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» manque de chaleur de nos étés, qui ne sont pas assez prolongés, qui fait que beaucoup de cyprès chauves plantés près de Paris, depuis plus de 25 ans, ne complètent pas la maturité de leurs fruits, quoiqu'ils fleurissent tous les ans ; » c'est à cette même cause qu'on doit attribuer la lenteur de leur végétation; car » la plupart ont moins de 6 à 8 mètres d'élévation. Les plus gros Cupressus disti>> cha que nous possédons se trouvent à 100 kilomètres de Paris, dans les an>> ciens domaines de M. Duhamel plantés il y a plus de 40 ans et placés dans la >> situation la plus favorable à leur végétation, ils se sont élevés à 12,80 sur » 0,32 de diamètre, et cependant leurs graines viennent très-rarement à ma» turité. Un propriétaire, dans les landes de Bordeaux, a obtenu un succès trèsmarqué dans la culture du Cupressus disticha; des graines que je lui envoyai, »en 1803, de la Caroline méridionale, il a élevé cinquante individus qui, dans » le cours de ces huit dernières années, ont déjà atteint 6 à 10 mètres de haut. » Ce fait vient à l'appui de l'opinion où je suis que cet arbre ne réussira jamais >> bien en France que dans nos départemens méridionaux, et notamment dans » les royaumes d'Italie et de Naples, partout où il se trouve des marais non cul» tivés. » J'avais d'abord adopté l'opinion de M. Michaux, et je ne devais point parler du cyprès distique, puisque cet arbre ne pouvait atteindre que de médiocres dimensions sous le climat de Paris; mais M. Bernard, pharmacien à Malesherbes (Loiret), m'a envoyé, en octobre 1814, un renseignement que je vais reproduire, qui prouve qu'il en est autrement lorsque cet arbre croît dans une situation de tout point favorable, ce qu'il est d'ailleurs rare de rencontrer. Malesherbes avait établi une pépinière de cyprès distiques au fond d'une vallée, à 2 kilomètres de la petite ville de Malesherbes, dans un terrain exposé au sud-est, tout à la fois tourbeux et marécageux, et dans lequel on trouve l'eau à 0,32 au dessous de la superficie du sol. Ces arbres, semés d'abord sous châssis, y avaient été repiqués en pépinière en 1784, et furent pris ensuite pour être plantés à demeure; mais il en resta dix-neuf, les plus petits probablement, sur une étendue de 26 centiares, et ils y sont encore le propriétaire de ces débris de plantations est le comte de Châteaubriand, neveu du grand écrivain, arrièrepetit-fils de Malesherbes. Voici quelles sont aujourd'hui les dimensions de ces arbres, qui ont dépassé 60 ans. Le plus gros a 2,30 de circonférence à 1 mètre au dessus du sol, et le moins gros a 0,80; deux ont 2 mètres; neuf ont 1,50 à 1,90; sept ont 0,90 à 1,24 : on leur donne une hauteur d'environ 24 à 27 mètres; mais je suis disposé à croire que cette évaluation est trop élevée.

Quoique ces cyprès distiques aient pris en partie leur nourriture dans la terre et dans l'espace qui environne les 26 centiares sur lesquels ils se trouvent, leur végétation n'en aurait pas moins été extraordinaire, lors même que leur hauteur serait moindre que celle qu'on leur attribue, et cette petite étendue de terrain aurait produit un revenu prodigieux. Supposons en effet que le tronc de ces arbres, qui est toujours beaucoup plus gros près du sol, n'ait plus, en en retranchant 1 mètre à partir du sol, que le décroissement ordinaire du tronc des sapins argentés, et que leur hauteur soit de 16 à 20 mètres seulement ; je trouve,

en évaluant le bois au même prix que celui du sapin dans le lieu que j'habite, que ce bois converti en poutres, planches, solives et chevrons, vaudrait environ 350 fr., vendu à un marchand: ainsi le cyprès distique, s'il pouvait avoir une telle végétation en croissant à l'état serré sur une plus grande surface, donnerait, par hectare, un revenu de 134,615 fr. 38c., ce qui serait merveilleux. Mais si le tronc de ces arbres ne maintient pas sa grosseur comme celui des sapins, ce qui est probable; s'ils n'ont pas de 16 à 20 mètres de hauteur, ce qui est possible, mon évaluation serait fort exagérée. M. Bernard m'a envoyé des cônes de ces arbres en décembre 1844, et je me suis procuré dans ce même mois des cônes des cyprès distiques du parc de Trianon; ces graines n'avaient pas complété leur maturité, car elles ne contenaient qu'un liquide résineux.

