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plus foncé que celui des feuilles du pin maritime, longues de 0,08 à 0TMa,46, selon le lieu où se trouve l'arbre, l'exposition, le terrain, l'âge, la partie de l'arbre où on les prend; la réunion de deux feuilles sortant d'une même gaîne a la forme d'un cylindre. Les feuilles ne persistent ordinairement que pendant deux ans et demi; c'est-à-dire qu'elles tombent après la troisième sève, y compris celle qui leur a donné naissance, et elles commencent à tomber dès l'automne.

Les fleurs du pin laricio (Voy. p. 10) paraissent l'une après l'autre; les fleurs mâles dans la première quinzaine du mois de mai, les fleurs femelles quelques semaines plus tard, lorsque commencent à paraître les feuilles, ordinairement dans les premiers jours de juin.

Les chatons mâles (Pl. III, fig. 13) sont serrés autour de la partie inférieure des pousses, de manière à former une sorte de grappe comme ceux du pin sylvestre et du pin maritime; mais ils sont plus gros que les premiers et moins que les seconds. Les fleurs qui les composent n'atteignent leur maturité qu'après celles du pin sylvestre, ordinairement dans la première quinzaine du mois de juin, à peu près en même temps que celles du pin Weymouth; elles sont alors d'un jaune verdâtre et répandent abondamment une poussière jaune. Le pin laricio porte des fleurs mâles en plus ou moins grande quantité, et il arrive quelquefois qu'il n'en porte point; mais cela me paraît être l'exception sur des arbres ayant dépassé 25 ans et convenablement espacés.

Les chatons femelles sont annoncés, comme dans le pin sylvestre, par de petits boutons situés au bout des pousses, qui paraissent à la fin de mai ou au commencement de juin, en même temps que les feuilles, et sont bientôt remplacés par les fleurs; ces chatons sont au nombre d'un à trois, et quelquefois plus par exception, et en plus grand nombre vers le haut de l'arbre. Ils sont ovoïdes, ne sont pas plus gros qu'une graine de vesce, sont d'un violet clair et ont la pointe tournée vers le ciel. Au bout de quelques semaines, les feuilles florales se transformant en écailles, les chatons deviennent des cônes qui sont d'abord violets et deviennent ensuite d'une couleur gris-vert tirant sur le brun; cette transformation est déjà très-apparente dans la première quinzaine de juillet, et c'est pendant qu'elle s'opère que les cônes s'inclinent et prennent la position qu'ils conserveront; ils ne sont pas alors plus gros qu'un pois.

Les cônes sont toujours placés au bout de la pousse sur laquelle ils se trouvent, à côté des boutons, au nombre d'un à trois, et quelquefois plus par exception; ils sont fixés immédiatement sur le bois et ont leur axe incliné de manière à ne pas gêner le développement des boutons qui produiront les pousses de l'année suivante. A la fin d'août ils ont acquis tout le développement qu'ils prendront cette première année; ils sont alors oblongs, gros comme une petite noisette et d'un gris-vert. L'année suivante ils sont roux, lorsque part la sève, commencent dès lors à grossir et deviennent d'un vert-prairie au commencement du mois de juin; à la fin d'août ils ont atteint tout leur accroissement et sont d'une couleur gris-vert; puis ils changent successivement de couleur jusqu'à ce qu'ils deviennent couleur nankin et luisans, ce qui n'arrive complètement que dans

le mois de mars de l'année suivante, peu de temps avant l'époque où ils laissent échapper les graines qu'ils contiennent.

Les cônes du pin laricio (Pl. III, fig. 14, et Pl. V, fig. 6) ont alors de 0,054 à 0,08 de long, sont à peu près coniques, et la description que j'ai faite des cônes du pin sylvestre leur est applicable, sauf les dimensions, et avec cette différence que les écailles des cônes sont armées de très-petites épines, excepté pourtant les petites écailles du sommet et de la base (1). Ils s'ouvrent un peu plus tôt qu'eux, c'est-à-dire à la fin de mars ou dans le commencement du mois d'avril de l'année qui suit celle dans laquelle ils ont atteint tout leur accroissement, par conséquent 21 mois environ après qu'ils ont paru, et ils laissent alors échapper leurs graines; ces graines étant munies d'une aile peuvent aussi être transportées au loin par les vents. Les cônes tombent ensuite successivement comme ceux du pin sylvestre.

