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m'exprimer ainsi, pour prendre une végétation active. Néanmoins il sera peutêtre nécessaire d'éclaircir un peu les bandes impaires que l'on a conservées intactes deux ou trois ans après cette première exploitation, pour donner un peu plus de lumière au jeune plant qu'elles contiendront.

Ordinairement, au bout de six à dix ans, les bandes qui ont été exploitées aussi bien que celles qui ne l'ont pas été seront suffisamment garnies de plant; et ce plant aura acquis assez de force pour ne plus craindre ni l'action permanente du soleil, ni la rivalité des plantes et arbustes qui trouveront d'ailleurs le terrain moins apte à les produire et occupé en grande partie par du plant de sapin. On achèvera alors l'exploitation, c'est-à-dire que l'on coupera toutes les bandes portant des numéros impairs qui avaient été réservées : cette seconde coupe s'appelle coupe définitive. On ménagera le jeune plant le plus qu'il sera possible, surtout dans les parties où il n'y en a pas surabondamment; ainsi cette exploitation sera exécutée pendant le temps où la sève est inactive, et pendant que la neige couvre la terre, si on le peut, car c'est alors que l'on cause le moins de dommage au jeune plant. Mais cela arrive assez rarement sous le climat de Paris et seulement pendant fort peu de temps, tandis que dans d'autres climats, par exemple dans le nord de l'Allemagne, une neige abondante couvre régulièrement la terre tous les hivers et pendant à peu près le même temps.

Le moment le plus dangereux pour exécuter cette exploitation est celui pendant lequel pousse le sapin, et l'on a vu que cet arbre n'a qu'une sève, que cette sève commence ordinairement au commencement du mois de mai sous le climat de Paris, et que les pousses du sapin ont pris toute leur longueur au bout de cinq à huit semaines environ; mais il faut compter en outre un mois pendant lequel les pousses étant encore herbacées se cassent aussi très-facilement; c'est donc pendant les mois de mai, de juin et de juillet qu'il faut éviter prin; cipalement de faire la coupe définitive,

Quelle que soit d'ailleurs l'époque à laquelle s'exécutera la coupe définitive, on détruira toujours beaucoup de plant, moins pourtant qu'on ne le croirait; car, délivré des géans qui l'opprimaient, ce plant repousse ordinairement, quoiqu'il ait été meurtri ou brisé.

Dans les grandes exploitations où l'on n'a souvent la certitude de vendre ses marchandises que lorsqu'on n'en met en vente qu'à peu près la même quantité tous les ans, on ne peut attendre une année d'abondance de cònes pour exécuter les coupes d'ensemencement; et comme on aurait presque la certitude d'échouer si on les exécutait plusieurs années d'avance, parce que le terrain se couvrirait plus ou moins de plantes ou d'arbustes, on se contente d'abord de faire des coupes préparatoires qui consistent à n'abattre qu'une partie des arbres des coupes d'ensemencement, le tiers ou la moitié, par exemple: lorsque l'année d'abondance de cônes se présente, on achève d'abattre les arbres restans pour mettre toutes les coupes dans lesquelles il avait été fait des coupes préparatoires dans l'état où elles doivent se trouver après la coupe d'ensemencement.

Lorsque l'on abat tout de suite la totalité des arbres d'une coupe et qu'on les

remplace par du plant de pépinière, si l'on a à exploiter une coupe par chaque année, les exploitations se suivent régulièrement; mais lorsque l'on exploite par bandes et qu'il y a plusieurs bandes par chaque coupe, on ne termine définitivement l'exploitation d'une coupe qu'au bout de six à dix ans; il faut donc entamer autant de coupes qu'il est nécessaire, en y faisant des coupes préparatoires ou des coupes d'ensemencement, pour que l'on puisse abattre à peu près la même quantité de bois par chaque année, et il faut ensuite rentrer dans l'ordre habituel. Je ferai connaître plus loin les inconvéniens des coupes préparatoires en parlant de celles qu'on est souvent aussi contraint de faire exécuter dans les exploitations par éclaircies.

Le mode d'exploitation par bandes est en usage en Allemagne, où on l'emploie beaucoup plus pour le sapin picéa que pour le sapin argenté; je ne sache pas qu'il ait été mis en usage en France. Il a été décrit dans les ouvrages de Hartig et de Cotta, qui ont été, je crois, les premiers à l'employer.

