Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[ocr errors]

constant des princes en a fait la principale ville du Béarn (1); elle a eu un parlement, une université, et tous les établissemens que les souverains accordoient aux grandes villes.

Il est hors de doute que le Béarn a reçu son nom de Beneharnum, lieu qui est cité pour la première fois dans l'Itinéraire d'Antonin (2). Grégoire de Tours en parle ensuite (3); et sous Alaric, il avoit un évêque appelé Galactoire (4), qui fut tué en combattant contre les Ariens. L'histoire le compte parmi les guerriers braves et malheureux; l'église, parmi ses martyrs. Cette ville passa avec toute la Novempopulanie sous la domination des rois Francs et des princes de Gascogne, qui avoient les vicomtes de Béarn sous leur dépendance. Les Sarrasins et les Normands la saccagèrent tellement, qu'il n'en reste aucun vestige. Ceux qui prétendent qu'elle fut où est aujourd'hui Lescar, ne se fondent que sur de frivoles conjectures. Après sa destruction, Morlaas devint la principale ville du pays et la demeure des vicomtes.

Depuis Dagobert, le Béarn a été gouverné par

(1) Des lettres-patentes de Jean d'Albret et de la reine Catherine son épouse, du 4 novembre 1502, sont le premier acte dans lequef elle soit ainsi nommée.

(2) ANTONINI Itinerarium, p. 453 › 457

(3) Hist. LIX, C. 7.

(4) Galactorius de Benarno, Conc. Agath. an. 506.

des princes de la même maison jusqu'à la mort de Gaston VII. En 1290, sa fille Marguerite porta la vicomté de Béarn dans la maison de son mari, Roger Bernard, comte de Foix. François Phébus, qui, après la mort de Gaston IV, comte de Foix, devint aussi roi de Navarre, mourut en 1482, très-jeune encore et sans postérité. Sa sœur Catherine épousa Jean d'Albret, et elle fut reconnue maîtresse de presque tous les domaines de la maison de Foix; mais la foiblesse de ce prince lui fit perdre la Navarre, qui fut pour toujours réunie à la Castille. Henri II, son fils, succéda à ce qui lui restoit en-deçà des Pyrénées, et conserva le titre de roi de Navarre, que ses descendans ont pris depuis comme un témoignage des droits qu'ils prétendoient avoir sur ce royaume. La maison d'Albret posséda le Béarn jusqu'à ce que Henri IV, le dernier de ses princes, après s'être long-temps défendu de réunir à la couronne ce petit État qui avoit été le témoin des jeux de son enfance et de ses premiers succès, y consentit enfin par l'édit qu'il rendit en juillet 1607.,

Quand on parle de Pau, on ne songe plus qu'aux souverains qui y ont fait leur résidence; à Gaston de Foix, duc de Nemours, qui trouva unè mort glorieuse à Ravennes au sein de la victoire; à Henri d'Albret, à Jeanne de Navarre, et sur-tout au roi Henri. Mais cette ville a encore donné la naissance à quelques hommes auxquels ceux qui la visitent

:

doivent offrir un souvenir le savant prélat Pierre de Marca, qui a laissé une histoire et d'autres ouvrages pleins d'une solide érudition; le père Pardies, Jésuite, bon astronome et habile géomètre ; le brave maréchal de Gassion, dont l'abbé de Pure a écrit une longue histoire (1); et le théologien Abadie.

Les lettres ont cependant été en général peu cultivées dans le Béarn. L'académie qui s'y étoit formée librement en 1718, ne s'occupoit guère que de bals et de concerts; et quoiqu'elle eût été ensuite autorisée par des lettres patentes, elle a été peu utile aux

sciences.

Les principales productions du pays sont ses mines, ses vins et ses lins. Les mines donnent du fer, du plomb et du cuivre; elles sont dans les belles vallées d'Ossau et de Baigori. Le vin est celui des vignes de Jurançon et de Gan, villages très-agréables, situés à peu de distance de Pau. Le lin, que l'on cultive dans les environs de Lourdes, et principalement dans la commune de Lescar, alimente les nombreuses manufactures de la ville: on y compte cinq cents tisserands, et il y en a près de quatre cents dans les villages environnans. L'identité des prix, l'uniformité du travail, la conformité des dessins, font que tous ces ouvriers sont regardés comme appar→ tenant à un même atelier; ils ne fabriquent que des

(1) Histoire du maréchal de Gassion, 4 vol. in-12.

mouchoirs à larges carreaux, qu'on appelle mouchoirs de Béarn. C'est aussi dans Pau qu'une centaine d'ouvriers sont occupés à la fabrication des berrets: mais l'abandon du costume national a beaucoup diminué ce genre d'industrie; presque tous les habitans riches, dans les campagnes, portent aujourd'hui des chapeaux. On y fait encore un commerce considérable de jainbons, auxquels le sel de Sallies donne un goût exquis, et qu'on nomme jambons de Baïonne, parce qu'on les porte dans cette ville pour les embarquer. Les cuisses d'oie de Pau sont aussi très-estimées.

Le patois béarnais est agréable, expressif, abondant; il se prête aux accords de la musique et aux formes de la poésie. Au surplus, c'est le caractère de tous les patois du midi.

J'aurois pu parler de la langue et de la poésie languedociennes lorsque j'ai décrit le Languedoc et la Gascogne; mais cette langue se parle avec différentes modifications dans la Guienne, le Périgord et le Limousin; plusieurs des troubadours et des poëtes qui se sont illustrés par leurs chants, appartiennent à ces contrées : j'ai donc pu différer de m'en occuper, jusqu'à ce que je les eusse à-peu-près parcourues. Ce que j'ai dit sur la langue provençale (1) peut aussi s'appliquer aux patois languedocien et gascon.

(1) Tome III, p. 472; et sur-tout dans le Magasin encyclopéd. anr. 1808, t. II, p. 62.

Ces patois ne sont que des dialectes de la langue qui se forma dans les provinces méridionales de la France, lorsque la corruption du latin et l'introduction d'une grande quantité de mots étrangers donnèrent naissance à la langue qu'on appela romane, parce qu'elle conservoit encore des traces de celle que les Romains avoient parlée. La langue qu'on nomme languedocienne ou provençale, selon le pays auquel on appartient, s'est divisée en différens dialectes qui se fondent par des nuances insensibles et forment cette quantité d'idiomes qui sont en usage depuis Antibes jusqu'à Bordeaux. De là vient la grande conformité entre ce qu'on appelle le patois languedocien (1) et ce que les Provençaux nomment avec plus d'ostentation la langue provençale. Nous avons vu combien ceux-ci sont attachés à leur langue (2); il en est de même des Languedociens et

(1) Parmi les écrits sur la langue gasconne, je citerai les Joyeuses Recherches sur la langue tolosaine; Tolose, 1578, in-12. C'est un discours sur la langue et une explication d'un petit nombre de mots. DOUJAT a mis, à la suite des Œuvres de GOUDOULI, un petit glossaire qui a été imprimé séparément sous ce titre : le Diccionari moundi ( toulousain) de la oun soun enginars principalomen les mouts les plus escarries an l'esplicaciu francezo; Toulouso 1542. Ce n'est qu'une liste des mots du Ramelet mondi, avec leur traduction française. M. l'abbé BOISSIER DE SAUVAGES a fait paroître, en 1775, un excellent Dictionnaire languedocien-français Nîmes, 2 vol. in-8.o; il est précédé d'une grammaire languedocienne.

(2) Tome III, p. 47%.

« VorigeDoorgaan »