Il y a dans mon parc deux allées de pins laricio provenant de graines qui m'avaient été données par le ministre de l'intérieur, en janvier 1828, et que je semai pendant le printemps de cette même année pour faire une pépinière; dans l'une de ces allées ils sont mêlés avec des hêtres âgés de 68 ans, et des picéas de leur âge; dans l'autre ils alternent avec des mélèzes également de leur âge, et il y a, dans le taillis, deux rangées de pins laricio parallèles à cette seconde allée. En 1841, et pour la première fois, un seul de ces pins laricio eut pendant sa quatorzième sève des fleurs femelles, et par suite des cônes qui mûrirent en 1842; ils étaient plus petits qu'ils ne sont sur les arbres plus âgés; en 1842, trois laricio en portèrent; en 1843, il y en eut un plus grand nombre encore, et je remarquai pour la première fois des fleurs mâles sur le laricio qui avait commencé le premier à porter des cônes. Je présume que les arbres provenant de semis naturel porteraient des fleurs et des cônes un peu plus tard.

Une partie des graines de ces jeunes pins laricio sont fécondes, s'ils ont porté des fleurs mâles en même temps que des fleurs femelles; mais ce n'est que lorsque ces pins sont plus âgés que la graine acquiert toute la force germinative qu'elle peut atteindre; je pense donc qu'on ne doit récolter des cônes pour en extraire la graine, lorsqu'on le peut, que sur des arbres de 40 ans au moins. J'ai un pin laricio qui a été planté en 1814-1815, qui avait par conséquent environ 37 ans à l'automne de 1844, et qui donne de bonne graine depuis plusieurs années, mais avec beaucoup de déchet; elle m'a paru inférieure à celle que j'ai obtenue plusieurs fois du ministre de l'intérieur, laquelle, tirée directement de Corse, provenait sans doute d'arbres beaucoup plus âgés; ainsi la première donne plus de déchet et produirait du plant moins vigoureux.

Le pin laricio qui a dépassé 30 ans me paraît présenter, en ce qui concerne les fleurs et les cônes qu'il porte annuellement, les mêmes phénomènes que les pins

(1) Quoique les épines qui se trouvent aux écailles des cônes du pin laricio soient très-petites, elles sont pourtant très apparentes; cependant aucun des auteurs qui ont parlé de ce pin ne les a indiquées, et ceux qui ont donné un dessin du cône de cet arbre le représentent sans épines.

sylvestres du même âge : c'est-à-dire qu'il en porte plus souvent que les sapins, qu'on remarque des années d'abondance et des années de stérilité, qu'il y a des années où il ne porte que des fleurs mâles, d'autres où il ne porte que des fleurs femelles; il me paraît un peu moins fécond que le pin sylvestre, mais chaque cône contient un plus grand nombre de graines. Il y a d'ailleurs encore trop peu de pins laricio sous le climat de Paris qui aient dépassé 30 ans, pour que l'on puisse avoir des données d'expérience bien précises à ce sujet.

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IV. GRAINES ET SEMIS NATUREL. - Les graines du pin laricio (Pl. III, fig. 15) sont ovales, d'un brun clair, tachetées et munies d'une aile; celles qui sont d'un blanc jaunâtre sont ordinairement stériles; elles ont environ 0m,006 de longueur moyenne. J'ai indiqué dans l'article précédent à quel âge le pin laricio commence à porter des cônes; il n'y a, ainsi que je l'ai dit, qu'un petit nombre des graines que contiennent alors ces cônes qui soient fécondes, et elles ne le sont que si l'arbre qui les a produits a porté en même temps des fleurs mâles et des fleurs femelles; mais ce n'est que lorsque les arbres sont plus âgés qu'ils donnent du plant de semis naturel. J'en ai remarqué en très-petite quantité qui avait un et 2 ans, dans le parc des eaux de Bagnoles (Orne), où je me trouvais en juillet 1837; il provenait de pins laricio âgés alors de 28 ans, et qui avaient par conséquent commencé à donner du semis naturel à l'âge de 26 ans. Je présume que cet arbre pourrait en donner plus tôt par exception; mais je pense aussi que son semis naturel ne serait abondant et efficace que produit par des arbres plus âgés. La graine de pin laricio me paraît avoir atteint sa maturité dès la fin de novembre; cependant je crois prudent de ne cueillir les cônes, si on le peut, pour en extraire la graine qu'après le 1er janvier.

