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cette notice le passage suivant sur les fleurs et sur les cônes des deux espèces de cèdres que l'on y a observées. « Les fleurs des deux sexes paraissent en septembre » et en octobre; au mois de juin suivant, les ovaires femelles présentent déjà » l'aspect d'un cône verdâtre long de 0,045 et d'un diamètre moyen de 0,030; » ces jeunes cònes sont, pour ainsi dire, encore à l'état herbacé et ils fléchis» sent sous la moindre pression. Au mois de juillet de l'année suivante, les » cônes ont acquis une consistance ligneuse et renferment des graines à l'état parfait de maturité; mais ils ne commencent à se disséminer qu'à l'époque » des pluies d'automne, et il en est même qui subsistent sans s'écailler jusqu'à » la fin de l'hiver. »

Je conclus de ce que je viens de rapporter que les fleurs du cèdre du Liban mûrissent ordinairement, sous le climat de Paris, dans le courant du mois d'octobre, et je me suis assuré que cet arbre n'en portait point tous les ans; que les cônes restent au moins 24 mois sur l'arbre avant que de laisser tomber leurs écailles et leurs graines; que le moment où tombent les écailles et les graines varie depuis le 24 mois jusqu'au 30o, à partir de la naissance des cônes, si les renseignemens qu'on m'a procurés sont exacts; enfin, que lorsque les graines ne tombent qu'après l'hiver ou qu'à la fin d'un hiver doux, elles commencent à germer dans les cônes mêmes.

Loudon dit, t. IV, p. 2423 de son Arboretum, que les cônes du cèdre n'atteignent leur maturité qu'au troisième automne, et qu'on peut les conserver cinq ou six ans après les avoir cueillis, sans que la graine qu'ils contiennent s'altère. Cette dernière assertion me paraît être une erreur, s'il s'agit de cônes qui n'ont été cueillis que peu avant la chute des écailles, et que ces écailles ne soient tombées qu'après l'hiver, car alors les graines ont subi un commencement de germination; mais si on les a cueillis quelques mois avant cette époque, elles se conserveront saines dans les cônes pendant un temps plus ou moins long, que je ne puis indiquer, même approximativement. Selon le même auteur, t. IV, p. 2404, le cèdre ne commence à porter des cônes que lorsqu'il est âgé de 25 à 30 ans, et la plupart des graines qui se trouvent alors dans ces cônes sont stériles; ce n'est que dans des cônes récoltés sur des cèdres plus âgés que l'on peut trouver des graines fertiles. Il dit que quelques cèdres ne produisent que des fleurs mâles, d'autres que des fleurs femelles, mais que quelques-uns produisent les unes et les autres, et ces remarques ont été faites sur des cèdres âgés de plus de 100 ans. Ainsi, une partie de ces arbres auraient des fleurs dioiques: M. Renou a fait la même observation dans les forêts de cèdres de l'Algérie, et l'a consignée dans la notice que j'ai citée plus haut. « Il y a, dit Loudon, t. IV, p. 2404 de son Arbore» tum, des cèdres à Whitton et Pepperharrow, et dans d'autres lieux, qui, quoi

» que âgés de plus de 100 ans et quoique étant d'une croissance vigoureuse, ont

» à peine encore porté des fleurs mâles et des fleurs femelles. »

Miller dit (1) que quatre cèdres, qui ont été plantés en 1683, hauts de 3 pieds

(1) Dictionnaire des jardiniers, t. IV, p. 348, art. Larix cedrus.

(0,90), dans le jardin botanique de Chelsea, et qu'on croit être les premiers qui aient été plantés en Angleterre, « ont produit pendant plusieurs années un grand » nombre de fleurs mâles, mais que trois seulement ont donné des cônes qui ne » parviennent à leur maturité que depuis 35 ans; qu'aujourd'hui (en 1766) les » semences qui tombent des cônes, autour de ces arbres, produisent des plantes » en abondance et sans aucun soin. »>

M. Vilmorin a, dans sa propriété de Verrières, à 12 kilomètres de Paris, un cèdre qui a commencé à donner des fleurs mâles à 23 ans et des cônes avant 28 ans. J'ai remarqué, dans le parc de Fromont, que des cèdres âgés d'environ 28 ans portaient des cônes. J'ai, chez moi, un cèdre qui a été planté à l'automne de 1804 par mon père, et qui n'a encore donné ni fleurs ni cônes. M. Gazan en a, à 24 kilomètres de chez moi, qui ont été plantés en 1815 et qui n'ont pas encore fructifié il serait possible que ces arbres portassent moins régulièrement des fleurs et des cônes en France et en Angleterre que dans les pays où ils sont indigènes.

