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UN ACHAT DE TERRAINS

AU TEMPS

DU ROI SI-AMON,

PAR

M. HENRI MUNIER.

La stèle en calcaire qui fait l'objet de cet article, fut trouvée dans les décombres de Fostat qui recèlent tant d'objets provenant de Memphis. Elle appartient actuellement à la petite collection du collège Saint-Joseph des Frères des Écoles chrétiennes au Caire. Elle mesure en hauteur 30 centimètres et 20 centimètres en largeur.

Dans le cintre, à la droite du lecteur, la silhouette d'un personnage qui ne peut être que le roi, vêtu de la šento et portant la queue de taureau, fait l'offrande du vin. Devant lui on lit cette inscription presque entièrement effacée (→):

[7]
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et, au-dessous, la phrase usitée pour un pareil geste rituel (←) :

A

Face au roi, le dieu Ptah momiforme, tenant le long

sceptre 1, reçoit dans son naos les hommages du Pharaon. A la hauteur de sa figure (→):

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Derrière lui, son épouse, la déesse Sakhmet, à corps de femme et tête de lionne, coiffée du disque solaire et de l'uræus; comme son parèdre, elle serre d'une main le sceptre et de l'autre, le signe f. Devant elle s'étalent ses titres (→):

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Le champ de la stèle est ensuite couvert par le texte du contrat. Chaque ligne est séparée par un trait horizontal. Les hiéroglyphes ont la régularité qu'on observe sur les meilleurs monuments de cette époque. Aucune marge; la ligne de l'inscription part et aboutit au rebord même de la pierre. Les quelques éraflures qu'on observe sur la surface n'ont pas altéré le contour des signes qui restent suffisamment lisibles.

Le texte est ainsi rédigé (→):

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la

(1) La lectur an 16 est certaine; on sait que plus haute date connue est l'an 17. (L'an 16 correspond à environ 960 av. J.-C., d'après le comput de Breasted, Anc. Records, 1, 45.) C'est la première fois, à ma connaissance que l'on rencontre dans le cartouche-prénom de Si-Amonmrjamon au lieu de E stopnamon.

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que

l'on a

(2) Une partie de a disparu dans une cassure. Le trait vertical de manque dans en sorte exactement. Le titre ne prête à aucune hésitation de lecture; le premier signe est apparent, quoique à demi usé; il ne peut être confondu avec . Dans son Dictionnaire (p. 317), M. W. Budge cite, sans référence, the washing out of the gold from quartz or mud; nous aurions ainsi le titre d'une sorte d'ouvrier orfèvre. M. Daressy a bien voulu me proposer la traduction de receveur du trésor de Ptah ".

un mot

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(3) Le dernier signe de

par une cassure.

[] Pa'sbti a été emporté

(4) Après qui commence cette ligne, nous rencontrons un groupe de lettres que l'usure de la pierre, à cet endroit, a rendu peu distincts. Les deux simplifiés en

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sont nettement visibles; il en est de même du pluriel

le reste a disparu. On peut traduire «...les livres qui sont dans les greniers de Ptah». Il n'est pas rare, en effet, de rencontrer des exemples d'intercalation du nom propre entre un substantif et le génitif avec qui dépend de ce substantif, par exemple:

pl. VII);

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«l'idnou de la cavalerie", Hori (Pap. Abbott,

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(1) H. GAUTHIER, Le Livre des rois de l'Égypte, t. III, p. 294.

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«le préposé au grenier du roi Men-khopir-Re, qu'il vive, qu'il soit sain et fort Neb-Amone (ibid., pl. III); scribe de la nécropole de l'Ouest, Zaroi (W. SPIEGELBERG, Correspondance du temps des rois-prêtres, p. 15 [209]); THI 2311 « au ka du scribe du prince Râmesses, A'a'mrwt, le défunt (MORET, Catalogue du Musée Guimet, galerie égyptienne, pl. XXI, no 23, et ibid., p. 50). A deux reprises, le signe A, sur notre stèle d'achat est écrit par simplification X.

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(5) Let de est une répétition fautive du scribe.

