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rement dans la grande forêt de l'Eydough, non loin de Bone. Le pin maritime a été introduit par la culture dans les provinces occidentales et centrales de la France, particulièrement dans les parties sablonneuses du Maine et de l'Orléanais, où il y en a de nombreuses futaies. Son introduction dans la première de ces provinces date de loin; elle est beaucoup moins ancienne dans la seconde.

Malesherbes dit, dans ses Observations sur les pins en général et en particulier sur le pin maritime, déjà citées (Voy. p. 142) : « Il y a peu de bois dans la Sologne et » ils y sont de la plus mauvaise qualité. Cependant c'est en Sologne que M. Bou» tin a imaginé de semer du pin maritime, qui y était inconnu avant lui, » dans une terre qu'il avait près d'Orléans, nommée la Source, et il y a si » bien réussi, qu'aujourd'hui l'exploitation de ces bois est un bon revenu pour » M. de Montaudoin, à qui il a vendu sa terre. M. de Boisgibault a une terre voi» sine, où il a pareillement semé un bois de pin à l'imitation de M. Boutin. Peut» être, de proche en proche, la Sologne entière se serait boisée en pins, si le » malheur arrivé dans l'hiver de 1788 à 1789 n'avait point mis obstacle au pro» grès de cette culture. » Cet auteur donne ensuite des renseignemens précis et très-intéressans sur l'aptitude du pin maritime à supporter les hivers des provinces centrales de la France. « Dans les provinces de l'intérieur de la France, » dit-il, le pin maritime supporte le froid de nos hivers, même des froids très>> rigoureux, puisqu'il a résisté, sans avoir éprouvé aucun échec, à l'hiver de » 1775 à 1776. Il faut donc, pour qu'il périsse, un degré de froid pareil à celui de » 1788 à 1789. Dans mon pays (en Gâtinais), presque tous les pins maritimes ont » été fortement attaqués par l'hiver de 1789; la plus grande quantité des vieux >> arbres a péri, quelques-uns vivent encore, mais paraissent languissans; quelques >> autres, mais en petit nombre, ont peu souffert. A l'égard des jeunes pins ma>> ritimes, le plus grand nombre a péri, excepté les plus petits, que la neige avait >> entièrement couverts avant la forte gelée. » Malesherbes émet le vœu que la Société royale s'informe de l'effet qu'a produit le terrible hiver de 1789 sur les pins maritimes du Maine, des côtes de Bretagne et même des landes de Bordeaux; j'ignore si ce vou, émis en 1792, a été accompli.

M. G. Gand dit (1) qu'on a fait des semis assez considérables de pin maritime en Alsace, dans la vallée de Munster et dans la plaine de l'Ochsenfeld, et qu'il réussit bien dans les parties chaudes et abritées de cette province et de la Lorraine, mais que le rude hiver de 1829 à 1830 leur a fait le plus grand mal; je doute, en effet, qu'on puisse le cultiver avec succès dans ces localités. On en trouve des futaies jusqu'à Ghéluvelt, dans la Flandre occidentale; c'est le point le plus septentrional où l'on puisse le cultiver sur le continent, mais on n'y réussirait point à la même latitude en s'éloignant de la mer.

Le pin maritime réussit à toutes les expositions dans toute cette partie ouest de la France, où on le cultive; néanmoins, en s'éloignant des climats où il croît spontanément, une exposition abritée des vents froids, c'est-à-dire l'expo

(1) Essai sur les stations et les habitations des conifères en Europe, p. 14.

sition au midi et au couchant, lui est ou plus favorable que les autres, ou même nécessaire; cela a été remarqué en Alsace et en Lorraine, ainsi que je l'ai dit plus haut. J'ignore quelle exposition cet arbre préfère dans les hautes montagnes où il croît spontanément, par exemple, en Corse; il n'y occupe d'ailleurs que les parties basses des montagnes.

