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» il reçut un autre ordre qui lui enjoignait d'avoir bien soin de ses résines, et de prendre garde que les grandes, chaleurs de l'été (1825) n'en fissent évaporer » les parties essentielles. De ce fait, et de cent autres bien connus, on peut con>> clure que quand des expériences et des entreprises n'ont pas l'intér`t person» nel pour premier mobile, elles réussissent très-rarement. »

On peut consulter sur les procédés que l'on emploie pour extraire de la résine du pin maritime et du goudron du bois de cet arbre, et pour la fabrication des produits qu'on peut tirer de cette résine, les ouvrages suivans: le Dictionnaire des eaux et forêts de Baudrillart, à l'article Résine, t. II, p. 719 où il reproduit en partie ce qui a été dit par Duhamel, dans son Traité des arbres et arbustes, et par M. Badeigts-Laborde, commissaire de marine, dans un Mémoire sur les brais et goudrons de France; le Traité des arbres et arbustes de Duhamel, à l'article Pinus, Pin, t. II, p. 141; la Maison rustique du XIXe siècle, t. III, p. 393, à l'article intitulé Des produits résineux. Je vais emprunter à Baudrillart ce qu'il dit de l'extraction de la résine, t. II, p. 724, et je me contenterai de renvoyer aux ouvrages que je viens de citer, pour la fabrication des produits qu'on peut tirer de cette résine, et pour l'extraction du goudron du bois de pin maritime.

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Quand le pin maritime a de 20 à 25 ans et une grosseur d'environ 4 pieds, on » enlève la grosse écorce sur une largeur de 4 à 6 pouces (0,11 à 0,16) de large » et une hauteur de 12 à 18 pouces (0,32 à 0,48). Le résinier (l'ouvrier) fait en » même temps au pied de chaque arbre, et dans le corps même du tronc, une » fossette ou petite auge de la capacité d'une demi-pinte d'eau. Cette opération préliminaire finie, le résinier fait ensuite une entaille d'environ 6 pouces de >> hauteur, 4 pouces de large, et de la profondeur nécessaire pour mettre le liber à » découvert; car le suc résineux ne coule presque que du corps ligneux, et d'entre » le bois et l'écorce. La hache dont il se sert a le fer légèrement recourbé dans » sa plus grande largeur, et son tranchant est creusé en gouge d'un côté. Toutes » les semaines le résinier rafraîchit les plaies en les agrandissant en hauteur et jamais en largeur, et sans dépasser 18 pouces de hauteur dans le courant de la » saison. Ces entailles successives sont nécessaires, parce que le suc résineux » coule toujours plus abondamment des plaies récentes que des anciennes; mais » comme le plus mince copeau suffit pour donner la liberté au suc de couler, » l'ouvrier chargé de faire les entailles doit ménager l'arbre autant qu'il est possible, et n'enlever que des copeaux très-minces toutes les fois qu'il rafraîchit » les plaies. Ce travail exige de l'activité, car la tâche d'un homme est ordinai»rement de 2,500 à 3,000 pieds d'arbres. Les entailles, vulgairement appelées » quarres, se prolongent les années suivantes, jusqu'à ce qu'elles aient atteint la » hauteur de 12 à 14 pieds (3,89 à 4,55); ce qui arrive au bout de 7 à 8 ans. » A cette époque, on commence une nouvelle entaille au pied du même arbre; » on la fait parallèle et presque contiguë à la première, ne laissant tout au plus que 2 pouces d'écorce entre deux, et on la conduit jusqu'à la même hau» teur. Après cette nouvelle entaille, on en fait une troisième, puis une quatrième, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on ait fait le tour de l'arbre. Alors on

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» entaille sur les cicatrices, vulgairement appelées ourles, qui ont recouvert >> presque entièrement les vieilles entailles, si le résinier a bien ménagé l'arbre » en le taillant.

