Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[ocr errors]
[ocr errors]

»> nos plus beaux arbres résineux conifères. La symétrie de ses parties, son port imposant, la longueur et l'épaisseur de ses aiguilles, serrées les unes contre » les autres, sa belle verdure, l'odeur balsamique qu'il répand, la position régulière de ses branches, sa magnifique couronne et ses cônes d'un brun-jau» nâtre, forment un ensemble harmonieux qui frappe par sa régularité. ›

Le bois du pin d'Autriche est d'un blanc-jaunâtre vers la circonférence, d'un jaune de rouille vers le cœur; il est, dit loss, le plus riche en résiné de tous les bois résineux de l'Europe. Cet auteur rapporte que mille tiges de 12 à 14 pouces (0,31 à 0,36) de diamètre et de 7 à 8 toises (13",27 à 15", 16) de haut, exposées la moitié au nord, l'autre moitié au sud, ont donné annuellement 8,267 livres (4,629 kil. 520 gr.) de résine, ou 8 livres 27 onces (4 kil. 629 gr.) par arbre, et que ce produit est beaucoup plus fort dans les arbres isolés. Le résinage a mis un obstacle à la propagation du pin noir d'Autriche dans les États autrichiens, et en aurait même à la longue causé la destruction, si le gouvernement n'eût enfin pris des mesures pour régulariser la récolte de la résine; cette opération nuit à l'accroissement des tiges, mais les pertes que l'on fait ainsi sont plus que compensées par la valeur de la récolte de résine; le bois des arbres qui ont été résinés est d'ailleurs préféré, comme bois d'œuvre, et pour la fabrication du goudron et du charbon, à celui des arbres qui ne l'ont point été. Le bois du pin d'Autriche, plus tenace et plus ferme que celui du pin sylvestre, est employé aux mêmes usages; il est très-estimé pour les constructions dans l'eau, plus même que le bois du mélèze. Les Turcs, dit Olivier, t. 11, p. 6 de son Voyage dans l'Empire ottoman, emploient beaucoup le pin de Caramanie (qui paraît être le même que le pin d'Autriche) à la construction de leurs vaisseaux.

Le pin d'Autriche, quoiqu'il aime les lieux ouverts et exposés au soleil, croit à toutes les expositions, mais il préfère celle du midi. On en trouve encore de beaux massifs, dit Hoess, à 4,000 pieds (1,224 mètres) au dessus du niveau de la mer; mais alors il n'occupe que les versans sud, sud-est et sud-ouest.

Le pin d'Autriche se contente de toute espèce de sols, pourvu qu'ils ne soient pas trop humides; mais sa croissance et la qualité de son bois varient beaucoup selon la nature du sol. Les sols calcaires sont ceux où on le trouve le plus souvent et qui semblent le mieux lui convenir; c'est sur ces terrains qu'il prend le plus de qualité, qu'il devient le plus riche en résine, et il y acquiert des dimensions d'autant plus belles que le sol a plus de profondeur. Cet arbre croît quelquefois spontanément sur des rochers calcaires à peine couverts d'une couche de terre, où l'on ne trouve aucun autre de ses congénères, soit que les terrains calcaires ne leur conviennent point, soit qu'ils ne puissent croître dans des terrains aussi maigres et sans profondeur. Pour donner une idée de sa rusticité, Hoss rapporte que sur un terrain des environs de Wiener-Neustadt, qui n'est qu'un mélange de galets et de cailloux calcaires mêlés de très-peu de terre, 4,000 arpens (2,301 hectares 20 ares) ont déjà été semés en pin d'Autriche, et que cet arbre y acquiert cependant une hauteur de 8 à 9 toises (15,17 à 17,04) et un diamètre de 10 à 12 pouces (0m,26 à 0,31); les semis sur les amas de galets

les plus maigres, quoique végétant d'abord misérablement, finissent par réussir. Le pin d'Autriche se reproduit par le semis naturel aussi facilement que le pin sylvestre. Un des effets du résinage de ces arbres, quand il a été fait avec modération, est d'augmenter la production des cônes, et les graines sont aussi bonnes alors que celles des arbres qui n'ont point été résinés.