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IV. GRAINES ET SEMIS NATUREL. J'ai dit précédemment qu'il levait des plants provenant de semis naturel autour du cèdre du Jardin-des-Plantes, autour des cèdres de Vrigny et autour des cèdres du jardin de M. Guy. Une personne de ma connaissance m'a dit avoir remarqué chez M. Polissard, à Marcigny (Saône-etLoire), des cèdres qui donnent abondamment du plant de semis naturel et que, parmi ces plants, il y en a qui ont déjà 2 mètres de haut. M. Vilmorin, dans une note du Traité pratique de la culture des pins de Delamarre, page 319, dit qu'il a vu une quantité de jeunes plants s'élever d'eux-mêmes sous les beaux cèdres du parc de Bellevue, près Meudon, et qu'un cèdre planté par son père, dans un jardin qu'il possédait à Paris, au faubourg Saint-Antoine, a souvent aussi produit de jeunes plants qui s'étaient semés naturellement dans le massif dont il faisait partie. Il est donc probable que le cèdre pourrait se reproduire en France par le semis naturel, comme dans les pays où il est indigène.

On a vu, par ce qui précède, que je n'ai pas assez de données pour indiquer à quel âge le cèdre commence à donner du semis naturel abondant, mais je présume que ce ne doit pas être avant 60 ans. Quant à l'âge que doivent avoir les cèdres sur lesquels on récolte les cônes pour en extraire la graine, je pense qu'il est prudent, lorsqu'on le peut, de n'en récolter que sur des cèdres âgés de 60 ans au moins. On a vu que la graine est féconde, dès le printemps de la deuxième année, depuis celle où les cônes ont pris naissance; c'est alors, et même lorsque les graines proviennent de cônes plus jeunes encore, qu'on les récolte le plus souvent; mais sont-elles parvenues à l'état parfait de maturité? Je désirerais que l'on fit à ce sujet des expériences concluantes. Ces expériences seraient fort simples, puisqu'elles consisteraient à semer dans le même terrain des graines extraites de cônes cueillis au printemps de la seconde année, depuis celle où les cônes ont pris naissance, et des graines extraites de cônes cueillis sur le même arbre, peu avant le moment où ces cônes laissent tomber leurs graines;

et ensuite, à observer la végétation des plants et des arbres qui proviendraient de ces semis, pour voir s'ils seraient également beaux et s'ils résisteraient également bien aux intempéries des saisons. Jusqu'à ce que ces expériences aient été faites, il est évidemment préférable de ne cueillir les cônes dont on veut extraire les graines, que peu de temps avant le moment où les écailles vont se détacher des cônes et tomber avec les graines.

Chez les grainetiers, on ne trouve que des cônes cueillis quelquefois beaucoup trop tôt; les écailles de ces cônes tiennent si fortement à l'axe, qu'on est obligé, pour extraire les graines avec quelque promptitude, de percer d'abord, avec un vilebrequin, le cône d'où on les extrait, à l'endroit où se trouve l'axe. M. L. Deslongchamps conseille (1) de commencer par en retrancher 6 ou 8 lignes (0,013 à 0,018) du bas et autant du haut avec une scie, ces parties des cônes ne contenant que des graines avortées; par cette opération préparatoire on rend l'extraction des graines beaucoup plus prompte.

On trouvera chap. XI,

V. MODE DE VÉGÉTATION, description, DIMENSIONS. art. IX, des détails sur la végétation et l'accroissement du cèdre du Liban, depuis le semis jusqu'au moment de la plantation à demeure; mais je crains d'avoir employé de la graine qui n'avait pas atteint une complète maturité, ce qui fait que je donne avec méfiance les résultats que j'ai obtenus. Cet arbre, après avoir dépassé les premières années, a, dans les situations qui lui sont favorables, une magnifique végétation; il surpasse en grosseur, à égalité d'âge, tous les arbres dont je me suis précédemment occupé.