Miller, dans l'édition de son Dictionnaire de 1731, citait un cyprès distique à Winbledon, dans le Surreyshire, qui produisait abondamment, depuis plusieurs années, des graines qui mûrissaient aussi bien et étaient aussi bonnes que celles d'Amérique, quand la saison était favorable. Loudon dit, page 2485 de l'ouvrage précédemment cité, que cet arbre paraît avoir été introduit en Angleterre avant 1640, sans apporter de preuves à l'appui de cette assertion; il donne les dimensions de plusieurs cyprès distiques répandus dans les parcs et jardins de la Grande-Bretagne. Je vais reproduire quelques-unes de ces dimensions.

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A Whitton, dans le voisinage de Londres, un cyprès avait : diamètre du tronc, à 2 pieds (0,60) du sol, 5 pieds (1,50); hauteur, 84 pieds (24",30). --Un cyprès distique à Port Elliot, planté depuis 80 ans, avait : diamètre du tronc, 3 pieds (0,90); hauteur, 50 pieds (15 mètres). -- Un cyprès, planté il y a 35 ans à Saint Anns Hills, avait : diamètre du tronc, 2 pieds (0,60); hauteur, 45 pieds (13,50). — A Ditton Park, un cyprès âgé de 90 ans avait : diamètre du tronc, 3 pieds 6 pouces (1,05); hauteur, 80 pieds (24 mètres). -- Un cyprès, planté depuis 35 ans à Great Livermore, avait : diamètre du tronc, 1 pied 2 pouces (0,35); hauteur, 37 pieds (11",10). Un cyprès, planté depuis 60 ans à Croome, avait : diamètre du tronc, 2 pieds (0,60); hauteur, 55 pieds (16,50). Le même auteur dit qu'il y a en Prusse, à Sans-Souci, près de Potsdam, un cyprès distique âgé de 40 à 50 ans, et qui avait : diamètre du tronc, 1 pied (0,30); hauteur, 20 pieds (6 mètres). En Autriche, à Brück, sur la Leytha, près de Vienne, un cyprès, planté depuis 30 ans, qui avait : diamètre du tronc, 1 pied 6 pouces (0,45); hauteur, 36 pieds (10,80). En Lombardie, à Monza, un cyprès, planté depuis 20 ans, qui avait diamètre du tronc, 4 pieds 2 pouces (1,25); hauteur, 62 pieds (18,60). En Amérique, à Philadelphie, dans le jardin botanique de Bartram, un cyprès qui avait : diamètre du tronc, 28 pieds 6 pouces (8,55) au dessus du collet; hauteur, 120 pieds (36 mètres). Les cyprès distiques suffisamment âgés portent, en Angleterre et en France, des fleurs mâles et des cônes; mais j'ignore si en France, sous le climat de Paris, leurs graines parviennent à la maturité. Il est indubitable qu'elles y parviendront facilement dans les parties méridionales de la France, si, ainsi que le dit Miller, elles mûrissent quelquefois en Angleterre.

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CHAPITRE XI.

PÉPINIÈRE ET PLANTATION A DEMEURE.

Je vais m'occu

1. OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES ET TRAVAUX PRÉPARATOIRES. per dans ce chapitre de la culture en pépinière de dix des espèces d'arbres résineux conifères dont j'ai précédemment parlé, et de la plantation à demeure des plants obtenus ainsi; ces dix espèces sont les huit espèces à chacune desquelles j'ai consacré un chapitre, et en outre le pin d'Autriche et le pin doux.