Le pin d'Autriche peut se multiplier par la plantation; mais ce moyen est peu usité en Autriche, et l'on n'emploie ordinairement alors que du plant de 2 ou 3 ans. Cet arbre m'a paru avoir plus de chevelu que le pin laricio et un pivot moins prononcé; aussi, en l'élevant ainsi que je le prescris chap. X1, art. X, les plantations qu'on en fait à demeure réussissent parfaitement. Ce que j'ai dit de la création d'une futaie de pins laricio, de son exploitation et de son aménagement, me paraît s'appliquer de tout point au pin d'Autriche; et l'on trouvera chap. XI, art. X, des renseignemens sur la culture de cet arbre en pépinière et sur sa plantation à demeure.

En Autriche, c'est le semis artificiel, avec de la graine désailée, qui est le moyen ordinaire pour multiplier le pin d'Autriche; et tous les modes de semis que l'on emploie avec succès pour le pin sylvestre, y réussissent également pour le pin d'Autriche. Je rapporterai sommairement ce que Hoess dit de la création des futaies de pins d'Autriche sur cette plaine pierreuse des environs de WienerNeustadt dont je viens de parler, parce que la création de ces futaies et leur destination présentent des circonstances particulières. On s'est proposé, en créant des futaies sur ces terrains arides qui ne produisaient aucun revenu, de se procurer des feuilles dont on se sert pour litière, ce qui a permis de mettre en culture des terrains fort maigres de leur voisinage; de se procurer du bois de chauffage, de la résine et du bois d'œuvre; enfin d'améliorer le terrain par le détritus des feuilles, que l'on ne prend ni dans les premières, ni dans les dernières années de la futaic.

La création de ces futaies s'exécute ainsi qu'il suit : on donne deux labours au printemps, et l'on sème successivement de l'avoine, pour ombrager le plant la première année dans ce terrain brûlant, et la graine de pin d'Autriche. Ce semis ne s'exécute que dans la première quinzaine de mai, parce qu'il serait dévasté par les pigeons ramiers si l'on semait plus tôt; on emploie de 20 à 25 livres (11 à 13 kilog.) de graines par arpent (57 ares 55 centiares) pour obtenir un semis épais qui couvre bien le terrain la seconde année, et l'on veut que le terrain soit couvert la seconde année, par la même raison qui a fait semer de l'avoine pour qu'il soit couvert dès la première année. On éclaircit la futaie, pendant les premières années, à des époques irrégulières, quand on le juge nécessaire; on éclaircit ensuite à des époques régulières, et l'on commence à ramasser des feuilles dès la quatorzième année, ce qui ne se fait que tous les deux ans au mois d'octobre; on se procure ainsi par arpent, dans les futaies âgées de 14 à 20 ans, deux ou trois voitures de litière attelées de deux chevaux, et plus tard quatre à cinq voitures; ordinairement on renonce à enlever les feuilles au bout d'un certain nombre d'années, pour qu'elles servent à l'amélioration du sol.

Hoess dit que le pin d'Autriche est encore plus robuste que le pin sylvestre, et que, dans ses courses, il n'en a jamais trouvé qui fussent attaqués de pourriture. Les insectes qui peuvent être nuisibles à cet arbre sont ceux qui le sont aussi au pin sylvestre; on ne s'est d'ailleurs jamais plaint, dit Hoess, de leurs ravages dans les montagnes. Cet auteur rapporte, au contraire, que la chenille du pin, Phalana bombyx pini, parut une fois en si grande quantité dans l'épaisse et jeune futaie qui se trouvait dans la plaine entre Wiener-Neustadt et Neunkirchen, qu'elle mangea toutes les feuilles, mais que les arbres ne périrent point; ils se recouvrirent de feuilles l'année suivante et se sont bien rétablis.

Le pin d'Autriche peut supporter les climats les plus rigoureux de la France, puisque je l'ai trouvé en pleine terre à Berlin; sa propriété de croître et de se reproduire dans des terrains très-calcaires, tandis que ses congénères refusent d'y croître ou y croissent moins bien que lui, pourrait le rendre très-utile dans les terrains calcaires incultes, par exemple dans les craies de la Champagne, où il réussirait probablement encore mieux que le pin sylvestre, le seul que l'on soit parvenu à y cultiver jusqu'à ce jour.