Le cèdre du Liban a un pivot et est très-fortement enraciné, sans quoi il ne pourrait résister aux vents, puisque sa tête s'étale beaucoup quand il croît isolé.

Le tronc de cet arbre est droit, mais quand il croît isolé il se partage presque toujours, à plus ou moins de distance du sol, en plusieurs branches, ce qui résulte souvent de ce que sa flèche, qui est fort mince, a été brisée; ces branches sont ordinairement érigées à l'endroit où elles sortent du tronc, mais lors même que le tronc s'élève à une assez grande hauteur, il décroît promptement de diamètre, parce que l'arbre est garni de branches depuis le sol, comme les sapins, et que dans le nombre il s'en trouve toujours de très-grosses. La flèche de l'arbre est d'abord inclinée, le plus souvent du côté du nord ou de l'est, mais l'année suivante elle se redresse.

Les branches principales s'étalent au loin et sont couvertes, dans leur partie supérieure, d'un épais feuillage; elles ont la forme de palmes, ce qui donne au cèdre du Liban un aspect majestueux tout particulier, qui le fait reconnaître de loin. L'écorce de cet arbre est d'un gris foncé et plutôt fendillée que rugueuse.

Le cèdre croit très-bien à l'état serré, ainsi que les arbres dont je me suis déjà

(1) Histoire du cèdre du Liban, p. 49.

occupé, son tronc file droit et se dépouille de branches; cet arbre change alors complètement d'aspect, de manière à ne pouvoir être reconnu, parce que, indépendamment de la différence qui existe entre les arbres qui croissent à l'état serré et ceux qui croissent isolés, ses feuilles ne sont plus pressées de la même manière sur les branches et sont d'un vert beaucoup moins foncé. Le tronc du cèdre, qui a crû à l'état serré, ne m'a pas paru maintenir sa grosseur mieux que celui du mélèze, du moins d'après ce que j'ai remarqué dans le parc de Fromont et dans le jardin de M. Guy, seuls lieux où j'aie vu en France des cèdres à l'état serré; et en les comparant aux mélèzes à l'état serré qui se trouvent dans mon parc. «Quand les cèdres sont plantés en massifs, dit Loudon, t. IV, p. 2425, de » son Arboretum, seuls ou avec d'autres arbres, les branches latérales sont étouf» fées, mais pourtant ils continuent à croître à peu près aussi rapidement que » le mélèze et le sapin argenté, quand ces arbres sont traités de même. Ainsi, en » définitive, le cèdre n'a peut-être pas plus à souffrir de la perte de ses branches » latérales qu'aucun autre pin ou sapin. » M. Renou, dans la notice précédemment citée, dit que dans la forêt de cèdres située dans le voisinage de Blidah, on trouve un mélange de ces arbres depuis l'arbre séculaire jusqu'au jeune plant de l'année; mais qu'on rencontre aussi quelques portions de massifs qui présentent de l'uniformité dans leur composition.

On a inséré dans le no de mai 1844 du Bulletin des séances de la Société royale et centrale d'agriculture, une note relative aux cèdres du mont Ciga, près de Teniat-el-Haâd, adressée par le ministre de la guerre au président de la Société; on y trouve les renseignemens suivans: « Les cèdres qui croissent sur le Djebel» Ciga sont très-abondans et généralement très-grands; cependant on en trouve » de tous les âges. Le cèdre se reproduit par la graine; cette reproduction est ex» trêmement facile, si l'on en juge par l'immense quantité de très-jeunes cèdres » dont la terre est couverte; mais ces jeunes arbres sont détruits par le feu que » les Arabes allument dans la forêt au moment des grandes chaleurs. Dans les » parties de la montagne que le feu a épargnées, les cèdres de 5 à 6 mètres de » hauteur sont tellement serrés, qu'un homme a de la peine à passer au tra» vers. Les cèdres croissent sur le versant nord de la montagne; le terrain qu'ils » occupent forme une zône horizontale de 5 à 600 mètres de largeur sur une lon» gueur de 4 lieues; cette zone de terrain est à 400 mètres environ au dessus du » niveau de la mer. »

