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SOCIÉTÉ DES LETTRES, SCIENCES ET ARTS DE L'AVEYRON.

PROCÈS-VERBAL

DE LA

Séance du 2 juillet 1871.

Présidence de M. E. DE BARRAU.

Sont présents: MM. Palous; l'abbé Touzery; Rémond; André; l'abbé Alazard; l'abbé Marty; de la Blanchère; l'abbé Cérès; Viala; Saltel; Valadier; Viallet; Alary; Fontès; l'abbé Marcorelles, et l'abbé Alibert, secrétaire de la Société.

Le procès-verbal de la séance du 15 janvier est lu et adopté.

La lecture du procès-verbal fournit à un membre l'occasion d'annoncer que M. Affre, n'ayant pu se charger de rendre compte de l'ouvrage de M. l'abbé Rouquette: Le Rouergue sous les Anglais, M. le président, pendant son dernier séjour à Rodez, a écrit à M. Guirondet pour lui confier ce rapport.

M. Guirondet n'ayant pu se rendre à la séance, M. le docteur Viallet demande à lire un travail qu'il a fait sur le même sujet dans l'ignorance où il était, qu'à défaut de M. Affre, M. Boisse eût chargé un autre collègue de faire ce rapport; mais sur l'observation faite par un membre que la priorité semble devoir convenablement appartenir au rapport demandé par le président, M. Viallet retire sa proposition et ajourne sa lecture après celle que doit faire M. Guirondet.

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Le secrétaire demande la parole et communique à l'assemblée les extraits suivants de deux lettres qui lui ont été adressées par M. Boisse, président de la Société : Versailles, 29 avril. «La mort ne se lasse pas de frapper notre malheureuse Société, elle vient de nous enlever encore un de nos meilleurs et plus dévoués collègues. M. Pescheloche, vice-président de la Société, depuis longtemps atteint d'une douloureuse maladie, a succombé il y a peu de jours. Une liste de décès que j'ai lue dans un des journaux de Versailles, m'a annoncé cette perte : j'ai 128° séance.

su depuis, et j'ai vivement regretté de ne pas avoir appris en temps utile que M. Pescheloche habitait une rue contiguë de celle que j'habite moi-même (1). C'eût été pour moi une consolation de pouvoir serrer une fois encore sa main amie, et de lui porter l'expression des sentiments d'estime et de vive sympathie de tous ses collègues. C'eût été pour moi une consolation de représenter à ses obsèques ses compatriotes absents, et cette Société des lettres à laquelle il avait donné tant de gages de son affectueux dévouement.

» Une lettre de ma famille m'a fait connaître une autre perte que la Société vient de faire dans la personne de M. Courtial. Cette perte sera aussi vivement sentie par nos collègues attaché à la Société dès son origine, M. Courtial, doué d'une excellente mémoire, conservait dans ses souvenirs la tradition vivante de nos annales. »>

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« Versailles, 21 juin. Permettez-moi de vous dire, avant de répondre à votre dernière lettre, combien j'ai été douloureusement affecté par la nouvelle inattendue de la mort de notre bon et saint évêque.

» C'est une immense perte pour le diocèse dont il était l'âme, pour les pauvres dont il était le père, et aussi pour notre Société qui avait en lui un de ses membres les plus éminents et les plus dévoués.

>> Il semble du reste qu'aucune douleur ne doit nous être épargnée cette année aux deuils publics, que nous avons si amèrement ressentis, viennent tous les jours s'ajouter, pour notre famille des lettres et sciences, les deuils privés que lui impose la perte de ses membres.

>> Dans la dernière séance que j'ai eu l'honneus de présider, je n'ai pas eu moins de six noms à ajouter à la liste nécrologique de la Société, et depuis, la mort, en moins de trois mois, nous ravit trois nouveaux collègues : Notre vénéré évêque, notre excellent et si regretté vice-président, M. Pescheloche; et enfin M. Paulin Richard, l'un des plus anciens membres correspondants, l'un des plus dévoués, l'un des mieux placés pour nous prêter un concours utile.