Le semis artificiel à demeure échoue toujours dans certaines circonstances (Voy. p. 11), et il réussit très-difficilement sous le climat de Paris, ainsi qu'on l'a vu, pour quelques-unes des espèces dont je me suis occupé. Il y a donc nécessité absolue, dans quelques cas, d'employer la plantation à demeure pour créer des bois d'arbres résineux conifères; il y a un avantage qui équivaut presque à une nécessité dans d'autres cas, et cela est nécessaire dans plusieurs circonstances, même pour les espèces dont le semis artificiel à demeure réussit très-bien. Ainsi, par exemple, cela serait nécessaire pour former des allées, pour créer des bosquets, pour se procurer le plus promptement qu'il est possible un bois d'arbres résineux; car, presque toujours, c'est en employant la plantation que l'on y parvient : il peut arriver aussi que l'on veuille défricher un bois feuillu, après une coupe qui ne devra être exécutée que dans quelques années, pour le remplacer par un bois résineux; et alors, pour gagner du temps, on fait d'avance une pépinière des espèces que l'on veut substituer à ce bois feuillu.

Je ne craindrai pas de répéter ici ce que j'ai déjà dit, qu'un propriétaire qui aurait dans ses bois du plant de semis naturel, ainsi que j'en ai dans les miens, ou qui aurait du plant provenant de semis artificiel à demeure, ne devrait pas, par cette raison, se dispenser d'élever du plant de pépinière, s'il est dans l'intention de faire des plantations. En effet, le plant de pépinière présente de très-grands avantages, parce que l'extraction en est plus facile; parce que ses racines étant bien garnies de chevelu, il reprend beaucoup mieux, et que les pertes, et par conséquent les remplacemens, sont alors beaucoup moindres; enfin parce que ses racines n'ayant pas été mutilées, ainsi que cela arrive ordinairement quand on emploie du plant de semis naturel, il donne généralement naissance à des arbres plus beaux.

Toutes les personnes qui s'occupent de plantations savent d'ailleurs actuellement que les plantations de sapin argenté, de sapin picéa, de pin sylvestre, de pin laricio, de pin du lord Weymouth, de mélèze et même de pin maritime, exécutées avec du plant de pépinière planté à l'âge et avec les soins convenables, réussissent très-bien. J'ai trouvé qu'il en était de même de celles de pin d'Autriche et de pin doux; le cèdre du Liban m'a paru plus délicat. Je ne prétends pas que l'on réussira également bien, dans l'éducation et la plantation à demeure de ces arbres, en les traitant tous de la même manière; il faut que l'on donne à chacun d'eux les soins qu'il réclame et que je vais indiquer, selon que je l'ai pratiqué: je n'affirme d'ailleurs point que ce soit ce que l'on peut faire de mieux, mais seulement que j'ai obtenu des résultats satisfaisans.

Je ne m'occuperai point de la culture en pots, qui est coûteuse, qui exige des soins continuels, et qui n'est applicable qu'à de petites ou à de médiocres quantités de plants; on réussit d'ailleurs mieux, pour les arbres résineux à grandes dimensions dont je m'occupe, avec du plant de pépinière bien garni de chevelu, qu'avec du plant élevé en pots, dans ce sens que le premier ne boude que pendant un an, tandis que le second, dont les racines étaient entassées dans les pots, boude pendant plusieurs années.

Ces arbres ne sont pas aussi délicats que tant d'auteurs l'ont dit, et ils peuvent reprendre très-facilement, quoique l'on ait cassé ou coupé quelques-unes de leurs racines; s'il en était autrement, on ne pourrait faire réussir un seul arbre de pépinière, car à la distance à laquelle on les place dans la pépinière, il y a impossibilité de les lever sans couper ou casser le bout de quelques racines; mais si le plant n'a point de pivot et est bien garni de chevelu, cette légère mutilation ne l'empêche point de reprendre. Ce qui est encore plus nuisible au plant de ces arbres qu'à celui des arbres feuillus, c'est de laisser leurs racines exposées au hâle, au soleil ou à la gelée; il faut les planter le plus promptement possible après qu'on les a arrachés, et, si l'on ne le peut, il faut les mettre en jauge; si le retard dans la plantation ne doit être que de quelques heures, on se contente de les couvrir soigneusement. S'ils doivent être expédiés plus ou moins loin, il faut les emballer aussitôt qu'ils sont arrachés et les entourer suffisamment de mousse et de paille. Je citerai quelques faits pour prouver que des arbres résineux peuvent bien reprendre, quoique leurs racines aient été mutilées. J'ai planté un picéa, un pin sylvestre et un mélèze, qui provenaient originairement de pépinière : les deux premiers avaient 7 mètres de haut, le troisième 8 mètres, et plusieurs de leurs racines avaient été coupées à la pioche; ils ont bien repris, mais ils ont boudé pendant six ou huit ans, et je doute qu'ils deviennent jamais de beaux arbres. J'ai planté des sapins argentés de pépinière qui avaient tous un pivot, parce qu'on ne les avait pas repiqués et qu'ils n'avaient été transplantés qu'une fois; ils étaient d'ailleurs bien garnis de chevelu; on leur a coupé le pivot en les arrachant, et ils n'en ont pas moins bien repris. Mon père ne remplaçait les sapins, dans les allées de son parc, qu'avec du plant de semis naturel qui n'avait pas de chevelu, et dont on mutilait les racines en l'arrachant,

