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tuf calcaire ne se trouvât, en quelques endroits, qu'à 0,32 de profondeur; il en reste encore six, que l'on va abattre pour bâtir sur leur emplacement. Le cèdre du Jardin-des-Plantes et les cèdres du jardin de M. Guy se trouvent dans un terrain de terres rapportées qui contient beaucoup de plâtre; il y en a au bois de Boulogne, près de Paris, qui ont une végétation passable dans un terrain fort maigre. Néanmoins, cet arbre ne peut réussir dans des terrains siliceux aussi maigres que ceux où l'on peut encore cultiver avec succès le pin sylvestre, le pin laricio et surtout le pin maritime. M. de Larminat avait fait planter 250 cèdres, en 1825, dans la forêt de Fontainebleau, au lieu dit la Gorge-du-Houx, dans un terrain fort maigre composé d'un sable blanc, recouvert d'une couche de terre de bruyère; cependant des pins sylvestres et des pins maritimes qui y avaient été plantés en même temps que les cèdres y réussissent. En 1844, il ne restait plus que 13 des 250 cèdres qui avaient été plantés dans la Gorge-du-Houx; 5 de ces arbres n'avaient eu aucun accroissement en hauteur et étaient restés rabougris; le plus haut des huit autres avait 4 mètres de haut et 0,35 de circonférence; les pins sylvestres du même temps avaient, dans le même lieu, 11 mètres de haut et 1 mètre de circonférence, les pins maritimes 10 mètres et 0,75. Et c'est bien à l'aridité du terrain qu'il faut attribuer la mauvaise réussite de cette plantation de cèdres, puisque M. de Boisdhyver en ayant fait transplanter quelques-uns dans un terrain de bonne qualité, ils ont repris une belle végétation (1). Le sol qui paraît convenir le mieux au cèdre du Liban est un sable substantiel et profond : c'est dans un sol de cette nature que se trouve le beau cèdre de Vrigny; et dans les environs de Londres, c'est aussi, dit Loudon, dans un sable profond et substantiel, par exemple à Syon et à Whitton, qu'il a atteint les plus fortes dimensions.

VII. CULTURE. - On pense généralement, en France, qu'on ne peut élever le cèdre du Liban avec succès que dans des pots, des terrines ou des caisses que l'on rentre l'hiver. Delamarre dit, page 139 de son Traité pratique, que « les essais répétés qu'il a faits, en semant rustiquement des graines de cèdre, ne lui ont pas » réussi; qu'il n'en a obtenu des sujets qu'en semant les graines en pots ou en terri»nes. » Je présume qu'on est dans l'erreur, puisqu'il lève du plant de semis naturel qui brave la rigueur des hivers et réussirait bien si on le protégeait, afin qu'il ne fût pas détruit par des accidens. J'ai élevé des cèdres du Liban en pleine terre, ainsi qu'on le verra chap. XI, art. IX; mais j'en ai perdu beaucoup, ce qui tenait peut-être à ce que la graine, que j'avais extraite avec peine des cônes, n'était pas parfaitement mûre. Je recommence cette expérience, ainsi que je le dirai dans le chapitre que je viens de citer.

Je ne sache pas que l'on ait essayé de semer en grand le cèdre du Liban en pleine terre, je présume pourtant qu'on réussirait si l'on employait de la graine parfaitement mûre. Le principal obstacle est la difficulté que l'on éprouverait à se procurer de la graine en suffisante quantité. En effet, celle que l'on extrait

1) Renseignemens communiqués par M. de Boisdhyver, inspecteur de la forêt de Font inebleau,

avec tant de peine des cònes, est ordinairement molle et ne conserverait probablement sa faculté germinative que peu de temps; si l'on veut cueillir les cônes, peu avant le moment où ils laisseront tomber leurs écailles et leurs graines, pour être certain que les graines soient parfaitement mûres, il est difficile de s'en procurer beaucoup, puisque cette époque est variable; et si d'ailleurs les graines ont éprouvé un commencement de germination, il faut les semer de suite.