Il y a des montagnes élevées et froides, exposées d'ailleurs à de violens coups de vent, dans lesquelles le recru périrait si on le privait trop tôt d'abri, et où les vents feraient plus tard de grands dégâts. Il faut alors, si l'exploitation s'exécute à 80 ans, attendre 40 ans lorsque l'on a coupé une bande, pour couper les deux bandes qui la touchent. Ainsi, chaque bande, lorsqu'on en fait l'exploitation, est bordée de chaque côté par des bandes dans lesquelles les sapins sont moitié moins âgés que ceux que l'on coupe : j'appellerai cette exploitation exceptionnelle, exploitation par bandes permanentes.

Dans l'exploitation par éclaircies on se propose, comme dans l'exploitation par bandes, de renouveler la sapinière au moyen du semis naturel. Les forestiers allemands ont été les premiers à employer ce mode d'exploitation que l'on a commencé à imiter en France depuis quelques années; il repose sur l'observation, qui avait été faite, que le plant ne peut croître sous l'ombrage des arbres des futaies pleines bien garnies; qu'il y lève pourtant, mais qu'il y périt bientôt, à moins qu'il ne se trouve près des allées, des lisières ou des clairières. Hartig, grand-maître des forêts de la Prusse, et Cotta, conseiller supérieur des forêts du royaume de Saxe, sont les premiers, je crois, qui aient enseigné le mode d'exploitation des futaies par éclaircies, et ils sont aussi, je crois, les premiers qui l'aient mis en pratique (1); ils expliquent avec détail ce mode d'exploitation, pour les futaies de hêtre, et se contentent de dire, lorsqu'ils parlent du sapin argenté, qu'on doit le traiter absolument comme le hêtre : je vais décrire ce mode d'exploitation d'après ces auteurs.

Les coupes de la futaie seront disposées, en ce qui concerne l'ordre de leur ex

(1) Hartig a enseigné l'exploitation par bandes et par éclaircies dans son Instruction sur la culture du bois à l'usage des forestiers, qui a été traduit, et dans son Instruction pour les forestiers et ceux qui veulent le devenir, qui ne l'a pas été; Henri Cotta l'a enseigné dans son Traité de culture fores ́tière, qui a été traduit, dans ses Principes fondamentaux de la science forestière, qui ont été traduits, et dans son Instruction pour l'aménagement et l'estimation des forêts, qui ne l'a pas été. J'ai donné avec détail le titre de ces ouvrages dans la liste qui se trouve au commencement de ce Traité.

ploitation, ainsi qu'il a été dit page 86; c'est-à-dire que l'exploitation commencera par le nord-est et finira au sud-ouest. Une coupe ayant atteint l'âge auquel on jugera avantageux de l'exploiter, qui est de 70 à 80 ans sous le climat de Paris, et contenant, ainsi que je l'ai dit, environ 400 arbres par hectare; on préparera la coupe, s'il est nécessaire, comme je l'ai indiqué page 90, en parlant de l'exploitation par bandes étroites, pendant l'année qui précédera une année d'abondance de cônes. L'année suivante, lorsque la graine sera tombée, ce qui arrive à la fin de septembre ou au commencement d'octobre, on abattra une partie de ces arbres, de manière à rendre au terrain assez de lumière et de soleil pour que le semis naturel qui périssait dans les années qui suivaient sa naissance, par suite de l'ombrage, puisse au contraire prospérer du moins pendant quelques années : cette coupe partielle s'appelle coupe sombre ou coupe d'ensemen

cement.

Il n'est pas possible de déterminer, d'une manière précise, le nombre d'arbres qu'il faut abattre, pour mettre la coupe en exploitation dans la situation la plus favorable à la naissance du semis naturel et à sa prospérité, pendant les années qui suivent celle où l'on a exécuté la coupe d'ensemencement; effectivement cela dépend de circonstances variables telles, par exemple, que la nature du terrain, l'exposition, le plus ou le moins d'obscurité de la futaie. « Cette coupe, dit Har» tig, dans son Instruction sur la culture du bois à l'usage des forestiers, page 35, doit » être plus ou moins claire, selon qu'elle a lieu sur le revers septentrional des » montagnes, et dans les endroits qui sont d'ailleurs humides et ombragés, » selon que les semis existans sont plus ou moins épais et que l'on a à craindre » la crue des mauvaises herbes et plantes nuisibles. »

