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d'une maison, du bois de cèdre de l'Inde encore très-sain, quoique provenant de la démolition d'un édifice bâti 225 ans auparavant par l'empereur Akbar.

Le cèdre de l'Inde, selon Loudon, n'a été introduit dans la Grande-Bretagne qu'en 1822; il y a crû parfaitement en pleine terre jusqu'au nord de l'Écosse, et il a été trouvé plus robuste que le cèdre du Liban. Loudon cite plusieurs de ces arbres qui se trouvent dans les parcs et jardins de la Grande-Bretagne; le plus âgé, en 1837, se trouvait dans le jardin de la Société d'horticulture, avait 7 ans de plantation et était haut de 8 pieds (2,40). Il y a au Jardin-des-Plantes de Paris deux ou trois de ces arbres; le plus haut m'a paru avoir (en 1844) de 3 à 4 mètres de haut. J'en ai, chez moi, deux qui ont été greffés en 1842 sur cèdre du Liban; le plus haut a un mètre; ils ne paraissent souffrir ni des hivers rigoureux, ni des gelées tardives. Selon Loudon, la culture en pépinière du cèdre de l'Inde, le sol et l'exposition qui lui conviennent, sont les mêmes que pour le cèdre du Liban. Chaque plant de cet arbre se vendait encore 50 fr. dans les pépinières de Londres, en 1833.

VII. PIN DU NEPAUL, Pinus nepalensis Mihi. Wallich, le premier naturaliste, je crois, qui ait observé le pin du Népaul, l'appelle Pinus excelsa (1); ce nom pourrait convenir à plusieurs pins aussi bien qu'à celui-là ; je me suis permis de lui donner le nom de Pin du Népaul, qui rappelle le pays où il a été observé d'abord et où il se trouve le plus communément. Les habitans de l'Indoustan l'appellent Racsuela (roi des arbres), et les voyageurs Pin pleureur, à cause de la disposition de ses feuilles, dont il sera question plus loin. Ainsi que pour le cèdre de l'Inde, et par les mêmes raisons, j'emprunte à Loudon et à Lambert ce que je vais dire du pin du Népaul.

Le pin du Népaul croit spontanément dans plusieurs parties du nord de l'Inde, principalement dans le Boutan et dans le Népaul. Loudon et Lambert décrivent avec détail ses caractères botaniques; mais mon but n'étant que de fixer, sur cet arbre, l'attention des personnes qui s'occupent de plantations, je me contenterai de dire, comme l'ayant observé moi-même, que ses feuilles sont réunies, au nombre de cinq, dans une gaine et que la description que j'ai faite des feuilles du pin Weymouth leur est applicable, sauf les différences suivantes : les feuilles du pin du Népaul sont plus longues, plus larges, d'un vert encore moins foncé que celles du pin Weymouth, et leurs raies blanches sont plus larges; ces feuilles sont ployées à une petite distance de leurs gaînes, de manière à être pendantes, et le pin du Népaul est plus chargé de feuilles que le pin Weymouth. La disposition de ses feuilles justifie le nom de pin pleureur, et lui donne un aspect bizarre et tout particulier qui n'est pas sans agrément.

Lambert, dans l'ouvrage précédemment cité, dit que ce pin ressemble tellement au pin Weymouth, qu'il est difficile de l'en distinguer, et Loudon reproduit (2) cette assertion; cela me semble d'autant plus extraordinaire, que la des

(1) Planta asiatica rariores, t. III, p 1.

(2) Arboretum et Fruticetum britannicum, t. IV, p. 2287, art. Pinus excelsa.

cription qu'en font ces auteurs, aussi bien que les dessins qu'ils donnent d'une branche portant des cônes, nous les montrent comme fort différens. J'ajouterai, d'après ce que j'ai observé moi-même, que ces deux arbres, dans leur jeunesse, sont tellement différens, qu'il n'est pas possible de les prendre l'un pour l'autre : il suffirait de la disposition particulière des feuilles du pin du Népaul pour qu'il fût impossible de le confondre avec un autre pin.

