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feuilles, et il n'en résulte aucun inconvénient, elles repoussent l'année suivante. En Angleterre, particulièrement dans les plaines, deux maladies, la pourriture au cœur et la rouille, ont attaqué les mélèzes et ont causé de grands ravages, mais ceux qui se trouvaient à plus de 180 mètres au dessus du niveau de la mer n'en ont point été atteints. Je renvoie à ce que j'ai dit précédemment de ces deux maladies page 300, en parlant des plantations de mélèzes en Angleterre et en Écosse. Il serait à craindre que ces deux maladies ne se déclarassent aussi sous leclimat de Paris, si l'on y faisait de grandes plantations de mélèzes à l'état serré; je n'ai encore obtenu aucun renseignement à ce sujet.

CHAPITRE IX.

CÈDRE DU LIBAN, Cedrus Libani(4).

1. NOMS DE L'ESPÈCE. Pinus cedrus LINNÉ (2). Cedrus Libani BARRELier (3). Linné ayant compris les pins, les sapins, les mélèzes et les cèdres, dans un même genre, sous la dénomination de Pinus, devait donner à l'arbre, dont je m'occupe dans ce chapitre, la dénomination de Pinus cedrus; mais je m'étonne que des botanistes, qui ont cru préférable (et je partage leur opinion) de faire plusieurs genres de ces arbres, aient compris le cèdre du Liban, les uns dans le genre mélèze, les autres dans le genre sapin ainsi Tournefort, Duhamel, Miller, etc., classent le cedre dans le genre mélèze; Poiret, Loiseleur-Deslongchamps, Lindley, etc., dans le genre sapin. Je pense comme Barrelier, A. Richard, etc., qu'il est préférable d'en faire un genre à part.

11. SÈVE ET feuilles. Le cèdre du Liban a deux sèves comme le mélèze; la première commence dans la première quinzaine de mai et se termine dans le courant de juillet, la seconde part environ quinze jours après que la première est arrêtée et finit en septembre.

Les feuilles du cèdre sont raides et d'un vert foncé; elles sont, comme celles du mélèze, disposées sur le même arbre de deux manières différentes, une à une et par bouquets. Les premières entourent les pousses de l'année; les secondes sortent de boutons situés sur le bois d'un an, ou de dards qui sont sur du bois plus âgé et qui ont déjà porté des feuilles les années précédentes. Loudon dit, t. IV, p. 2403 de son Arboretum, qu'elles tombent tous les deux ans ; mais j'ai reconnu que les premières tombent presque toutes à l'automne, comme celles des bois feuillus.

(1) Le cèdre du Liban occupait d'abord un article dans le chapitre qui suit : je me suis décidé à en faire un chapitre à part au moment de mettre sous presse. Voilà pourquoi je n'ai point donné de dessins des feuilles, des fleurs, des cônes et des graines du cèdre du Liban, ainsi que je l'ai fait pour les arbres auxquels j'ai consacré un chapitre à part; et voilà pourquoi aussi je ne me suis pas conformé entièrement, en parlant de cet arbre, à l'ordre que j'avais précédemment suivi.

(2) Species plantarum, 3o édit., t. II, p. 1420.

(3) Plantæ per Galliam, Hispaniam et Italiam observatæ, p. 122.

III. FLEURS ET CÔNES. Le cèdre du Liban porte ordinairement des fleurs mâles et des fleurs femelles sur le même pied; cependant, il résulterait d'observations que je rapporterai plus loin, que quelques sujets ne portent que des fleurs mâles, d'autres que des fleurs femelles.

Les fleurs mâles sont disposées en chatons simples érigés, longs d'environ 0,05 sur 0,04 de diamètre à la base, lorsque les fleurs ont atteint leur maturité; ces chatons se trouvent sur le dessus des branches et n'ont de ressemblance, pour l'aspect, avec aucun de ceux des arbres dont je me suis déjà occupé; les fleurs qui les composent mùrissent en octobre, sont alors d'un jaune pâle et laissent échapper abondamment une poussière jaune.

Les fleurs femelles, disposées en chatons simples comme celles des pins, sout aussi érigées et sont ovoïdes et rougeâtres; elles mûrissent en même temps que les fleurs mâles, et se transforment en cônes peu de temps après avoir été fécondées. Les cônes du cèdre sont ovoïdes et ont de 0,08 à 0m, 12 de long; la description sommaire que j'ai faite des cônes du sapin argenté, page 20, leur est applicable. La graine du cèdre est munie d'une aile, et est de la même couleur que celle du sapin argenté, avec laquelle elle a de la ressemblance pour la forme et pour les dimensions.