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Quelquefois on laisse reposer un pin pendant un an quand il a résiné, c'est» à-dire quand il a fourni de la résine pendant 7 à 8 ans de suite. Si, au contraire, » un pin est très-vigoureux, on lui fait deux entailles en même temps l'une s'appelle la quarre haute et l'autre le basson. Quand on juge que les pins sont » trop nombreux, on taille sur toutes les faces à la fois, et chaque année, à une >> hauteur triple des autres, tous les arbres qu'on veut détruire. Cette manière » s'appelle tailler à pin perdu. Les arbres, dont on a ainsi extrait la résine, sont » abattus peu de temps après pour en extraire le goudron. Pour porter les en» tailles à la hauteur de 12 à 14 pieds, comme il vient d'être dit, les résiniers » sont obligés de se servir de perches, dans la longueur desquelles on a pratiqué » des coches figurées en cul-de-lampe; ils y montent avec une grande dextérité. » Arrivés à la hauteur nécessaire, ils passent leur jambe gauche entre l'arbre et » l'échelle en portant, du côté droit, le bout du pied qu'ils appuient sur le tronc » pour leur servir de point d'appui; tandis que le droit est porté sur une coche » de l'échelle qui s'appuie, elle-même, sur la cuisse gauche, et est tenue forte» ment serrée contre l'arbre par la jambe du même côté. Dans cette position » un résinier prend sa hache des deux mains, et il entaille le pin avec autant » d'aisance que s'il était à terre, ou que si l'échelle était appuyée contre l'arbre » à la manière ordinaire. L'opération finie, et il lui faut tout au plus 2 ou 3 mi»nutes pour monter, tailler l'arbre et en descendre, il prend sa légère échelle » sur une épaule, court à un autre arbre et ainsi de suite, de manière qu'un >> bon ouvrier peut tailler 2 à 300 arbres en un jour. Les résiniers sont toujours »> nu-pieds pour grimper à leur échelle. Quand ils portent des sabots, ils les lais» sent au pied de l'échelle; mais il n'est pas rare d'en rencontrer qui, pour aller » plus vite, marchent toujours les pieds nus.

» C'est depuis le mois de mai jusqu'à la fin de septembre qu'on taille les pins. >> Tout le suc résineux qui sort des arbres pendant ce temps coule liquide; >> il est reçu dans les petites auges qu'on a pratiquées au pied de leur tronc,

» et qu'on soin de vider de temps en temps. Le suc résineux coule d'autant

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plus abondamment que la chaleur est plus grande, et les arbres bien exposés >> au soleil en fournissent plus que ceux qui sont à l'ombre. L'écoulement rési» neux cesse vers le milieu de l'automne, et il ne sort pas des arbres une seule » goutte de résine pendant l'hiver, ou dans les autres saisons lorsqu'il fait froid. » Outre la résine qui découle des incisions qu'on a faites aux pins, il sort en» core naturellement de leur écorce des gouttes de résine qui se dessèchent et » forment des grains que l'on emploie au lieu d'encens dans les églises de cam» pagne, et que les marchands de mauvaise foi mêlent avec l'encens du Levant. » Cette extravasation du suc propre arrive surtout aux pins qui sont près de » mourir; c'est le dernier produit de ces arbres que l'âge a affaiblis, et que les » tailles successives ont épuisés au point de ne plus donner de résine.

» La matière résineuse fournie par les incisions faites au pin maritime est de » deux sortes: la première, que l'on nomme barras, est celle qui se fige le long » des entailles où elle forme des croûtes plus ou moins épaisses. Elle est blanche » comme de la cire, avec laquelle quelques marchands la mêlent pour fabriquer >> ce qu'ils appellent de la bougie filée, afin de lui donner plus de souplesse et de » tenacité. Le barras se récolte une fois par an: on le détache avec un instrument » de fer en forme de ratissoire, emmanché au bout d'un bâton, et on le met en » réserve sous des hangars, après en avoir fait des pains de 60 à 80 livres (29 kil. » 370 gr. à 39 kil. 160 gr.). La seconde espèce de résine se nomme galipot ou ré» sine molle : elle se ramasse, comme nous l'avons dit, dans les petites auges » creusées à la base des entailles. On la récolte quatre fois dans le courant de la saison, et on la verse dans de grands réservoirs creusés dans la terre et de la » capacité d'environ 150 à 200 barriques. Ces réservoirs sont garnis dans le fond » et sur les côtés d'épais madriers de pins joints de manière à ne laisser aucune » issue à la partie la plus fluide de la matière résineuse. Cette résine molle est » destinée à être transformée en brai sec, en résine jaune, ou à être distillée pour » en obtenir une huile essentielle. Dans tous les cas, on la fait fondre et on la pu»rific de tous les corps étrangers avec lesquels elle est mêlée. »

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On extrait en Provence les substances résineuses du pin maritime, et plus encore du pin d'Alep, par des procédés qui ont été décrits par Duhamel, et qui diffèrent peu de ceux qui sont en usage aux environs de Bordeaux.

