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placé; cet accroissement, qui est ordinairement plus lent que celui du plant de pépinière, peut l'égaler pourtant et même le dépasser dans des circonstances de tout point favorables, à cause du retard que la transplantation fait éprouver au plant dans les pépinières. La graine lève irrégulièrement selon l'époque à laquelle elle est tombée et la situation où elle s'est trouvée. J'ai dit, dans l'article précédent, que le plant de pin maritime ne supporte point l'ombrage, comme celui des sapins, et qu'il périt bientôt s'il est trop ombragé; mais il réussit très-bien sans ombrage, même dans l'année de sa naissance, et je présume que l'ombrage lui est toujours nuisible, du moins sous le climat de Paris.

Le plant de pin maritime pousse plus promptement, pendant les premières années, que celui de pin sylvestre, de pin laricio et de pin du lord Weymouth. J'ai remarqué quelquefois, pendant des années privilégiées, lorsqu'il a dépassé 12 ans, des flèches de 0,94; mais je ne puis indiquer quelle est la longueur moyenne de la flèche, pendant les années où l'arbre conserve une végétation très-active. M. Vétillart, en comparant, page 32 de son mémoire, une pinière mal tenue, âgée de 7 ans, à ses pinières et à celles de M. Bérard, faites à peu près à la même époque, dit que les pousses ont, dans ces dernières pinières, 1 pied et 1/2 à 2 pieds (0,49 à 0m,65) de longueur.

Le pin maritime a une racine pivotante qui s'enfonce à une grande profondeur dans les terres facilement pénétrables, d'autres racines latérales moins grosses et peu de chevelu; par suite de cette disposition de ses racines et de ce qu'il est chargé de branches vers la tête, pendant ses premières années, il est alors sujet à être ébranlé et penché par les vents lorsqu'il croît isolé; car, plus tard, le vent le brise plutôt que de le renverser.

Lorsque le pin maritime croît en futaie à l'état serré, son tronc est droit et dépouillé de branches jusqu'aux deux tiers environ de la hauteur de l'arbre; il conserve alors une flèche et des étages réguliers de branches, tant que, n'approchant point de sa maturité, il a une végétation active. Lorsqu'il croît isolé, il est exposé, ainsi que je viens de le dire, à être ébranlé et penché par les vents; il ne périt pourtant point ordinairement, étant nourri par son long pivot, et il finit par se raffermir, mais il reste penché, courbé ou tortu. J'ai une allée qui borde mon parc, au couchant, dans laquelle 28 pins maritimes sont mêlés avec des sapins argentés, des picéas, des pins sylvestres, des pins du lord Weymouth et des pins laricio; 21 de ces pins maritimes ont été plantés en 1787-1788, les 7 autres antérieurement à cette époque; il n'y a que 4 de ces arbres qui soient droits, encore pas parfaitement, les autres sont courbes, tortus, crochus, et il y en a qui affectent les formes les plus bizarres. Le pin maritime, quoiqu'il ait crû isolé, perd successivement toutes ses branches inférieures, qui meurent et tombent; il ne conserve que celles de la partie supérieure de l'arbre, qui prennent dans leur ensemble une forme arrondie ainsi, qu'il croisse isolé ou à l'état serré, son tronc se dépouille également de branches, mais à une moindre hauteur dans le premier cas.

Si l'on brise le tronc d'un pin maritime dans sa jeunesse, une ou deux des branches de l'étage immédiatement inférieur continuent le tronc; si l'arbre approche de sa maturité ou que la brisure soit trop loin de la tête, il reste mutilé; si la brisure est trop rapprochée du sol ou que l'arbre ait conservé trop peu de feuilles et de bourgeons, il périt.

L'écorce du pin maritime est persistante et très-épaisse; lorsque l'arbre a dépassé les premières années, elle s'accroît tous les ans, ainsi que le bois, d'une couche ligneuse, et comme elle n'est point élastique, elle est obligée de se fendre; de là résultent les nombreuses fissures irrégulières que présente l'écorce du tronc d'un vieux pin maritime : cette écorce, qui est d'abord grise dans les jeunes pins, devient ensuite brune.

