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est nécessaire pour qu'il le soit absolument de même lorsque les terres se seront tassées.

Dans ce que je viens de prescrire pour exécuter la plantation à demeure, j'ai supposé que la terre que l'on tire de la superficie du sol était la meilleure, et celle que l'on tire du fond des trous la plus mauvaise. S'il en était autrement, on réserverait la terre la plus meuble pour être dispersée sur les racines quand le plant est placé; on mettrait ensuite la meilleure terre au fond du trou et la plus mauvaise par dessus.

Il faut quatre ou cinq ouvriers pour planter bien et promptement: je suppose que l'on ait d'avance mis au fond des trous les gazons ou mottes de bruyères, de joncs marins ou autres plantes; un ouvrier placera le plant, un second disposera ses racines, un troisième jettera les premières pelletées de terre; puis, aidé de celui qui a placé les racines, il continuera à jeter de la terre dans le trou jusqu'à ce que ce plant soit bien fixé provisoirement, et ils passeront aussitôt à un autre trou, où ils fixeront provisoirement un autre plant de la même manière; dans le même temps, un ou deux autres ouvriers achèveront de remplir les trous sans jamais fouler la terre avec le pied. Lorsque tous les plants seront fixés provisoirement, tous les ouvriers réunis achèveront de remplir les trous; des plants fixés ainsi peuvent d'ailleurs, par un temps calme, attendre sans inconvénient jusqu'au lendemain, que l'on achève de remplir les trous.

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Cinq ouvriers, conduits ainsi que je viens de l'indiquer, peuvent arracher et planter 100 plants en un jour, et en planter 120 s'ils ne les arrachent point; c'est la manière d'exécuter la plantation tout à la fois le mieux et le plus vite deux ouvriers et même trois emploieraient un plus grand nombre de journées pour en planter autant et aussi bien. Si une pluie, de la neige ou une gelée contraignaient à suspendre la plantation, on mettrait le plant en jauge, avec le plus grand soin, dans de la terre meuble sur une seule ligne. Si la saison était avancée et qu'on craignît de fortes gelées, on mettrait sur la terre qui couvre les racines une couverture de genêts, de joncs marins ou de branchages.

Il me paraît utile, pour toutes les espèces de plantations, de mettre avant les gelées, sur la terre qui couvre les racines, une couverture de feuilles, de jones marins, de genêts ou de toutes autres matières; c'est d'ailleurs une précaution coûteuse et que, par cette raison, on prend rarement. Ces couvertures empêchent la gelée de pénétrer aussi profondément dans les trous; elles empêchent l'herbe de croître; s'opposent à ce que le hanneton vienne pondre au pied des arbres, dans la terre nouvellement remuée, et sont un engrais pour ces jeunes arbres.

Immédiatement après les premiers vents qui se seront élevés depuis que l'on aura terminé la plantation, un ouvrier intelligent, muni d'une pioche, fera la visite des plantations pour redresser et rechausser les plants qui auraient été ébranlés par les vents, ou qui se seraient inclinés par suite d'un tassement inégal des terres; on recommencera cette visite des plantations quand on présu

mera qu'elle sera nécessaire, c'est-à-dire après les grands vents, les grandes pluies et les dégels.

Au printemps qui suivra la plantation, et par un temps de hâle, on donnera un binage à tous les plants, en ayant soin de déchausser le collet jusqu'au niveau du sol environnant, afin qu'il ne se trouve pas plus enterré qu'il ne l'était dans la pépinière; il en résultera une légère pente des côtés du trou vers le collet, parce que la terre ne sera pas encore entièrement tassée, et cela est avantageux pour la conservation de l'humidité dans la terre qui enveloppe les racines. Si l'on peut faire faire un second binage, cela sera toujours utile, car la propriété des binages est de conserver à la terre sa fraîcheur. La deuxième année après la plantation, je ne fais plus biner, mais il serait mieux de le faire. encore. Ce sont mes ouvriers à l'année qui me font ces binages à la journée, ainsi je ne puis dire exactement combien un ouvrier à l'entreprise pourrait biner d'arbres plantés dans des trous d'un mètre de côté; je présume qu'il pourrait en biner de 90 à 100.