Le pin maritime ne peut réussir dans les terrains calcaires; cette observation avait déjà été faite par Rozier, dans son Cours complet d'agriculture, théorique, pratique, économique, etc., t. VI, p. 683 et 685; il y dit « qu'il végète faiblement et périt » de misère s'il est semé dans les terres calcaires. » Rozier ajoute « qu'il a vainement » tâché de le multiplier dans son habitation près de Béziers, parce que le sol y'est » tenace et calcaire. » Malesherbes, dans le mémoire déjà cité, dit « qu'il n'y a » aucun arbre à qui les terrains calcaires et crétacés soient plus contraires; qu'il » en a fait l'expérience chez lui, et que plusieurs de ses amis l'ont faite aussi; >> et il reproduit le passage de Rozier que je viens de citer. Le pin maritime réussit, sous le climat de Paris, dans tous les terrains autres que les terrains calcaires pourvu qu'il puisse y enfoncer ses racines et que l'humidité n'y soit pas stagnante. Dans le Maine, où l'on ne sème guère le pin maritime que sur des sables plus ou moins arides, plus ou moins substantiels, il réussit très-bien dans un sable profond, onctueux, couvert d'une couche de terre de bruyère ou d'une couche de terre végétale. Dans les landes de Bordeaux, c'est sur les dunes qui sont composées de sable pur que le pin maritime acquiert les plus belles dimensions, et ses racines, qui s'y enfoncent à une grande profondeur, y sont plongées dans une humidité constante, ce qui paraît lui être nuisible dans d'autres situations; mais cette humidité est légère, et ces dunes ne sont point exposées à des gelées aussi rigoureuses que les terrains qui se trouvent sous le climat de Paris.

Le pin maritime présente cet avantage inappréciable qu'on peut le cultiver sur des sables quartzeux si arides qu'aucun arbre, même le pin laricio et le pin sylvestre, ne pourrait y croitre; l'on a tiré parti ainsi, dans le Maine et dans l'Orléanais, de terrains qui avaient été jusqu'alors entièrement improductifs.

VII. CRÉATION D'une futaie de pINS MARITIMES. —Presque tout ce que j'ai dit de la création d'une futaie de pins sylvestres dans l'article VII du chapitre précédent s'applique à la création d'une futaie de pins maritimes; je me contenterai donc d'y renvoyer mes lecteurs et d'indiquer les modifications qu'il faudrait y apporter, et ce qu'il y aurait à y ajouter.

Le pin maritime peut être employé, ainsi que le pin sylvestre, à repeupler dans les forêts les clairières dont le terrain maigre et siliceux serait si mauvais que les bois feuillus n'y pourraient prospérer; il peut même réussir, ainsi que je l'ai dit dans l'article précédent, sur des sables si arides qu'on ne pourrait y cultiver ni le pin sylvestre, ni le pin laricio. Il ne supporte pas plus l'ombrage que le pin sylvestre, mais il réussit aussi bien que lui dans les taillis de bois feuillus tant que sa tête les domine.

On peut créer une futaie de pins maritimes, par la plantation, de la même manière qu'une futaie de pins sylvestres; mais le plant de pin maritime reprend moins facilement que le plant de pin sylvestre, parce que ses racines ont moins de chevelu et que sa tête est plus chargée de branches; il faut pourtant en excepter le plant herbacé, c'est-à-dire qui n'a qu'une sève, celui du pin maritime reprenant encore plus facilement que celui du pin sylvestre. On plante ou l'on repique le plant herbacé de pin maritime pendant les mois de mars et d'avril, par un temps couvert, et l'on doit avoir soin de n'arracher le plant qu'à mesure des besoins; j'ai indiqué page 172 et chap. XI, art. II, comment s'exécute cette opération. Le semis de pin maritime ne manquant pour ainsi dire jamais, et étant le moyen le plus économique de créer une futaie de cette essence, on n'emploie guère le plant herbacé que pour regarnir les clairières des pinières pendant l'année où on les a semées; cependant ce plant peut être employé, je crois, à fixer les dunes, ainsi que je le dirai plus loin. M. Vétillart rapporte qu'il a vu exécuter par des femmes, sur des sables et pendant l'année du semis, des repiquages de plusieurs milliers de plants de pin maritime, que l'on prenait dans les endroits où le semis était trop épais pour en garnir les clairières; il ajoute que ces repiquages avaient si bien réussi qu'on ne distinguait point les parties où les pins avaient été repiqués de celles où ils avaient été semés.