cependant il en reprenait quelques-uns. J'ai planté un cèdre de pépinière, quoiqu'il eût perdu l'une de ses deux racines principales, qui éclata près du collet; la flèche périt, l'arbre bouda pendant quatre ans, puis trois branches formèrent des flèches; cet arbre a actuellement une belle végétation. Il n'est d'ailleurs pas prudent de planter des arbres résineux auxquels on a coupé ou brisé le pivot, ou des racines principales, parce qu'ils sont sujets à la pourriture au cœur, maladie qui commence par les racines.

Les auteurs qui ont parlé de la plantation des arbres résineux conifères disent depuis longtemps, en se répétant les uns les autres, qu'on ne doit les planter qu'au printemps, au moment ou peu de temps avant le moment où ils entrent en sève. Je prétends, au contraire, d'après une longue expérience, que, pour presque tous les arbres dont je m'occupe dans ce chapitre, il est préférable de planter l'automne, du moins sous le climat de Paris où j'ai fait mes plantations. On y trouve d'ailleurs cet avantage incontestable que leurs racines sont alors beaucoup moins exposées à l'action du hâle et du soleil, à laquelle elles sont si sensibles; aussi quelques-uns d'entre eux, lorsqu'on les a plantés l'automne, avec les précautions que j'indiquerai, poussent-ils au printemps suivant presque aussi bien que s'ils fussent restés dans la pépinière; ils boudent toujours, au contraire, pendant un an au moins, lorsqu'ils ont été plantés au printemps. La plantation d'automne a pourtant l'inconvénient d'exposer les racines, dans une terre nouvellement remuće, aux alternatives de gelée et de dégel, communes sous le climat de Paris, ce qui est nuisible au plant de quelques espèces; et pour celles de ces espèces dont le plant est chargé de branches vers la tête, de les exposer, après la plantation, à être ébranlées par les vents qui sont plus violens l'automne et l'hiver que pendant le reste de l'année : je donnerai, sur chacune des espèces dont je vais m'occuper, tous les renseignemens qu'on peut désirer à ce sujet.

Le plus ou le moins de rapidité d'accroissement des arbres, dans leurs premières années, étant une des causes qui déterminent le nombre de transplantations qu'on leur fait subir et l'âge auquel on les plante à demeure, je vais indiquer quel était l'ordre de cet accroissement, dans la localité que j'habite, pour le plant des arbres dont je vais m'occuper. Le mélèze, le pin maritime et le pin doux étaient ceux qui avaient l'accroissement le plus rapide; le pin sylvestre et le sapin picéa suivaient, le pin du lord Weymouth venait ensuite, puis le pin laricio, le pin noir d'Autriche et le cèdre du Liban, enfin le sapin argenté. Il pourrait y avoir quelques changemens dans cette marche de la végétation dans une autre localité, d'autant plus que mon terrain, qui est silico-argileux, ne contient point de calcaire; mais pas ordinairement, je crois, dans une terre préparée, ainsi que je vais le dire, en ce qui concerne les huit espèces dont je me suis occupé spécialement. Néanmoins, je me permettrai d'exprimer un doute relativement au cèdre du Liban, ayant la crainte d'avoir employé de la graine qui n'était pas entièrement mûre.

La terre qui convient pour l'établissement d'une pépinière des arbres rési

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