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Cotta dit (1): « On ne reconnaît pas toujours, au premier abord, l'espacement qu'il convient de donner aux arbres dans les coupes d'ensemencement. Si, » dans un canton exploitable, il se trouve quelques parties claires, dans lesquelles » le repeuplement naturel a lieu, il faut se guider d'après ces parties, choisir la » place où le recru est le plus beau et le plus complet, et donner à la coupe d'en» semencement qu'on veut faire, un espacement semblable. »

Dans une grande futaie, où je suppose que l'on exploite au moins une coupe par chaque année, on finira par être à peu près fixé à cet égard; ordinairement il faut qu'après la coupe d'ensemencement les branches se touchent à peu près lorsque le vent balance la cime des arbres. Je présume qu'en abattant 150 sapins sur les 400 que je suppose exister par chaque hectare, un peu plus ou un peu moins, ce qui se fera en tâtonnant, on atteindra ce résultat. On procédera ainsi qu'il suit la coupe ayant été nettoyée l'année précédente des arbustes qui gêneraient la vue et préparée s'il est nécessaire, ainsi qu'il a été dit, on marquera environ le tiers des arbres que l'on veut abattre en entourant le tronc d'une ligne rouge; quand ils auront été abattus et ébranchés, on marquera un second tiers que l'on abattra aussi, et enfin on marquera et l'on abattra le troisième tiers. Cette opé

(1) Traité de culture forestière, p. 34.

ration est d'ailleurs fort délicate et exige pour être bien exécutée qu'on y apporte la plus grande attention et qu'on ait des connaissances pratiques; car si l'on a trop éclairci, les plantes et arbustes, poussant avec trop d'activité, étoufferont le plant, et si l'on n'a pas assez éclairci, l'ombrage le fera périr comme par le passé.

Dans les grandes exploitations, on sera obligé de faire des coupes préparatoires, par le motif que j'ai donné et comme je l'ai indiqué page 92 en parlant de l'exploitation par bandes; ainsi elles consisteront dans l'abattage d'une partie des arbres des coupes d'ensemencement, du tiers ou de la moitié, par exemple; l'on achèvera d'abattre les arbres de ces coupes lorsqu'il se présentera une année d'abondance de cônes. Les coupes préparatoires, auxquelles on sera pourtant contraint d'avoir souvent recours, présentent d'ailleurs de grands inconvéniens, quand l'année d'abondance de cônes que l'on attend pour achever d'abattre ce qui fait partie de la coupe d'ensemencement tarde trop à arriver; en effet, lorsque cette année d'abondance arrivera, on aura ordinairement plus de bois à abattre qu'on ne peut en vendre ou qu'on ne peut en exploiter faute d'ouvriers, et si l'on n'abat pas, le jeune recru pourra périr; le même inconvénient peut se présenter relativement à la coupe claire et à la coupe définitive dont je vais parler. J'examinerai plus loin les avantages et les inconvéniens que présente le mode d'exploitation par éclaircies, et je comparerai à la fin de cet article les cinq modes d'exploitation que je décris; mais, pour l'intelligence du mode d'exploitation dont je m'occupe actuellement, je dois supposer d'abord que l'on réussit, ainsi qu'on se le propose. Je supposerai donc que la coupe d'ensemencement se trouvera suffisamment garnie de plant, par le semis naturel, dans l'année qui suivra l'exploitation.

Lorsque le semis naturel a atteint environ 0m,32, il a besoin d'un peu plus de lumière, et il périrait si l'on n'éclaircissait point de nouveau; on fera donc couper la moitié environ des arbres réservés, choisis parmi ceux qui ont le plus de volume, de manière pourtant à ce que ceux que l'on conserve soient à peu près à une égale distance les uns des autres; néanmoins, s'il y a des parties où le recru soit plus abondant et plus élevé, on y laissera un peu moins d'arbres que dans les parties où il est plus clairsemé. On marquera les arbres que l'on doit abattre avant que la neige, qui empêche de bien distinguer le plant, ne couvre la terre, et l'on exécutera cette exploitation pendant la neige, si on le peut; car c'est alors qu'elle cause le moins de dommage au jeune plant. Si l'on est contraint de laisser du bois dans la coupe plus longtemps qu'on ne l'aurait voulu, on l'entassera dans les endroits où il causera le moins de dommage et d'où l'on pourra le tirer plus facilement : cette seconde coupe s'appelle coupe claire. Enfin, lorsque dans cette coupe claire le plant aura de 0,32 à 1,30 de haut, on achèvera l'exploitation; cette dernière coupe s'appelle coupe définitive; elle sera exécutée avec les précautions que j'ai prescrites pour les deux coupes qui la précèdent.