Quoique, généralement parlant, les plantations de pin maritime soient d'une reprisc moins facile que celles de pin sylvestre, elles réussissent pourtant très-bien si le plant que l'on emploie a été élevé ainsi que je l'indiquerai chap. XI, art. V, mais on ne doit employer que du plant de 4 à 5 ans au plus; le plant plus âgé reprend plus difficilement, toutes choses égales d'ailleurs, que celui des autres espèces dont je m'occupe spécialement, parce que, étant chargé de branches vers la tête, il est plus exposé à être ébranlé par les vents. Les plantations d'automne avec une couverture sont préférables à celles du printemps; sans couverture, je préférerais planter au printemps.

Si les plantations de pin maritime réussissent ordinairement moins bien que celles des autres arbres résineux dont je m'occupe spécialement dans ce Traité, les semis de cette essence sont ceux qui réussissent le plus facilement; aussi estce presque toujours par le semis que l'on crée des pinières de pins maritimes. Ce que j'ai dit dans le chapitre précédent pages 177-184, relativement à la création d'une pinière de pins sylvestres par le semis, s'applique aussi à la création d'une pinière de pins maritimes, excepté en ce qui concerne les semis de cònes, impraticables en quelque sorte pour le pin maritime, parce que ses cônes sont beaucoup plus gros et contiennent beaucoup plus de graines que ceux du pin sylvestre.

Dans le Maine, lorsqu'on veut transformer en pinières de pins maritimes des sables couverts de bruyères, on laboure à petites raies en octobre ou novembre, le plus profondément qu'on peut. Au commencement de février, après les fortes gelées, on donne un hersage en travers des raies, puis on sème et l'on enterre les graines au moyen d'un léger hersage donné dans le sens des raies.

M. Vétillart préfère à toute autre méthode celle de préparer le terrain par des labours et des hersages, et de le partager en planches et en sentiers; on jette à la bèche la couche de terre végétale des sentiers sur les planches, et l'on sème ensuite sur ces planches seulement. J'ai décrit cette méthode dans le chapitre précédent. <<< Toutes les pinières que j'ai semées et vu semer par ce procédé, dit »M. Vétillart, page 14 de sa brochure, ont un tel avantage sur celles du même âge semées autrement, que je n'emploierai jamais d'autre mode de semis, » malgré le surcroît de dépense. » Je conçois les avantages que l'on se procure ainsi quand on crée une pinière sur de maigres sables, tels qu'il y en a dans le Maine; mais sur des terrains plus substantiels on pourrait, en suivant ce procédé, faire une dépense inutile ou dont on ne serait pas couvert.

Le marquis de Turbilly (1) conseille, lorsque l'on veut créer une futaie de pins maritimes sur des sables vifs, de les mettre d'abord en bon état de culture par des labours, et en faisant brûler les racines des petites landes ou bruyères qui s'y trouveraient; d'y semer une première année du sarrasin, et l'année suivante, en mars, le pin maritime, après avoir mis de nouveau la terre en bon état de culture par des labours. Il appelle sables vifs ceux sur lesquels il ne pousse rien ou qui ne produisent que de la mousse, ou de petites landes et de petites bruyères mêlées de quelques brins d'herbes.

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On n'est point d'accord sur la quantité de graines que l'on doit semer par hectare sur un terrain qui a été préparé par des labours, et cette quantité éprouve d'ailleurs quelques variations en raison de la nature des terres. Delamarre dit, page 91 de l'ouvrage déjà cité, qu'il faut employer pour ce semis 15 à 20 kilogrammes. Baudrillart indique (2) 17 à 20 kilogrammes. M. Vétillart, page 26 de son mémoire, s'exprime ainsi qu'il suit à ce sujet : « Il n'y a pas, dit-il, un point » de culture sur lequel on soit moins d'accord que sur la quantité de graine de pin à semer par hectare: depuis l'énorme quantité de 25 kilogrammes que la » direction des eaux et forêts et les hospices civils du Mans font ensemencer, » jusqu'à la quantité trop minime de 3 kilogrammes par hectare qu'emploie » M. Bérard aîné, il n'est pas un propriétaire qui n'ait son poids déterminé pour » ses semis, et qui ne s'imagine mieux faire que les autres. Les observations que j'ai faites sur les semis de toute espèce, m'ont convaincu que pour semer dans » du seigle ou de l'avoine, ou sur des planches bien préparées, 12 kilogrammes » étaient suffisans par hectare : dans les terres où le pin maritime réussit ordi>> nairement bien, et lorsque l'on est assuré de la bonne qualité de la graine, il y >> aurait beaucoup moins d'inconvénient à diminuer cette quantité qu'à l'aug

