité de cette rigole on adapte un tuyau en bois, long de 10 pieds, dans lequel se trouve un petit trou par dessous et à 2 pouces du derrière du four; c'est par ce petit trou que coule le goudron, et, de l'extrémité du tuyau, il en sort aussi, qui était à l'état gazeux et qui s'est condensé. Les quatre soupiraux que l'on voit dans la coupe RS, pratiqués dans les murs des foyers, sont destinés à produire un courant d'air et à laisser échapper la fumée; ils ont 6 pouces sur 4; c'est par ceux qui se trouvent dans le mur de derrière que l'on allume le feu, on les bouche à demi lorsque le feu est bien allumé. La voûte et les murs de côté ont un pied d'épaisseur; on élève de la terre contre ces derniers murs pour empêcher le dégagement du calorique. Après chaque cuisson on visite avec soin l'intérieur des deux foyers et du four, et l'on rebouche avec de la terre argileuse les trous et les gerçures qui se seraient formés dans les murs et dans les cloisons. Le fourneau dont je donne les dessins avait coûté environ 100 fr., tant pour l'achat des matériaux que pour la main-d'œuvre; il durait environ six ans, en y faisant de légères réparations.

Le bois du pin sylvestre est le seul que l'on emploie, en Bavière, pour en extraire du goudron; celui du picéa ne produirait qu'un goudron très-épais qui ne serait propre qu'à faire de la poix. Les vieilles racines qui se sont en partie pourries en terre produisent la plus grande quantité de goudron et le meilleur; le bois près de l'écorce, les nœuds et les branches sont ensuite reconnus plus abondans en résine que les autres parties de l'arbre. Les ouvriers arrachent les racines et préparent le bois au fur et à mesure qu'ils en ont besoin; on coupe le bois en morceaux de 18 pouces de long sur 2 pouces d'équarrissage, les racines se coupent en plus petits morceaux, et l'on a soin d'ôter toutes les parties pourries; on choisit, en fendant le bois, toutes les parties résineuses que l'expérience apprend bientôt à distinguer.

Avant de charger le four, on en balaie le fond et l'on y jette de l'eau pour en faire sortir le charbon qui pourrait s'y trouver; on place ensuite sur la rigole, et dans le sens de sa longueur, des lattes élevées et soutenues par des traverses, afin que le goudron puisse y arriver facilement de chaque côté. Le bois se place debout, sur autant de rangs que le permet la hauteur du four, et serré de ma

nière qu'il en entre le plus possible; les morceaux noueux et ceux qui sont difficiles à fendre se mettent au haut, dans la partie voûtée, où la chaleur est la plus forte; on remplit les trous et l'on achève de charger avec les petits morceaux et les racines. Le four, étant bien rempli, contient 950 à 1,000 livres de bois; on en rebouche les portes avec des briques et de la terre glaise; on place le tuyau et les tonueaux ou vases destinés à recevoir le goudron.

Tout ayant été préparé ainsi que je viens de le dire, on met dans les foyers des copeaux bien secs et le bois qui ne se serait pas complètement carbonisé dans l'opération précédente; on allume le feu par les soupiraux; quand il est bien pris, on l'alimente avec des bûches, de manière à ce que le four soit également chauffé dans toute sa longueur, et l'on bouche en partie les soupiraux. On pousse le feu vivement pendant les douze premières heures, c'est-àdire jusqu'à ce que le goudron commence à couler; on diminue ensuite successivement le feu, jusqu'à ce qu'il cesse de couler, et alors on ferme hermétiquement, avec de la terre argileuse, l'extrémité de la rigole pour empêcher le charbon de s'enflammer; on n'ouvre le four que 48 heures plus tard et pas plus tôt, dans la crainte que le charbon ne s'enflamme.

On allume ordinairement le feu vers six heures du soir; le goudron commence à couler le lendemain vers six heures du matin; depuis dix heures jusqu'à deux heures, il coule abondamment; l'écoulement diminue ensuite successivement, jusqu'à six heures du soir, qu'il cesse ordinairement. On brûle environ 600 livres de bois dans les deux foyers pour cette opération. Le goudron qui coule au commencement de l'opération est d'une qualité inférieure à celui qui coule vers le milieu on est dans l'usage de les mêler; celui qui coule vers la fin est de mauvaise qualité, il est plus épais et plus noir; on le met à part pour en faire de la poix noire lorsqu'on en a 200 livres. Pour faire la poix, il suffit de chauffer ce goudron à petit feu pendant trois heures, en le remuant continuellement.

Les dépenses et les recettes d'une opération étaient alors évaluées ainsi qu'il suit:

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Six journées pour arracher les racines, couper et fendre le bois, charger le four et conduire l'opération, à 2 fr. l'une. 12 Reconstruction d'un four tous les six ans; par chaque

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IX. ACCIDENS, MALADIES, ANIMAUX NUISIBLES.

Ce que j'ai dit, dans le chapitre II, article X, des accidens et des maladies auquel le sapin argenté est sujet, s'applique au pin sylvestre, sauf quelques modifications que je vais indiquer.

Les gelées tardives ne m'ont paru causer aucun dommage au pin sylvestre, du moins sous le climat de Paris.

Les auteurs qui se sont occupés du pin sylvestre tombent d'accord qu'il est plus solidement enraciné que les sapins, surtout que le picéa, et par conséquent moins exposé à être renversé par les vents; néanmoins, les grands vents lui sont plus nuisibles qu'à ces arbres, parce qu'ils lui brisent quelquefois des branches et même le tronc, surtout quand il est isolé; la neige et le givre lui causent aussi plus de dommages par la même raison.

