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mouth et même le pin maritime, excepté pour ce dernier pin pendant les deux années qui suivent le semis, ne m'ont pas paru souffrir des gelées tardives comme les sapins et le cèdre du Liban.

Je n'ai rien recueilli relativement à l'exposition que préfère le pin Weymouth en Angleterre et en France; il paraît y réussir également bien à toutes les expositions. Loudon dit, d'après Sang, qu'en Écosse il demande à être abrité; j'ai cru remarquer aussi qu'en France les lieux trop exposés aux grands vents lui sont contraires, lorsqu'il croît isolé. On a remarqué en Europe, comme en Amérique, que le pin Weymouth ne peut réussir sur les terrains siliceux très-maigres, sur lesquels on peut encore cultiver le pin sylvestre, le pin laricio et le pin maritime; mais je ne sache pas que l'on ait essayé d'en planter dans des marais, où il serait pourtant si avantageux de le cultiver, s'il y réussissait aussi bien que dans ceux dont parle M. A. Michaux.

Je ne puis rapporter qu'un fait, mais qui ne me paraît pas sans importance, relativement à la végétation de cet arbre dans un terrain de très-mauvaise qualité. Je veux parler de ces pins Weymouth qui sont près du château des Haies, (Voy. p. 265), et qui ont donné du semis naturel dans le taillis où ils se trouvent, quoique bien éloignés encore d'avoir atteint leur maturité. Le terrain dans lequel ont crû ces arbres m'a paru argilo-siliceux, et je n'y ai point trouvé trace de calcaire; il contient de petits cailloux à sa superficie, et à 0,04 de profondeur, il a pour sous-sol une espèce de tuf qui paraît être impénétrable ou difficilement pénétrable aux racines; ce terrain retient l'eau l'hiver et devient trèsdur l'été, aussi ne serait-on pas couvert de ses frais si l'on y cultivait des ceréales. On a vu que les pins Weymouth qui s'y trouvent avaient déjà acquis, à 38 ans, des dimensions qui permettraient qu'on en fit de la solive et du chevron, et qu'ils donnent du semis naturel efficace, ce qui prouve que ce terrain si mauvais leur convient; il y aurait donc de l'avantage à planter ces sortes de terrains en pins Weymouth; les mélèzes qui se trouvent près d'eux ont de bien moindres dimensions. Je présume que le pin Weymouth ne réussit pas ou réussit mal sur les terrains calcaires.

VII. CRÉATION D'UNE FUTAIE DE PINS DU LORD WEYMOUTH. On peut créer une futaie de pins Weymouth par la plantation, absolument de la même manière qu'une futaie de pins sylvestres. Quand le plant a été élevé en pépinière et qu'on le plante à demeure, ainsi qu'il sera dit chap. XI, art. VII, il reprend aussi bien que celui de pin sylvestre.

La création d'une futaie de pins Weymouth par le semis présente beaucoup plus de difficultés; la graine coûte plus cher que celle du pin sylvestre, et l'on n'en trouve que de petites quantités, parce qu'il n'y a encore en France qu'un petit nombre de ces arbres sur lesquels on puisse récolter cette graine, et parce que l'on n'a que quelques jours pour cueillir les cônes dont on l'extrait aussi n'est-on pas dans l'usage de faire des semis sur place de ce pin, comme de ceux dont j'ai déjà parlé. Je présume pourtant que si l'on pouvait se procurer de la

graine de pin Weymouth de bonne qualité, en suffisante quantité et à bas prix, le semis sur place réussirait assez bien; dans beaucoup de localités, pour être avantageux. Le nombre de kilogrammes de graine à employer, par hectare, devrait être moindre que ce que l'on emploie de graine de pin laricio, si l'on ne considérait que la dimension de la graine; mais il m'a semblé que la graine de pin Weymouth que l'on se procure chez les grainetiers, aussi bien que celle que j'ai récoltée moi-même, avait plus de déchet que celle de pin sylvestre et de pin laricio. Cela peut résulter de ce qu'on la tire de France, où probablement on la recueille très-souvent sur des arbres trop jeunes encore. Voici quels ont été les résultats d'un semis de graine de pin Weymouth sur labour.

