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été plantée en 1832-1833, et dans laquelle les mélèzes alternent avec les pins laricio; cette allée traverse un bois taillis et une pinière; le terrain, dans la partie où se trouve la pinière, est de mauvaise qualité, on n'y trouvait autrefois que de la bruyère et des chênes rabougris. L'un des mélèzes de cette allée, que j'ai mesuré pendant l'automne de 1842, avait 6",80 de haut; mais il y en avait de moitié plus petits dans le mauvais terrain. On peut transplanter avec succès des mélèzes très-grands, quand ils proviennent originairement de pépinière, en apportant beaucoup de soin à la plantation. J'en ai planté un qui avait 8,50 de haut, et j'ai réussi, mais il a boudé pendant sept ans; il y aurait eu de l'avantage à planter un bon plant de pépinière avec beaucoup de soin, car il est à craindre que des arbres aussi grands, ayant été nécessairement mutilés dans leurs racines, n'acquièrent jamais de belles dimensions.

IX. CÈDRE DU LIBAN, Cedrus Libani. - Je ne me suis proposé, en élevant quelques cèdres du Liban en pépinière, que d'éprouver s'il était vrai que l'éducation de cet arbre demandât tous les soins qui sont prescrits par les auteurs qui en ont parlé; mais j'ai commis la faute d'extraire les graines que j'ai employées de cônes provenant d'un cèdre qui n'avait que 45 ans, et de ne pas m'assurer si ces cônes étaient restés sur l'arbre le temps nécessaire pour que la graine qu'ils contenaient fût parfaitement mûre.

En 1837, je me procurai deux cônes de ce cèdre, âgé alors de 45 ans, qui se trouve à 8 kilomètres de chez moi, et dont j'ai parlé dans le chapitre précédent; ces cônes avaient la couleur de la maturité; l'un d'eux contenait 170 graines et l'autre 180.

Je fis semer la plupart de ces graines, le 29 mars 1837, sur une planche de jardin située à mi-ombre, après l'avoir préparée avec de la terre de bruyère; j'en fis seiner aussi quelques-unes sur une plate-bande de jardin, qui n'avait reçu aucune préparation. Il ne leva qu'une petite partie de ces graines sur la première planche; mais, quoiqu'on ne traitât pas le plant avec plus de précaution que celui des espèces dont j'ai précédemment parlé, il réussit bien; il leva quatre ou cinq des graines que j'avais semées sur la plate-bande. On ne prit d'autres soins de ces derniers plants que de les débarrasser des herbes qui les entouraient; au bout de trois ans il n'en restait que deux, mais en aussi bon état que ceux qui étaient sur la planche : le rigoureux híver de 1837-1838 ne fit périr que quelques-uns de ces plants de cèdre.

Pendant l'automne de 1839, on transplanta tout ce plant, que je n'avais point fait repiquer à l'automne de 1837, parce qu'il avait levé trop clair, en quoi j'avais eu tort. Cette transplantation fut exécutée ainsi que je l'ai dit page 363; mais on ne mit sur le plant repiqué qu'une couverture trop faible, il y avait même un endroit où il n'y en avait pour ainsi dire point. Le plant passa très-bien l'hiver et le mois de février encore mieux, parce que ce mois fut remarquablement doux; malheureusement, à ce temps si doux, qui avait mis la sève en mouvement, succéda un mois de mars très-rude; le thermomètre centigrade descen

dait toutes les nuits de 6 à 7 degrés au dessous de zéro, tandis que pendant le jour un soleil ardent réchauffait l'atmosphère. Ces alternatives de gelées et de dégels furent funestes aux jeunes cèdres : leurs feuilles, qui sont ordinairement persistantes, devinrent brunes et tombèrent ensuite toutes; il n'en périt pourtant que quelques-uns, et seulement parmi ceux qui n'avaient point de couverture, les autres ne furent que retardés dans leur végétation.

La chute de leurs feuilles ne peut d'ailleurs être attribuée à ce qu'ils avaient été transplantés l'automne précédent, car j'avais des cèdres âgés de 8 à 11 ans, transplantés depuis trois ans, et un cèdre de 40 ans, qui perdirent aussi leurs feuilles; je craignis même de perdre le cèdre de 40 ans; heureusement il se recouvrit de feuilles et s'est bien rétabli. Le cèdre duquel j'avais tiré mes graines, plus âgé et d'une végétation plus vigoureuse que le mien, n'éprouva aucune atteinte de ce bouleversement dans la marche de la température. A l'automne de 1842, il ne me restait plus que 30 des cèdres semés au printemps de 1837, et le plus haut n'avait que 0,65 (2 pieds); mais on a vu que leur végétation avait été retardée par des alternatives de temps doux et rigoureux, et que j'ignore si les graines que j'avais employées étaient dans un état parfait de maturité. Je plantai une partie de ces cèdres à demeure pendant l'automne de 1842, une autre partie au printemps de 1843; on leur mit une épaisse couverture de joncs marins, la plantation réussit : j'ai planté le reste au printemps de 1844, et ils ont péri.