L'élagage des arbres résineux qui est nuisible en principe, mais qui est souvent avantageux quand il est exécuté avec la réserve convenable, paraît être encore plus nuisible au cèdre qu'aux autres espèces d'arbres résineux dont je me suis déjà occupé; du moins Miller et Loudon, qui cite Miller et Boutcher, apportent des faits à l'appui de cette opinion. J'ai éprouvé moi-même que le broutage par les lapins, des branches latérales des jeunes cèdres nouvellement plantés, les faisait ordinairement périr, tandis que les pins, les sapins et les mélèzes en sont seulement retardés dans leur accroissement; il ne faut donc élaguer les cèdres qu'avec la plus grande réserve, en commençant cette opération pour les arbres isolés, dès l'âge de 12 ans, par les branches les plus rapprochées du sol et à raison d'une ou deux branches seulement par an. Lorsque ces arbres croissent à l'état serré, ils s'élaguent d'eux-mêmes, et l'on peut alors couper les branches du bas de l'arbre qui, étant étiolées, sont destinées à périr un peu plus tard.

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VIII. QUALITÉS ET USAGES DU Bois. On a cru longtemps, sur la foi des témoignages anciens, que le bois du cèdre était incorruptible et qu'il était l'un des meilleurs qui existassent pour la marine, les constructions et la menuiserie. « Le » bois de cet arbre fameux, dit Miller, est regardé comme incorruptible. » On sait actuellement que ce bois est léger, puisque Varennes de Fenille a trouvé que le pied cube, parfaitement sec, ne pesait que 29 livres (14 kil. 195 gr.); je vois pourtant dans Baudrillart (1) que Muschenbroek indique pour le poids du pied cube de ce bois 42 livres 14 onces (20 kil. 979gr.), et Hassenfratz, 57 livres (27 kil. 881 gr.), différences qui résultent probablement de ce que le bois n'avait pas atteint le même degré de dessiccation. M. Renou dit que le bois de cèdre a de la ressemblance avec le bois de l'épicéa, mais que sa nuance est plus foncée. Dans la note que j'ai citée page 8, on dit « que le bois de cèdre a la plus grande analogie avec le bois » de sapin, que cependant ce dernier est moins cassant et meilleur pour les cons>>tructions. » M. L. Deslongchamps dit, dans la brochure précédemment citée, qu'il a beaucoup de ressemblance avec le bois de pin, et plus encore avec celui de sapin; que la section du tronc d'un cèdre a plus de ressemblance avec celle du tronc d'un sapin argenté qu'avec celle d'aucun autre arbre résineux. « Le » bois de cèdre, dit cet auteur, brûle vite, en pétillant beaucoup, et le feu qu'il » fait dégage bien moins de chaleur que celui du chêne, du charme ou du hêtre; » son charbon est très-léger et ne produit que peu de chaleur, parce qu'il se

(1) Dictionnaire des eaux et forêts, t. Jer, p. 537, art. Cèdre.

» couvre promptement de cendres, comme celui des bois de peuplier et de saule. » Loudon, qui était en position de recueillir des renseignemens à ce sujet, puisque le cèdre a été cultivé plus tôt et en beaucoup plus grande quantité en Angleterre qu'en France, dit, t. IV, p. 2447 de son Arboretum, « que le bois de cèdre » est d'un blanc rougeâtre; qu'il est léger, spongieux, facile à travailler, mais » disposé à se déjeter; qu'il n'est point durable; qu'il ne tient pas bien les clous » et qu'il ne peut être employé qu'en bois de fort échantillon. » Le même auteur dit aussi qu'il a comparé une planche de cèdre avec des planches du pin sylvestre d'Angleterre, et qu'il a trouvé la première inférieure en force aux autres. Je ne sais si cet arbre est propre à la marine, ni quel rang il doit occuper comme bois de construction.

IX. ACCIDENS, MALADIES, ANIMAUX NUISIBLES. Relativement aux maladies et aux accidens auxquels est exposé le cèdre du Liban, je ne puis que reproduire ce que dit Loudon t. IV, p. 2425 de son Arboretum : « Les branches fortes et éten» dues du cèdre peuvent être brisées par le poids dont les accablent quelquefois » d'abondantes neiges; mais cet arbre est moins sujet à être renversé par les vents » que les pins, les sapins et les mélèzes, qui n'ont pas, comme lui, de larges et » fortes branches près du sol. Il n'est pas sujet aux maladies, et il est moins ex» posé à être attaqué par les insectes, d'après ce que nous avons vu et observé, » qu'aucune autre espèce de la tribu des pins et des sapins.