Dans le semis d'expérience, dont j'ai parlé page 57, j'avais semé de la graine de pin Weymouth, le 1er mai 1837, sur 30 ares de terre silico-argileuse, assez bonne, préparée par des labours et des hersages. Malheureusement le terrain ne se trouva pas assez garni de plant, ce que j'attribuai à ce qu'une partie de la graine était mauvaise; mais il serait possible aussi qu'une partie du plant eût péri après avoir levé, par une cause quelconque, sans que je m'en fusse aperçu. Quoi qu'il en soit, le terrain n'étant pas occupé se recouvrit de gazon, de bruyères et de joncs marins; cependant les plants qui avaient levé n'ont pas péri, ainsi que je le craignais, mais ils ont été fort retardés; à l'automne de 1844 les plus hauts de ces plants n'avaient que 1a,50, et il faudra encore plusieurs années pour qu'ils aient occupé le terrain. Si, au contraire, le semis eût été assez épais pour occuper le terrain, dès la seconde ou dès la troisième année, je présume qu'il aurait réussi aussi bien que celui de pin sylvestre et de pin laricio que j'avais fait à côté, sur le même terrain.

Loudon, en parlant dans son Arboretum, t. IV, p. 2285, de la culture du pin Weymouth, se contente de dire : « Cet arbre procure des graines en abondance, » et quand elles sont semées au printemps, les plants lèvent la première année, » et doivent être traités comme ceux du pin sylvestre.

On n'a point encore,

VIII. AMENAGEMENT, EXPLOITATION ET REPRODUCTION. que je sache, exploité de futaies de pins Weymouth en Europe, et l'on n'a exploité que des forêts vierges en Amérique; on ne peut donc s'appuyer sur des faits d'expérience pour indiquer la manière la plus favorable d'aménager, d'exploiter et de repeupler les forêts de pins Weymouth. Je présume que ce que j'ai dit à ce sujet du pin sylvestre doit s'appliquer aussi au pin Weymouth.

IX. QUALITÉS ET USAGES DU BOIS; PRODUITS DIVERS. On ne me paraît pas être entièrement fixé en Europe sur les qualités du bois du pin du lord Weymouth, cet arbre n'y ayant point encore été cultivé en grand pour en tirer un produit, mais seulement dans les parcs comme arbre d'ornement. Loudon s'exprime ainsi qu'il suit, t. IV, p. 2284 de son Arboretum et Fruticetum britannicum, relativement aux qualités du bois du pin Weymouth, qui a crû en Angleterre : « Le-bois » du pin Weymouth qui a crù en Angleterre, est employé pour les parquets et

» par les tourneurs; mais cet arbre étant généralement cultivé comme arbre » d'ornement, est rarement exploité pour bois d'oeuvre. Le bois d'oeuvre du pin » Weymouth continue à être exporté en Angleterre en immense quantité; il y » est considéré comme fort inférieur à celui de plusieurs autres pins d'Amérique, » et au bois d'œuvre des pins du nord de l'Europe. Dans le Dictionary of com»merce (Dictionnaire du commerce) de Macculloch, cet auteur, comparant le pin » blanc d'Amérique (pin Weymouth) avec le pin de la Baltique, donne un extrait » du témoignage de M. Copland, architecte et marchand de bois d'œuvre, qui a » examiné devant le parlement la valeur comparative du bois d'œuvre européen » et du bois d'œuvre américain. « Le pin d'Amérique, dit M. Copland, est fort in» férieur en qualité, beaucoup plus tendre de sa nature, moins durable, et fort sujet à la pourriture sèche; aussi n'est-il permis à aucune des personnes qui >> travaillent pour le gouvernement d'en faire usage, et on ne l'emploie jamais >> dans la construction des meilleurs bâtimens de Londres. Ce sont seulement les spéculateurs qui sont disposés à l'employer, parce que le prix en est fort infé» rieur (par suite de l'exemption de droits) à celui du bois d'œuvre de la Baltique. » Si vous posez deux planches de ce bois américain l'une sur l'autre, dans le » cours de douze mois elles seront presque invariablement attaquées à un cer>> tain point de la pourriture sèche. » Loudon reproduit d'ailleurs, en partie, ce que dit M. A. Michaux dans l'article Pinus strobus de l'ouvrage déjà cité, des qualités du bois du pin Weymouth en Amérique et des différens usages auxquels on l'emploie, et c'est ce que je vais faire aussi.