Les branches du pin maritime sont disposées par étages et au nombre de cinq à six par chaque étage; elles sont érigées dans les jeunes pins et vers le sommet des pins, tant qu'ils ont une flèche, c'est-à-dire tant qu'ils sont dans la période d'accroissement; les branches qui sont plus âgées, et par conséquent plus rapprochées du sol, s'abaissent jusqu'à devenir presque horizontales, mais elles se redressent à leur extrémité et ne pendent jamais comme celles du pin sylvestre.

Les massifs de pins maritimes, moins sombres que ceux de pins sylvestres, sont d'un vert terne, peu agréable selon moi. Quant à l'arbre isolé, lorsqu'il a atteint toutes les dimensions dont il est susceptible, ce qui n'arrive que dans les climats et dans les situations qui lui conviennent parfaitement, comme par exemple sur les dunes des landes de Bordeaux, il a ce genre de beauté qui résulte de la surprise que cause son aspect. Car il semble qu'avec cette masse de branches garnies de feuilles qui se trouvent à la partie supérieure de son tronc, il devrait être renversé par les vents; mais ses racines, qui pénètrent à une grande profondeur, le maintiennent; les vents le briseraient plutôt que de le déraciner. Chez moi, quoique ceux qui ont atteint leur maturité ne dépassent pas 16m,30 de haut, ils me font éprouver ce sentiment quand je les regarde pendant la tempête; le plus gros, qui est en même temps le plus haut, a eu la tête brisée par un coup de vent.

L'accroissement du pin maritime sous le climat de Paris est fort irrégulier. Des 28 pins maritimes dont j'ai parlé ci-dessus, qui avaient été plantés en même temps, qui étaient âgés de 62 ans au moins à l'automne de 1843, et qui me paraissaient avoir atteint leur maturité, le plus gros avait 16,30 de haut; et 0,76 de diamètre y compris l'écorce, qui occupait 0,10, ainsi il avait eu un accroissement annuel de 0,012; le moins gros n'avait que 0,35 de diamètre, et 10,70 de haut: ces pins étaient dans un terrain silico-argileux où le chêne réussit bien. J'ai remarqué la même irrégularité dans la végétation des arbres provenant de semis.

Il y a dans cette plantation attenant à mon parc, dont j'ai déjà parlé (Voy. p. 124, 127 et 158), 12 pins maritimes qui ont été plantés en 1803-1804, en même temps que les picéas et les pins sylvestres qui s'y trouvent, et dont j'évalue l'âge

à 44 ans; le plus gros de ces pins avait, à l'automne de 1843, 055 de diamètre v compris l'écorce, et 11,70 de haut; ainsi il avait eu un accroissement annuel de 0,012; le moins gros n'avait que 0,24 de diamètre et 10,40 de haut, ainsi il avait eu un accroissement annuel de 0,005. On peut comparer les dimensions de ces pins avec celles des pins sylvestres et des picéas qui ont crû a côté d'eux sur ce même terrain; mais il faut tenir compte de l'épaisseur de l'écorce du pin maritime, de ce que son tronc n'était pas droit, et de l'infériorité de son bois.

Il y avait à un quart de lieue de mon habitation des pins maritimes, plantés par mon grand père, qui n'avaient pas moins de 72 ans en 1837, lorsque mon beau-frère les fit abattre; ils se trouvaient sur un coteau exposé au midi en terrain silico-argileux où le chêne réussit bien. Ils avaient dépassé l'âge de leur maturité et étaient sains en apparence, cependant le bois de quelques-uns de ces pins était altéré; aucun d'eux n'était droit, parce qu'ils n'avaient pas été assez serrés; ils ne profitaient plus depuis bon nombre d'années. Le plus beau de ces pins avait 0,55 de diamètre et 14 mètres de haut; le plus petit avait des dimensions beaucoup moindres; je les ai perdues.