Il arrive tous les quinze ou vingt ans des années extraordinairement sèches pendant lesquelles les binages deviendraient insuffisans; ce sont des circonstances exceptionnelles : il faut alors arroser, et si on ne le peut, une partie des plants meurent, malgré tout le soin avec lequel on avait planté et malgré les binages. Je dois ajouter que lorsqu'on a commencé à arroser on doit continuer tant qu'il est nécessaire, sans quoi cela pourrait être plus nuisible qu'utile à la plantation.

Lorsque l'on plante des sapins argentés et en général des arbres résineux conifères, on ne doit toucher avec la serpette ni aux racines, ni aux branches; et j'aurais probablement oublié de le dire, croyant que cela était su généralement, si je n'eusse vu des planteurs qui rafraîchissaient les racines des plants de ces arbres et qui coupaient et raccourcissaient quelques-unes de leurs branches. Il est surtout fort nuisible de couper de grosses racines aux arbres résineux que l'on plante, et c'est ce qui n'arrive jamais quand on plante du plant de pépinière élevé, ainsi que je l'ai prescrit, parce qu'il n'a ni pivot ni grosses racines; mais on coupe ordinairement des racines, et presque toujours le pivot, aux plants de sapins, hauts seulement de 1 mètre, que l'on prend dans une sapinière pour les planter; et pourtant il en reprend quelques-uns qui deviennent de beaux arbres, malgré la mutilation de leurs racines. J'ai vu mon père faire planter ainsi, pendant plus de trente ans, du plant de sapin argenté et de sapin picéa provenant de semis naturel que l'on prenait dans sa sapinière; et j'ai, dans mon pare, une très-belle allée de sapins argentés, dans laquelle une partie des arbres ont 2 mètres de circonférence, qui a été plantée en 1786-1787 avec du plant de semis naturel de plus de 1 mètre de haut, tiré de la sapinière. Mais le plant que mon père plantait ainsi boudait longtemps, le plus grand nombre périssait et il n'y en avait peut-être pas un sur dix qui réussit tout-à-fait bien; quant à l'allée plantée en 1786, on prit les plus grandes précautions pour arracher et planter le plant, on l'arrosa pendant deux étés, et pourtant il fallut en remplacer plusieurs.

Si l'on plantait à demeure du plant de 3 ans, il suffirait que les trous dans lesquels on le mettrait eussent 0,27 à 0,32 de côté et 0,22 de profondeur; si l'on plantait du plant de 5 ans, ils devraient avoir 0,50 de côté et 0,25 de profondeur. Dans la localité que j'habite, où la terre est silico-argileuse et ordinairement mêlée de petits cailloux, un ouvrier peut faire cinq trous de 0,50 de côté et 0,25 de profondeur, ou dix de 0,32 de côté et 0,22 de profondeur, pendant qu'il en ferait un de 1",14 de côté et de 0,50 de profondeur; chacun de ces derniers trous coûterait 15 centimes.

Ce que je viens de prescrire pour élever du plant de sapin argenté, et surtout pour le planter à demeure, s'applique, sauf quelques légères modifications que j'indiquerai, aux autres espèces d'arbres dont je vais parler dans ce chapitre. Il n'y a d'ailleurs point de plant, parmi les espèces que j'ai cultivées en pépinière, dont la plantation réussisse mieux que celle du sapin argenté. Pour donner une idée des résultats qu'on peut obtenir en se conformant à ce qui vient d'être prescrit, je citerai les plantations que je fis exécuter pendant l'automne et l'hiver de l'année 1842-1843, et je ferai connaître l'état dans lequel elles se trouvaient à l'automne de 1843; les plants dont je me servis avaient été élevés dans ma pépinière, depuis le semis jusqu'à la plantation à demeure.