<< Parmi les nombreuses espèces de pins que possède l'Amérique septentrio» nale, dit M. A. Michaux t. 1er, p. 108, il n'en est aucune dont le bois soit em» ployé en aussi grande quantité et à des usages aussi variés : ce n'est pas cepen>> dant que le bois du Pinus strobus soit sans défauts, car il en a même d'assez >> essentiels, comme de n'avoir pas beaucoup de force, de tenir mal les clous, et » d'être parfois sujet à se gonfler dans les temps humides; mais ces défauts » sont rachetés par une multitude de propriétés qui lui assurent la supériorité sur >> tous les autres bois du genre des pins. Il est tendre, léger, peu chargé de nœuds » et facile à travailler; il résiste mieux qu'aucun autre aux injures du temps, et » il ne se fend pas aussi facilement aux ardeurs du soleil; il fournit des plan» ches d'une belle largeur, et des pièces de charpente de la plus grande dimen» sion; enfin il est encore abondant et à bon marché.

» Si le bois du pin Weymouth n'est pas débité dans le courant de la même an» née, il est sujet à être attaqué par de gros vers, qui le perforent dans tous les » sens, de trous de 0,005 (2 lignes) de diamètre; mais s'il est dépouillé de son écorce, il peut rester exposé aux injures de l'air pendant plus de 30 ans sans » s'altérer en aucune manière (1).

(1) Cette assertion contraste tellement avec celle de Macculloch, rapportée plus haut, qu'il est permis de craindre que M. A. Michaux, qui n'a pu faire lui-même des expériences, n'ait été trompé par de faux renseignemens,

» Dans tous les États du nord qui renferment la très-grande partie de la population des Etats-Unis, les sept dixièmes des habitans vivent encore dans des >> maisons construites en bois, et les trois quarts de ces maisons, dont on peut » évaluer le nombre à plus de 500 mille, sont presque entièrement faites de Pinus » strobus, non-seulement dans les campagnes et les villages, mais dans toutes les villes, à l'exception de Boston, New-York et Philadelphie, qui cependant ont » encore les maisons de leurs faubourgs et un petit nombre d'autres bâties de » cette manière. Dans les églises et autres grands édifices, les plus grosses pièces » de charpente sont aussi tirées de ce même arbre.

» Les moulures qui décorent les portes extérieures des maisons, les corniches » et les frises qui ornent l'intérieur des appartemens, les manteaux des chemi» nées qui sont travaillés en Amérique, avec beaucoup de soin, sont encore faits. » de ce même bois, de même que les cadres des glaces et des tableaux, car il a » l'avantage, pour ces différens ouvrages, de prendre bien la dorure. Les sculp>>teurs en bois qui s'occupent exclusivement de faire les figures destinées à orner >> l'avant des vaisseaux, n'emploient également que le bois du Pinus strobus. A >> Boston et dans les autres villes des États du nord, l'intérieur des meubles » d'acajou, les malles, le fond des chaises de Windsor de deuxième qualité, les » seaux à puiser de l'eau, une grande partie des caisses destinées à emballer les » marchandises, les cases et tablettes des magasins et boutiques sont faites en » planches de cet arbre, ainsi qu'une infinité d'autres ouvrages. Dans le district » de Maine (actuellement État de Maine), on en fait aussi des barils pour le ⚫ poisson salé. »

» Les magnifiques ponts en bois qui sont construits l'un à Philadelphie, » sur la Schuylkill, et l'autre à Trenton, sur la Delaware; ceux qui unissent Cambridge et Charleston à la ville de Boston, dont l'un a 974 mètres (3,000 » pieds) de longueur, et l'autre 487 mètres (1,500 pieds), sont faits en bois de » Pinus strobus, qu'on a préféré comme résistant le mieux aux alternatives de la » chaleur et de l'humidité.