Les premiers semis de pin maritime dans la forêt de Fontainebleau ont été exécutés en 1785, en même temps que ceux de pin sylvestre, sur un sol de sable siliceux mêlé d'un peu d'humus, dans une épaisseur de 0", 20 à 0,25. Le tableau ci-joint fait connaître quelles étaient les dimensions de ces arbres à l'automne de 1843; le maximuni est la moyenne des dimensions de 10 des plus gros arbres, et la moyenne est la moyenne des dimensions de 20 arbres de grosseur moyenne (1).

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En comparant ces dimensions avec celles des pins sylvestres semés en même temps (Voy. p. 159), on trouve que le pin maritime a acquis un peu plus de volume que le pin sylvestre, mais il faut avoir égard à ce que l'écorce du pin maritime est plus grosse que celle du pin sylvestre; à ce que son tronc n'est jamais droit que quand il croît à l'état serré; à ce que son bois est bien inférieur à celui du pin sylvestre; et encore ne peut-on tirer aucune conséquence de cette

(1) Renseignemens communiqués par M. de Boisdhyver, inspecteur de la forêt de Fontainebleau,

comparaison, parce que les terrains sur lesquels a été exécutée cette culture sont évidemment meilleurs ou moins mauvais pour le pin maritime que pour le pin sylvestre.

Ce sont MM. de Boisdhyver et de Larminat qui, pendant qu'ils ont successivement administré la forêt de Compiègne, y ont introduit la majeure partie des bois résineux qui s'y trouvent aujourd'hui; avant eux il n'existait que trois petits massifs de pins maritimes qui avaient été semés par un planteur, en 1774 et 1775, au Mont-du-Tremble et à la Muette, sur un sable pur impropre à la culture des autres essences: le dépérissement de ces pins en détermina la coupe en 1838, c'est-à-dire lorsqu'ils avaient 69 et 70 ans; les plus élevés avaient alors environ 20 mètres de haut et étaient propres à faire du bois d'œuvre. Les pins maritimes semés il y a 12 ans dans le lieu dit Carendeau, dans un sable quartzeux, avaient, à l'automne.de 1843, en moyenne 0,34 de circonférence, et 5,70 de haut; les plus beaux avaient 0,40 de circonférence et 6,50 de haut (1).

Dans le Maine, sur ces sables arides où l'on ne peut cultiver aucune autre espèce d'arbres, le pin maritime acquiert sa maturité de 35 à 40 ans, et sur les terrains qui lui sont le plus favorables de 80 à 90 ans. Le petit nombre d'observations que j'ai pu faire à ce sujet dans la localité que j'habite, me fait croire que dans les terres qui lui conviennent le mieux et qui ne sont d'ailleurs point sablonneuses, il atteint sa maturité de 60 à 80 ans. Dans les dunes des landes de Bordeaux, il l'atteint de 80 à 100 ans.

Pour connaître les plus fortes dimensions auxquelles peut atteindre le pin maritime, il faut l'observer dans les pays d'où il est indigène et non loin des rivages de la mer, car c'est une situation qu'il paraît affectionner; il me paraît évident qu'il a été introduit par la culture sous le climat de Paris, où il a souvent tant à souffrir des hivers rigoureux et des gelées tardives dans ses premières années. On ne l'y cultive d'ailleurs en futaie, pour en tirer un revenu, que sur des terrains siliceux très-maigres, et qui ne sont quelquefois propres qu'à ce genre de culture. Dans les dunes des landes de Bordeaux, les pins maritimes qui ont acquis toutes les dimensions dont ils sont susceptibles, peuvent avoir jusqu'à 3 mètres de circonférence et jusqu'à 30 mètres de haut. On peut voir de ces arbres dans la forêt de la Teste, près du rivage de la baie d'Arcachon, qui ont 4 mètres et jusqu'à 5 mètres de circonférence, ce que l'on considère comme des cas exceptionnels. Les mêmes arbres n'acquièrent que des dimensions beaucoup moindres dans les plaines de ces landes. M. Vétillart, dans le mémoire précédemment cité, parle d'un voyage qu'il fit en Corse, par amour des plantations, et dit que les pins laricio et les pins maritimes y prennent un développement surprenant; il y a vu, dit-il, des pins maritimes de 12 à 17 pieds (3,89 à 5,52) de circonférence (probablement près du sol); ce sont là évidemment des dimensions exceptionnelles.