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X. CÈDRE DU LIBAN, VARIÉTÉ ARGENTÉE. Deux personnes seulement, je crois, ont parlé du cèdre argenté jusqu'à ce moment : M. Renou, dans une Notice sur les forêts de cèdres de l'Algérie, dont j'ai cité quelques passages page 312, et M. Durieu de Maison-Neuve, membre de la commission scientifique de l'Algérie. Les observations de M. Durieu ont été transmises à l'Académie des Sciences par M. Bory de Saint-Vincent, dans un mémoire intitulé: Sur les cèdres de l'Atlas et l'emploi de leur bois dans les constructions mauresques d'Alger; et ce mémoire a été inséré dans le Compte-rendu des séances de l'Académie des Sciences, t. XVIII, no 24 (10 juin 1844). Loudon parle à la vérité, dans l'article Cedrus Libani, t. IV, p. 2402 de son Arboretum, d'une variété foliis argenteis; mais il dit que les feuilles sont d'une couleur argentée des deux côtés, tandis que celles du cèdre argenté de l'Algérie n'ont cette couleur que d'un seul côté; il ajoute qu'il y en a de beaux sujets à Whitton et à Pains Hill, et qu'il est étonnant que les pépiniéristes n'aient jamais pris la peine de multiplier cette belle variété par le semis ou par la greffe. M. Renou pense que le cèdre du Liban et le cèdre argenté forment deux variétés bien caractérisées; M. Durieu dit que la coloration des feuilles en blanc n'est qu'un accident; je rapporterai leurs opinions, et je les ferai suivre de quelques observations.

M. Renou est le premier qui ait parlé du cèdre argenté; il dit, dans la notice que j'ai citée plus haut, que ces arbres occupent les 7/10 de la forêt de cèdres d'environ 4,680 hectares qui se trouvent dans les environs de Blidah, et qu'ils y

atteignent des dimensions plus fortes que le cèdre du Liban. « Il n'est pas rare, » dit-il, d'en rencontrer qui ont 5, 6 et 7 mètres de circonférence à un mètre du » sol, et qui, loin de laisser apercevoir le moindre signe de caducité, semblent » au contraire parcourir les phases de leur plus grand accroissement. » M. Renou a donné avec sa notice des dessins des fleurs et des cônes des deux variétés de cèdres; on voit que leurs fleurs et leurs cônes sont parfaitement semblables; aussi n'a-t-il fait de ces organes qu'une seule description, que j'ai reproduite page 312. Il fait ressortir, ainsi qu'il suit, les différences qui existent entre ces deux variétés.

« Les cèdres qui forment le peuplement de cette forêt présentent deux varié»tés bien caractérisées.

» La première variété semble se rapporter exactement à l'espèce acclimatée en » France depuis un siècle sous le nom de cèdre du Liban, » et M. Renou en fait une description qui me paraît justifier cette opinion, mais que je ne reproduirai pas. << La seconde variété diffère sensiblement de la première : les folioles sont plus grosses, sans cependant être plus longues; elles se redressent en se con» tournant, comme si elles tendaient à converger vers un sommet commun, ce

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qui donne aux petits faisceaux une forme arrondie. Le caractère le plus tran>> ché de cet arbre, c'est que le dessus des folioles est d'un blanc mat qui produit » sur la nuance verte du feuillage un reflet argenté. Les cônes eux-mêmes, avant » leur entière maturité, laissent entrevoir à la partie extrême de leurs écailles » cette teinte blanchâtre, qui toutefois est moins apparente que celle des folio»les. Le rameau qui supporte les faisceaux de feuilles présente également un ré» trécissement assez prononcé à sa partie inférieure; mais il est plus gros que » dans la première variété, et les petites couronnes qui subsistent en saillie » après la chute des folioles sont plus prononcées.

» Les branches s'étendent également en palmes horizontales; mais elles s'in»clinent beaucoup plus vers le sol que celles des cèdres de la première variété. » Cette particularité semble du reste devoir être attribuée à la différence de poids » des folioles, qui, dans le cèdre argenté, sont plus grosses et plus fournies. Les palmes inférieures tallent beaucoup moins que celles du cèdre vert, et il y a » moins de disproportion entre la longueur des branches à mesure qu'elles par» tent de points plus rapprochés de la cime.