Je fis planter 300 sapins picéas, hauts de 1 mètre à 1,50, dans les allées de mon parc; à l'automne de 1843, ils étaient tous en bon état. Je fis planter 51 pins d'Autriche et 6 pins doux ayant un peu moins de 1 mètre de haut dans l'allée d'un bois attenant à mon parc; à l'automne de 1843, il était mort un pin d'Autriche; le reste était en bon état. Je fis planter 79 sapins argentés, pins sylvestres, pins du lord Weymouth, pins laricio et mélèzes, hauts de 1 à 2 mètres, dans une clairière d'un bois feuillu garnie en partie d'épines, de genêts et de joncs marins; à l'automne de 1843, ils étaient tous en bon état. Je fis planter à 2 mètres de distance, en quinconce, sur un défriché d'épines attenant à un bois, 75 sapins argentés de pépinière hauts de moins de 1 mètre, provenant originairement de plant de semis naturel; on planta, entre ces sapins, de très-petits sapins de semis naturel, levés en motte dans les allées de mon parc; à l'automne de 1843, il était mort un sapin de pépinière, et un sixième seulement de ceux de semis naturel; les autres étaient en bon état : les sapins de semis naturel avaient pourtant été pris à l'ombre ou à mi-ombre, pour être mis à découvert, et ils avaient beaucoup souffert des gelées tardives du mois de mai 1843.

J'avais commencé, à l'automne de 1841, une plantation dans des joncs marins mêlés de bruyères en quelques endroits, et situés au milieu du coteau qui borde l'lton, non loin de mon habitation; on y planta alors des pins du lord Weymouth, des pins doux, des pins sylvestres et des mélèzes. A l'automne de 1842, j'y tis planter 252 sapins picéas, 10 sapins argentés, 10 mélèzes, 8 cèdres du Liban, 15 pins du lord Weymouth et 247 pins laricio; les sapins picéas et les mélèzes avaient une hauteur de 1 mètre à 1,50; les plants des autres espèces avaient au plus 1 mètre de haut; à l'automne de 1843, il était mort deux picéas; tout le reste de la plantation était en bon état. Il faut remarquer qu'après que l'on

eut fait cette plantation, il s'éleva des vents d'une telle violence que plusieurs sapins furent renversés dans mon parc; il fallut redresser les plantations jusqu'à trois fois, dans les endroits où elles n'étaient pas abritées, par exemple sur le coteau de la vallée de l'Iton qui est exposé à l'ouest; la couverture en jones marins que j'avais fait mettre autour des cèdres fut emportée plusieurs fois. Heureusement l'hiver fut doux, circonstance très-favorable pour les plantations d'automne sous le climat de Paris, parce que les hivers rigoureux y sont toujours accompagnés d'alternatives de gelées et de dégels, ce qui est très-nuisible à ces plantations.

Les terres dans lesquelles j'avais fait exécuter les plantations dont je viens de parler étaient toutes silico-argileuses, plus ou moins substantielles, plus ou moins maigres, mais elles ne contenaient aucune trace de calcaire; chaque espèce avait été placée dans le terrain qui me paraissait le mieux lui convenir. Je dois avouer d'ailleurs que je n'ai pas toujours aussi bien réussi, par exemple en 1843-1844.

III. SAPIN PICEA, Abies picea. Le choix et la préparation du terrain pour le semis, le choix de la graine, l'époque du semis, les précautions à prendre pour le repiquage, pour la transplantation et pour la plantation à demeure, la saison pendant laquelle s'exécute cette plantation, seront tels que je l'ai indiqué dans l'art. I et dans l'art. 11.

On sèmera épais, mais beaucoup moins que pour le sapin argenté, parce que parmi les graines du sapin picéa il s'en trouve moins de mauvaises que parmi celles du sapin argenté. Le plant se repique pendant l'automne de l'année où il a été semé, dans des lignes distantes de 0,20 les unes des autres, et on le met à 0,20 de distance dans les lignes. Le plant de rebut se mettra dans des lignes distantes les unes des autres de 0,16, et il sera espacé de 0,16 dans les lignes.