Quant aux dimensions auxquelles peuvent atteindre les pins maritimes sous

(1) Renseignemens communiqués par M. Poirson, inspecteur de la forêt de Compiègne.

le climat de Paris, on a vu que dans mon parc un pin maritime a 2,28 de circonférence et 16,30 de haut. A deux lieues de chez moi, dans le taillis où se trouve la jeune sapinière dont j'ai parlé page 24, il y a trois pins maritimes aussi âgés peut-être que les sapins qui ont donné naissance à cette sapinière, et l'un d'eux a 2 mètres de circonférence et 15 mètres de haut. M. Vétillart dit, page 5 de son mémoire : « Dans le Maine, le pin maritime atteint ordinairement 35 à 40 pieds (11,37 à 12,99) d'élévation, très-rarement il dépasse 50 pieds (16",24). » La grosseur du tronc varie beaucoup; il atteint ordinairement de 20 à 50 pouces » (0,54 à 1,35) de circonférence; on en voit de 2 pieds et demi (0,8) de dia» mètre dans les terres qui lui conviennent parfaitement, mais ils sont fort » rares. » Je rappellerai que M. Vétillart ne s'occupe dans ce mémoire que des pins maritimes du département de la Sarthe. Je tiens d'ailleurs de M. Vétillart et de M. Renard, qu'on en peut citer, comme cas exceptionnels, qui y parviennent à 26 mètres de haut du sol à la cime.

Loudon, à la fin de l'article Pinus pinaster de son Arboretum, t. IV, p. 2224, donne les dimensions de plusieurs pins maritimes situés dans les parcs de la Grande-Bretagne ; je vais reproduire ce qu'il dit de ceux de ces arbres qui avaient les plus belles dimensions (Voy. p. 38).

En Angleterre. A Fulham Palace, un pin maritime âgé de 150 ans a 80 pieds anglais (24 mètres) de haut, et son tronc un diamètre de 4 pieds (1", 20). - A Syon, il y a plusieurs de ces arbres de 60 pieds (18 mètres) de haut.-A Carclew, 82 pieds (24,60) de haut, son tronc un diamètre de 3 pieds 6 pouces (1,05). A Barwood Park, 50 pieds (15 mètres) de haut, son tronc un diamètre de 4 pieds 6 pouces (1,35). --A Southend, planté il y a 40 ans, 60 pieds (18 mètres) de haut, son tronc un diamètre de 3 pieds (0m,90).--A Croome, planté il y a 70 ans, 90 pieds (27 mètres) de haut, son tronc un diamètre de 2 pieds 6 pouces (0,75). En Écosse. A Brahan Castle, un pin maritime a 35 pieds (10,50) de haut, et son tronc un diamètre de 1 pied 6 pouces (0,45). — En Irlande. A Woodstock, un pin maritime, planté il y a 80 ans, a 72 pieds (21,60) de haut, et son tronc un diamètre de 2 pieds 9 pouces (0,82).

VI. CLIMAT, EXPOSITION, TERRAIN. --Le pin maritime est indigène des parties méridionales de la France; il est abondant et croît spontanément dans les landes de Bordeaux, dans la Provence et dans la Corse. Le capitaine S. E. Cook l'a trouvé (1) dans les montagnes de Guadarrama, en Espagne, formant une zone au dessous du pin sylvestre; Quer en parle d'ailleurs dans sa Flora espagnola. Savi, dans sa Flora pisana, parle de l'arbre dont je m'occupe dans ce chapitre en le désignant sous le nom de pin laricio, et Santi, dans son Viaggio terzo per la Toscana, en parle aussi sous le même nom (Voy. chap. VI, art. 1). Il paraît que le pin maritime ne se trouve point dans le royaume de Naples, car Tenore n'en parle point dans sa Flora napolitana. On l'a trouvé sur plusieurs points de l'Algérie, particuliè

(1) Annals of natural history, t. II, p. 163, année 1839.

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