III. PIN CEMBRO, Pinus cembra Linné (1). Le pin cembro s'appelle aussi AROLE en Suisse et en Savoie, ALVIEZ en Dauphiné, et quelques pépiniéristes lui avaient donné le nom de Cèdre de Sibérie, qui ne lui convient sous aucun rapport, puisque cet arbre et le cèdre sont entièrement dissemblables. Les botahistes ont fait trois variétés du pin cembro; mais les caractères botaniques de ces variétés étant les mêmes, je pense, comme pour le pin sylvestre, que ces prétendues variétés ne sont qu'un seul et même arbre, qui présente des caractères différens dans sa végétation par suite des différences de climat, de sol et de température. On trouve le pin cembro croissant spontanément dans les montagnes de la Suisse, du Dauphiné, dù Piémont, du Tyrol, de l'Autriche, de la Hongrie et dans les monts Ourals.

Le pin cembro n'est cultivé en France que comme arbre d'ornement et pas communément. Ceux que j'ai chez moi ne sont plantés que depuis neuf ans; ceux qui sont au Jardin-des-Plantes de Paris ne me paraissent pas plus âgés que les miens, et le plus âgé que j'aie vu, sous le climat de Paris, n'a qu'environ 32 ans; il appartient à M. Richard, professeur à l'École de médecine, et se trouve dans un jardin à 8 kilomètres de chez moi, en fort bonne terre; il en existe sans doute de plus âgés encore, mais je ne les ai point trouvés sur mon chemin, quoique j'aie visité quelques parcs et jardins. J'emprunterai donc en partie ce que je dirai de cet arbre aux différens auteurs qui en ont parlé (2).

Le pin cembro n'a qu'une seule sève, qui m'a paru commencer et se terminer à peu près en même temps que celle du pin sylvestre.

Les feuilles du pin cembro sont au nombre de cinq dans une gaîne; elles ont

(1) Species plantarum, 3o édit., t. II, p. 1419.

(2) Kasthofer, Hoss, Pallas, Decandolle, Loudon, Lambert, etc., dont j'ai déjà cité les ouvrages.

de 0,08 à 0,13 de long comme celles du pin Weymouth; elles sont du même vert que celles de ce pin et marquées comme elles, en dedans, de deux petites raies blanches, mais elles sont plus grosses, plus raides et plus agglomérées; néanmoins, les personnes qui ne se sont pas occupées particulièrement des arbres résineux conifères prennent souvent les pins cembro pour des pins Weymouth, pendant la jeunesse de ces arbres.

Les fleurs mâles, semblables pour la forme à celles des pins dont je me suis déjà occupé, paraissent à peu près en même temps que celles du pin laricio; selon Lambert (1), elles sont d'un pourpre vif et plus belles que dans aucune autre espèce de pins : c'est que je n'ai pu constater par moi-même, quoique le pin cembro de 32 ans, qui se trouve dans mon voisinage, porte des fleurs mâles, n'ayant encore pu l'observer pendant la floraison. Mais je me suis fait envoyer, à Paris, une fleur mâle de ce pin cueillie de la veille, par mon garde, le 8 juin 1844; elle avait dépassé sa maturité, avait à peu près les mêmes dimensions que celles de la fleur mâle du pin Weymouth et était alors rouge cinabre. Les fleurs femelles sont d'un bleu-violet et paraissent en même temps que les fleurs mâles.

Les cônes sont ovoïdes, ils ont environ 0,08 de long et sont d'une couleur bleu-violet, lorsque pendant l'année qui suit leur naissance ils ont atteint toutes leurs dimensions, quoiqu'ils ne soient pas encore mûrs; plus tard, lorsqu'ils sont parvenus à leur maturité, ils prennent une couleur rouge-brun. Je ne puis dire si c'est parce que les écailles s'ouvrent ou parce qu'elles se détachent de l'axe du cône, que les graines tombent, ni au bout de combien de temps elles tombent, ne trouvant nulle part ce renseignement. Kasthofer dit (2): « L'époque de la flo» raison de l'arole dépend de l'élévation des montagnes sur lesquelles il croît, et » celle de la maturité de ses graines de la température qui y règne; cette récolte » est donc très-casuelle. On n'en compte qu'une en quatre ans, dans l'Oberland » bernois. On remarquera que si les feuilles du pin cembro ont beaucoup de ressemblance avec celles du pin Weymouth, les cônes du premier sont au contraire fort dissemblables de ceux du second.

