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(l'an vi). La solution définitive de cette question, longtemps discutée, est due avant tout au Dr L. Borchardt (1) de Berlin, qui dans son intéressant mémoire chronologique a publié les monnaies en question, d'après les beaux exemplaires du cabinet des médailles de Berlin.

Les monnaies égyptiennes d'Antonin que nous venons de passer en revue ne sont pas les seules preuves démontrant que le renouvellement de la période Sothiaque eut lieu la dernière fois en l'an I d'Antonin, soit en l'an 139 de notre ère, tandis que l'avant-dernier renouvellement arriva en 1321 avant notre ère, sous Menophrès (Ramsès Ier). Consorinus, dans le livre publié par lui en 238: De die natali, écrit que, en cette année, le 1er Thot, le premier jour de l'an civil des Égyptiens

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cidait avec vii Kal. Jul. (23 juin), et que cent ans auparavant, l'an sous lequel Antonin le Pieux était consul pour la deuxième fois avec Brutius Præsens, le 1er Thot avait coïncidé avec xi Kal. Aug. (19 juillet 139), le jour du lever héliaque de l'étoile Sothis, au matin (2). Censorinus est revenu, dans le même petit livre, encore une fois sur la période Sothiaque. Il dit3): « La grande année des Égyptiens, en grec xvvixóv, en latin canicularis, commence le premier jour de Thot, le premier mois de l'an égyptien, jour du lever héliaque de l'étoile caniculaire. Cette grande année est appelée, en outre de caniculaire et solaire, aussi l'an de dieu. "

Il est donc définitivement établi que le dernier renouvellement de l'ère Sothiaque a eu lieu le 19 juillet 139 de notre ère, et, par conséquent, que le 19 juillet 1321 avant notre ère est le jour où se renouvela la période Sothiaque sous Ménophrès, dont parle Théon.

Toutes les autres dates, proposées par divers savants à des époques où les matériaux étaient moins abondants qu'aujourd'hui, doivent être rejetées comme erronées.

(1) L. BORCHARDT, Die Annalen und die zeitliche Festlegung des alten Reichs, dans les Quellen und Forschungen, I, p. 55 (Berlin, 1917).

(2) CENSORINUS, De die natali, XXII, 10-11 (p. 46, éd. Hultsch, 1867). (3) CENSORINUS, loc. cit., XVIII, 10 (p. 38-39, éd. Hultsch).

Cela

que Ramsès le monta sur le trône prouve aussi d'Égypte en 1321. Son prédécesseur, Armaïs (Har-mhaïb), qu'on regarde ordinairement comme le dernier roi de la XVIIIe dynastie, est probablement mort la même année (1321), en tout cas pas longtemps auparavant.

Les dates données dans les travaux historiques, publiés dans les dernières années par de savants égyptologues, ne diffèrent pas beaucoup des dates auxquelles nous sommes parvenus dans nos présentes recherches, qui, comme on vient de le voir, sont bien motivées et établies. Petrie) place la mort du roi Armaïs et la fin de la XVIIIe dynastie en l'an 1328 et Ramsès Ier de 1328 à 1326. Il ajoute cela le rapproche de Menophrès et de l'an 1322 (qu'il faut corriger en 1321). Le professeur Eduard Meyer donne la même date; il écrit en 1904 : depuis Menophrès, peut-être depuis Ramsès Ier, 19 juillet 1921), ce qui est très exact. Le même savant donne, dans son dernier mémoire chronologique (1907), les dates suivantes qui nous paraissent fort probables: Séthos Ier (1320-1310), Ramsès II (1310-1244)(3). La sortie des Israélites sous Moïse paraît donc avoir eu lieu en 1242 environ. Le professeur J. H. Breasted donne, dans ses Ancient Records, les années 1315-14 comme l'époque du règne de Ramsès Ier (4). La différence n'est pas bien grande entre ces égyptologues et nous.

Le commencement de la XVIIIe dynastie et du Nouvel Empire, qui fut marqué par la prise de la ville d'Avaris et par la réunion de toute l'Égypte sous le sceptre du roi de Thèbes Amosis (Ahmès), ne peut être déterminé aussi exactement que la fin. Il est cependant clair que cet événement n'est que très peu d'années postérieur à l'an 1580.

(1) PETRIE, Hist., III, p. vii: «The lengths of the reigns show, that the close of the XVIIIth dyn. must be about 1328 B. C. As this puts Ramessu I to 1328-26, it agrees nearly with his being Menophres, who was reigning at the Sothiac period of 1322."

() MEYER, Chronologie (Abh. Berl. 1904), p. 68.

(3) MEYER, Nachträge (Abh. Berl., 1907), p. 42, note 1.

(4) J. H. BREASTED, Ancient Records of Egypt, I, p. 43 (Chicago, 1906).

Deux monuments qui donnent les dates égyptiennes de l'observation du lever héliaque de Sothis, nous apprennent qu'on observa ce phénomène pendant les quatre années 1474-73 jusqu'à 1471-70, et que le même phénomène avait été observé dans les quatre années 1550-49 à 1547-46, dans l'an ix d'un roi qui ne peut être autre que le roi Aménophis (Amenhotep) Ier, mois nu de shmw, jour 1x (le 9 Epiphi). Ce roi est donc monté sur le trône d'Égypte dans une des années 1558-57 à 1554-53. Comme son prédécesseur Amosis, a régné 22 ans, celuici est donc devenu le roi d'Égypte dans la période 1580-1575 environ.

