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Découverte et conquête du Chili par les Espagnols. Hernando Magallanès, après avoir franchi, en 1520, le détroit qui porte son nom, a dû apercevoir une partie de la côte du Chili (1).

Expédition de don Diego de Almagro en 1536. Après la réduction de Cuzco, et la mort d'Atahualpa, Pizarro voulant se défaire de Diego de Almagro, l'engagea à entreprendre la conquête du Chili (2), pays dont on vantait alors les richesses, et qui était situé à six cents lieues de la capitale du Pérou. Le roi d'Espagne, pour récompenser ce conquérant de ses services, lui avait donné un territoire de deux cents lieues, qui s'étendait depuis Las Chincas jusqu'au détroit de Magellan, et qu'il nomma Nouvelle-Tolède. Le Chili se trouva compris dans les limites.

(1) Voyez l'article Magellanie. (2) Voyez l'article Pérou.

1

Almagro accepta la proposition de Pizarro, et fit les préparatifs nécessaires pour cette expédition. Il distribua à ses gens plus de cent quatre-vingts charges d'argent et vingt d'or, après en avoir déduit le quint du roi, pour les aider à se procurer des armes et des chevaux ; mais ils s'engagèrent à lui en rembourser la valeur sur le produit des richesses du pays qu'ils allaient conquérir. A la demande d'Almagro, l'Inca Manco, successeur de l'infortuné Atahualpa, consentit à lui fournir quinze mille Indiens, et à faire partir son frère Paullo Topa, et le grand-prêtre Viléhoma, accompagnés de trois Espagnols pour lui frayer le chemin. Ils eurent ordre de s'arrêter à deux cents lieues de Cuzco. Almagro enjoignit à Juan de Saavédra, natif de Séville, de les suivre avec tous les Espagnols qui voudraient se joindre à lui, et de former une colonie à cent cinquante lieues de distance. En conséquence de ces instructions, Saavédra jeta les fondements de la ville de Paría (1), en 1535, à cent trente lieues de Cuzco, et la peupla d'Espagnols qu'il tira de Collao et de Los Charcas, où se trouvaient les riches mines de Potosi, alors inconnues (2). Almagro, craignant d'être arrêté par Pizarro, manda aux capitaines Rui Diaz et Bénavides, à Lima, et à Rodrigo Orgonez, à Cuzco, de le suivre avec tous les Espagnols qui désireraient les accompagner, après quoi il se mit lui-même en route pour Paria (3). A son arrivée dans cette colonie, il commanda à Saavedra de s'avancer par le grand chemin des Incas jusqu'à Topisa (4), capitale de la province de Chichas, où l'attendaient l'Inca Paullo et Viléhoma. Trois des cinq Castillans qui avaient pénétré dans la province de Xuxuy (5), furent tués par les naturels du pays.

L'Adélantado, continuant sa marche à travers le territoire des Canches, des Cañas et des Collas, arriva peu après à Topisa, où il reçut de l'Inca Paullo quatre-vingt-dix mille pésos d'or fin, apportés par des Indiens du Chili qui venaient

(1) Herréra, décad. V, lib. VII, cap. 9.

(2) Voyez l'article Pérou.

(3) Gomara dit qu'il partit de Cuzco au mois d'avril 1535; et suivant Molina, ce serait vers la fin de cette année.

(4) Selon Herrera; Alcédo l'écrit Tupisa, et la place dans la province de Chichas y Tarija, au Pérou.

(5) Ou Jujuy, ville de la province de Tucuman, au Pérou.

présenter leurs hommages à l'Inca. Sur ces entrefaites, le grand-prêtre quitta le camp espagnol pendant la nuit, accompagné de quelques personnes des deux sexes et s'en retourna à Collao par une route inconnue aux Castillans. Paullo déclara à Almagro qu'il ignorait la cause de son évasion. L'interprète indien, Filipillo, qui avait connaissance de la conspiration, ayant aussi pris la fuite, fut arrêté et écartelé (1).