Le dommage que peuvent causer les quadrupèdes et les oiseaux dans les pinières de pins sylvestres est absolument semblable à celui qu'ils peuvent causer dans les sapinières. Les lapins le broûtent moins que le sapin picéa, mais plus que le sapin argenté; les moutons le broûtent très-volontiers et s'en trouvent bien, dit-on.

Je renvoie à ce que j'ai dit, chapitre II, article X, des moyens de diminuer ou de prévenir les ravages des insectes, et je vais indiquer ceux qui sont particulièrement nuisibles au pin sylvestre.

La larve du hanneton peut causer absolument les mêmes dégâts dans les jeunes plantations de pins sylvestres que dans celles de sapins. Des insectes de la famille des bostriches peuvent nuire au pin sylvestre de la même manière qu'aux sapins, c'est-à-dire en formant des galeries entre l'écorce de l'arbre et le bois, les faire périr ainsi et même détruire des forêts entières lorsque leur multiplication est prodigieuse. J'ai indiqué, page 115, les moyens, sinon de les détruire, du moins d'en diminuer le nombre. D'autres bostriches se nourrissent de la moelle des pousses des jeunes arbres. D'autres enfin mangent les pousses des jeunes arbres, ainsi que je l'ai vu de mes yeux, et pourtant les auteurs, tels que Ratzeburg, qui se sont occupés des insectes nuisibles aux arbres résineux, n'ont point parlé de ce dernier insecte. Des chenilles, auxquelles des papillons (des lépidoptères) ou des mouches (tenthrèdes et sirex) ont donné naissance, peuvent manger les feuilles, faire mourir ainsi des arbres et même détruire des forêts entières si leur multiplication devient prodigieuse.

Ratzeburg indique (1), comme causant le plus habituellement des ravages dans les forêts de pins sylvestres du nord de l'Allemagne, le scolyte des pins, Hylesinus piniperda; le bostriche sténographe, Bostrichus stenographus; la petite tenthrède du pin, Tenthredo pini; la fileuse du pin, Phalana bombyx pini, qui ne vit que des feuilles du pin sylvestre, n'attaque ordinairement que ceux qui ont dépassé 60 ans et cause quelquefois de très-grands ravages; la nonne, Phalana bombyx monaca, qui se nourrit de préférence des feuilles du picéa, mais qui

(1) Les hylophthires et leurs ennemis, p. 76 et 159.

mange aussi celles du pin sylvestre et même celles de plusieurs espèces de bois feuillus; la noctuelle, Phalana noctua piniperda, et l'arpenteuse du pin, Phalana geometra piniaria.

Je n'ai observé chez moi que deux insectes nuisibles au pin sylvestre, et c'étaient deux bostriches: l'un, que je n'ai pas trouvé, mangeait la moelle des pousses; l'autre, de couleur brune, mangeait à même, et je ne l'ai trouvé que sur des pins âgés au plus de 15 ans. Ces sortes d'observations exigent d'ailleurs un soin tout particulier; ainsi, par exemple, on croira au premier aperçu qu'un insecte qu'on n'a remarqué que sur de très-jeunes arbres n'attaque point ceux qui sont beaucoup plus âgés, parce qu'on ne l'a pas vu sur les feuilles des branches inférieures, mais si l'on eût observé les branches de la cime de l'arbre, dont les feuilles ont le plus d'analogie avec celles des très-jeunes arbres, on l'y aurait peut-être trouvé,

CHAPITRE V.

PIN MARITIME, Pinus maritima.

1. NOMS DE L'ESPÈCE.-Pinus maritima LAMARK (1). On l'appelle aussi GRAND PIN maritime, Petit pin maritime, Pin a trochets, Pin de Bordeaux, Pin des Landes DE BORDEAUX, PIN DU MAINE.

Linné n'a point parlé du pin maritime, quoi qu'en ait dit Decandolle, ainsi que je l'ai fait voir page 8. J'adopte le nom de Pin maritime, parce que ce pin croît de préférence dans le voisinage de la mer, et que ce nom est le plus répandu et le plus généralement adopté par les praticiens et par les botanistes (2). On voit que, selon moi, les dénominations Grand pin maritime et Petit pin maritime, données à des arbres qui présentent les mêmes caractères botaniques, ne sont relatives qu'à leur dimension; ainsi, la première pourrait s'appliquer à cet arbre dans les landes de Bordeaux et en Corse, la seconde au même arbre dans le Maine et dans l'Orléanais. L'expression Pin à trochets exprime une anomalie qui se remarque sur quelques sujets. Les autres noms sont ceux de lieux où le pin maritime est commun.

II. BOUTONS ET SÈVE.--Le pin maritime n'a que des boutons à bois, qui contiennent en même temps le rudiment des feuilles et des fleurs; du moins bois, feuilles, fleurs, tout part des mêmes boutons.

Cet arbre n'a qu'une seule sève, qui commence ordinairement, sous le climat de Paris, dans les dix derniers jours du mois de mars, par le bouton qui se trouve dans le prolongement de la flèche de l'année précédente, et s'arrête, en ce qui concerne la longueur des pousses, au bout de deux mois et demi à trois

(1) Flore française, t. II, p. 201.

(2) Je sais que Lambert, dans l'ouvrage intitulé-A Description of the genus Pinus, donne le nom de Pinus maritima à un pin qui, par les dessins qu'il en donne et la description qu'il en fait, est évidemment le pin d'Alep, et qu'il a adopté, ainsi que Loudon dans l'Arboretum et fruticetum britannicum, le nom de Pinus pinaster, d'après Aiton, pour le pin dont je vais m'occuper dans ce chapitre; mais ce nom, inconnu des praticiens, n'a point été adopté par les botanistes: on a vu, page 6, que le nom de Pinaster a été donné à différentes espèces de pins par différens auteurs.

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