(6) Le premier mot qui commence cette ligne X le verger renferme à tort la marque du féminin avec l'article masculin. L'orthographe régulière est

(ком, п sah). Le pronom personnel masculin, qui est joint à se rapporte logiquement au vendeur. Le texte peut se traduire ainsi :

L'an 16, 3 mois de l'inondation (a'khwt), sous la Majesté du roi de la Haute et de la Basse Égypte, Noutir-kheper-Re-mrj-Amon, fils de Re', Si'-Amon. Ce jour-là, un versement d'argent fut fait par le mh-hd nwb du Trésor (?) de Ptah, Athy, au prêtre purificateur Ptah-ankh-fn-khonsou, fils du chef gardien des livres qui sont dans les greniers de Ptah, Pa'sebtï, pour payement d'un champ de deux aroures (sa't) en bordure du (canal) Ba'ḥt, à Memphis, à l'ouest du verger de Ta'ia't. Je lui ai compté un deb nou et deux kats d'argent. Et aussi, pour payement d'un terrain qui est dans (sic) Pa-Ba'ḥt, à Memphis, cédé par le prêtre purificateur de Ptah, Sekh ta'a'Hor: champ de deux aroures (sa't) pour lequel j'ai versé un d'b'nou d'argent.

Les travaux égyptologiques de ces dernières années nous ont révélé une série de stèles dans lesquelles des particuliers offrent en l'honneur de divinités ou de défunts des terrains pour être érigés en biens de mainmorte et assurer le culte dans les temples ou les tombes (1). Rédi

(1) M. H. Sottas en a réuni les textes dans son ouvrage La Préservation de la propriété funéraire dans l'ancienne Egypte. M. G. Daressy en a publié

gées suivant un formulaire identique, ces inscriptions se terminent presque toujours par des menaces de vengeance divine contre qui n'observerait pas les clauses du

contrat.

La stèle qui vient d'être décrite contient, il est vrai, dans les grandes lignes, une phraséologie semblable; et ce n'est pas là son principal intérêt. Celui-ci réside surtout dans la découverte d'un véritable contrat d'achat par un particulier qui se rend acquéreur de deux petites propriétés.

Cette transaction se passe sous le roi Si-Amon (XXIe dyn.). Une sorte d'ouvrier orfèvre achète à de petites gens comme lui deux terrains, de simples parcelles, dans une localité située près du canal bien connu de Memphis (2), Baht. Aucune mention n'est faite de taxes sur la vente des propriétés, de garanties, etc., en un mot, nous ne retrouvons rien du formulaire obligatoire inséré plus tard dans les papyrus démotiques et grecs. Le prix de ces deux champs est sensiblement le même, soit en moyenne un d'b'nou pour deux sa'ts. Sous la même dynastie), à Abydos, où le sol est moins productif, il fallait de benou pour avoir dix sa'ts de terre.

payer un

L'existence de la propriété individuelle, connue en partie par des stèles de donation, s'affirme clairement par ce document nouveau. Nous apprendrons peut-être un jour par le jeu des découvertes futures quelle en fut l'origine et ce qui en détermina les causes.

A l'heure actuelle, nous l'ignorons: nous savons seulement que ce morcellement, dont nous rencontrons des

deux

d'autres dans les Annales du Service des antiquités de l'Égypte, t. XV, p. 140-142; t. XVI, p. 61-62; t. XVII, p. 43; t. XX, p. 122. (1) A part cette stèle, nous connaissons dans cette catégorie inscriptions de Tonouatamon et de Nitocris achetées par M. Legrain à Louxor (Annales du Service des antiquités, t. VII, p. 226-227); ainsi qu'un monument dit de l'apanage, trouvé à Karnak; cependant l'acte d'Aouaroti. sous la XXII dynastie, tient à la fois de la fondation et de la vente (G. LEGRAIN et A. ERMAN, dans la Zeitschrift für aegyptische Sprache, t. XXXV, p. 13-20).

(2) H. BRUGSCH, Dictionnaire géographique, p. 633. (3) H. BREASTED, Ancient Records, t. IV, S 681.

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