Les graines du pin cembro ont environ 0,013 de long, sont oblongues et n'ont point d'ailes; elles sont munies d'une enveloppe très-dure, et contiennent une amande blanche agréable à manger, dont on peut extraire une huile de bonne qualité et d'un parfum agréable. Gmelin dit (3) que ces amandes sont un puissant spécifique contre le scorbut, et il cite deux capitaines de vaisseaux dont les équipages, atteints de cette maladie, avaient déjà fait de grandes pertes et qui s'en débarrassèrent en en faisant usage.

Les racines du pin cembro sont vigoureuses et pénètrent profondément dans le sol, et cela ne saurait être autrement, puisqu'il est celui des arbres à grandes di

(1) A description of the genus Pinus, t. Ier, art. Pinus cembro.

(2) Le Guide dans les forêts, t. I, p. 240.

(3) Flora sibirica, t Jer, p. 181.

mensions qui croit, à la plus grande hauteur, sur les montagnes de la Suisse, où il résiste à des vents terribles.

Le tronc du pin cembro est droit, même quand il croît isolé; l'écorce en est verdâtre, lisse et unie dans la jeunesse de l'arbre, elle ressemble alors à celle du pin Weymouth, plus tard elle devient grise et rugueuse. Des branches disposées par étages garnissent le tronc depuis le sol jusqu'à la cime, quand ce pin croît isolé, et il a alors, dans son ensemble, une forme conique comme les sapins et le pin Weymouth; ses branches sont minces et courtes, relativement à la grosseur du tronc.

Le bois du pin cembro est blanchâtre, mais il brunit à l'air; il est léger, tendre, résineux, et répand une odeur agréable qu'il conserve toujours; il est propre à la menuiserie, à la sculpture et aux constructions. « Cet arbre, ainsi que >> le bois, dit Kasthofer, t. 1er, p. 92 de son Guide dans les forêts, dans l'article De » l'arole, a une durée d'un grand nombre de siècles. » Decandolle parle ainsi qu'il suit du pin cembro, dans le Mémoire déjà cité page 292: « Le pin cembro est un » des arbres conifères le plus rare de nos Alpes; on ne le rencontre jamais en » forêts, mais on en trouve des pieds épars dans les sommités alpines du Dau»phiné, de la Savoie et du Piémont son bois est blanc, doux, très-facile à >> couper au couteau, aussi bien dans le sens transversal que dans le sens longitudinal cette nature du bois du pin cembro l'a fait choisir par les habitans » de Chamouny pour une industrie qui leur est propre; c'est avec ce bois qu'ils >> fabriquent facilement, et à bon marché, des plans en relief de leurs monta» gnes, ouvrages remarquables par la précision géométrique que de simples » paysans savent y apporter. »

Le pin cembro croît plus lentement, toutes choses égales d'ailleurs, qu'aucune des espèces d'arbres résineux dont je me suis déjà occupé, surtout lorsqu'il se trouve dans les parties élevées des hautes montagnes; mais, dit Kasthofer, t. 1, p. 240 de l'ouvrage que je viens de citer, « il ne cesse point de végéter, à quelques mutilations qu'il soit exposé. Il s'élève moins que les autres pins, en proportion de la grosseur de sa tige et de la durée de sa croissance; un tronc » de 3 pieds 1/2 de Berne (1) (1,02) de diamètre, observé sur la Scharmatalp, » n'avait que 60 pieds (17,40) de longueur, et les plus grands arbres n'excédaient » pas 80 à 90 pieds (23m,20 à 26m,10). » Le même auteur dit, dans l'article De l'arole, précédemment cité, « qu'il trouva sur la montagne d'Itramen, au Grin» delwald, à une hauteur d'environ 6,000 pieds (1,740 mètres), un arole de » 6 pieds (1,74) de diamètre. » Selon Hoss (2), l'arole peut s'élever à 60 pieds d'Autriche (18,96) et au delà. Pallas dit (3) qu'il atteint rarement 120 pieds anglais (36 mètres) de haut avec un diamètre de 3 pieds (0,90) à la base. Loudon dit (4)

(1, Le pied de Berne est de 0m 293.

(2) Gemeinfassliche Anleitung die Baume und Strauche Oesterreichs aus den Blættern zu erkennen, p. 12.

(3) Flora rossica, p. 3.

(4) Arboretum et Fruticetum britannicum, t. IV, p. 2277, art. Pinus cembra.

« VorigeDoorgaan »