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X. ACCIDENS, MALADIES, ANIMAUX NUISIBLES. Les gelées, surtout les gelées tardives, causent quelquefois de grands dommages dans les jeunes pinières de pins maritimes pendant les trois premières années; elles ne m'ont point paru causer un dommage apparent aux pins plus âgés, pendant les hivers ordinaires; mais des hivers extraordinaires, tels que ceux de 1709 et de 1789, peuvent en faire périr un grand nombre.

Les pins maritimes qui ont résisté aux vents pendant les premières années, n'en sont pour ainsi dire jamais renversés, lors même qu'ils seraient isolés, dans les terrains qui ont du fond, parce que leurs racines pénètrent à une grande profondeur, et il est bien rare aussi qu'ils soient brisés; aussi les voit-on sur les dunes braver les coups de vents de mer les plus violens.

Ils sont moins sujets à être endommagés par la neige et le givre que les sapins et le pin sylvestre, parce qu'ils ne s'y trouvent pas aussi exposés, ne pouvant supporter un climat aussi rigoureux qu'eux, et par suite de la disposition de leurs feuilles.

Le dommage que peuvent causer les quadrupèdes et les oiseaux dans les pinières de pins maritimes est absolument le même que celui qu'ils peuvent causer dans les sapinières. Mais comme on n'exploite point ces pinières en jardinant, les quadrupedes ne peuvent guère leur nuire que quand elles sont jeunes.

Les pins maritimes ne craignent point la sécheresse lorsqu'ils se trouvent dans un terrain où ils peuvent enfoncer leurs racines; mais s'ils se trouvent sur un

terrain peu profond à sous-sol de tuf, de rocher ou de pierre, leur croissance s'arrête peu après que leurs racines ont atteint ce sous-sol, et une sécheresse peut en faire périr de grandes quantités.

Ces arbres sont sujets à la pourriture au cœur dans les terrains trop humides ou marécageux, qui ne leur conviennent point; cette maladie commence par le pivot, et tant que les racines latérales restent saines, elle n'est souvent annoncée par des signes extérieurs que lorsqu'elle a fait de grands progrès; la vieillesse leur cause aussi cette maladie. Les pins maritimes sont encore sujets à une carie sèche qui s'annonce ordinairement par la présence d'un bolet (espèce de champignon); on attribue cette maladie à la décomposition des branches coupées ou cassées loin du tronc.

Des insectes peuvent causer de grands dommages dans les futaies de pins maritimes, ainsi que dans celles des arbres dont je me suis déjà occupé. Les mans peuvent manger les racines des semis; mais lorsque le plant a atteint 5 ans, ses racines étant alors résineuses, ils n'y touchent plus.

Un insecte qui paraît appartenir au genre bostriche exerce quelquefois de tels ravages dans les semis, en perçant les pousses et en en mangeant la moelle, qu'il peut détruire des pinières entières; on le remarque principalement sur des pinières de 4 à 10 ans, et on ne le rencontre que rarement sur des arbres qui ont plus de 15 ans; le seul moyen de le détruire ou d'en diminuer le nombre est d'arracher les arbres dont la mutilation atteste sa présence, et de les transporter hors de la pinière pour les brûler.

Un autre insecte, également du genre bostriche, exerce quelquefois de grands ravages dans les pinières en s'introduisant entre l'écorce et le bois, où il forme dans le liber des galeries qui finissent par arrêter la circulation de la sève et faire périr l'arbre; les insectes de cette espèce, lorsqu'ils sont assez multipliés, peuvent détruire des forêts entières; il y en avait dans les futaies de pins maritimes que Delamarre a léguées à la Société royale et centrale d'agriculture, lorsque je fus les visiter en 1838: M. A. Michaux, alors administrateur pour la Société, me les fit remarquer. Ce bostriche paraît être le même qui exerce de semblables ravages dans les futaies de pins sylvestres. J'ai indiqué, page 116, le moyen, sinon de détruire ces insectes, du moins d'en diminuer le nombre.