» Il fournit encore exclusivement à la mâture des nombreux vaisseaux qui se » construisent dans les États du nord et du milieu, et il serait bien difficile de le >> remplacer, pour cet objet, dans l'Amérique septentrionale. On dit même qu'a» vant la guerre de l'Indépendance, l'Angleterre faisait venir des États-Unis les » mâts nécessaires à sa marine militaire et marchande, et encore aujourd'hui, elle » en tire de ce pays pour suppléer à ce qu'elle ne peut se procurer dans le nord » de l'Europe. C'est du district de Maine, et notamment de la rivière de Kenne» beck, que sont venus en Angleterre les plus beaux échantillons, L'avantage le » plus marqué que les mâts de Pinus strobus ont sur ceux de Riga, c'est d'être in» comparablement plus légers, mais ils sont moins forts et ont, à ce que l'on dit, » le défaut de s'échauffer et de pourrir plus vite à l'attache des vergues et dans » l'entrepont. Voilà ce qui donne au Pinus sylvestris la supériorité sur le Pinus strobus, même dans l'opinion de la majorité des constructeurs américains; mais quelques-uns d'entre eux, cependant, pensent que les mâts de cette der

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» nière espèce seraient tout aussi durables, si l'on avait soin de garantir exacte» ment leur sommet de l'humidité; c'est dans cette vue que quelques personnes, » pour ajouter à leur conservation, ont imaginé de les faire percer d'un trou de » plusieurs pieds à leur partie supérieure, et de boucher ce trou hermétiquement après l'avoir rempli d'une certaine quantité d'huile qui se trouve, dit-on, » absorbée au bout de quelques mois. On se sert encore en Angleterre du » Pinus strobus pour faire les vergues et les mâts de beaupré des vaisseaux de » guerre.

» Cet arbre n'est pas assez résineux pour qu'on puisse en extraire de la téré>> benthine et fabriquer du goudron avec son bois pour subvenir au besoin du » commerce. Ce travail d'ailleurs ne serait pas facile, car il est rare qu'il cou»vre seul quelques centaines d'arpens, étant le plus souvent mêlé, en différentes » proportions, parmi les arbres à feuilles tombantes. »

X. ACCIDENS, MALADIES, ANIMAUX NUISIBLES. Le pin Weymouth ne m'a pas paru souffrir du tout des gelées tardives, les seules qui pourraient lui nuire, sous le climat de Paris, qui est moins rigoureux que celui de l'État de Maine, où se trouvent les plus beaux pins Weymouth de l'Amérique septentrionale. Il résiste d'autant mieux aux vents les plus violens qu'il est fort bien enraciné et que son feuillage est peu épais; il en résulte aussi qu'il est moins exposé que les autres pins, dont j'ai déjà parlé, à avoir le tronc ou les branches brisées par le vent ou par les neiges et le givre. Le dommage que pourraient causer les animaux, dans les futaies de pins Weymouth, sont les mêmes que ceux qu'ils peuvent causer dans les futaies des arbres résineux dont j'ai déjà parlé; je renvoie donc à ce que j'ai dit à ce sujet, chap. II, art. X.

J'ai peu de chose à dire des insectes qui attaquent le pin Weymouth, n'ayant eu aucun moyen de faire, par moi-même, des observations à ce sujet et n'en trouvant point dans les auteurs que j'ai lus. M. Vétillart, dans ses Observations pratiques sur la culture du pin maritime, brochure que j'ai déjà citée, dit, en parlant de deux insectes qui attaquent les jeunes pins maritimes, qu'ils attaquent aussi les pins Weymouth en criblant leur écorce d'une infinité de petits trous, et qu'ils ont fait périr ou rendu invendable tous les arbres verts d'un pépiniériste du Mans. En 1843, je remarquai que mes pins Weymouth, ainsi que ceux des deux massifs du parc de Condé, dont j'ai précédemment parlé, avaient les nouvelles feuilles de leurs cimes en partie détruites et que ce qui en restait était devenu brun; je présumai que ce dégât était l'ouvrage de quelques pucerons, mais c'est ce que je n'ai pas eu le temps de vérifier.

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