« Et ce concours, récemment encore, il m'exprimait chaleureusement l'intention de nous le donner: intention réalisée du reste en partie, car depuis longtemps déjà il s'occupait de recueillir, dans les manuscrits et les livres de la bibliothèque nationale, les faits et documents inédits qui pouvaient intéresser l'Aveyron.

(1) J'ignorais qu'il fût à Versailles.

>> Vous connaissez les circonstances tragiques de sa mort encore une victime innocente de la guerre civile; encore un martyr du devoir! car c'est en se rendant à son poste de bibliothécaire (sans se préoccuper du danger) à travers les rues transformées en champ de bataille, qu'il a été frappé d'une balle dans l'abdomen. Il n'a survécu que quelques heures. »

L'assemblée joint ses regrets à ceux qui sont exprimés dans les deux lettres qu'on vient de lire et dont elle vote l'insertion au procès-verbal de la séance. M. de Barrau charge ensuite M. l'abbé Alazard de présenter, à l'une des prochaines séances, une notice nécrologique sur Mgr Delalle, et se charge de faire lui-même celle de M. Pescheloche, malgré l'émotion que lui fait éprouver cette perte.

Le secrétaire communique encore à l'assemblée une lettre dans laquelle M. Boisse l'entretient des démarches faites par lui auprès du directeur de la bibliothèque nationale et du fils aîné de M. Richard au sujet des notes recueillies à l'intention de la Société. M. Boisse a reçu de ce dernier l'assurance que tous les documents concernant le département de l'Aveyron, à l'exception de ceux qui pourraient être l'objet d'une publication fructueuse, seraient livrés à la Société.

Dans une autre lettre M. Boisse parle de la bibliothèque de M. J. Duval : « J'ai pu enfin, dit-il, rejoindre madame Duval j'ai vu la précieuse bibliothèque providentiellement échappée aux Vandales Prussiens et aux Vandales de la Commune. Bien qu'il n'existe pas de témoignage écrit de l'intention qu'avait M. Duval, de léguer sa bibliothèque à la Société, jalouse de se conformer à la volonté que lui avait maintes fois manifestée son mari, dont elle partage d'ailleurs les idées généreuses, madame Duval consent à faire immédiatement l'abandon de la bibliothèque. Mais dans le cas où il existerait des dispositions testamentaires ou tout autre titre inconnu, conférant des droits à un tiers (contrairement à la conviction de madame Duval) cette dame demande à être mise par la société à couvert de toute réclamation et garantie contre toute éventualité.

>> Veuillez faire part de ces faits au comité permanent et lui demander s'il m'autorise à faire une déclaration en ce sens au nom de la Société. » (1)

(1) Depuis que cette lettre a été communiquée à la réunion du 2 juillet, une partie notable de la bibliothèque de M. Duval est arrivée à Rodez. Le second envoi est incesamment attendu.

Le secrétaire dit que le Comité permanent, appelé à se prononcer sur la demande de M. Boisse, a émis l'avis unanime que toutes les garanties nécessaires devaient être fournies par la société à Mme Duval; mais que pour donner plus d'autorité à cette décision et prévenir toute difficulté, il en serait référé à la Société réunie.

L'Assemblée, confirmant par un vote unanime la délibération prise par son Comité, donne à M. Boisse pleins pouvoirs pour traiter en son nom; elle charge le secrétaire de lui notifier cette décision et de le prier de vouloir bien se faire, auprès de Mme Duval, l'interprète des sentiments de vive gratitude de la Société. Elle charge également M. de Barrau d'écrire à cette dame pour la remercier du portrait de M. le président de Séguret qu'elle a promis d'envoyer à la Société.

L'ordre du jour appelle l'Assemblée à délibérer sur le choix d'un agent de la Société, en remplacement de M. Courtial, décédé.