Le sapin picéa ayant pris trois sèves et étant par conséquent dans sa troisième année, puisque ce sapin n'a qu'une seule sève par an, on le transplantera dans des quartiers disposés ainsi que je l'ai prescrit page 358; on le mettra par lignes distantes les unes des autres de 0,65, et à 0",65 de distance au plus dans les lignes, en ayant soin de disposer les plants en quinconce. On traite le plant pour les binages, et le terrain pour les couvertures, absolument de la même manière que je l'ai prescrit à l'article du sapin argenté, en parlant de la deuxième transplantation. Lorsqu'un plant a deux flèches, on tord celle qui est la moins belle. On peut aussi planter le jeune plant de trois ans à demeure et il réussira parfaitement bien; j'en ai planté qui avait cet âge, auquel les lapins ont coupé la tête et mangé toutes les feuilles, et qui a pourtant repris.

Pendant la sixième année qui suivra le semis, après que la sixième sève sera terminée, presque tous les plants auront dépassé 1 mètre de haut et seront propres à être plantés à demeure ou à être vendus; après la septième sève, tout le quartier sera propre à être planté ou vendu, et c'est ce qu'il faudra faire pendant cette septième année, car il y aurait beaucoup de désavantage à attendre. Si l'on prend

quelques picéas dès la sixième année, on ne les remplacera pas; les plants de trois ans qu'on mettrait à leur place dépériraient, étant opprimés par ceux qui occupent déjà le terrain par leurs racines et par leurs branches. On prend pour bien arracher le plant, pour le bien planter et pour le soigner après la plantation, les mêmes précautions que j'ai indiquées pour le plant du sapin argenté. On peut le planter l'automne, l'hiver et le printemps jusqu'au moment où part la sève, mais il est préférable de le planter l'automne.

J'ai fait les observations suivantes relativement au mode de végétation et à l'accroissement du sapin picéa pendant les sept années qui précèdent sa plantation à demeure. Le sapin picéa, semé à la fin de mars ou dans les premiers jours d'avril, lève au bout de cinq à six semaines; il lève ayant au bout d'une petite tige la coque de sa graine, qui tombe bientôt et laisse voir un bouquet de feuilles séminales en aiguilles fixées au bout de cette tige; puis la petite tige du picéa se garnit de feuilles dans son pourtour, sur les deux tiers de sa hauteur, à partir du sommet. Le plant qui n'a qu'une sève (Voy. p. 118) borne là son accroissement la première année de sa naissance, et sa tige atteint seulement 0,024 à 0,045 de haut; au bout de cette tige se trouve le bouton duquel partira la flèche l'année suivante.

La seconde année, dans le courant de mai, un peu plus tôt ou un peu plus tard, selon les localités et la température qui a régné, on voit partir la flèche, qui est garnie de petites feuilles dans son pourtour, et une ou plusieurs petites branches. La flèche et les autres pousses ont terminé leur croissance en longueur au bout de six à neuf semaines environ, selon la température qui a régné; mais ensuite ces pousses grossissent encore un peu et deviennent ligneuses, d'herbacées qu'elles étaient. La tige du jeune sapin picéa a alors 0,11 à 0,25 de haut; les boutons du bout de la flèche et du bout des pousses, desquels partitiront les pousses de l'année suivante, sont alors parfaitement formés. La troisième année, le tronc du picéa se couvre d'un plus grand nombre de petites branches ou plus exactement de ramilles, car les branches ne paraissent que plus tard, et il atteint une hauteur de 0,24 à 0,54.

A partir de cette troisième année, le sapin picéa se couvre d'un grand nombre de ramilles, et il prend la forme d'un épais buisson conique, surmonté d'une flèche située dans le prolongement du tronc. Après la sixième ou la septième sève, lorsque le plant a par conséquent 6 ou 7 ans, âge auquel on peut le planter à demeure, il a ordinairement environ 1,50 de haut. J'ai donné, pages 118-122 et 125-127, une description de la marche et des effets de la végétation dans les sapins picéas adultes.

Le plant de sapin picéa réussit aussi bien, quand on le plante à demeure, que celui de sapin argenté; excepté sur les terrains couverts de joncs marius, de bruyères ou d'autres plantes semblables, dont les racines nuisent d'abord à celles du picéa, qui sont traçantes; dans cette situation, le plant de picéa boude pendant plusieurs années avant de se décider, et il en périt même quelquefois. On peut planter des picéas déjà grands, en prenant beaucoup de précautions, et

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