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Zarathustra, et celui-ci s'avance pour le repousser. Le texte porte ici: açaretô aka manańha khruždya tbaêṣoparslanam, et ce passage se traduit fort bien mot à mot: << non blessé par le mauvais esprit, par la méchanceté des attaques tourmentantes », ce qui veut dire purement et simplement que les attaques de son ennemi n'ont pas eu de prise sur Zarathustra. Évidemment, il n'est pas question ici des « demandes très-tourmentantes » dont parle M. Spiegel (sehr peinigende fragen), et le mot parstanam ne se rapporte pas à pareç, « interroger »; mais que dire de la version de M. de Harlez : les projets de la haine implacable d'Akomano n'avaient pu l'ébranler » ? Le traducteur met bien en note que « les projets » sont littéralement « les questions », celles que les démons s'adressent entre eux, leurs projets. Encore un coup, rien n'autorise ce commentaire, cette paraphrase du pur et simple mot å mot; le sens du passage est uniquement celui-ci : Zarathustra attaqué, mais n'ayant pas été entamé, s'avance vers son adversaire; il s'avance vers l'agresseur qui a cherché en vain à le frapper. Et comment est-il armé? De pierres, dit M. Spiegel, de pierres de fronde, «schleudersteine »; de traits, dit M. de Harlez. La première version est préférable, et elle seule rend le mot açânô: Zarathustra non blessé s'avance vers son agresseur, des pierres à la main. Toute la fin du passage est fort difficile. M. Spiegel, tout en hésitant beaucoup, lit dražahê et regarde ce mot comme un infinitif, comme le datif d'un nom neutre abstrait. M. de Harlez pense de son côté que la forme dražahi, qui est une seconde personne, doit être remplacée par une troisième « il garde ». Cette correction est-elle bien

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nécessaire? Nous ne le pensons pas. Pourquoi ces quelques mots ne seraient-ils pas relatés ici par le rédacteur du passage comme ayant été ceux qu'Ahura Mazdâ (dont il vient d'être parlé immédiatement) dit à Zarathustra en lui donnant ces armes ? « Tu as ces armes (kva) sur cette terre vaste, ronde........... ». Rien n'est plus dans la façon du texte sacré baktrien que ces sortes d'intervention à l'improviste. Zarathustra s'avance vers son agresseur armé des pierres que lui a données Ahura Mazdâ en lui disant : Voici tes armes sur cette terre... Cela n'est qu'une hypothèse, mais cette hypothèse a le double mérite, nous semble-t-il, de ne point remanier le texte et de lui accorder un sens raisonnable. Quant au mot dûraêpâra-, il ne signifie pas, comme le veut M. de Harlez, « aux rives lointaines », mais bien aux extrémités éloignées l'une de

l'autre », c'est-à-dire « vaste ».

Les critiques que nous venons de faire sur deux ou trois points particuliers s'appliquent à la traduction tout entière. En somme, cette traduction nous semble bonne, mais souvent elle est un peu lâche. L'Avesta demande à être traduit de la façon la plus serrée; c'est dans une série de notes, non point dans le texte, qu'il faut faire entrer les éclaircissements indispensables, dont le nombre est fort grand; M. de Harlez aurait dû se résoudre à donner à ses annotations plus d'importance encore qu'il ne leur en a accordé. Somme toute, sa version, telle qu'elle est, mérite d'être recommandée, et nous pensons qu'elle donnera une juste idée du Vendidad aux personnes qui cherchent à connaître ce qu'il y a dans cet écrit si important. Nous nous en sommes convaincu en étudiant de près trois de ses chapitres pris au hasard,

II

Notre opinion sur l'Introduction est loin d'être aussi favorable. Il s'y trouve sans doute de bons et exacts renseignements, mais noyés dans des considérations extrascientifiques et dans une apologie oiseuse de l'Ancien Testament. Toute la question des rapports de l'éranisme et du sémitisme est traitée sans critique aucune. M. de Harlez est prêtre catholique, et ses croyances religieuses se sont introduites malencontreusement dans toute cette première partie de son livre. Il l'a placée par là en dehors de la critique, et nous le regrettons vivement. L'auteur ne va-t-il pas jusqu'à parler de la « race de Japhet»! Mais nous n'avons pas à discuter l'indiscutable ; passons ces soixante-seize premières pages, et reconnaissons que la traduction qui les suit est une œuvre méritante et dont l'on peut attendre de bons services.