Le pin du Népaul, dit Loudon, est commun dans le Haut-Népaul et dans le Boutan; il ajoute que, dans ce dernier pays, son bois d'œuvre est préféré par les habitans à celui de tous les autres pins. Voilà un magnifique éloge; mais celui que le même auteur a fait du bois du cèdre de l'Inde le surpasse encore. Il faut se tenir en garde contre de tels éloges et attendre un plus ample informé; il faut surtout attendre que nous ayons, sous le climat de Paris, des pins du Népaul de 60 ans au moins, pour savoir à quelles dimensions il y parviendra et quelles y seront les qualités de son bois.

Loudon dit que ce pin a été introduit en Angleterre par le docteur Wallich, vers 1827, et que sa croissance, sous le climat de Londres, est presque la même que celle du pin du lord Weymouth; il rapporte qu'un pin du Népaul, planté depuis 8 ans dans le jardin de la Société d'horticulture, avait, en 1837, 12 pieds (3,60) de haut. Il y a au Jardin-des-Plantes de Paris, et en pleine terre, un pin du Népaul qui avait environ 2 mètres de haut à l'automne de 1844; j'en ai cinq chez moi, trois provenant de semis, qui sont âgés de 3 ans, et deux qui ont été greffés en 1843 sur pin Weymouth; ils n'ont pas souffert des hivers, quoiqu'on n'en ait pris d'autre soin que de leur mettre une couverture de feuilles. Je présume que la culture de cet arbre, en pépinière, est la même que celle du pin Weymouth, et je ne le crois pas plus délicat. Loudon dit, dans son Arboretum, qui a paru en 1838, que les plants de cet arbre étant encore rares, dans les pépinières de Londres, coûtent 50 fr. chacun.

VIII. PIN DOUX, Pinus mitis A. Michaux (1). - J'ignore s'il existe en France des pins doux, mais, s'il y en a, ils ne sont pas communs, car je n'en connais point d'autres que ceux que j'ai élevés moi-même, et ils n'ont encore que huit ans, puisque je les ai semés en 1837. Je puiserai ce que je vais dire de cet arbre dans l'ouvrage de M. A. Michaux, que je viens de citer; et ayant élevé des pins doux en pépinière, je renverrai, pour ce qui concerne leur culture, leur végétation et leur accroissement, depuis leur semis jusqu'à leur plantation à demeure, et jusqu'à l'âge de 9 ans, à ce que j'en dirai chap. XI, art. XI.

Le pin doux est un arbre de l'Amérique septentrionale, répandu dans les forêts de ce continent sur une très-grande étendue; il entre dans la composition des forêts en différentes proportions, qui varient selon la nature du sol; moins le sol est bon, plus le pin doux abonde. M. Michaux l'a trouvé jusque dans les États de Massachussets et de Connecticut, qui occupent le nord des États

(1) Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, t. I, p. 52, art. Pinus mitis.

Unis; ainsi, sous le rapport du climat, on peut le cultiver dans le nord de la France.

Cet arbre présente un aspect particulier, lorsqu'il est parvenu à son entier développement; il le doit à la disposition de ses branches, qui s'éloignent d'autant moins les unes des autres qu'elles sont plus élevées, et qui, se reployant sur ellesmêmes, lui forment un sommet pyramidal très-régulier. Le pin doux dépasse quelquefois 20 mètres en hauteur avec une circonférence de 1",80 à 2 mètres. Ses feuilles, longues de 0,012 à 0,015, d'un vert sombre, sont réunies deux à deux dans une gaîne; souvent elles sont au nombre de trois, dans les pousses qui se trouvent sur de jeunes branches, ou pendant les premières années de l'arbre; et l'on verra, chap. XI, art. XI, que les pins doux que j'ai élevés et qui ont actuellement 9 ans, ont encore trois feuilles dans chaque gaîne. Les pousses de cet arbre ont une teinte violette; lui et le Pinus inops (Pin pauvre) sont les seuls arbres résineux conifères, observés par M. A. Michaux, qui présentent ce caractère. Les cones du pin doux ont une forme ovale et ne dépassent point 0,02 à 0,03 de long dans les vieux arbres; leurs écailles sont armées de pointes fines.