Almagro donna ordre au capitaine Salcédo de partir avec soixante cavaliers et fantassins, pour châtier les Indiens qui avaient tué les trois Espagnols; mais ce capitaine les trouva si fortement retranchés, qu'il n'osa les attaquer. Ces Indiens ayant fait une sortie, rencontrèrent Francisco de Chaves qui arrivait au secours de Salcédo avec du renfort, lui tuèrent plusieurs des Yanaconas (ou Indiens mis au service des Espagnols) qui l'accompagnaient, et lui enlevèrent tout son bagage. Peu de tems après, Almagro, ayant été joint par quelques Espagnols de Cuzco, marcha dans la direction de Xuxuy, où il retrouva Salcédo et Chaves et s'arrêta deux mois. Il se dirigea de là vers Chaquana, dont les habitants témoignaient des intentions hostiles; mais effrayés à la vue de quelques cavaliers envoyés pour reconnaître la vallée de Arruya, ils s'enfuirent dans les montagnes. Là, Almagro permit à plusieurs seigneurs de Paria, qui l'avaient suivi, de retourner dans leur pays, et continua sa route avec trois cents fantassins, deux cents cavaliers et un grand nombre d'Indiens et de noirs pour porter son bagage. Après une marche longue et pénible à travers un désert, il arriva aux montagnes neigeuses (Sierras Nevadas), vers le commencement de l'hiver. Dans cette saison, la neige tombe que continuellement et obstrue les passages qui ne sont praticables qu'en été. Almagro perdit dans sa route à travers ces montagnes, plusieurs noirs, quelques Indiens et trente chevaux, avant d'arriver à la fertile vallée de Copayapo (2),

pres

(1) Zarate dit qu'il avoua, avant de mourir, que sa passion pour une des femmes d'Atahualpa avait été cause de la mort de ce prince.

(2) Copiapo, province du Chili. Copiapo signifie pépinière de turquoises (sementera de turquesas). On a donné ce nom à cette vallée à cause de la grande quantité de pierres de cette espèce qu'on y trouve.

d'où il envoya du secours aux soldats de son expédition qui n'avaient pas encore franchi ces montagnes. Il fut accueilli par les habitants de cette vallée comme un envoyé du dieu Viracocha. Ils lui fournirent des vivres en abondance et lui firent des présents de la valeur de cinq cent mille ducats. Almagro distribua immédiatement cette somme entre les soldats, et leur remit toutes leurs dettes. L'héritier légitime de la couronne de ce pays, privé de ses droits par son oncle, s'était enfui dans les bois. Almagro le rétablit sur le trône. Les habitants attribuerent cette action à un sentiment de justice, et en manifestèrent hautement leur satisfaction. Toutefois, trois soldats Espagnols, qui s'étaient séparés du gros de l'armée, ayant été tués à Guasco, l'Adélantado, qui craignait que leur mort ne détruisît l'idée de la supériorité de ses troupes, résolut d'en tirer une vengeance éclatante. Il fit brûler vifs vingt-sept des principaux habitants, parmi lesquels se trouvaient l'ulmen, ou chef de district, nommé Marcando, son frère et l'usurpateur de Copiapo. Cette atrocité, qui fut désapprouvée par la plupart des Espagnols, excita au plus haut dégré la colère des Chiliens.

Almagro, à son arrivée à Concomicagua, capitale de la province, envoya des détachements sur plusieurs points pour explorer le pays. Les rapports qu'ils lui firent sur les dispositions des habitants furent des plus défavorables. Il reçut dans cette ville un petit renfort sous les ordres de Rodrigo Orgonez, et un autre de quatre-vingts hommes d'infanterie et de cavalerie, sous ceux de Juan de Rada, qui lui apportait un brevet qu'il avait reçu de Hernando Pizarro, et par lequel il le nommait gouverneur de cent lieues de pays hors de la juridiction, et au midi du gouvernement de Pizarro. Ses amis lui mandaient de Cuzco de revenir prendre possession de cette ville qui était, disaient-ils, comprise dans son commandement; mais malgré cette invitation et les remontrances de ses auxiliaires péruviens, il se décida à continuer ses conquêtes vers le sud. Il franchit le Cachapoal et pénétra dans le pays des Promauques. Toutefois un combat qu'il eut à soutenir sur les bords du Rio-Claro, et qui coûta la vie à plusieurs Espagnols, arrêta ses progrès. La nuit sépara les combattants. Les Castillans réclamèrent la victoire. Cependant lorsqu'ils virent leurs adversaires prendre position vis-à-vis leur camp et les attendre de pied ferme, ils demandèrent à se retirer dans les provinces septentrionales, où ils avaient reçu un si bon accueil, pour y londer une colonie,

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