On extrait la graine des cônes du pin laricio absolument de la même manière qu'on extrait celle des cônes du pin sylvestre; ainsi je renvoie à ce que j'ai dit, à ce sujet, pages 146-153. J'ajouterai que les cônes du pin laricio s'ouvrent un peu plus tôt que ceux du pin sylvestre et contiennent une plus grande quantité de graines; aussi dans les années favorables sous le rapport de la température, on pourra se procurer de la graine de pin laricio, en étalant les cônes au soleil, sur des claies, assez tôt pour la semer en avril, et l'on pourra s'en procurer tous les ans assez tôt pour la semer à cette époque, en plaçant les cônes sous une bâche préparée exprès, ainsi que je l'ai indiqué page 147.

J'ai trouvé qu'un litre de graine de pin laricio pesait 475 grammes et contenait 34,240 graines, ainsi le kilogramme de cette graine contenait 71,909 graines et occupait un volume de 2 litres 20 décilitres. Delamarre dit, page 89 de son Traité pratique de la culture des pins, que le kilogramme de cette graine contient, terme moyen, 60,000 graines. La graine de pin laricio, malgré la facilité avec laquelle on l'extrait des cônes, est rare en France, et souvent l'on n'en trouve point à Paris; elle coûte 16 fr. 'le kilog. dans la maison Vilmorin-Andrieux. Si les ministres de l'intérieur n'en avaient pas fait distribuer, presque tous les ans, depuis dixneuf ans, ce pin, dont il serait pourtant si utile de propager la culture, serait

encore beaucoup moins répandu qu'il ne l'est actuellement, quoiqu'il ne le soit encore que fort peu.. On a d'ailleurs la certitude qu'il sera bientôt plus facile d'en propager la culture, car la forêt de Fontainebleau contient actuellement une grande quantité de pins laricio, provenant de greffes sur pin sylvestre, qui commencent à donner abondamment des cônes, et l'on vient de mettre une sécherie en activité à Fontainebleau (Voy. p. 148).

La graine du pin laricio lève dans l'année même où elle tombe de l'arbre; la graine que l'on extrait des cònes m'a paru lever presque aussi facilement que celle du pin maritime, mais elle éprouve plus de déchet. Le plant de pin laricio ne supporte pas mieux l'ombrage que celui de pin sylvestre et de pin maritime (Voy. p. 153).

V. MODE DE VÉGÉTATION, DESCRIPTION, DIMENSIONS. Le mode de végétation du pin laricio a été décrit, au commencement de ce chapitre, en ce qui concerne la marche de la sève dans cet arbre, ses boutons, ses feuilles, ses fleurs, ses cônes; et l'on trouvera, chap. XI, art. VI, des détails sur sa végétation et sur son accroissement, depuis le semis en pépinière jusqu'au moment de la plantation à demeure. Le plant de semis naturel présente beaucoup de variété dans son accroissement, selon les circonstances particulières dans lesquelles il se trouve placé; cet accroissement, qui est ordinairement plus lent que celui du plant de pépinière, peut l'égaler pourtant et même le surpasser dans des circonstances de tout point favorables, à cause du retard que la transplantation fait éprouver au plant de pépinière. La graine lève irrégulièrement, selon l'époque à laquelle elle est tombée et la situation où elle s'est trouvée. J'ai dit, dans l'article précédent, que le plant de pin laricio ne supporte point l'ombrage comme celui des sapins et qu'il périt bientôt s'il est trop ombragé; mais il réussit très-bien sans ombrage, même dans l'année de sa naissance, et je présume que l'ombrage lui est toujours nuisible, du moins sous le climat de Paris.

Le plant de pin laricio, toutes choses égales d'ailleurs, pousse plus lentement, pendant les premières années, que celui des pins à chacun desquels j'ai consacré un chapitre; mais plus tard il les rattrape, et il finit par les dépasser, du moins d'après ce qui a été observé jusqu'à ce moment. J'ai remarqué des flèches de pin laricio qui avaient, lorsque l'arbre a dépassé 12 ans, jusqu'à 0,90 de long, et il m'a semblé qu'il y avait plus de régularité dans son accroissement annuel que dans celui des autres pins auxquels je viens de le comparer; il m'a semblé aussi que son tronc maintenait mieux sa grosseur que le leur.

