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A Mgr. LE COMTE D'ARTOIS;
Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon, & par.
M. J. A. MON GEZ, Chanoine Régulier de la Congrégation de
Sainte-Geneviève, des Académies Royales des Sciences de Rouen, de
Dijon, &c. &c.

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AU BUREAU du Journal de Phyfique, rue des Mathurins,
au coin du Cloître Saint-Benoît.

M. D C C. LXXI X.

AVEC PRIVILEGE DU ROI.

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LA PHYSIQUE,

SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS.

PRÉCIS DE L'ÉLOGE

De M. DE LINNE;

Lu par M. le Marquis DE CONDORCET, pendant la Séance publique de Rentrée après Pâques, de l'Académie Royale des Sciences.

CHARLES de Linné, plus connu fous le nom de Linnæus, Chevalier de l'Ordre de l'Etoile Polaire, premier Médecin du Roi de Suède, Profeffeur de Médecine & de Botanique dans l'Univerfité d'Upfal,

1779, JUILLET. A 2

un des huit Affociés Etrangers de l'Académie des Sciences, de la Société Royale de Médecine de Paris, de la Société Royale de Londres, des Académies de Berlin , de Pétersbourg, de Stockholm, d'Upfal, de Bologne, d'Edimbourg & de Philadelphie, naquit dans la Province de Smolande en Suède le 23 Mai 1707.

De tous ces titres Académiques, (dont nous n'avons donné ici qu'une lifte très-incomplette) aucun ne l'a autant flatté que celui d'Affocié Etranger de l'Académie Royale des Sciences, dont il a été revêtu le premier de fa nation, & jufqu'à préfent le feul.

Ce font les propres termes de M. Linné dans un Mémoire qui nous a été envoyé de fa part: telle étoit l'expreffion de fa reconnoiffance pour l'Académie, peu de tems avant fa mort, dans ces momens où l'homme ceffant d'être fenfible aux diftinctions paffagères de la vanité, ne l'eft plus qu'aux honneurs immortels de la gloire.

Cet hommage rendu à l'Académie par un Savant illuftre, que l'Europe avoit comblé de titres Littéraires, honore à la fois cette Compagnie & la Nation; il prouve fur-tout combien eft fage la loi qui fixe à huit feulement le nombre de nos Affociés Etrangers. En effet, quel homme de génie ne feroit flatté de voir fon nom infcrit dans une lifte fi courte entre le Czar Pierre & Newton?

Le Pere de M. de Linné qui exerçoit les fonctions de Miniftre dans le Village de Stenbrohult, s'amufoit à cultiver des Plantes, & fon fils apprit dès l'enfance à les aimer & à les étudier. Il avoit reçu de la nature cette activité d'efprit qui ne permet point de repos tant qu'il refte quelque chofe à voir ou à découvrir, ce coup-d'œil prompt & juste, qui faifit tout ce qui mérite d'être obfervé, & qui ne voit les objets que tels qu'ils font; cette force de tête, néceffaire pour raffembler des faits épars, & ne former qu'une grande vérité d'une foule de vérités ifolées. Ainfi, en offrant des Plantes aux premiers regards de M. de Linné en déterminant par là fur quels objets fon efprit devoit s'exercer, le hafard le fit Botanifte; mais déjà la nature avoit préparé un grand homme.

A l'âge de 21 ans, il fe rendit à Upfal qu'on pouvoit alors regarder comme la Capitale Littéraire de la Suède. Olaus Celfius qui étoit à la fois un Erudit très-profond, & un Naturaliste habile, fentit le mérite du jeune Linné & devina fon génie; il lui fervit de Pere, & lui procura toutes les inftructions, tous les encouragemens que fes connoiffances & fon crédit le mettoient en état de donner à ce jeune homme, qui croiffoit pour changer la face de la Botanique.

M. de Linné obtint à 25 ans, dans l'Univerfité d'Upfal, la Chaire que le Savant Botaniste Rudbeck, accablé d'années & de travaux, étoit obligé d'abandonner. Mais cette place ne fuffifoit pas à l'activité du nouveau Profeffeur, & il quitta bientôt Upfal; mais en confervant fa

Chaire, & par les ordres même de l'Univerfité, qui préféra fagement le bien des Sciences & fa propre gloire à l'observation de fes règle

mens.

D'abord, il parcourut la Laponie, la Dalécarlie, la plupart des Provinces de la Suède, étendant fes obfervations à tout ce qui peut intéreffer un Philofophe, occupé en même tems d'acquérir des lumières & d'en faire des applications utiles, enrichiffant la Botanique ou de vues nouvelles, ou de plantes inconnues, & apprenant aux Suédois, foit à connoître les productions de leur fol, foit à en profiter. Soumis dans ces Voyages à toutes les privations, expofé dans des pays inhabités aux rigueurs d'un climat terrible, tantôt graviffant entre des rochers, tantôt s'enfonçant dans des mines profondes, obligé de braver des dangers de toute efpèce & de longues fatigues plus difficiles encore à fupporter que les dangers. M. de Linné ne fe repofoit du travail de la journée que par un autre, celui de recueillir fes obfervations & de préparer les objets qu'il avoit ramaffés.

il

Après ces Voyages, il en fit de plus lointains & de moins pénibles: parcourut le Dannemarck, l'Allemagne, une partie de la France: il s'arrêta long-tems en Hollande & en Angleterre, étudiant dans des Herbiers ou dans des Jardins, les Plantes que la nature a refufées à l'Europe; confultant les Botaniftes les plus célèbres; Dillen à Londres, Juffieu à Paris, & fe rendant leur Difciple pour fe montrer bientôt digne d'être leur rival.

Plus il étudioit la Botanique, plus il fentoit que cette fcience, devenue immenfe dans fes détails, avoit befoin qu'une main réformatrice vînt y produire une de ces grandes révolutions qui attache, lie le nom de leurs Auteurs à l'hiftoire de l'efprit humain.

Tournefort avoit donné le premier une méthode vraiment fystématique de claffer les Plantes, & M. de Linné afpiroit à être dans fon fiècle ce que Tournefort avoit été dans le fien; fachant bien que dans les Sciences on peut aller plus loin que fes prédéceffeurs, fans néanmoins s'élever au-deffus d'eux, & qu'il eft un degré de talent où l'on ne peut plus appercevoir entre deux hommes livrés aux mêmes recherches, d'autre différence que celle de leur fiècle. M. Linné chercha les caractères fondamentaux de fon fyftême dans les parties des Plantes qui fervent à leur reproduction. Les Botaniftes Allemands ont prétendu qu'il devoit la première idée de ce fyftême à Burkard; ils ont de même revendiqué en faveur de Camerarius, la méthode de Tournefort; ils ont auffi foutenu que Jungius & un autre Camerarius avoient été les guides de Vaillant à qui M. Linné accordoit le mérite d'avoir bien décrit le premier les étamines & les piftilles, & connu leur ufage pour la fécondation des Plantes. Ces prétentions paroiffent fondées, mais il n'en eft pas de même des conféquences qu'on a voulu en tirer pour diminuer

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