Les hauteurs auxquelles je dis que doit être parvenu le plant, lorsque l'on exé

cute la coupe claire et la coupe définitive, sont celles que donne Cotta pour le hêtre, dans son Traité de culture forestière, pages 38 et 41; mais, page 54 de ce même ouvrage, il renvoie, en ce qui concerne l'exploitation du sapin, à ce qu'il a dit du hêtre : « Il y a parité, dit-il, entre ces deux essences pour la révolution, » l'état serré lors de l'ensemencement, l'enlèvement retardé des arbres d'abri, >> ainsi que pour les règles de prévoyance; mais, lors des coupes claires et » définitives, l'exploitation doit être faite pendant l'hiver plutôt que pendant » l'automne, parce que, pour les feuilles du sapin, il n'y a de différence à au» cune saison de l'année, et que si la chute des arbres a lieu pendant la neige, >> celle-ci protège les jeunes plants. >>

Dans l'ouvrage qui est intitulé Instruction pour les forestiers et ceux qui veulent le devenir, traduit par Baudrillart dans son Dictionnaire des eaux et forêts, en ce qui concerne les exploitations par éclaircies, on trouve (t. II, p. 125 et 126) ce qui suit sur l'exploitation du sapin argenté : « Quand, dit Hartig, une forêt de sapin >> commun est arrivée à l'âge où il convient d'en faire la coupe et que l'on veut » y favoriser le repeuplement par l'ensemencement naturel pendant l'exploita» tion, on doit alors observer exactement toutes les règles que nous avons don» nées pour l'exploitation par éclaircissement des forêts de hêtre, parce que les » forêts de sapin commun doivent être traitées absolument de la même manière. » Cet auteur prescrit ensuite de faire la coupe claire lorsque le semis naturel a 3 ou 4 ans, et la coupe définitive lorsque le plant a de 9 à 12 pouces (0,24 à 0,32) de haut. Ainsi, Hartig et Cotta sont d'accord pour assimiler les futaies de sapin argenté aux futaies de hêtre, en ce qui concerne leur exploitation; mais ils ne sont pas d'accord relativement aux époques auxquelles doivent être exécutées la coupe claire et la coupe définitive. L'opinion de ces deux forestiers sur l'assimilation des futaies de sapins argentés aux futaies de hêtres, en ce qui concerne leur exploitation, n'a d'ailleurs pas été généralement adoptée; ainsi, elle a été combattue, page 109 du Traité des arbres résineux, publié par Dralet, lorsqu'il était inspecteur principal des forêts du midi de la France, où le climat est si différent de celui du centre de l'Allemagne.

On peut espérer que, dans l'espace de six à dix ans, la coupe que l'on aura exploitée par les procédés que je viens de décrire se trouvera parfaitement repeuplée. Mais cela est incertain, et l'on se verra très-souvent contraint de suppléer à l'insuffisance du semis naturel par des semis artificiels, ou, ce qui est bien préférable, par des plantations de jeunes plants; aussi je ne saurais trop insister sur l'avantage d'avoir abondamment à sa disposition du plant de pépinière. Il y aura d'ailleurs de grandes différences, selon les localités, dans le temps qui doit s'écouler entre la coupe d'ensemencement et la coupe définitive, car cela dépendra et de la manière dont profitera le plant et de la nature du terrain ; il y a, en effet, des terrains sur lesquels on pourra faire la coupe définitive, quoique les plants les plus hauts n'aient encore que 0,32, tandis qu'il y en a d'autres où il faut attendre qu'ils aient 1,30 si l'on ne veut s'exposer à les voir étouffés par les plantes et arbustes qui y naîtront en quantité. Malgré tous les soins que

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