A Bagnoles (Orne), les pins laricio, dont j'ai parlé précédemment, qui avaient été plantés en même temps que des pins sylvestres et que des pins Weymouth, et tous, en 1812, à l'âge de 3 ans; à Bagnoles, les pins laricio l'emportent en dimension sur ces deux autres espèces de pins. Le terrain où ces arbres se trouvent plantés m'a paru siliceux et fort maigre; il est couvert d'un mélange de bruyères, de jones marins et de fougères; il semble convenir mieux au pin laricio et au pin sylvestre qu'au pin Weymouth. Loudon dit qu'en An

gleterre l'accroissement du pin laricio a été plus fort que celui du pin sylvestre dans les mêmes sols.

Le pin laricio a une racine pivotante qui m'a paru aussi forte que celle du pin maritime, des racines latérales moins fortes que cette racine principale, et peu de chevelu; par suite de cette disposition de ses racines et de ce qu'il est chargé de branches vers la tête, pendant ses premières années, il est alors exposé à être ébranlé et penché par les vents, lorsqu'il croît isolé; car plus tard le vent le brise plutôt que de le renverser. J'ai fait redresser souvent de jeunes laricio de 2 à 4 mètres de haut, provenant de pépinière, qui avaient été couchés par les vents jusque près de terre, et lorsqu'une sève les avait raffermis, il ne restait plus de traces de cet ébranlement.

Je ne puis rien dire, pour l'avoir vu de mes yeux, du tronc du pin laricio qui a crû en futaie à l'état serré, n'ayant point visité les futaies de la Corse, et les futaies de cette essence qui existent sous le climat de Paris, n'ayant au plus que 16 ans ; mais je sais que le tronc de cet arbre, lorsqu'il a crû à l'état serré, est dépouillé jusqu'à plus de la moitié de sa hauteur et qu'il maintient bien sa grosseur. Lorsque cet arbre croît isolé, son tronc est dépouillé de branches jusqu'à environ 2 mètres au dessus du sol, et il se maintient droit comme le tronc des sapins.

Si l'on brise le tronc d'un pin laricio dans sa jeunesse, une branche de l'étage immédiatement inférieur continue le tronc; quelquefois, mais très-rarement, il se bifurque; si l'arbre approche de sa maturité ou que la brisure soit trop loin de la tête, il reste mutilé; et si la brisure est trop rapprochée du sol ou que l'arbre ait conservé trop peu de feuilles et de bourgeons, il périt. Des pies ont plusieurs fois brisé la flèche du pin laricio isolé, âgé de 37 ans, dont j'ai parlé page 248; il s'est toujours formé une nouvelle flèche, ainsi que je viens de le dire, et l'arbre s'est enfin bifurqué, mais il est resté parfaitement droit.

L'écorce du tronc du pin laricio est d'un gris-roux dans la jeunesse de l'arbre; elle devient brune dans un âge plus avancé et se couvre de grandes écailles dans la partie du tronc qui est la plus rapprochée du sol; elle est plus épaisse que celle du pin sylvestre, moins que celle du pin maritime.

Les branches du pin laricio sont disposées par étages et au nombre de cinq à six par chaque étage. Dans les jeunes pins et vers le sommet des pins, tant qu'ils ont une flèche, c'est-à-dire tant qu'ils sont dans la période d'accroissement, elles sont peu élevées au dessus du plan horizontal, qui passerait par leurs points de jonction avec la tige, et elles se redressent vers le bout en forme de candélabre; puis elles s'abaissent à mesure qu'elles prennent des années, mais elles ne tombent guère au dessous du plan horizontal dont je viens de parler : ces branches étant peu chargées de rameaux et de ramilles, l'arbre ne me paraît pas avoir toujours assez de feuillage. Il résulte de la grande régularité des étages de branches du pin laricio, pendant ses trente premières années, et en outre de ce que son tronc se maintient droit, que cet arbre est très-propre à faire des allées; plus tard les étages se déforment et les branches du bas

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