J'ai éprouvé plus de pertes dans les plantations de cèdres, qu'elles aient été exécutées à l'automne ou au printemps, que dans celles des autres arbres dont je parle dans ce chapitre; et ils ont quelquefois boudé plusieurs années, avant que de reprendre la belle végétation qu'ils avaient quand on les tirait de la pépinière je me suis d'ailleurs trop peu occupé de la culture du cèdre pour pouvoir donner mes observations comme une règle, et je suis dans le doute relativement à l'époque à laquelle on doit planter cet arbre à demeure; néanmoins, j'ai mieux réussi l'automne, mais j'ai toujours eu le soin de faire mettre une

Couverture.

On peut conclure de mon essai pour élever le cèdre en pépinière, en pleine terre, sans prendre plus de précautions que pour les sapins et les pins dont j'ai précédemment parlé, et de ce que cet arbre se reproduit par le semis naturel, . sous le climat de Paris (Voy. p. 310-313), qu'il est de pleine terre en France, même dans ses premières années. Je répète d'ailleurs cet essai avec huit plants que m'a donnés M. Neuman, chef des serres au Jardin-des-Plantes de Paris, et qui proviennent de la graine tombée des cônes du cèdre du Jardin-des-Plantes en février 1844 (Voy. p. 311); il avait pris du plant de semis naturel sous la gouttière de l'arbre et l'avait mis en pot. J'ai tiré ces plants du pot dans lequel ils étaient, pour les repiquer en pleine terre à l'automne de 1844; ils ont très-bien supporté l'hiver de 1844-1845, dont le commencement et la fin ont pourtant été rigoureux, quoique l'on n'ait pris d'autres précautions que de mettre sur cette petite plantation une couverture de balle de blé.

X. PIN D'AUTRICHE, Pinus austriaca. Je ne suis procuré la graine de pin d'Autriche dans la maison Vilmorin-Andrieux, qui la tirait directement de l'Autriche, et je l'ai semée au printemps de 1837; ainsi les arbres provenus de ce semis ne portent pas encore de cônes. J'ai comparé les plants que m'ont donnés ces graines avec des plants obtenus par M. le marquis de Vibraye, dans sa terre de Cheverny (Loir-et-Cher), de graines qu'il avait rapportées d'Autriche: M. de Vibraye m'a donné quelques-uns de ses plants, que j'ai placés à côté des miens; ils me paraissent entièrement semblables.

J'ai traité le plant de pin d'Autriche absolument comme le plant de pin laricio, parce qu'il m'a semblé que son accroissement était à peu près le même, pendant les premières années, et je l'ai planté à demeure pendant l'automne de 4842, en allée et en massif; je lui ai trouvé autant de chevelu qu'au plant du pin sylvestre, un peu plus, par conséquent, qu'à celui du pin laricio. J'avais aussi semé, sous le nom de graine de pin taurique, de la graine que je m'étais procurée également dans la maison Vilmorin-Andrieux, qui l'avait tirée directement de la Crimée; le plant qui en est provenu m'a paru absolument semblable à celui de pin d'Autriche (Voy. p. 328) : j'ai d'ailleurs séparé ces deux sortes de plants lorsque je les ai plantés à demeure, afin que l'on puisse voir si, par la suite, il ne se montrera pas entre eux quelque différence. Les pins d'Autriche que j'ai semés en pépinière en 1837, et que j'ai depuis plantés à demeure, avaient, en moyenne, à l'automne de 4844, 1",20 de haut, et le plus haut avait 1,90. Aujourd'hui (28 juin 1845), au moment où j'imprime cet article, ils ont en moyenne 1,75, et le plus haut a 2m,43.

XI. PIN DOUX, Pinus milis. Je me suis procuré la graine de ce pin dans la maison Vilmorin-Andrieux, sur l'indication de M. A. Michaux, qui m'assura qu'elle était authentique, étant arrivée dans ses cônes, qu'il avait reconnus pour être bien ceux du pin doux. J'ai semé cette graine en 1837, sur une planche préparée avec de la terre de bruyère, et elle a très-bien levé. La végétation du plant de pin doux ayant été aussi active, pendant les premières années, que celle du plant de pin maritime, et ce plant ayant la tête chargée de branches comme celui de pin maritime, je pense qu'on devait le traiter de même; mais ignorant quelle serait la marche de sa végétation, je l'ai traité comme le pin sylvestre.