11 y a indubitablement une chenille qui mange les feuilles du pin maritime, comme il y en a une qui mange celles du pin sylvestre; mais je ne l'ai trouvée indiquée dans aucun auteur, et je ne l'ai point remarquée. Les seuls insectes que j'aie observés chez moi sur le pin maritime, sont un bostriche qui mange la moelle des pousses, et un autre bostriche qui mange à même; ces insectes sont les mêmes qui attaquent aussi, et plus volontiers encore, le pin sylvestre. (Voy. p. 200).

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XI. CULTURE DU PIN MARITIME en Sologne. J'ajouterai à ce chapitre une note de mon ami, M. Jacquinot de Presle (1), sur la culture du pin maritime dans

(1) M. J. de Presle, connu par un Cours d'art et d'histoire militaires, après avoir suivi la carrière

cette partie de la Sologne qui se trouve dans les arrondissemens d'Orléans et de Romorantin, où il est propriétaire (1844); je la reproduis textuellement.

Le sol de cette partie de la Sologne est formé en général d'un sable quartzeux très-maigre; l'épaisseur en est fort variable, mais il y a toujours un banc d'argile au dessous; assez souvent encore on trouve, à peu de profondeur, une couche de pyrite appelée mâchefer dans le pays; le pin maritime et le chêne végètent bien dans la glaise; mais dès qu'ils ont atteint le mâchefer, ils languissent, se couvrent de mousse, et ne reprennent vigueur que s'ils parviennent à le percer.

La misérable agriculture suivie en Sologne depuis des siècles a achevé de ruiner ses terres, naturellement mauvaises, et le pâturage des bestiaux en a ruiné les forêts, autrefois très-belles. Les propriétaires ont enfin senti qu'il fallait recréer des forêts, dans un pays où la culture des céréales est ruineuse : une révolution a donc commencé à s'y faire vivement sentir depuis 1830; on retire successivement aux fermiers les terres usées, dont le nombre est considérable; on les convertit en pinières, puis on défriche les bruyères pour les livrer à la culture. Il faut observer ici que la Sologne est encore divisée en grandes propriétés, et qu'une ferme de 100 à 120 hectares est regardée comme fort petite. Les propriétaires, tout en adoptant les pins maritimes, n'ont cependant pas voulu renoncer au chêne, qui croît fort bien dans une partie de cette contrée, et ils sèment souvent ensemble ces deux essences; quelquefois aussi c'est le châtaignier qu'ils sèment avec le pin maritime. Ce semis s'exécute ainsi qu'il suit :

La charrue du pays étant à billons, on laboure l'hiver le terrain qu'on doit ensemencer au printemps, et aux mois de mars et d'avril, on répand le gland dans le creux des billons, en l'espaçant de deux en deux pas, quelquefois plus, et en semant de deux billons l'un, ce qui met une distance de près de 2 mètres entre les rangées; ce semis étant terminé, le laboureur passe une grande herse de bois sur les billons et les rabat. Dès que le champ ne présente plus qu'une surface bien unie, on y sème à la volée la graine de pin maritime, soit pure, soit mélangée de pin sylvestre; on passe une ou deux fois la herse sur ce semis, et l'opération est terminée. Lorsqu'on veut créer une futaie de pin maritime sans mélange d'une autre essence, on se contente de labourer et de herser, puis l'on sème et l'on herse ensuite très-légèrement. Il est bon que la graine soit très-peu enterrée; il faut cependant la bien couvrir, car les pigeons ramiers et les tourterelles, qui arrivent au printemps, en sont fort avides, ainsi que les pies et les mulots. Si le temps est favorable, on voit les pins lever quinze jours et un mois après la semaille; mais il arrive assez souvent que la levée des pins est plus tardive beaucoup de graines ne lèvent même que la seconde année, quelquefois encore à la troisième.

La quantité de graines employée est fort variable; elle est la même soit qu'on

des armes et s'être occupé de littérature militaire, rentré dans la vie privée, s'est livré aux travaux de l'agriculture.

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