Le cèdre du Liban peut subsister très-longtemps sur les hautes montagnes sans dépérir, puisque voilà près de quatre cents ans qu'on cite quelques cèdres qui sont sur le mont Liban, et ces cèdres, si remarquables par leurs dimensions, ne dépérissent point encore. Il paraît que le cèdre du Liban ne pourrait pas se maintenir aussi longtemps dans nos plaines de l'Europe. Les deux cèdres de Chelsea qui restent des quatre que l'on avait plantés en 1683, ainsi que je l'ai dit plus haut, sont, dit Loudon, t. IV, p. 2406 de son Arboretum, dont l'édition complète a paru en 1838, dans un état complet de décadence, ce qui suppose qu'ils avaient. atteint leur maturité depuis longtemps; mais ils se trouvent dans un terrain mai

gre, sablonneux, mêlé de gravier, reposant à 2 pieds (0,60) de la superficie, sur un sous-sol dur et mêlé de rochers. Le même auteur dit t. Ier, p. 48 du même ouvrage, qu'il y a à Enfield un cèdre qui était en 1821 en état de décadence, et ce cèdre est tout au plus aussi âgé que ceux de Chelsea. Parmi un grand nombre de cèdres que l'on a plantés en France à dater de 1735, année où fut planté celui du Jardin-des-Plantes, ceux qui occupent des terrains profonds, favorables à la végétation de ces arbres, ne laissent encore apercevoir aucun signe de dépérisse

ment.

Le cèdre acquiert pendant les premières années, toutes choses égales d'ailleurs, de plus fortes dimensions en circonférence qu'aucune des espèces dont je me suis précédemment occupé; mais je ne crois pas qu'il atteigne à la même hauteur que nos deux sapins d'Europe, ni que ceux des pins dont j'ai déjà parlé qui s'élèvent le plus haut. Je me contenterai de quelques citations à l'appui de ce que je viens de dire.

Varennes de Fenille rapporte (1) que le cèdre du Jardin-des-Plantes avait en 1786, c'est-à-dire 52 ans après qu'il avait été planté, 6 pieds 7 pouces (2,43) de circonférence à 4 pieds 6 pouces (1,45) au dessus du sol. M. L. Deslongchamps dit qu'il a mesuré ce cèdre en 1812 (2) à la même hauteur, et lui a trouvé 8 pieds 8 pouces (2,81) de circonférence; en 1837, il l'a mesuré de nouveau et lui a trouvé 10 pieds (3,25). J'ai mesuré ce même arbre le 27 mai 1844; il avait à un mètre du sol 3,25 de circonférence; ainsi il ne prend plus d'accroissement; je n'ai pu prendre cette même dimension au niveau du sol, parce qu'il est entouré d'un banc de pierre; sa hauteur n'est que de 17,30. Je dois d'ailleurs faire observer que l'on a chaussé de terre le pied de cet arbre, ce qui est toujours nuisible, d'où il résulte qu'en le mesurant à un mètre du sol actuel on se trouve à une plus grande hauteur du sol primitif; quant à la hauteur de cet arbre, elle serait plus grande si l'on n'eût brisé sa tête, il y a environ cinquante ans, d'un coup de fusil. La terre dans laquelle il se trouve est maigre et contient beaucoup de plâtras provenant des démolitions de Paris. Son accroissement annuel, en lui donnant 115 ans, ayait été jusqu'en 1844 de 0,009.

Le cèdre de Vrigny, planté en 1757 par Duhamel-Dumonceau, était par conséquent âgé d'environ 84 ans en 1844; il avait à l'automne de cette année un diamètre de 1,53 à un mètre du sol, une hauteur de 27", 18, et l'envergure de son branchage, dans sa plus grande largeur, était de 25 mètres. Il se divise à 4 mètres du sol en plusieurs branches; l'une d'elles continue le tronc, ce qui donne à l'arbre un port régulier. L'accroissement annuel de ce cèdre, calculé sur son diamètre à un mètre du sol, avait été de 0,018. Des quatre autres cèdres plantés aussi à Vrigny par Duhamel-Dumonceau, mais en 1770, le plus beau a un diamètre de 1TM,07 à un mètre du sol, 25,70 de haut, et sa tige se prolonge droite jusqu'à sa cime; ces arbres sont dans un sable frais et substantiel mêlé de terre de bruyère. Il y a

(1) Mémoire sur l'administration forestière, etc., t. II, p. 448. (2) Histoire du cèdre du Liban, p. 36.

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