Les auteurs qui se sont occupés du cèdre du Liban, n'étant pas d'accord sur la floraison et sur la fructification de cet arbre, je vais rapporter, à ce sujet, outre les renseignemens que quelques personnes ont bien voulu me donner, ceux que j'ai moi-même recueillis; et, en y réunissant mes propres observations, j'espère éclaircir entièrement cette question.

Selon M. Louis Vilmorin, qui a observé avec beaucoup de soin la floraison et la fructification du cèdre du Liban, sous le climat de Paris, les fleurs mâles et les fleurs femelles commencent ordinairement à paraître en mai; mais il faut monter sur l'arbre et les examiner de près pour les distinguer. Les fleurs mâles prennent de l'accroissement jusqu'à la fin de septembre ou jusqu'au commencement d'octobre, époque à laquelle elles se distinguent parfaitement et laissent échapper une poussière jaune; les fleurs femelles prennent de l'accroissement pendant le même temps, mais cela est moins visible parce qu'elles sont plus petites, et elles se transforment en cônes après la fécondation. Ces cônes commencent à grossir l'année suivante, quand part la sève; ils sont d'abord vert-clair, puis ils prennent une teinte violacée; ils ont acquis au commencement de l'hiver toutes leurs dimensions, et pendant l'hiver ils prennent la couleur grise qu'ils conserveront. L'année suivante, c'est-à-dire la deuxième année depuis celle où ils sont nés, ils restent fixés sur l'arbre; et ce n'est que pendant les mois de février et de mars de l'année suivante, qui est la troisième depuis celle où ils sont nés, que les écailles se détachent de l'axe et tombent avec les deux graines qui sont fixées au bas de chacune d'elles. Ainsi, en supposant que les cônes soient formés le 1er décembre de l'année de la floraison, ils resteraient environ 27 mois sur l'arbre jusqu'à ce que tombent les écailles et les graines.

M. Duhamel de Fougeroux (arrière-neveu de Duhamel-Dumonceau) a, dans

le parc de son château de Vrigny, près de Pithiviers (Loiret), cinq cèdres qui ont été plantés par Duhamel-Dumonceau, l'un en 1757, les quatre autres en 1770; il a fait sur la floraison et la fructification de ces cèdres les observations suivantes, qu'il a bien voulu me communiquer : Les fleurs mâles du cèdre se remarquent vers le mois de septembre, et elles atteignent leur maturité et laissent échapper une poussière jaune en octobre, époque à laquelle on distingue aussi les fleurs femelles. L'année suivante les cônes acquièrent à peu près toutes leurs dimensions et ils prennent, pendant l'hiver, la couleur qu'ils conserveront. Au mois de juillet suivant, c'est-à-dire vers le milieu de la seconde année depuis celle où les cônes sont nés, la graine a acquis sa maturité, mais il est très-difficile de l'extraire des cônes. Au mois de juin ou de juillet suivant, c'està-dire vers le milieu de la troisième année depuis celle où les cônes sont nés, les écailles tombent avec les graines et en août il ne reste plus que les axes des cônes fixés sur les branches, comme dans les sapins argentés. Ainsi, les cônes resteraient environ 30 mois sur l'arbre depuis leur naissance jusqu'à ce que tombent les écailles et les graines. Si l'on cueille les cônes peu de temps avant l'époque où doivent tomber les graines, les écailles se détachent de l'axe avec la plus grande facilité; les graines, qui sont molles avant leur maturité, sont fermes alors, presque comme celles du sapin argenté, et elles ont éprouvé un commencement de germination; aussi, en les ouvrant, trouve-t-on l'embryon déjà presque transformé en plantule, et si on les met tout de suite en terre elles lèvent très-promptement. C'est aussi ce qu'il faut faire, car lorsqu'elles ont subi ce commencement de germination elles ne pourraient se conserver jusqu'à l'année suivante. Il lève autour des cèdres de Vrigny beaucoup de plant de semis naturel qui périt étouffé dans la futaie de chêne qui entoure les cèdres, écrasé par les promeneurs, ou détruit par d'autres causes; cependant l'on en trouve de 2 et 3 ans que l'on enlève quelquefois pour le mettre en pépinière.

