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ou moins curieux, se contentent de se promener à cheval, sur la route de Lourdes et dans la belle avenue qui conduit à Luz. Ils vont aussi sur deux petits plateaux voisins de Baréges, où l'on aime à faire des parties. L'un est appelé le Sopha, à cause de la banquette de gazon qui offre du repos aux convalescens : les baigneurs riches et galans y donnent des collations, des bals et des fêtes. L'autre plateau est nommé l'Héritage à Colas; il est parsemé de charmantes fleurs, qu'on se plaît à y cueillir. On découvre de là plusieurs pics qui élèvent leur tête au-dessus d'innombrables coteaux. Après ces deux petites promenades, il y a bien des voyageurs qui n'ont vu à Barèges d'autres cascades que celles des bains, et d'autre verdure que celle du tapis de

trente-un.

Mais ceux que le desir d'observer les grands effets de la nature engage à entreprendre des courses plus pénibles, vont visiter le pic de Leyrey, ou plutôt d'Aïré, qui s'élève au-dessus de Baréges, et qui est couvert de rhododendron. On passe par l'Héritage Colas, et auprès de la digue de Louvois, mur qui a été en effet construit sous ce ministre pour empêcher la chapelle, les bains, la caserne et le pavillon des officiers, d'être écrasés par un éboulement de la montagne. Mais cette digue lui oppose à présent de vains efforts; et bientôt forcée de céder, et entraînée par la chute des rochers, elle roulera aussi sur les

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frêles édifices qu'elle devoit préserver, et contribuera elle-même à les précipiter dans le Gave.

Plus haut, la montagne étoit jadis couverte de chênes, et plusieurs habitans de Baréges se rappellent les agréables parties qu'ils ont faites sous leur ombrage. Aujourd'hui on n'y voit que quelques arbres épars, qui semblent placés là pour attester qu'à présent solitaires, ils étoient autrefois entourés de beaucoup d'autres que la cognée a abattus, ou que la dent meurtrière des chèvres a fait périr. Il faudroit proscrire ces animaux, défendre les défrichemens, et donner des primes à ceux qui feroient, sur ces hauteurs, de nouvelles plantations; car ce bois est nécessaire pour empêcher la formation des lavanges.

On va visiter aussi le lac de Lascougous, appelé vulgairement Escoubous ; le pic de Lydts, surnommé la Piquette, d'où l'on revient chargé d'amiante, souvent en se laissant glisser d'une montagne inférieure sur une verte et lisse pelouse, jusqu'à ce qu'on soit descendu dans la jolie vallée de Lienz (1). Le naturaliste peut toujours en rapporter des plantes pyrénaïques et de curieux minéraux. Les beaux effets de

(1) Pour se former une idée des Pyrénées, il faut voir les belles cartes de Roussel. M. Ramond, Observations faites dans les Pyrénées, a donné une carte de la crête des montagnes depuis Perpignan jusqu'à Baïonne; elle est préférable à celle qui est en tête de l'Essai sur la minéralogie des Pyrénées, par PALASSOU.

la nature qu'on remarque à Gèdres, à Héas, à Gavarnie, méritent principalement l'attention des voyageurs, et c'étoient les sites que j'étois sur-tout empressé de visiter.

CHAPITRE CXXVII.

Luz.-Église. Cagots. — Laurens.--Vallée de Luz,

Pic de Vicos. SAINT-SAUVEUR.

Gave. Riou-maou Pic de Bergous, -Fort de l'Escalette. Pierre ronde. SIA. Fontaine d'Andiole GÈDRES.

Grotte. — Chaos d'Héas. —

Église.
Fort de la Raillé. - Chapelle d'Héas. Pélerinage.

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517

NOUS
nous rendîmes le soir même à Luz. On
descend le long du Bastan: l'eau des moulins, ent
s'élançant au-dessus de la bonde qui la comprime,
produit d'agréables et nombreuses cascades. Luz est
une petite ville située sur une roche feuilletée de cou-
leur noire, vers la partie la plus basse de la vallée, et
dans une exposition très-agréable. Le terrain est cou-
vert jusqu'au Gave d'un riche tapis vert; en face, sur
l'autre rive, on voit dans un lieu ombragé l'élégante
maison des bains de Saint-Sauveur, qui présente un
aspect pittoresque.

La vallée de Baréges renferme environ quatre mille habitans, établis dans dix-sept villages et quelques hameaux. Luz est la demeure de plusieurs personnes qui vont à Baréges, pendant la saison des bains, exercer différentes professions. Il n'est composé que de quelques maisons, parmi lesquelles est une égliseque l'on prétend avoir appartenu aux Templiers. On

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n'y remarque que de vieux créneaux, un tombeau qui sert de bénitier, et une porte, maintenant murée qui étoit autrefois la seule par laquelle des malheureux qu'on désignoit sous le nom de Cagots comme une race réprouvée, pouvoient entrer dans l'église. Leur histoire se perd dans les plus antiques traditions de notre monarchie, et n'a jamais été bien éclaircie, quoiqu'elle ait été souvent traitée. Oihenart, dans sa Notice sur la Gascogne (1), a rassemblé tout ce que Belleforest (2) et Paul Merula lui en avoient déjà appris. Ces hommes appelés, dit-il, Agots (3) et quelquefois Caffots 4, dans le Béarn et la Navarre, Cagots dans la Gascogne, et Gahets, Gabets et Caffets en Guienne, sont regardés comme des misérables en proje à une lèpre contagieuse, qui les fait repousser de la société. Ils ont dans leurs habitudes, dans leur maintien, je ne sais quoi qui inspire le dégoût et le mépris, et l'horreur qu'ils portent par-tout s'annonce par leur souffle, qui paroît empoisonné ; toute communication avec leurs semblables leur est interdite. En effet, pour prendre part au culte du Dieu qui pourtant ne devoit pas les avoir créés pour la réprobation et le malheur, ces êtres, réputés ladres et infects, devoient entrer dans l'église par une porte

1

4

TIDA

(1) Vasconia Notitia.

(2) Cosmographie.

(3) Part. II, lib. III, cap. 38.

114) Voyez l'ancien Fors compilé en 1074.

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