HOVELACQUE.

La Russie épique, étude sur les chansons héroïques de la

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Cie, édit. 1871.1 beau vol. in-8, de xv-505 p.

Bien que ce livre ne soit pas consacré à des études de linguistique, mais qu'il soit revêtu d'un caractère à peu près exclusivement littéraire, nous ne laisserons pas de

le signaler à nos lecteurs comme un ouvrage d'un haut intérêt. Ceux d'entre eux qui s'occupent de questions mythologiques y trouveront des renseignements précieux. A propos des Chants du peuple russe de M. Rabston, nous avons dit déjà (Revue de linguistique, t. VIII, p. 86) combien il serait utile d'étudier les épopées russes et d'en extraire ce qui y a trait aux vieux mythes slaves. M. Rambaud a prévenu M. Rabston dans cette œuvre, et nous en sommes doublement satisfaits, d'abord parce que ce travail nécessaire a un Français pour auteur, et ensuite parce que les trop nombreuses personnes qui ignorent les langues slaves sont plus tôt en possession de ce dont nous attendions avec impatience la publication.

C'est notamment dans ce que M. Rambaud appelle l'épopée légendaire que nous pouvons rencontrer le plus d'éléments mythologiques. Les héros tels que Volga Vseslavitch, Ilia Mourometz, Dobryna Nikititch sont les frères des héros épiques des autres épopées aryennes; tous sont les fils du grand dieu de l'orage, d'Indra, vainqueur des nuées et libérateur des vaches célestes, des nymphes fécondes, des eaux fertilisantes ravies ou menacées par les monstres ou les démons représentés dans les nuages sombres. La naissance du Protée slave, Volga Vseslavitch, est d'autre part celle de plus d'un personnage épique; c'est un bâtard divin, comme Romulus, comme l'Alexandre de Macédoine des légendes poétiques, comme le Mérovée de Frédégaire, comme le fondateur de la maison de LusiIgnan ou celui de la maison de Haro.

M. Rambaud tient compte fort exactement de l'influence ougro-finnoise sur les légendes de l'antique Russie. Ainsi il montre les rapports de Sadko le marchand de Novgorod

chantant et jouant de la harpe sur les bords du lac Ilinen avec le Väinärnöinen du Kalevala finnois, et ceux du roi de la mer de cette série de bylines (chansons épiques) avec Ahto, « le roi des vagues bleues, l'ancien des eaux », le Neptune finlandais.

C'est donc un service réel qu'a rendu M. Rambaud à la fois aux érudits et aux littérateurs en publiant son livre sur la Russie épique, et nous nous empressons de lui en adresser ici tous nos remercìments.

GIRARD DE RIALLE.

VARIA

CONGRÈS DES ORIENTALISTES A PÉTERSBOURG.

En 1873 eut lieu à Paris un congrès international des orientalistes; l'année suivante, une semblable réunion se tint à Londres. Pétersbourg devait être en 1875 le lieu d'une troisième session; mais, pour des motifs d'ordre particulier et d'organisation intérieure, celle-ci a été renvoyée au 1er septembre de cette année.

Le congrès international des orientalistes durera dix jours; quatre séances seront consacrées aux questions relatives à la Russie d'Asie; dans la première on s'occupera de la Sibérie occidentale et orientale; dans la deuxième on traitera de l'Asie centrale, c'est-à-dire du

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