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par les pères pour leurs aînés. Le jeune homme pince les bras de celle qu'il préfère; si elle reçoit bien cette rustique déclaration, elle lui en fait l'aveu en s'asseyant sur ses genoux: mais rien n'est terminé sans le consentement des parens. Un mauvais lit, une ou deux paires de draps d'étoupes, une armoire de montagne qui vaut de dix à douze francs, un habit complet pour les fêtes, une paire de souliers, une paire de sabots et environ cent francs, composent toute la dot.

Si, malgré sa robuste constitution, la jeune mariée ne donne pas à son époux plus de garçons que de filles, elle éprouve bientôt sa mauvaise humeur et ses rebuts: mais si l'époux voit s'accroître le nombre de ses garçons, c'est pour lui une source de richesses, et à sa mort il leur partage tous ses instrumens de labour et d'agriculture.

Les paysans du Gers sont charitables et hospitaliers; jamais le mendiant n'est renvoyé sans un morceau de pain: ils donnent tout avec profusion à l'hôte qu'ils reçoivent. Ils sont durs pour eux-mêmes et pour leur famille; les malades même obtiennent peu de soins mais ils les prodiguent au boeuf ou à la vache qui sont atteints de quesque maladie, et rien ne coûte, quelque foible que soit l'espoir qu'on a de les sauver; on a recours sur-tout à l'art des devins et à la puissance des sorciers (1).

(1) CAZAUX, Annuaire pour l'an 12, p. 180 et suiv. Tome IV.

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Rabastens est le dernier relais avant d'arriver à Tarbes. Le chemin qui conduit à cette dernière ville, est bordé de fossés remplis d'une eau courante que mille petits canaux d'irrigation distribuent dans les riches prairies qui bordent la route: derrière on découvre des coteaux couverts de vignes, et les Pyrénées s'élèvent avec majesté comme pour former le fond de ce magnifique tableau. Les habitans de ce beau pays ont tous l'air de l'aisance et du

contentement.

On sort du territoire des Auscii, et l'on entre dans cette partie de l'ancienne Gascogne habitée autrefois par les Bigerrones (1), qui se soumirent à Crassus lieutenant de César.

Ce fut sous les rois mérovingiens que ce pays reçut le nom de Bigorra ou Begorra, sous lequel il est toujours désigné par Grégoire de Tours. II suivit le sort de la Novempopulanie; il a pourtant eu ses comtes particuliers, qui d'abord relevèrent des ducs de Gascogne. Ce comté, après avoir passé à la. couronne en 1307, a successivement été perdu et repris dans les différentes guerres avec les Anglais;

(1) CESAR, Comment. IV, Leur 15. nom, dans Pline, est Be gerri; Ptolémée n'en parle pas: S. Paul les appelle pellitos Bigerres, parce qu'une partie de leur pays est située dans les neiges des Pyrénées; ce qui les obligeoit à se vêtir d'une espèce de fourrure, que SULPICE SÉVÈRE, dans sa Vie de S. Martin, nomme Bigerrica vestis hispida.

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et après avoir Iappartenu à la maison d'Albret, il a été réuni définitivement à la couronne avec les autres domaines de Henri IV. .

Rabastens en Bigorre n'est point la ville du même nom où les croisés signalèrent leur fureur, et qui est dans l'ancien Albigeois. Elle a pourtant aussi été en proie à de grandes calamités pendant les guerres de religion, Cette ville, fidèle à la reine de Navarre, fut prise, après une vive résistance, par le brave et cruel Blaise de Montluc, qui paya cher cet exploit; car il eut le visage fracassé d'un coup d'arquebuse, ce qui l'obligea à porter un masque le reste de sa vie. Ses soldats commirent des cruautés dont le souvenir soulève l'ame. On est fâché de voir le dernier excès de la férocité ternir les actions d'un noble courage.

A quelque distance est Vic de Bigorre, ville où les comtes ont souvent résidé, et près de laquelle est la célèbre abbaye de la Réole.

Tarbes s'appeloit Turba dans le temps où elle étoit la capitale des Bigerrones; c'étoit, en 506, le siége d'un évêché. On voit qu'elle a été bâtie à différentes époques. C'est une des plus agréables villes de la Gascogne; ses rues sont larges, heureusement percées et bien aérées, et des ruisseaux d'eau courante y entretiennent la fraîcheur et la propreté. Les maisons sont couvertes d'ardoises, et il y a au milieu de la ville une belle place appelée Maubourget. Les

dehors offrent des promenades charmantes. La chaîne des Pyrénées, qui offre l'aspect de montagnes entassées les unes sur les autres, se présente avec magnificence et se déploie avec sublimité.

De Tarbes à Bagnères, la route est moins large, mais plus agréable encore que de Rabastens à Tarbes. On traverse un grand et beau village appelé la Loubère. On voit, de chaque côté du chemin, de grands vergers remplis d'arbres fruitiers, auxquels se marient des ceps de vigne qui les entourent de leurs pampres, et y suspendent leurs riches grappes ces ceps, qui s'élèvent à une assez grande hauteur, forment quelquefois de rians berceaux. Le millet croît entre les arbres. La campagne est magnifique de petites maisons assez propres, quelquefois couvertes en chaume, mais souvent aussi avec de l'ardoise, semblent placées exprès pour animer ce charmant paysage. Les murs sont bâtis avec des galets que l'Adour charie: ces galets, placés par assises et liés par un fort mortier, forment des bandes régulières.

Toute cette vaste et belle plaine, appelée plaine de la Bigorre, est couverte d'un lit fort épais de ces cailloux, qui croissent en volume à mesure qu'on approche des montagnes. Ces roches granitoïdes servent encore au pavage des cours.

Plus on approche de Bagnères, et plus l'usage du capulet se montre commun. On appelle ainsi un

voile de laine qui ne descend à-peu-près qu'à la moitié des bras, et dont on peut voir la figure pl. LXXI, n. 17.

Ce capulet a la forme d'un sac dont on auroit laissé un des côtés longs ouvert : il est ordinairement de couleur rouge, et bordé, sur la couture qui divise le sommet de la tête, d'une bande de taffetas ou d'un ruban noir large d'un à trois doigts pour celui du dimanche, et d'un' simple liséré tissu dans l'étoffe pour celui des jours ouvrables. Lorsqu'il fait beau, on retrousse le capulet-à-peu-près d'un tiers, jusqu'au niveau du front, ou on en laisse flotter les pans, qui, en agitant l'air, procurent de la fraîcheur; s'il pleut, on l'avance à volonté; et dans les jours froids, il sert à envelopper le visage, le cou, les épaules et la partie supérieure des bras. Quelques femmes portent leur capulet de laine blanche, et les vieilles en ont de laine noire; mais le rouge est la couleur la plus en vogue.

Après la Loubère, on trouve encore deux grands villages, Momerès et Montgaillard. La contrée où ils sont situés est charmante; on croit être dans un parc planté à l'anglaise, plutôt que sur une route. On faisoit alors les foins; et les plantes nouvellement fauchées exhaloient des vapeurs balsamiques qui paroissoient annoncer des vertus particulières. Les eaux sont si bien ménagées, que les prés semblent être un tapis du vert le plus agréable. En

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