Lorsque M. Michaux parcourut l'Amérique septentrionale, au commencement du XIXe siècle, le pin doux était si abondant dans les États-Unis, qu'une partie des maisons, dans les États du centre, étaient encore construites avec ce bois; les constructions navales en consommaient aussi une très-grande quantité. Les planches et les madriers de ce bois étaient alors l'objet d'un commerce d'exportation très-considérable, on les payait plus cher que ceux du pin du lord Weymouth.« D'après les différens avantages que présente son bois, dit cet auteur, >> il est incontestablement, après le Pinus rubra (Pin rouge), l'espèce la plus inté» ressante à cultiver dans le milieu et dans le nord de l'Europe. » Loudon dit, t. IV, p. 2496 de l'Arboretum, que l'époque de l'introduction du pin doux dans la Grande-Bretagne est incertaine; il aurait été plus exact s'il eût dit qu'il ignore si ce pin y existe. En effet, il ne cite qu'une seule plantation dont les arbres répondent, quoique imparfaitement dit-il, à la description de M. Michaux ; cette plantation se trouve à Dropmore; on donne le nom de Pinus variabilis aux arbres qui la composent.

J'emprunterai ce que je dirai

IX. Pin rouge, Pinus rubra A. Michaux (1). du pin rouge à l'ouvrage de M. A. Michaux, que je viens de citer. Le nom de Pin rouge, en anglais Red pine, est celui que les habitans des États-Unis et du Canada donnent ordinairement à cet arbre de l'Amérique septentrionale; et ce nom exprime un de ses caractères extérieurs, qui est d'avoir une écorce très-rouge, ce qui ne se remarque sur aucun de ses congénères des pays où il se trouve. Tout se réunit donc pour faire préférer le nom de Pinus rubra à celui de Pinus resinosa qu'Aiton a donné à ce pin, et qui a été adopté par Lambert et par Lou

1) Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, t. Je1, p. 45, art. Pinus rubra.

don; on peut ajouter que le pin rouge n'est pas le plus résineux des pins de l'Amérique septentrionale, et qu'on n'en extrait même point de résine : ce dernier nom pourrait donc induire en erreur. Le père de M. A. Michaux, comme lui naturaliste et célèbre voyageur, n'a pas trouvé cet arbre plus au nord que le lac Saint-Jean en Canada, situé par 48° de latitude; et M. A. Michaux ne l'a pas trouvé plus au midi que Wilkesbury en Pensylvanie, par 41°,30′; ainsi, sous le rapport du climat, on pourra le cultiver jusque dans le nord de l'Europe. Cet arbre ne forme point d'immenses forêts comme plusieurs des arbres indigènes des mêmes pays que lui; il couvre seulement de petits espaces de quelques centaines d'arpens, seul ou mêlé avec le pin Weymouth, et il croît habituellement dans des terres arides et sablonneuses.

Le pin rouge acquiert une hauteur de 22 à 25 mètres avec un diamètre de 0,50 à 0,60, et sa tige n'éprouve qu'une diminution insensible dans les deux tiers de sa hauteur; aussi fournit-il des planches de 12 à 13 mètres (40 pieds) de long sans aucun nœud. Le bois de cet arbre est fort estimé et est employé pour la marine; M. A. Michaux cite un vaisseau de guerre construit à Quebec, le Saint-Laurent, de 50 canons, dont le grand mât avait été fait avec un pin rouge. Cet auteur contredit donc formellement l'opinion de Lambert, qui dit, dans l'article qu'il a consacré à ce pin, sous le nom de Pinus resinosa, que son bois est de mauvaise qualité : l'opinion du naturaliste voyageur qui a visité les forêts, les ateliers et les chantiers de l'Amérique septentrionale, me paraît avoir plus de poids, à cet égard, que celle du botaniste renfermé habituellement dans son cabinet.

Les feuilles du pin rouge sont d'un vert sombre, longues de 0,13 à 4TM,46, et sont réunies deux à deux dans une gaine; elles sont rassemblées en paquets à l'extrémité des branches comme dans le pin maritime. Les fleurs femelles du pin rouge sont bleuâtres dans les premiers mois de leur apparition, et ses cônes, qui sont dépourvus d'épines, ont environ 0,03 de longueur; ils sont arrondis à leur base et se terminent promptement en pointe. Quelques botanistes ont prétendu que le pin rouge était le même que notre pin laricio; c'est évidemment une erreur, puisque le pin laricio n'a pas l'écorce rouge et que ses cônes sont munis de petites épines. Loudon dit, t. IV, p. 2212 de son Arboretum, que le pin rouge a été introduit en Angleterre en 1755 par Hugh, duc de Northumberland, et il cite plusieurs lieux où Lambert en avait vu des plantations en 1804; mais il ajoute que les arbres de ces plantations sont tous morts ou qu'ils ont été abattus, car on ne les y trouve plus. Voici ce que cet auteur rapporte d'une plantation de ces arbres. Vers la fin du dernier siècle, MM. Loddiges élevèrent environ 100 plants de pin rouge provenant de graines qu'ils avaient tirées de Philadelphie, et la presque totalité de ces pins furent plantés par le marquis de Blandford (actuellement duc de Marlborough) à White Knights, où la plupart d'entre eux existent encore, quoiqu'ils aient été fort maltraités par d'autres arbres, et il y a déjà longtemps qu'ils portent des cônes. Les plus beaux pins rouges en Angleterre sont à White Knights et à Dropmore; dans ces deux endroits, ils ont 20 à