Le secrétaire expose que, dans les séances du 13 mai et 29 juin, le Comité permanent s'est occupé de cette nomination. Avant de discuter les titres des cinq candidats qui se présentaient, le Comité a pensé qu'il convenait de réduire le traitement de ce fonctionnaire, élevé depuis quelques années seulement au chiffre de 600 fr. Cette augmentation, que permettait alors l'état prospère de nos finances, était d'ailleurs justifiée par les longs services de M. Courtial. Les conditions n'étant plus les mêmes aujourd'hui, le Comité a cru devoir revenir au chiffre primitif de 400 fr. Le choix de l'Assemblée s'est ensuite fixé sur M. Masson, jeune homme de 26 ans, que recommandent son savoir, son aptitude et sa probité attestés par les meilleurs témoignages.

En désignant M. Masson pour remplir les fonctions d'agent de la Société, le Comité a exprimé son vif regret de ne pouvoir admettre M. Bestion, ancien employé des contributions indirectes, que son honorabilité hors d'atteinte, son activité bien connue, et les envois fréquents que fait au Musée son fils, chirurgien-major dans la marine, semblaient indiquer au choix de la Société. Mais le Comité a craint que l'âge avancé de M. Bestion ne fût pas longtemps compatible avec les charges multipliées que ce fonctionnaire a journellement à remplir.

L'Assemblée, appelée à donner son avis, approuve par un vote unanime les résolutions du Comité permanent.

Admissions.

Sont admis sur leur demande et la pré

sentation du Bureau: M. Vernhet, missionnaire apostolique à Saint-Affrique, en qualité de membre titulaire; et M. Galibert, Aveyronnais résidant à Bordeaux, comme membre correspondant.

A l'appui de sa demande, M. Galibert a envoyé les deux poésies suivantes, dont l'Assemblée vote l'insertion. au procès-verbal de la séance.

A Sa Majesté l'Empereur Napoléon III

AVANT SEDAN.

Sire, souffririez-vous que la France périsse?
Doit-elle encore descendre et, pour dernier supplice,
Voir la Prusse effacer son glorieux renom?
N'aurait-elle, vous mort, pour défense qu'un nom
Maudit dans le passé, dans l'avenir infâme?
Pensez-vous donc qu'à l'heure où rugit en toute âme,
Comme la lave aux flancs de volcan redouté,

La grande voix qui dit: Patrie et Liberté !
Elle puisse accepter la honte et la défaite?

Oh! non, Sire. Avec vous ou sans vous, elle est prête
A repousser l'assaut de ses envahisseurs.

Elle peut, forte encor, supporter les malheurs
Qu'ont fait peser sur elle et votre impéritie,
Et de vos généraux la coupable inertie!

Mais accepter le joug qu'en leurs conseils secrets
Ont préparé Bismark et Guillaume!! Jamais.
Nous vous avons subi, Sire, et ces vingt années
Ont causé nos revers! Les âmes gangrenées
En un lâche sommeil ont perdu leur vigueur!
Rien de noble et de grand! L'Europe avec stupeur
Nous a vus piétiner en une fange impure!
L'or et la volupté, double et vaste souillure,
Sont devenus nos Dieux, et de ce culte abject
Vous vous êtes créés, oubliant tout respect,
Vos dévoués et vous, les pontifes suprêmes!
Mais les temps sont venus où de leurs diadèmes,
Nous saurons dépouiller ceux qui seraient tentés
De vendre à l'étranger, avec nos libertés,
L'honneur de nos drapeaux et notre vieille gloire !
Oui! nous nous souviendrons que, jadis, la victoire
De nos pères partout accompagna les pas!

Comme eux, nous marcherons tête haute aux combats.
Du nouvel Attila les hordes sanguinaires
Tomberont sous nos coups, et de ces téméraires
Les cadavres iront engraisser les sillons

Qu'auront foulés, vivants, leurs nombreux bataillons!
Oui, Sire, nous vaincrons! mais à quel prix!! L'histoire

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