» menter. >>

Je pense avec M. Vétillart, que 12 kilogrammes de graines parfaitement bonnes, par hectare, sur une terre favorable à la culture du pin maritime, et bien préparée par des labours, sont une quantité suffisante; mais si le terrain n'est pas

(1) Pratique des défrichemens, p. 12.

(2) Dictionnaire des eaux et forêts, t. 11, p. 589 et 820.

favorable au semis ou s'il n'est pas bien préparé, il est prudent d'en semer davantage; il n'y a d'ailleurs jamais d'inconvénient à semer un peu épais lorsqu'on est décidé à faire en temps utile les éclaircissages ainsi que je l'ai prescrit.

Pour faire connaître à quelles dimensions peut parvenir le pin maritime dans la localité que j'habite, pendant les premières années, lorsqu'on le sème sur une terre préparée par des labours, je rapporterai ce que j'ai observé sur ce semis d'expérience dont j'ai précédemment parlé (Voy. p. 57 et 180). La graine de pin maritime et celle de pin laricio y avaient été semées le 1er mai 1837, l'une après l'autre, sur un terrain excessivement pierreux, et en semant du pin maritime, je n'avais d'autre but que de m'assurer que le terrain serait promptement occupé si la graine de pin laricio ne levait pas bien; car j'avais l'intention de supprimer peu à peu le pin maritime et de ne conserver que le pin laricio. Mais ce dernier pin ayant occupé très-promptement le terrain, il fallut, dans les éclaircissages successifs des premières années, supprimer de l'une et de l'autre espèces, et les pins maritimes disparurent bientôt; néanmoins, je conservai les dix plus beaux de ces arbres jusqu'en 1841-1842, pour comparer leurs dimensions avec celles du pin laricio. Le plus grand de ces dix pins avait à l'automne de 1841, c'est-à-dire après la cinquième sève, 2m,21 de haut, et ils avaient en moyenne 1,95.

Le semis sur une terre préparée par des labours, qui est le procédé que l'on emploie habituellement dans le Maine et dans l'Orléanais pour créer les pinières de pins maritimes, est employé aussi très-souvent dans les landes de Bordeaux, surtout lorsque l'on veut d'abord se procurer des échalas, mais lorsqu'il n'y a pas de débouché pour les échalas on emploie un procédé beaucoup plus économique; j'en prends la description dans une brochure attribuée à M. Dallier (1) :

« Des femmes, placées à 2 mètres de distance les unes des autres, marchent » de front et parallèlement; elles s'arrêtent après avoir marché 4 pas (2 mètres >> environ), et font, avec une petite bêche de 0,08 de hauteur et 0,05 de lar» geur, une entaille dans le sable de 0,05 de profondeur; elles jettent dans l'ou» verture un peu béante de cette entaille 3 ou 4 graines de pin, passent leur » sabot ou leur orteil sur l'orifice de ce trou, et continuent leur marche et leur » manœuvre. Jamais les bruyères auxquelles on a mis le feu, avant ce semis, ni >> les autres plantes, n'offrent une difficulté aux travailleurs; ces plantes laissent » entre elles des interstices qui présentent plus de sol nu que de sol couvert; il » leur suffit donc de déranger leur bêche de quelques centimètres pour trouver » du vide, et ce vide est toujours un sable désagrégé comme celui des dunes, où » les pins se plaisent tant. Ces frais d'ensemencement sont à peine de 6 fr. par >> hectare.

» Admettons qu'il vienne seulement deux arbres dans chacun des 2,500 trous, » ce qui serait trop, il suffit pour les éclaircir d'infléchir ceux qu'on voudra détruire, et de les casser à une partie quelconque de leur tronc : les conifères, on

» le sait, ne repoussent pas. Cette opération exigerait à peine une demi-journée

(1) Vérités sur les landes de la Gascogne et sur la culture forestière des pins, p. 6.

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