» Son écorce est d'un gris cendré; elle est épaisse, rugueuse, et forme des » écailles qui se détachent par parcelles lorsque le sujet a atteint un certain de>>> gré de vétusté.

» Le bois du cèdre argenté est d'un blanc nancé de jaune; sa contexture est » assez serrée et présente de l'homogénéité; mais il est moins lourd que celui du » cèdre vert.

» Les différences qui existent dans le port, le degré d'élancement et la couleur » du feuillage de ces deux arbres, sont du reste assez apparentes pour permettre » à un œil un peu exercé de les distinguer l'un de l'autre à de grandes dis

>> tances. >>

On voit dans le mémoire de M. Bory de Saint-Vincent que M. Durieu a parcouru la même forêt de cèdres que M. Renou avait parcourue avant lui; que les pâtres allument quelquefois dans ces forêts des incendies qui se propagent souvent au loin; que les montagnards coupent sans choix tout arbre qui se trouve à leur proximité et détruisent souvent, pour en obtenir la plus médiocre pièce de charpente, des colosses de végétation respectés par mille tempêtes; que le bois de cèdre était déjà employé à Alger du temps des Turcs, sans qu'on se doutât que c'était du bois de cèdre, mais il ne parle pas des qualités de ce bois; qu'il existe dans la forêt de Blidah d'énormes cèdres qui doivent être d'un âge prodigieux; que les cèdres se reproduisent d'eux-mêmes avec la plus grande facilité, et que M. Durieu vit de toutes parts autour de lui leur germination naissante s'étaler sur le sol en pompeuses rosettes du vert le plus suave.

Je vais reproduire textuellement ce qui est dit dans ce mémoire pour prouver que le cèdre argenté et le cèdre du Liban ne sont qu'un seul et même cèdre : « Il est maintenant évident pour M. Durieu qu'il n'existe point deux espèces de cèdres, comme on l'avait présumé d'après des renseignemens entièrement » inexacts. On imaginait un cèdre de feuillage obscur comme celui qui fait épo» que vers le sommet du Jardin-du-Roi, et un autre cèdre de feuillage argenté. » On s'était même hâté de publier la figure de l'un et de l'autre. Il sera mainte»nant difficile de considérer, même comme de simples variétés, ces deux pré» tendues espèces. La coloration des cèdres tient à diverses circonstances, et >> principalement à l'âge de chacun. En effet, dit notre savant voyageur, j'ai ob» servé une grande quantité d'arbres qui, sur le même tronc et sur les mêmes » branches, présentaient les deux teintes fort tranchées avec des nuances inter» médiaires. Quelques pieds cependant, mais c'étaient les plus grands, conséquemment les plus vieux, n'offraient que la couleur argentée d'une manière » tranchante, ce qui leur donnait un aspect tout particulier. La caducité se ma» nifesterait donc aussi dans le cèdre par la blancheur. »

Si les observations qui ont été faites par M. Renou sont exactes, il me paraît évident qu'il y a deux variétés de cèdres dans la forêt de Blidah, le cèdre du Liban et le cèdre argenté; et en admettant aussi l'entière exactitude des observations de M. Durieu, elles ne prouvent pas, selon moi, que M. Renou se soit trompé. En effet, il serait possible que les feuilles du cèdre argenté ne prissent la teinte argentée qu'à un certain âge et que successivement; il n'est d'ailleurs pas possible d'admettre que les feuilles du cèdre du Liban se colorent en blanc quand il vieillit. On n'a rien remarqué de semblable sur le mont Liban, où se trouvent des cèdres trèsâgés, ni en Angleterre, où il y en a qui sont déjà en état de décrépitude, ni en France, où nous en avons qui approchent de leur maturité, s'ils ne l'ont atteinte. Quoi qu'il en soit, on sera bientôt fixé relativement aux cèdres de la forêt de Blidah, en observant ces arbres avec encore plus d'attention, mais surtout en semant de la graine de cèdre argenté, pour voir si les cèdres qui en proviendront seront argentés.

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