Le 12 août 1844, je fus visiter les cèdres du Liban qui se trouvent dans le beau jardin de M. Guy, à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise), et je vis un grand nombre de fleurs mâles sur plusieurs de ceux de ces cèdres qui sont isolés; ces fleurs, auxquelles il fallait encore plusieurs semaines pour atteindre leur maturité, se trouvaient jusque sur les branches les plus basses, où je pus en cueillir; elles étaient fermes, coniques, d'un vert pâle, et les plus longues avaient 0,03 de long; M. Guy me manda qu'elles avaient laissé échapper le pollen dans le courant d'octobre, qu'il était très-abondant et couleur de soufre. Je ne vis point de fleurs femelles, qui sont bien moins nombreuses; il aurait fallu, pour pouvoir en découvrir, examiner les branches vers la cime, où elles se trouvent ordinairement; mais elles mûrissent nécessairement en même temps que les fleurs mâles, sans quoi elles ne pourraient être fécondées, et elles se transforment peu après en cônes. M. Guy me dit qu'il faisait cueillir les cônes au printemps de la seconde année après celle où ils sont nés, que la graine était alors fort bonne, et que les marchands ne voulaient pas des cônes cueillis plus tard. Il a remarqué que si les cônes restent sur l'arbre, les écailles et les graines tombent pendant

l'automne de cette année. Ainsi les cônes resteraient environ 24 mois sur l'arbre · jusqu'au moment où tombent les écailles et les graines.

Les cèdres du jardin de M. Guy sont au nombre de 22, âgés d'environ 70 ans, tous situés dans le voisinage de l'habitation, les uns dans des massifs, où ils ont crû à l'état serré, les autres isolés sur des pelouses; ce sont ces derniers qui portent le plus grand nombre de fleurs et de cônes, les premiers ne pouvant en porter qu'au sommet. Je remarquai sur quelques-uns des cèdres isolés, un grand nombre de cônes de l'année précédente qui avaient déjà atteint à peu près toutes leurs dimensions et qui étaient d'un blanc mat; quelquefois ces cônes étaient fixés au dessus de l'arête principale des branches, et tellement rapprochés qu'ils se touchaient presque. L'un des cèdres qui sont isolés, a été tiré d'un massif qu'on voulait éclaircir, ayant déjà plus d'un mètre de circonférence; cette transplantation ne paraît pas lui avoir nui, car il est aussi beau que ceux de son voisinage. Les cèdres de M. Guy donnent abondamment du plant de semis naturel dans les allées, sur les pelouses et dans les plates-bandes; il y périt écrasé sous les pieds, tranché par la faux, ou détruit par le binage, aussi n'en trouve-t-on point de 2 ans. J'en remarquai dans les plates-bandes qui était né depuis quelques mois, et qui était aussi beau que le plant que j'ai obtenu de la graine tombée, cette même année, des cônes du cèdre du Jardindes-Plantes.

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M. Pepin, chef de l'École de botanique du Jardin-des-Plantes de Paris, ayant observé en 1844 la dissémination des graines du cèdre du Liban de ce jardin, a fait une communication à ce sujet à la Société royale et centrale d'agriculture; on la trouve consignée dans le Bulletin des séances de cette Société (séance du 20 mars ́1844), ainsi qu'il suit : « M. Pepin, membre correspondant pour le département » de la Seine, adresse des graines de cèdre du Liban récoltées sur l'individu planté en 1735, au Jardin-du-Roi, par Bernard de Jussieu, lesquelles ont germé dans les cônes encore fixés sur l'arbre, pendant cet hiver, et tombent » à terre depuis la fin de janvier. Cette germination, qui tient sans doute à la >> température douce et humide de l'hiver, a été observée, pour la première fois, » cette année. Au nombre des graines déjà développées, il en est dont les tigelles n'ont pas moins de 4 à 6 centimètres. Plusieurs centaines ramassées en » cet état sur le sol, et semées en février, ont parfaitement réussi. » Le semis naturel résultant de la dissémination de ces graines avait donné naissance à un grand nombre de plants que j'ai visités le 29 avril 1844; ils se trouvaient sous la gouttière ou près de la gouttière de l'arbre-mère, où le ratissage, le piétinage des ouvriers et l'ombrage les ont probablement fait périr, car je n'en ai plus trouvé le 25 juin de cette même année. Je n'ai point remarqué, et je ne sache pas que personne ait remarqué, que les autres espèces d'arbres résineux dont je me suis occupé dans cet ouvrage, aient donné l'exemple d'une semblable germination.

M. Renou, inspecteur des forêts de l'Algérie, a publié une Notice sur les forêts de cèdres de l'Algérie dans les Annales forestières, année 1844, page 1; j'emprunte à

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