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L'autre document est connu depuis longtemps et se trouve exposé au Louvre : c'est le fragment d'Eléphantine (2) qui provient du mur du quai de l'île, et qui porte la date de mois de shmw, jour xxvii (le 28 Epiphi). Le lever héliaque a été observé le 27 et le 26 août. Mais aucune inscription ne nous apprend, ni dans quelle année, ni par quel roi, le monument dont il faisait partie, un calendrier de fêtes, a été construit. Cependant, il est presque certain qu'il est dû au grand roi Thotmès III qui mourut en l'an LIV de son règne (3).

Quant au passage de Théon, découvert par Larcher, dans lequel l'ère de Ménophrès est citée, il se rencontre dans deux manuscrits de Paris, cod. 2390 et 1038 (A et B). Larcher en parle dans la seconde édition de la traduction d'Hérodote. Il en copie une partie d'après cod. A (“). Biot cite également le fragment dans deux de ses écrits (5). Lepsius cite aussi le texte grec de Théon (6), qui du reste

(1) Voir MEYER, Chronologie (Abh. Berlin, 1904), p. 46-48. Le document se lit sur l'extérieur du célèbre Pap. Ebers.

(2) LEPSIUS, Denkm., III, 43 e; BRUGSCH, Thesaurus, p. 363; MEYER, Chronol. (Abh. Berl., 1904), p. 48-49.

(3) MEYER, Chronol., loc. cit., p. 68.

(4) LARCHER, Hérodote, II, p. 553 (1802).

(5) BIOT, Recherches sur plusieurs points de l'astronomie ancienne égyptienne, p. 303 (1823) et: Sur divers points d'astronomie ancienne, p. 130 (1846).

(6) LEPSIUS, Konigsbuch, p. 123 (1858).

n'est pas bien clair. Théon parle de l'ère d'Auguste qui se termina le 13 juin 284. Alors commença l'ère de Dioclétien. Le but du passage, cité par Théon, est de démontrer comment on trouve la date du lever héliaque de Sirius en une année déterminée, par exemple l'an 100 de l'ère de Dioclétien. Il ajoute donc 1605 et arrive à l'an 1321 avant notre ère.

Après ces notices chronologiques sur les périodes les plus importantes du Nouvel Empire, la XVIIIe et la XIXe dynastie, nous allons jeter un coup d'œil rapide sur les sources historiques qui restent à notre disposition pour l'étude de cette période, et en général, pour l'étude de l'histoire de l'ancienne Égypte.

Notons d'abord, en passant, que nos sources historiques égyptiennes ne sont pas exactement de la même nalure et qualité que les sources dans lesquelles nous puisons pour nos recherches sur les peuples modernes, et sur les peuples anciens que nous font connaître les Grecs et les Romains. Les écrits historiques des peuples sémitiques de l'antiquité qui ont été conservés jusqu'à notre époque, et qui nous ont été rendus accessibles, les produits littéraires des Assyriens et des anciens Israélites, se rapprochent beaucoup plus de notre littérature historique que les écrits des anciens Égyptiens. Les monuments littéraires égyptiens dans lesquels nous puisons nos renseignements historiques sur l'ancienne Égypte ne peuvent pas toujours être appelés littéraires : ils sont plutôt statistiques. Citons par exemple : la pierre de Palerme dont le texte a été composé dans la Ve dynastie; les annales de Thotmès III, aussi appelées: la table statistique de Karnak; les listes royales monumentales, sculptées dans les temples d'Abydos et de Karnak, ainsi que dans un tombeau de Saqqarah, découvert par Mariette; le Papyrus royal de Turin, malheureusement si mal conservé, mais, comme tous les documents que nous venons de citer, d'une grande valeur historique. Le grand Papyrus Harris I, au Musée Britannique, qui fait l'éloge des magnifiques dotations du roi

Ramsès III aux plus importants temples du pays, avec un petit nombre de notices historiques, nous paraît également plutôt de nature statistique que littéraire. Du reste, on rencontre aussi, sculptées dans des tombeaux de particuliers et dans des chapelles funéraires, des biographies d'Égyptiens, qui ne sont pas très détaillées mais qu'on regarde, avec grande raison, comme étant au nombre de nos meilleures sources de connaissance de l'ancienne histoire de l'Égypte. Ces biographies ont évidemment une valeur littéraire. Nous devons aussi attribuer à la même classe de littérature un petit nombre de descriptions d'exploits militaires, comme la tablette Carnarvon qui rend compte d'une victoire gagnée par le roi Kamosis sur le royaume du Nord quelque temps avant la dernière guerre avec les Hyksos, dont le résultat fut la prise d'Avaris et la réunion de toute l'Égypte sous le sceptre du roi de Thèbes. La plupart de nos sources historiques, surtout les monuments officiels, accompagnés d'illustrations, ne sont pas littéraires, mais plutôt statistiques. Il y a bien souvent, dans les monuments publics officiels, de longs textes qui glorifient le roi, mais excepté la ligne bien connue de l'inscription du roi Menephtah, qui cite le nom d'Israël (2), ces textes ne donnent jamais aucun renseignement historique d'aucune valeur.

On voit donc que la littérature de l'ancienne Égypte, qui nous fournit nos meilleures informations sur l'histoire du pays, a éte plutôt de nature statistique que de caractère littéraire; mais, d'un autre côté, des écrits historiques littéraires ne manquaient pas complètement. lls étaient, paraît-il, peu fréquents. Le fait était que la jorité du peuple trouvait la vraie histoire trop sèche, trop peu intéressante; on préférait l'extraordinaire, le fantastique, le merveilleux. Tous ceux qui avaient du goût litté

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(1) Une savante édition en est due à Alan H. GARDINER, The Defeat of the Hyksos by Kamose. The Carnarvon Tablet, I, J. E. A., III, p. 95-110 (1916).

(2) Voir Ed. NAVILLE, Did Menephtah invade Syria? J. E. A., II, p. 195201 (1915).

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