25 pieds (6 mètres à 7,50) de haut, et produisent ordinairement des cònes tous les deux ans. Loudon ne donne pas l'âge de ces arbres, probablement parce que ce sont ceux qu'avaient élevés MM. Loddiges; s'il en est ainsi, ils auraient eu au moins 38 ans en 1838, époque à laquelle a paru l'ouvrage de Loudon, et leur accroissement aurait été faible, comparé à celui de plusieurs de leurs congénères dans le même climat.

Je sais qu'il y a de très-jeunes pins rouges aux Barres, terre de M. Vilmorin, près de Nogent-sur-Vernisson (Loiret), et à Cheverny, terre de M. le marquis de Vibraye, à 12 kilomètres au midi de Blois (Loir-et-Cher); je n'en connais point ailleurs en France. Cet arbre est le seul des arbres dont je parle dans ce chapitre que je n'aie pas chez moi en pleine terre; je ne l'ai pas trouvé chez nos pépiniéristes, et je ne l'ai point fait venir de Londres : les lieux très-froids où on le trouve dans quelques parties de l'Amérique septentrionale ne permettent pas de douter qu'il ne soit de pleine terre, même dans le nord de la France.

X. PIN DE LAMBERT, Pinus lambertiana Douglas (1). Le pin de Lambert n'est encore, pour ainsi dire, connu en Europe que par ce qu'en a dit Douglas, naturaliste anglais, qui l'a observé dans la Nouvelle-Albion; ce que je vais en dire sera donc emprunté à Loudon, qui en a parlé d'après ce naturaliste. Douglas observa ce pin vers 43o de latitude, à environ 100 milles (160 kilom.) de l'Océan, où il occupait une vaste étendue de pays; il le rencontra ensuite au delà d'une chaîne de montagnes qui se terminent au cap Orford. Il s'y trouvait sur des sables purs qu'on aurait crus incapables de produire aucun végétal, et non en massifs, comme les autres pins de l'Amérique; mais dispersé çà et là, ainsi que le pin rouge, avec lequel il est quelquefois mêlé. C'est sur ces sables arides qu'il parvenait à ses plus grandes dimensions; il y atteignait ordinairement 150 à 200 pieds anglais (45 à 60 mètres) de haut, et 20 à 60 pieds (6 à 18 mètres) de circonférence. Un de ces arbres, qui avait été renversé par les vents, était long de 245 pieds (64",5); sa circonférence, à 3 pieds (0,90) du sol, était de 57 pieds 9 pouces (17,58), et à 134 pieds (40,20), de 17 pieds 5 pouces (5,37).

Le tronc du pin Lambert, qui ordinairement n'est pas droit, est dépouillé de branches jusqu'aux deux tiers environ de sa hauteur. Son écorce, plus unie que ses grandes dimensions ne sembleraient le comporter, est d'une couleur brunclair du côté du midi et blanchâtre du côté du nord. Ses branches sont pendantes et son aspect est pyramidal, comme celui des sapins. Ses feuilles, contenues au nombre de cinq dans une gaîne, sont longues de 4 à 5 pouces (0,10 à 0m,13), d'un vert brillant, mais pas lustrées, et elles sont rudes au toucher. J'ai remarqué qu'elles avaient intérieurement deux raies blanches comme les feuilles du pin Weymouth, mais beaucoup moins apparentes. Ses cônes sont placés aux extrémités des branches; ils sont érigés la première année et pendans la seconde année; ils ont d'abord une forme conique, et deviennent ensuite oblongs

(C) Arboretum et Fruticetum britannicum, 1. IV, p. 2288, art. Pinus lambertiana.

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