Il m'arriva, d'ailleurs, en élevant ce plant et ne prenant d'autres précautions que celles que j'ai précédemment indiquées, que je fus sur le point de le perdre. Après que le plant eut été transplanté dans le quartier où il devait rester jusqu'à ce qu'on le plantât à demeure, il commença à dépérir; ses feuilles devinrent jaunes, sa végétation se ralentit d'abord, et s'arrêta ensuite presque entièrement; des pins doux du même semis que j'avais fait planter en même temps, à mi-ombre dans un bosquet et dans ma sapinière, avaient, au contraire, la plus belle végétation. Je présumai que le pin doux demandait à être élevé à mi-ombre, dans sa jeunesse, jusqu'à un âge plus avancé que celui auquel il

avait été mis à 0,65 (2 pieds) de distance en tout sens, dans un quartier entièrement découvert; je transplantai donc de nouveau quelques-uns de ces plants malades dans d'autres parties de ma pépinière, où ils étaient ombragés par des plants plus âgés, et j'en plantai encore à demeure à mi-ombre dans mon parc; tous reprirent une belle végétation.

Par suite de ce résultat, je fis planter en 1841-1842 le reste de ces plants malades, qui périssaient successivement, au nombre de 200 environ, dans un bois taillis de mauvaise qualité voisin de ma pinière, et ils se seraient très-bien rétablis, car ils reprirent au bout de peu de temps une belle couleur; mais malheureusement il y avait dans le voisinage un terrier de lapins bien habité, et ces animaux, en les broutant et en en coupant le tronc quand ils ne pouvaient alteindre la tête, les auraient tous fait périr, si je n'eusse imaginé de leur mettre une couverture de feuilles et de les faire enduire de bouse de vache, ce qui parut les écarter. Pendant que les lapins dévastaient ainsi cette plantation, je remarquai que les pins doux dont le tronc avait été coupé repoussaient du pied comme le bois feuillu; j'en coupai plusieurs rez terre en 1843, lorsque la première sève était déjà avancée, et il partit des jets de bonne apparence. Si le pin doux repoussait de souche comme les bois feuillus, on pourrait le cultiver en taillis; mais c'est ce que je n'oserais affirmer, puisque cette propriété de se reproduire par des rejets, propriété que je n'ai observée que sur de très-jeunes pins doux, pourrait bien ne plus exister pour des pins plus âgés.

Ainsi, pour élever avec succès le pin doux, il faut que le semis soit fait à l'ombre ou à mi-ombre, et que les plants, jusqu'au moment de la plantation à demeure, soient aussi élevés à mi-ombre; on peut, par exemple, si l'on a dans une pépinière des plants d'arbres feuillus de haute tige, les mettre au nord de ces arbres. Je présume qu'en en conservant le plant en pépinière à mi-ombre jusqu'à sa cinquième année, il pourrait ensuite être placé sur un terrain entièrement découvert; j'en ai planté en 1841-1842, c'est-à-dire cinq ans après le semis, sur un petit coteau découvert situé au nord et couvert de joncs marins, et ils ont assez bien repris; ces plants avaient d'ailleurs souffert dans la pépinière, ainsi que je l'ai dit : peut-être l'ombrage des joncs marins leur a-t-il été favorable. L'un des pins doux que j'avais plantés d'abord dans mon parc avait, à l'automne de 1842, c'est-à-dire six ans après le semis, 1,90 de haut, et 3,50 à l'automne de 1844.

Je terminerai cet article par exprimer un doute relativement à l'arbre que j'ai cultivé sous le nom de Pin doux. Je crains, quoique M. A. Michaux ait cru reconnaître les cônes desquels ont été tirés les graines que j'ai employées, qu'il ne se soit trompé, car les pins que j'ai cultivés ont tous, jusqu'aujourd'hui (1845), leurs feuilles contenues au nombre de trois dans une gaîne, et M. Michaux dit (1) qu'elles sont réunies deux à deux dans une même gaîne; qu'on en remarque souvent trois dans les pousses de l'année, mais sur les très-jeunes branches seu

(1) Histoire des arbres forestiers de l'Amérique septentrionale, t. 1, p. 54.

lement (et par conséquent sur le plant); enfin qu'elles sont d'un vert sombre, tandis que jusqu'à présent, celles du pin que j'ai cultivé sont d'un vert clair. Les jeunes pousses sont d'ailleurs violettes, caractère que M. Michaux dit être particulier à ce pin et au Pinus inops; mais l'arbre a deux sèves, ce que M. Michaux ne dit pas du pin doux. Quoi qu'il en soit, si ce pin n'est pas le pin doux, et que sa végétation se soutienné telle qu'elle s'est montrée jusqu'à ce jour, ce sera un fort beau pin. J'ai donné cent des plants de ce pin à la Société royale et centrale d'agriculture, pour ses bois du Vieil-Harcourt, et j'en ai donné à quelques personnes de mon voisinage.

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